mardi 30 avril 2013

MUD - SUR LES RIVES DU MISSISSIPPI

2h10 - Sortie le 1er mai 2013

Un film de Jeff Nichols avec Matthew McConaughey, Tye Sheridan, Jacob Lofland, Sam Shepart & Reese Witherspoon
Ellis et Neckbone, 14 ans, découvrent lors d’une de leurs escapades quotidiennes, un homme réfugié sur une île au milieu du Mississipi. C’est Mud : un serpent tatoué sur le bras, un flingue et une chemise porte-bonheur. Mud, c’est aussi un homme qui croit en l’amour, une croyance à laquelle Ellis a désespérément besoin de se raccrocher pour tenter d’oublier les tensions quotidiennes entre ses parents. Très vite, Mud met les deux adolescents à contribution pour réparer un bateau qui lui permettra de quitter l’île. Difficile cependant pour les garçons de déceler le vrai du faux dans les paroles de Mud. A-t-il vraiment tué un homme, est-il poursuivi par la justice, par des chasseurs de primes ? Et qui est donc cette fille mystérieuse qui vient de débarquer dans leur petite ville de l’Arkansas ?

La Moyenne des Ours : 3,8/5

Le Mot du Comte : 4,5/5
"Mud" est un film sur la déception et sur l'usure. Déception amoureuse, émoi brisé, attentes bafouées. Usure des corps, usure du décor. Ce décor, c'est l'univers fantastique du Mississippi. C'est moite, ça poisse et il fait chaud. "Mud" est un film d'une cohérence extrême, qui parvient à lier son histoire, ses personnages et ses décors en une seule entité. Dans cette Amérique-Tiers Monde, celle des petites classes (on n'est pas loin de l'univers des frères Coen, avec ses motels pourris, ses parkings et ses icônes abîmées -Reese Witherspoon), deux gamins ne demandent qu'une chose : une aventure. Et cette aventure, aux allures de récit initiatique, revêt plusieurs aspects, s'articule autours d'affluents tous plus passionnants les uns que les autres, comme ce parallélisme entre les intrigues amoureuses, vécues et fantasmées par procuration, par le jeune Ellis (Tye Sheridan, pièce majeure d'un casting presque parfait où la cerise sur la gateau prend la forme d'un Michael Shannon plongeur d'eau douce). 
Ce scénario est d'une extrême solidité et si dans les faits, il n'est pas très original (le récit s'articule autour d'une chasse à l'homme), le traitement qu'en fait Jeff Nichols, à travers le regard d'un adolescent et les symboliques qui y affèrent, est simplement déconcertant. Déconcertant car stupéfiant.
Comme dans "Take Shelter" (on reconnaîtra à "Mud" son rythme plus vif et moins contemplatif), Nichols nous berce, le long de ce fleuve au bout duquel se trouve Mud (Mathew McConaughey, de plus en plus bon). Mélodie du filmage, poésie de l'image, aidées par une musique à la fois neuve et respectueuse de l'héritage du fleuve. C'est ce mélange permanent entre l'ancestral (Sam Shepard, symbole de cette Amérique du passé) et le nouveau, la promesse du lendemain (en la personne de ces jeunes garçons qui assistent à la fin de leur vie sur le fleuve -cette maison détruite planche après planche), que se forge la puissance de "Mud". Une puissance magique et lyrique, extraite de la terre, de l'eau, du ciel et du soleil -du rien en somme, et qui fait de Jeff Nichols un magicien capable de transformer le dérisoire en tout sidérant. Voilà ce qu'est "Mud", un assemblage de carcasses anodines (mais quel enfant n'a-t-il jamais rêvé de trouver ce bateau dans l'arbre?) et de choses banales, et qui au final, deviennent une simple et grande merveille.

La note de Pépite : 4/5
La note de Tinette : 3/5
La note de Juani : 3,5/5

dimanche 28 avril 2013

SURVIVRE

1h33 - Sortie le 24 Avril 2013

Un film de Baltasar Kormákur avec Ólafur Darri Ólafsson, Jóhann G. Jóhannsson & Þorbjörg Helga Þorgilsdóttir
Tiré d’une histoire vraie. Hiver 1984, un chalutier sombre au large des cotes islandaises. Les membres de l’équipage périssent tous en quelques minutes. Tous sauf un. Dans l'eau glaciale, cette force de la nature parvient, au terme d'une nage héroïque de plus de 6 heures, à regagner la terre. Face à l’incrédulité générale devant son impensable exploit, la vie de cet homme d'apparence ordinaire est alors bouleversée…

La Moyenne des Ours : 4/5

Le point de vue de Pépite : 4/5
Formidable conte bicéphale, vertigineux et pertinent sur la survie, le courage et la mort, Survivre est un film islandais coup de poing qui vaut vraiment le coup d'oeil.
La première partie, dominée par la nuit, est tantôt d'un réalisme narratif très efficace et tantôt d'une poésie mystérieuse... Sans tenter d'expliquer quoi que ce soit, cette première partie nous fait vivre sensuellement, sensistivement et "cruellement" le combat pour la vie que mène notre protagoniste islandais, Gulli, dans les eaux glacées au large des côtes islandaises.
La deuxième partie, dominée par le jour, révèle l'autre dimension de l'histoire vraie et sensationnelle de Survivre, du côté du "sensationnel" justement : les scientifiques tentent de comprendre, entre l'Islande et l'Angleterre comment cet homme a pu survivre, les médias s'emparent de l'affaire en faisant de Gulli un héros, l'homme phoque. Cette narration réaliste est ponctuée de souvenirs filmés en 16mm tel un film de vacances nous faisant (re)vivre la 1ère catastrophe vécue par notre héros (l'éruption du volcan de son île quand il était petit) alors qu'il vit le nauvrage, puis sa survie, puis sa "célébrité".
Survivre est un film riche, qui ne se contente pas de capter un évènement, il parvient également à nous proposer une réflexion sur la mort, la vie, la célébrité, le courage, etc. Et, ce qui ne gâche rien, la forme rejoint le fond et se fait exemplaire. Une surprise, une belle.

Le Mot du Comte : 4/5
"Survivre" est un film désarçonnant qui cache bien son jeu sous les oripeaux d'une mise en scène simple et d'une narration ultra-classique.
Seulement voilà, le film est une bombe à retardement. Il faut en attendre la finalité pour capter toute l'émotion qui se cache sous le personnage un peu benêt de Gulli, et la puissance qui se trouve dans ce qu'il lui arrive. "Survivre" ne fait pas que dépeindre l'exploit d'un homme qui veut vivre, mais montre l'autour : l'avant et l'après (relativement absurde d'ailleurs). Les séquences les plus fortes sont celles qui renvoient l'homme à sa nature propre, à son état sauvage, affaibli par les barrières naturelles (la mer, la roche, le froid) et isolé de tout subterfuge sociétal et de toute idée de confort (ce moment où de simples chaussures deviennent un objet de luxe). C'est peut-être ça le plus beau dans "Survivre", cette monstration cruelle mais juste de l'homme face à rien d'autre que lui-même. Car le film s'égare un peu dans cet après où Gulli est analysé de haut en bas par les scientifiques, et ce, de manière très absurde (il n'y a qu'à voir la séquence du bassin où celui-ci pédale à côté de militaires endurcis). La peinture que fait Kormakur de cette petite ville insulaire, victime du blizzard et des volcans (qui voit les hélicoptères comme une menace), est envoûtante. L'ombre d'Aki Kaurismaki n'est pas loin.
Les derniers plans contiennent à eux seuls cette puissance distillée tout au long du film (ce plan magnifique d'un moteur de bateau rouillé et échoué face à la mer symbolise à lui seul le film) et achèvent de caractériser un personnage touchant qui n'a d'autre choix que d'aller retrouver ses seuls amis disparus, à travers la seule chose qu'il puisse encore faire : pêcher.

vendredi 26 avril 2013

HANNAH ARENDT

1h53 - Sortie le 24 avril 2013

Un film de Margarethe Von Trotta avec Barbara Sukowa, Axel Milberg, Janet McTeer
1961. La philosophe juive allemande Hannah Arendt est envoyée à Jérusalem par le New Yorker pour couvrir le procès d’Adolf Eichmann, responsable de la déportation de millions de juifs. Les articles qu’elle publie et sa théorie de “La banalité du mal” déclenchent une controverse sans précédent. Son obstination et l’exigence de sa pensée se heurtent à l’incompréhension de ses proches et provoquent son isolement.

La Moyenne des Ours : 3,3/5

Le Mot du Comte : 3,5/5
Envoyant en pleine face du spectateur sa fascination pour la philosophe Arendt, Margarethe Von Trotta réussit à rendre intéressant le cheminement d'une pensée, la construction d'une théorie, à savoir celle de la banalité du Mal, à travers le procès Eichmann. Montrer quelqu'un qui réfléchit, la tâche n'était pas aisée. Cet exploit ne repose pas sur la mise en scène de Von Trotta, très neutre et très plate. Cet exploit repose avant tout sur la performance de Barbara Sukowa, méconnaissable et fantastique en Hannah Arendt. Elle livre ici de très grands moments de jeu (notamment la scène de l'amphithéâtre, vers la fin du film) et parvient, sans cabotiner, à développer l'intériorité du personnage -et du coup, l'empathie que le spectateur prend pour elle. Quelques fausses notes sont toutefois à déplorer au niveau du jeu de ceux qui l'entourent, surtout dans les scènes d'apéritifs à New-York.
Au niveau du scénario, quelques défauts, comme celui de faire débuter l'intrigue trop tard (l'introduction est vraiment très longue) ou encore cette volonté inexpliquée (et plutôt vaine) de joindre à la ligne d'intrigue principale une sous-intrigue amoureuse sous forme de flash-back (qui exploite la romance entre Arendt et Heidegger), comme si la construction de la théorie semblait ne pas suffire.
"Hannah Arendt" pointe avec intelligence (mais aussi lourdeur) les sectarismes qui peuvent surgir au sein de la communauté juive, à propos d'un sujet sur lequel il est toujours difficile de parler aujourd'hui. Von Trotta ne juge pas et adopte sans questionner la pensée de la philosophe qui, au fur et à mesure de ses écrits, se prend coup sur coup. Ce biopic montre avec simplicité (un peu plus de pugnacité n'aurait cependant pas été de trop) et didactisme ce moment de l'Histoire où un nouvel éclairage, une théorie se construit sur une des atrocités du 20ème siècle. Et cette théorie garde toute sa place aujourd'hui. Le cinéma allemand n'est jamais aussi efficace que lorsqu'il renvoie son peuple à son propre passé.

La note de Pépite : 3/5

LA CAGE DORÉE

1h30 - Sortie le 24 avril 2013

Un film de Ruben Alves avec Rita Blanco, Joaquim de Almeida, Roland Giraud & Chantal Lauby
Dans les beaux quartiers de Paris, Maria et José Ribeiro vivent depuis bientôt trente ans au rez-de-chaussée d’un bel immeuble haussmannien, dans leur chère petite loge. Ce couple d’immigrés portugais fait l’unanimité dans le quartier : Maria, excellente concierge, et José, chef de chantier hors pair, sont devenus au fil du temps indispensables à la vie quotidienne de tous ceux qui les entourent. Tant appréciés et si bien intégrés que, le jour où on leur offre leur rêve, rentrer au Portugal dans les meilleures conditions, personne ne veut laisser partir les Ribeiro, si dévoués et si discrets. Jusqu’où seront capables d’aller leur famille, les voisins, et leurs patrons pour les retenir ? Et après tout, Maria et José ont-ils vraiment envie de quitter la France et d’abandonner leur si précieuse cage dorée ?

Le Mot du Comte : 2/5
"La Cage Dorée" est un premier film sympathique et frais, mais qui est aussi, et c'est dommage, très dispensable. Ruben Alves parvient à bien transmettre l'amour qu'il porte pour sa famille et sa communauté, à travers cette histoire d'ascension sociale au coeur d'un quartier chic de Paris. Mais on ne bâtit pas un film que sur des souvenirs.
S'il est loin des comédies calibrées à outrance, c'est parce que le film possède quelques situations comiques très réussies et qui ne tombent pas (trop) dans l'humour bas de gamme (ce qui est un exploit aujourd'hui). Dans cet univers feutré et chaleureux (il y a du soleil sur presque tout les plans), "La Cage Dorée" brasse autant le cliché qu'il le combat. La famille est portugaise, la mère est concierge et le père bosse dans le bâtiment. Donc voilà, les clichés sont bien posés, et ce, un peu partout dans l'univers du film, jusqu'à la caricature pure et simple. Il n'y a qu'à voir les habitants de l'immeuble pour s'en rendre compte : une grand-mère aristo insupportable, un asiatique qui élève des bonsaï (!) et un couple de cadres débordés. 
Alves réussit cependant à ne pas rendre sa comédie trop hostile, en faisant le choix d'un casting solide et cohérent, où la crédibilité des premiers rôles l'emporte sur le star-system. Même si on retrouve des visages connus (Roland Giraud, Chantal Lauby), c'est un plaisir de découvrir une galerie de nouvelles têtes dans la comédie française : Rita Blanco, Joaquim de Almeida ou Barbara Cabrita. Dommage que les thèmes abordés (le déracinement, l'immigration) ne soient pas plus fouillés et restent en toile de fond. C'est bon enfant, et pas bien méchant. 
Niveau mise en scène hélas, il n'y a plus personne. C'est très pauvre et ça relève de l'enregistrement télévisuel. Qui plus est, la tournure naïve et consensuelle que prends le scénario (tout le monde il est beau tout le monde il est gentil) finit par faire tomber "La Cage Dorée" dans le simple téléfilm de prime-time.
Il y a le plâtre, il y a les briques, et aux commandes, un architecte sans vision.

jeudi 25 avril 2013

L'ÉCUME DES JOURS

2h05 - Sortie le 24 avril 2013

Un film de Michel Gondry avec Romain Duris, Audrey Tautou, Omar Sy & Gad Elmaleh
L’histoire surréelle et poétique d’un jeune homme idéaliste et inventif, Colin, qui rencontre Chloé, une jeune femme semblant être l’incarnation d’un blues de Duke Ellington. Leur mariage idyllique tourne à l’amertume quand Chloé tombe malade d’un nénuphar qui grandit dans son poumon. Pour payer ses soins, dans un Paris fantasmatique, Colin doit travailler dans des conditions de plus en plus absurdes, pendant qu’autour d’eux leur appartement se dégrade et que leur groupe d’amis, dont le talentueux Nicolas, et Chick, fanatique du philosophe Jean-Sol Partre, se délite.

Moyenne des Ours : 1,75/5

L'Opinion de Tinette : 1,5/5
Bon on va se mettre d'accord tout de suite : quand un roman n'est pas adaptable, on ne l'adapte pas ! Même si on s'appelle Michel Gondry. J'ai lu ce roman plusieurs fois depuis que je suis ado, sans jamais m'en lasser... Là en quelques minutes, je voulais juste que ça se termine.
Les points positifs quand même... Romain Duris est bon dans son rôle, il incarne pour moi le Colin que j'imaginais. C'est bien le seul. Et évidemment  le travail visuel est bon. Bien trop poussé (trop de stop motion, trop de maquettes, trop de tout, qui dégoûtent vite) mais assez réussi. J'ai surtout apprécié le jeu des couleurs et de la lumière qui lui est très subtil. 
Sinon... Le roman est déjà surréaliste au possible, mais puisqu'il se forme dans notre imaginaire, tout va bien. Ici on nous impose un monde, un univers impossible à apprécier : on est dans la réalité (Paris aujourd'hui, les travaux au forum des Halles...), dans un Paris passé (avec l'utilisation du Minitel, les machines à écrire, les voitures d'une autre époque) et également dans l'univers crée par Boris Vian (la souris qui vit chez Colin, le nénuphar, Jean Sol Partre...). Ca fait beaucoup, et le spectateur ne peut avoir aucun repère. En dehors de ça, le récit est long... Bien trop long. 
Michel Gondry est déjà quelqu'un d'inventif dirons nous, là j'ai l'impression qu'il a trouvé une excuse pour se lâcher totalement. Puisque l'oeuvre de base est surréaliste, allons y, laissons nous aller. Au point de gâcher un si bel écrit... 
Une énorme déception.

Le Mot du Comte : 2/5
La première chose qui frappe dans "L'Écume des Jours", c'est (on s'en serait douté) l'immense travail accompli sur les décors et l'imagerie du film. Ceux qui ont lu le livre source reconnaîtront les multiples détails et trouvailles qui sautent aux yeux en permanence. Il y a de vraies belles idées et à peu près tout les effets traditionnels rendus possible par le cinéma y passent : surimpressions, projection, trucages en maquettes, stop motion, etc.
Seulement voilà, cet étalage lourd rend vraiment difficile la pénétration du spectateur dans le récit. Les comédiens ne semblent pas bien impliqués et parfois, ils sonnent faux. On peut également se demander si placer autant de têtes d'affiches était une bonne idée (toutes les stars ici sont bankables -même les mini-rôles, c'est un peu incohérent non?) Du coup, le spectateur n'est pas vraiment mêlé au destin de Colin et Chloé. L'émotion n'afflue pas, car les images bourrées d'éléments poétiques restent à l'état d'image, sans jamais atteindre de vraie profondeur. 
Certes, on salue l'effort déployé pour transcrire l'univers de Boris Vian, mais Gondry avait-il encore besoin de démontrer au monde entier qu'il était le roi des bricoleurs? Si un plus grand soin avait été apporté au scénario, s'il l'avait vraiment fait sien (il ne fait sien que l'imaginarium de Vian), nul doute que "L'Écume des Jours" eut atteint sa cible en plein coeur. Parce qu'ici, on s'ennuie gentiment, on s'assoupit lentement. Heureusement que les trouvailles de Gondry permettent de garder un tant soit peu les yeux ouverts. A vrai dire, ces trouvailles frisent ici l'obsession maladive. Gondry étant plus occupé à remplir son cadre d'accessoires qu'à épaissir ses personnages, réduits à l'état d'ombres, de figures creuses.
Ceci étant dit, on retrouve quelques unes des thématiques traitées dans le livre, comme la critique du star-system, qui passe par l'idolâtrie compulsive de Jean-Sol Partre. Cela élève le film (et rentre du coup en cohérence avec le décorum), cette critique trouvant encore son écho aujourd'hui, avec d'autres que le film développent un peu (le regard sur l'Église ou sur la guerre). "L'Écume des Jours" est un très beau geste, mais un geste un peu creux, qui tend à oublier un des éléments les plus importants : ces spectateurs.

IRON MAN 3

2h11 - Sortie le 24 avril 2013

Un film de Shane Black avec Robert Downey Jr., Gwyneth Paltrow, Don Cheadle, Guy Pearce & Ben Kingsley
Tony Stark, l’industriel flamboyant qui est aussi Iron Man, est confronté à un ennemi qui va attaquer sur tous les fronts. Lorsque son univers personnel est détruit, Stark se lance dans une quête acharnée pour retrouver les coupables. Plus que jamais, son courage va être mis à l’épreuve, à chaque instant. Dos au mur, il ne peut plus compter que sur ses inventions, son ingéniosité, et son instinct pour protéger ses proches. Alors qu’il se jette dans la bataille, Stark va enfin découvrir la réponse à la question qui le hante secrètement depuis si longtemps : est-ce l’homme qui fait le costume ou bien le costume qui fait l’homme ?

Moyenne des Ours : 3/5


Le point de vue de Pépite : 3,5/5
Après le succès de Avengers et l'alléchante vague d'annonces concernant la fameuse "Phase Two" de l'écurie Marvel, ses dirigeants avaient le choix entre continuer de prendre des décisions atypiques et couillues ou se laisser prendre par la routine en répétant encore et encore la même recette.
Dans le premier film post-Avengers, il n'est pas bien clair quel choix a été pris.
La reconduction du casting n'est bien sûr pas vraiment le choix de la sécurité mais plutôt celui de la cohérence. Par contre, Shane Black à la tête de l'entreprise est un choix intelligent et innovant. Ses talents de scénariste ne sont plus à prouver, ni de réalisation depuis l'excellent et décapant Shane's Black Kiss Kiss Bang Bang auquel Robert Downey Jr doit probablement sa reconversion, sa survie, sa désintox...
Et la patte du réalisateur se fait fortement ressentir en filigrane, entre les lignes de dialogues et dans l'humour omniprésent dans Iron Man 3. Mais au-delà de ces éléments, Iron Man 3 n'est ni plus fun que Avengers, ni plus sérieux. Il ne prend pas de direction précise, et on reste carrément sur notre faim. 
C'est parfois très drôle, souvent spectaculaire et peu réaliste, les ingrédients sont là mais le mélange ne prend pas à 100% et laisse un arrière-goût d'inachevé. Marvel doit se rendre compte que c'est bien d'appâter, mais il va falloir ferrer maintenant.

L'Opinion de Tinette : 3.5/5
J'ai été agréablement surprise. Je savais déjà que j'aimais Robert Downey Jr (depuis Ally McBeal) et son personnage depuis le premier film, mais je m'attendais quand même à m'ennuyer... Et pourtant le film dans son ensemble m'a bien plu.
Visuellement, c'est proche de la perfection, on en prend plein les yeux. Le scénario ? Un peu cliché, mais dans ce genre, les clichés sont obligatoires. On s'attend souvent aux répliques d'Iron Man, aucun rebondissements n'est réellement étonnant, mais on ne s'ennuie pas pour autant (et c'est déjà pas mal ! ).
Les vrais fans de Comics ont dû adorer, moi en tant que touriste dans le milieu j'ai vraiment aimé.
A coté de ça, ne cherchez aucune note de l'auteur, ne cherchez aucune âme au film, il n'y en a pas (alors que Mr Nolan nous a prouvé qu'il était possible d'en mettre une dans un film de super héro).
C'est un bon divertissement... Bon concrètement vous pouvez laisser votre cerveau en dehors de la salle, il ne manquera pas... Mais ça fait du bien de temps en temps !

Le Mot du Comte : 1/5
Shane Black et les patrons de Disney ont réussi ici un exploit, faire de "Iron Man 3" un film encore plus fade que "Iron Man 2", la faute à une obsession avouée pour l'énorme succès des "Avengers". Sauf qu'ici, rien n'est fun, rien n'est drôle (à part deux trois bons mots de la part de Downey Jr.) et rien n'est spectaculaire (dommage pour un blockbuster). Indifférence absolue.
Le scénario ne dispose absolument d'aucun enjeu valide et l'enchaînement de l'action est poussive (le garde du corps est blessé, donc Stark veut se venger, puis il doit sauver sa femme, c'est d'une banalité affligeante!) Les méchants sont des méchants en carton, au sens propre comme au figuré, histoire de ne pas révéler le seul coup de théâtre de l'intrigue. Et pour tenter de les rééquilibrer face à l'armure de Stark, les scénaristes ont pondu une loufoque intrigue de manipulation génétique, ce qui a pour effet de transformer les vils humains en radiateurs ambulants cracheurs de feu (oui oui).
Niveau casting, Guy Pearce est mauvais (et absolument pas crédible). Ben Kingsley est drôle, il faut l'admettre, à défaut d'être autre chose. Quant à Rebecca Hall, elle joue une girouette.
Mais là où ça coince le plus , c'est du côté de Robert Downey Jr. qui livre ici un pastiche de sa performance de "Avengers". Il n'est pas drôle et n'a jamais dégagé autant d'hostilité. Qui plus est, il cabotine à fond (il faut le voir jouer les crises d'angoisse, on se croirait devant une comédie musicale). Il faut dire qu'il n'est franchement pas aidé par un scénario qui choisit de se focaliser sur l'homme sous l'armure. Et qui est l'homme sous l'armure? Qui est ce super-héros en carton? Un personnage insupportable qui a usé son capital sympathie et qu'on veut nous rendre sympathique en le dotant de... crises d'angoisses (le coup du lapin dans le chapeau des scénaristes).
L'émotion n'afflue également jamais, car le second degré est permanent. Rien n'est sérieux. Black sabote lui-même ses effets (et son film, du coup) en pompant la relative légèreté que possédait "Avengers". "Iron Man 3" ne possède aucune double lecture et aucun point de vue. Il y a bien une pseudo-réflexion sur l'image et la construction d'icônes artificielles (le Mandarin) mais cette réflexion est si maigre. Une image aurait pu être intéressante si elle avait été exploitée : celle de Tony Stark traînant son armure inactive dans la neige. Hélas, rien de ce côté là. Ah si pardon, les crises d'angoisses.
Manque de subtilité. Pauvreté de l'image et inexistence de fond.
Le plus insupportable étant de voir que Black et son équipe prennent vraiment leurs spectateurs pour des idiots. C'est fatigant. Bien sûr, cette standardisation à outrance plaira aux enfants de 10 ans en mal d'Action Man (preuve en est de cette pénible séquence ou Stark sympathise avec un gamin et lui offre des jouets à la fin du film, histoire que les gosses s'y identifient). Quant au final du film, il ressemble à une séquence de "Transformers" bien filmée, où chaque armure est un jouet, poussant ainsi la figure de Tony Stark plus vers l'Inspecteur Gadget que vers un véritable "Iron Man". Cela a au moins le mérite de renvoyer le spectateur à la raison d'être même du film : la vente de produits dérivés et de jouets pour les Happy Meal. Enfin, si on le compare à d'autres films de super-héros (même des Marvel), le film a bien 5 ans de retard.
"Iron Man 3" est un blockbuster ultra ringard qui, s'il parvient à assoupir, échoue à distraire pleinement.

La note de Juani : 4/5

lundi 22 avril 2013

WHAT RICHARD DID

1h27 - Sortie le 17 Avril 2013

Un film de Lenny Abrahamson avec Jack Reynor, Lars Mikkelsen, Roisin Murphy et Sam Keeley
Richard Karlsen, capitaine de l’équipe de rugby et jeune homme de la middle class irlandaise, profite des derniers jours de l’été avant son entrée à l’université. Son avenir semble radieux et le champ des possibles lui est grand ouvert. Un jour, il commet un acte irréversible qui va bouleverser à jamais sa vie et celles de ses proches.

La Moyenne des Ours : 3/5

Le Mot du Comte : 3/5
"What Richard did" développe, tout au long de sa durée, une sorte de douceur brutale, une bulle apaisante mais rugueuse. Le filmage de Lenny Abrahamson est un bel écrin pour ses comédiens, tous formidables (mention spéciale à Jack Reynor, qui porte le film sur ses épaules). Seulement voilà, le récit s'éparpille et le thème se dilue.
On ne sait pas trop quand ça démarre et la fin est un peu floue. Incertitude du point de vue, incertitude du sujet. Car l'histoire se déploie sur plusieurs niveaux d'intrigues adolescentes (amoureuses, scolaires, sociales) et ouvre de multiples portes. Il y a une justesse et une pertinence des situations. Mais ces situations sont également très banales. C'est bien là le défaut du film, sa banalité. S'il est louable et pas désagréable, "What Richard did" manque un peu d'impact.

Le point de vue de Pépite : 3/5
What Richard Did est un film simple, fort et efficace.
Les jeunes comédiens du casting, à commencer par Jack Reynor (époustouflant), Sam Keeley et Roisin Murphy, s'en sortent très bien pour donner vie à ce drame de jeune adulte. Alors que l'école se termine, et qu'ils ont tous la vie devant eux, un drame survient pendant l'été qui va venir secouer toutes leurs certitudes. Le personnage de Richard Karlsen, capitaine de l'équipe de Rugby un peu "perfect guy" à qui tout réussi, est vraiment intéressant pour traiter ce type d'histoire : il a son université de prévue à la fin de l'été, le rugby au niveau professionnel, une copine... Celle-ci arrive avec ses incertitudes : elle ne sait pas trop ce qu'elle veut faire de sa vie, prévoit vaguement une fac d'art, pas de plan de carrière en fait. La scène où elle rencontre les parents de Richard est vraiment intéressante, on voit vraiment le choc entre la conception de l'éducation du père de Richard et celle - vraisemblablement - des parents de Lara.
Sans dévoiler plus de l'histoire, Lara est justement une personnification de l'élément déclencheur qui est très faible. En effet le drame qui survient aurait pu aussi bien ne pas arriver, ou arriver à un autre. What Richard Did, titre directement dénonciateur pointe en fait le côté tragique de cette histoire : Richard est n'importe qui, Richard est chacun de nous, nul n'est à l'abri d'un drame, d'un accident.
Sombre, vraiment fort, What Richard Did est un petit film pertinent et intéressant.

LES ÂMES VAGABONDES

2h04 - Sortie le 17 Avril 2013

Un film de Andrew Niccol avec Saoirse Ronan, Jake Abel, Max Irons et Diane Kruger
La Terre est envahie. L’humanité est en danger. Nos corps restent les mêmes, mais nos esprits sont contrôlés. Melanie Stryder vient d’être capturée. Elle refuse cependant de laisser place à l’être qui tente de la posséder. Quelque part, caché dans le désert, se trouve un homme qu’elle ne peut pas oublier. L’amour pourra-t-il la sauver ?

La Moyenne des Ours : 1,3/5

L'Opinion de Tinette : 0,5/5
Bon... Le demi-point vient uniquement du physique des deux acteurs principaux, qui avouons-le, n'est pas déplaisant. Rien d'autre n'est réussi ici. Pour moi, le seul qui joue correctement et évite les expressions faciales digne d'un cours de théâtre de sixième est Chandler Canterbury, le petit frère du personnage principal. Les autres sont d'un vide déconcertant (très décevante Diane Kruger au passage).
La voix off qui est sensée nous faire aimer la vraie Mélanie est juste insupportable.
Je suis pourtant bon public des films romantiques en général... mais là on en sort avec la nausée. Et j'aimerais qu'on m'explique une bonne fois pour toute pourquoi dès qu'il pleut, les personnages de films pour ados décident de s'embrasser ?!
Ce film est atrocement plat, aucun rebondissement ne réussit à nous impressionner... Au bout de quelque minutes on se demande juste quand ça va se terminer, et là misère il reste encore une heure et demie de film !!
Le bon point est qu'avec mes camarades de cinéma, on a bien rigolé.
C'est un film à éviter. Pas d'excuses, n'y allez pas. Ça n'a aucun intérêt, on n'y trouve même pas une bonne BO qui pourrait peut être le sauver. (Peut être serait-il temps d’arrêter d'adapter les écrits de Stephenie Meyer ?)

Le point de vue de Pépite : 1,5/5
Les Âmes Vaganondes est finalement exactement tel qu'on l'attendait : plat, long, niais et drôle (même si ce n'était pas l'objectif premier du film).
Il y a deux gros défauts qui selon moi provoquent tous les autres : le potentiel de science-fiction n'est absolument pas assez exploité et la "voix off" (en réalité voix mentale) de Mélanie est tout simplement insupportable.
Andrew Niccol, réalisateur de l'immense chef d'oeuvre Bienvenue à Gattaca, ne se remet décidément pas de son dernier Time Out (Moyenne des ours : 2,3/5, point de vue de Pépite : 3,5/5 - non critiqué à l'époque sur Plog Magazine). Ce dernier, non exempt de défauts, n'était pourtant pas si mal et avait l'avantage de vraiment exploiter son univers et ses principes nouveaux. A partir d'un univers solide, n'importe quelle histoire peut tenir, même la plus simple (selon mes camarades ours, tel était le cas dans Time Out). Ici, Niccol touche le fond en adaptant le roman "SF" de Stephenie Meyer, mormone déjà coupable des romans pour adolescentes Twilight, également adaptés au cinéma (je précise pour ceux qui ont vécu dans une caverne depuis une demi-décennie, Les Croods peut-être).
Le principe d'extraterrestres ayant besoin d'occuper notre enveloppe corporelle pour survivre sur notre planète n'est pas nouveau, les fans de Stargate ont vu le principe se développer sur des décennies... Ici il n'y a que très peu d'exploitation de ce principe, ce qui est vraiment dommage parce qu'il y a de quoi (les aliens sont en principe pacifiques et volontaires, ils font ce genre de colonisation depuis des millénaires, etc.) le film devient  alors réellement une simple histoire d'amour "impossible" entre un humain et une alien... C'est-à-dire Twilight version SF. Une bonne partie de l'humour non calculé du film vient de ce rapprochement-là, on s'imagine facilement les amants briser un lit dans leurs ébats, briller au soleil, etc.
Mais soit, acceptons le postulat : une fois le corps de Mélanie habité, l'alien Wanderer réalise que son esprit doit cohabiter avec celui de Mélanie qui refuse de s'avouer vaincue et nous le savons parce que la voix mentale de Mélanie est pour nous une voix off ! Une voix off odieuse, qui ne cesse de se plaindre, de geindre, de donner des ordres, etc.; une vrai adolescente insupportable. Saoirse Ronan est une très bonne comédienne mais se retrouve ici en train de dialoguer avec elle-même sur un texte très mal écrit... Elle ne peut pas non plus faire de miracle !
Assez rarement certaines scènes deviennent intéressantes, et l'humour de la voix off apparaît légèrement, mais ce n'est jamais bien folichon... Les Âmes Vagabondes ne vaut pas le coup, continuez de "vagabonder " dans les rues, ou allez dans une autre salle de cinéma !

La note de Juani : 2/5

dimanche 21 avril 2013

LES CROODS

1h32 - Sortie le 10 Avril 2013

Un film de Chris Sanders & Kirk DeMicco avec les voix de Nicolas Cage, Ryan Reynolds & Emma Stone
Lorsque la caverne où ils vivent depuis toujours est détruite et leur univers familier réduit en miettes, les Croods se retrouvent obligés d’entreprendre leur premier grand voyage en famille. Entre conflits générationnels et bouleversements sismiques, ils vont découvrir un nouveau monde fascinant, rempli de créatures fantastiques, et un futur au-delà de tout ce qu’ils avaient imaginé. Les Croods prennent rapidement conscience que s’ils n’évoluent pas… ils appartiendront à l’Histoire.

La Moyenne des Ours : 3,3/5

Le Mot du Comte : 3/5
"Les Croods" est un film d'animation très bien fait, à la réalisation vertigineuse et punchy, plutôt amusant et ludique. 
En revanche, ce qui est dommage, c'est que le film ne tienne presque que sur ses références, qui vont de "Avatar" (les pissenlits sur la cime) à "Jurassic Park" (dont on entends les premiers accords musicaux -tout comme l'Ouverture 1812 lors du feu d'artifice).
L'animation est époustouflante, les graphismes (notamment ceux des paysages et des explosions) sont à couper le souffle. Dommage que les personnages soit si laids et si difformes, tout comme les créatures, qui sont des mélanges informes d'animaux existants (tortue volantes, chat-tigre, etc). C'est rigolo certes, mais ce n'est pas très original, c'en est presque repoussoir.
Le scénario est un peu poussif car il manque une vraie adversité. On peut aussi trouver regrettable le sous-texte capitaliste du personnage de Guy (qui ne parle presque qu'en termes économiques). Le final en revanche est épique et riche en émotion, dommage que cette émotion arrive si tardivement. L'obsession de la légèreté et du bon mot nuit un peu au sérieux des "Croods" et donc, à sa puissance émotionnelle.

Le point de vue de Pépite : 3,5/5
Les Croods est un film d'animation familial drôle et inventif !
Qui l'eût cru ? Un genre de cinéma dans lequel il y a régulièrement des choses pas excellentes, un sujet sur des hommes des cavernes qui promettait de baisser encore plus le niveau, et c'est finalement tout le contraire ! Les archétypes sont certes là, avec tous les éléments inhérents au genre, mais autour de cette colonne vertébrale standard, les créateurs des Croods ont su inventer un univers fou, drôle et absurde. Absurde oui, car ce film est loin d'être une leçon sur la Préhistoire ! A part la famille des Croods assez fidèle physiquement et leur hobby de peindre sur les murs de leur caverne, tout ce qui les entoure est proprement farfelu : des décors aux animaux de la Préhistoire (mention spéciale à la Souris-Éléphant et aux gigantesques Perroquets-Tortues aux deux rangées d'ailes !). Les 6 membres de la famille Croods sont tous importants dans la narration, notamment les liens entre eux : le père et sa belle-mère (très efficacement drôle), la mère et le fils poltron, etc. Le nouveau venu Guy et son animal de compagnie le paresseux Belt (qui lui sert justement également de ceinture) apportent également leur lot d'éléments utiles à la narration et en même temps irrésistiblement drôles.
Les Croods est une petite réussite sympathique. Petite, mais qui augure peut-être un renouveau du genre, qui sait ?

La note de Juani : 3/5

vendredi 19 avril 2013

LES GAMINS

1h35 - Sortie le 17 avril 2013

Un film de Anthony Marciano avec Alain Chabat, Max Boublil, Mélanie Bernier & Sandrine Kiberlain
Tout juste fiancé, Thomas rencontre son futur beau-père Gilbert, marié depuis 30 ans à Suzanne. Gilbert, désabusé, est convaincu d’être passé à côté de sa vie à cause de son couple. Il dissuade Thomas d’épouser sa fille Lola et le pousse à tout plaquer à ses côtés. Ils se lancent alors dans une nouvelle vie de gamins pleine de péripéties, persuadés que la liberté est ailleurs. Mais à quel prix retrouve t-on ses rêves d’ado ?

La Moyenne des Ours : 2,3/5

Le point de vue de Pépite : 3/5
En regardant Les Gamins on a plus envie de traîner avec Alain Chabat et Max Boublil au vue de leurs délires que de louer l'écriture de Marciano et Boublil.
L'idée principale est là : si le scénario semble rempli de très nombreux gags, ceux-ci ne sont pas assez efficaces, assez rythmés pour faire rire. C'est assez dommage parce que comme je le dis plus haut, le duo de tête semble beaucoup s'amuser. Heureusement, au fur et à mesure, la mécanique se huile et les gags se font plus fins et calibrés. On finit par rire de plus en plus jusqu'à atteindre parfois des sommets de comédie (notamment justement pendant le sommet sur le nucléaire qui arrive à la fin) qui font vraiment plaisir.
La réalisation, la photographie et les décors n'ont rien de particulier, par contre niveau musique il y a quelques points intéressants : pas vraiment les musiques de Max Boublil qui sont amusantes mais pas géniales (en même temps c'est le style) mais plutôt les reprises de classiques du rock chantées par la Chorale de la St John's International School qui sont vraiment de qualité.
La distribution est également plutôt sympathique : Chabat a de très bons moments de comédie, Kiberlain est proprement insupportable (jeu cohérent et intéressant) et on retrouve avec plaisir quelques têtes connues en rôles secondaires comme l'amusant Arié Elmaleh, l'excellent (mais ici sous exploité) Nicolas Briançon, Kheiron et le génial Alban Lenoir (excellent Klaus de la série Hero Corp).
Ce n'est décidément pas la comédie du siècle, mais Les Gamins - après un premier temps un peu mort - finit par présenter un certain nombre de très bons moments de comédie.

Le Mot du Comte : 1,5/5
Jaloux du succès de "L'Arnacoeur" (dont il est, tout comme "20 ans d'écart", l'un des rejetons), voilà "Les Gamins", énième comédie française sans saveur, formatée jusque dans son affiche. Une comédie à l'image de toutes les autres de ce calibre : cheap, sans âme et cruellement en manque d'Auteur, avec un grand A.
Dans cet univers à l'esthétique proche de celle d'une publicité, le destin des personnages ne nous intéresse guère, car ils ne sont pas attachants. Le scénario, malgré une certaine dynamique, est affreusement mécanique et manque cruellement d'émotions. Les personnages féminins (Bernier, Kiberlain et Sednaoui) sont réduits à des caricatures, des faire-valoir, des béquilles qui servent à faire péniblement avancer l'intrigue concernant Boublil et Chabat. Cette intrigue aurait pu porter en elle un vrai débat, un vrai point de vue (sur le mariage et l'engagement notamment). Hélas, elle se réduit à des caprices de gens friqués (Boublil joue un musicien pauvre qui ne l'est que sur le papier) et qui se conclut sur un happy-end que Marciano a du pondre sous péridurale. Aucun fond, si ce ce n'est celui de la convenance la plus absolue.
Car au niveau de sa structure, le récit se constitue en réalité plus de sketches enfilés les uns après les autres (Chabat-Boublil au Super U, Chabat-Boublil en boîte, Chabat-Boublil en roller, etc) plus que d'une vraie dramaturgie, d'où cette sensation mécanique.
La mise en scène ressemble à celle d'un téléfilm : impersonnelle. Marciano s'appuie beaucoup trop sur des chansons pour habiller ses séquences vides en émotions (grande subtilité que ce remix de Forever Young parmi la BO du film), transformant ainsi "Les Gamins" en gigantesque clip. Au niveau de la direction d'acteur, là aussi, pas grand chose : Boublil, à un chouinement près, est exactement le même que dans "Des gens qui s'embrassent" (une carrière à la Franck Dubosc l'attend). Ce manque de point de vue et de personnalité est franchement regrettable, d'autant plus que quelques jeux de mots et situations - quand ils ne sont pas d'une extrême lourdeur (le dealer Abdel Kader), sont plutôt drôles. Scénario-manuel pour film en pilotage automatique.

jeudi 18 avril 2013

LES PROFS

1h28 - Sortie le 17 Avril 2013

Un film de Pierre-François Martin-Laval avec Christian Clavier, Isabelle Nanty, Pierre-François Martin-Laval et Kev Adams
Avec ses 12% de réussite au bac, le lycée Jules Ferry est le pire lycée de France. Ayant déjà épuisé toutes les méthodes conventionnelles, l’Inspecteur d’Académie, au désespoir, s’en remet aux conseils de son Adjoint. Ce dernier lui propose de recruter une équipe de professeurs selon une nouvelle formule : aux pires élèves, les pires profs pour soigner le mal par le mal… C’est sa dernière chance de sauver l’établissement, à condition de dépasser le seuil des 50% de réussite au bac. L'inspecteur accepte, pour le meilleur... et pour le pire.

La Moyenne des Ours : 2/5

Le point de vue de Pépite : 2,5/5
Salle hilare, pleurant presque aux larmes car apparemment conquise par les gags de l'équipe de Pierre-François Martin-Laval. Des gags, il y en a un paquet : un par minute, ou un par page ou plutôt pour être encore plus clair un par planche. La structure est en effet très proche de la bande dessinée alors que par bien des aspects ils ont réussi à s'en éloigner (non sans mal et pas toujours de la meilleure façon). En même temps, on voit bien que c'est compliqué d'adapter une bande dessinée et ce ne sont pas les prédécesseurs des Profs (Boule et Bill, Sur la Piste du Marsupilami ou Ducobu) qui diront le contraire, ils se sont presque tous cassés les dents (financièrement ou artistiquement).
Les Profs s'en sort un peu mieux que certains, car c'est parfois vraiment drôle : Christian Clavier notamment, ou même Arnaud Ducret (le prof d'EPS) et M'Barek Belkouk ("Boudini", découvert dans le court métrage "Fait croquer" de Yassine Qnia) apportent un vrai plus, au niveau de l'humour du film (pas toujours très élevé...). 
En tout cas c'est encore plus facile de pointer ce qui ne va pas dans le film : Kev Adams qui se croit dans la pièce de fin d'année de son lycée et récite son texte sans aucun ton ni émotion par exemple. L'émotion est d'ailleurs l'élément quasi-absent de ce film, rendant le tout absurde et artificiel ; alors qu'on aurait pu prendre beaucoup plus de plaisir avec des personnages parfois un peu plus réalistes dans leurs émotions, plus semblables "à nous"...
Seul le proviseur vise à aller dans ce sens-là. Le comédien Philippe Duclos est une "vraie gueule de cinéma" (tout comme Dominique Pinon présent au début et à la fin du film) et présente un véritable atout mais hélas sous-exploité.
Les Profs est une comédie pré-estivale amusante mais un peu lourde et loufoque pour vraiment intéresser. On se souviendra de quelques sensations globales, mais sûrement d'aucun détail.

Le mot du Comte : 1,5/5
Ce qu'il y a de bien dans "Les Profs", c'est qu'on y trouve un véritable amour et une fidélité certaine pour la bande dessinée source. Cette fidélité est également un des défauts du film, puisque Pierre-Francois Martin-Laval retranscrit bêtement à l'écran les éléments farfelus de la BD et, au lieu de définir proprement un univers décalé, le film sombre dans le grand n'importe quoi (la scène de révision intensive, où se mêlent cordelette et feuilles volantes, est ridicule). A force de vouloir tout mettre, le film frise l'indigestion.
Il faut dire que ce trop-plein permanent correspond bien au film en lui-même. Pierre-François Martin-Laval a la délicatesse d'un tractopelle. Sa mise en scène est criarde, tapageuse et rate presque tout ses effets. Les gags ne trouvent jamais le bon rythme et durent soit trop longtemps, soit pas assez. "Les Profs" n'est pas non plus aidé par son scénario très faible et très morcelé (on passe de gag en gag, d'épisode en épisode -comme dans la BD peut-être, sauf que ça ne tient pas sur la durée, et qu'il y a confusion sur le média).
La bande originale se compose des plus ignobles chansons du moment et s'achève par un odieux clip de rap qui fait office de générique, où les élèves chantent. Niveau casting, on retrouve les stars montantes du moment : le pas drôle Kev Adams, qui récite plus qu'il ne joue, ou Alice David (de Bref), joli faire-valoir. Chez les vrais acteurs, Christian Clavier s'en sort bien, car il hérite d'un des meilleurs personnages, et qu'il ne fait pas dans l'excès. Plaisir aussi du côté de Philippe Duclos (le Hortense de "Cherchez Hortense") en proviseur dépressif et d'Isabelle Nanty, même si elle en fait des caisses et ne ressemble à rien sous cette tignasse rousse.
Hormis deux ou trois moments drôles (qui ne sont pas fléchés comme tels), le reste du film est de l'humour de supermarché, des blagounettes à la Cyril Hanouna, de l'humour qui se veut "d'jeuns" mais qui a déjà 5 ans de retard et -le plus insupportable, qui nous dit quand rire. Manque de spontanéité.
"Les Profs", avec ses grosses ficelles et son mauvais goût, ne donne qu'une seule envie : se réfugier dans la BD !

THE GRANDMASTER

2h02 - Sortie le 17 Avril 2013

Un film de Wong Kar-Wai avec Tony Leung Chiu Wai, Zhang Ziyi et Chang Chen
Chine, 1936. Ip Man, maître légendaire de Wing Chun (un des divers styles de kung-fu) et futur mentor de Bruce Lee, mène une vie prospère à Foshan où il partage son temps entre sa famille et les arts-martiaux. C’est à ce moment que le Grand maître Baosen, à la tête de l’Ordre des Arts Martiaux Chinois, cherche son successeur. Pour sa cérémonie d’adieux, il se rend à Foshan, avec sa fille Gong Er, elle-même maître du style Ba Gua et la seule à connaître la figure mortelle des 64 mains. Lors de cette cérémonie, Ip Man affronte les grand maîtres du Sud et fait alors la connaissance de Gong Er en qui il trouve son égal. Très vite l’admiration laisse place au désir et dévoile une histoire d’amour impossible. Peu de temps après, le Grand maître Baosen est assassiné par l’un de ses disciples, puis, entre 1937 et 1945, l’occupation japonaise plonge le pays dans le chaos. Divisions et complots naissent alors au sein des différentes écoles d’arts martiaux, poussant Ip Man et Gong Er à prendre des décisions qui changeront leur vie à jamais…

La Moyenne des Ours : 2/5

Le point de vue de Pépite : 2/5
Le dernier Wong Kar-Wai, malgré des chorégraphies de combat irréprochables et une photographie à couper le souffle, est d'un ennui !
Sur deux longues heures les dialogues ne sont que des métaphores, des citations, des dictons simples et fumeux que les personnages arrivent à interpréter bien trop longuement... Et si l'histoire semble belle, elle est bien lourde et confuse, supprimant la possibilité d'un quelconque plaisir du côté de la narration. Même les voix off sont confuses et dites sur un ton très naturaliste presque sans lien avec le ton général du film.
A l'image, Wong Kar-wai change également la vitesse de défilement des images, sans raison apparente. Alors qu'un ralenti sur un pied qui recule avec violence sur un sol inondé d'eau de pluie sera magnifique, l'instant d'après le combat sera "haché" sur les plans larges. Pourquoi ces si grandes de différences dans les prises de vue ?
La musique qui au départ semble belle et inspirée, finit par lasser et à plonger le spectateur toujours éveillé (les autres font déjà leur nuit) dans un profond état d'ennui.
C'est dommage, The Grandmaster est un film inégal, à la fois beau et étrange, mais très ennuyeux.

Le mot du Comte : 2/5
Il est très difficile de croire que "The Grandmaster" est signé du même réalisateur que "My Blueberry Nights", tant le film est différent par rapport à ce qu'on pouvait en attendre. "The Grandmaster" est un vrai film de kung-fu, très élégant, très beau, et dont les combats sont époustouflants (surtout celui sur le quai).
Seulement voilà, on s'endort un peu. Malgré les efforts déployés par Wong Kar-Wai dans la caractérisation physique des personnages (les moustaches, les chapeaux, le singe) sur la première demie heure de l'histoire, on finit par se perdre dans cet épopée dont le personnage principal (Ip Man) n'est pas le plus actif -et n'est pas le vrai héros, il n'est que le témoin d'un pan d'histoire de la Chine. "The Grandmaster" est un film de personnages secondaires. Le problème, c'est qu'ils sont trop nombreux. Face à cet multitude, on se demande qui est qui et quels sont les enjeux. La confusion règne.
Les dialogues sont parfois drôles, car à la limite de la parodie (et on a l'impression d'entendre sans cesse des proverbes de gâteaux porte-bonheur chinois).
La musique est superbe et transforme quelques moments du film en instants magiques.
Ces problèmes n'occultent toutefois pas l'amour que porte Wong Kar-Wai pour le kung-fu, ici érigé en vraie philosophie. Même s'il est lourd, "The Grandmaster" parvient à rester humble. C'est sa principale force.

CLIP

1h42 - Sortie le 17 avril 2013

Un film de Maja Milos avec Isidora Simijonovic, Vukasin Jasnic, Sanja Mikitisin
Jasna, une adolescente de 16 ans, s’ennuie dans sa petite ville en périphérie de Belgrade, entre les cours du lycée et la vie chez elle, où ses parents n’arrivent plus à dialoguer avec elle. Comme les autres jeunes de son âge, ses seules préoccupations sont de faire la fête, de rencontrer des garçons et de se filmer en permanence avec son téléphone portable. Jasna tombe folle amoureuse de Djole, un garçon de son école. Prête à tout pour lui plaire, Jasna sombre vite dans les excès de l’alcool, du sexe et de la drogue.

La Moyenne des Ours : 1,8/5

Le point de vue de Pépite : 2,5/5
Avec ses récits multiples pertinents mais à la provoc' facile, Clip est un film intéressant sur la jeunesse et sur la Serbie.
Il y a l'histoire "d'amour", avec un a minuscule à tirer du côté de l'@ : relation désaxée et artificielle entre Jasna et Djole, pensée et vécue à travers le prisme sale et pornographique de YouTube, YouPorn et leurs semblables. Il y a la maladie du père et les difficultés de la famille à  faire face. Et au milieu de tout ça il y a un contexte social pourri, sale et difficile, mêlé à tous les niveaux mais repoussé par les jeunes personnages qui font mine de ne pas être affectés. Mais affectés, ils le sont forcément, même si leurs fêtes, leur tendance au "binge drinking" et au sexe sale et facile, tendent à prouver le contraire...
Jasna en est la preuve quand elle craque finalement vers la fin, face à la maladie du père, à la misère des enfants d'un orphelinat... Elle craque également quand sa relation "à rebours" avec Djole se casse la gueule à nouveau : de l'ignorance, le dédain, l'humiliation et sa façon de la traiter comme une pute ; à une relation plus complexe où il rencontre sa mère et écoute mêmes ses confidences... cette relation atypique est rendue malsaine par la découverte et l'appréhension du sexe exclusivement grâce à Internet. De là la fascination de la réalisatrice pour le found footage dégueulasse et les scènes de sexe crues qui viennent un peu gâcher le propos du film.
C'est dommage, car il y avait quelque chose de très intéressant dans la démarche et le sujet, mais la provocation visiblement gratuite (scènes de fellation non simulées par des jeunes comédiens de 14/15 ans - soit "majeurs" légalement en Serbie...) et la trop lourde utilisation des rushes du téléphone portable (parfois la scène est filmée par la réalisatrice ET sur le téléphone, et c'est le deuxième médium qui est privilégié... Dommage tant la photographie est soignée sur le premier) viennent un peu gâcher le résultat...

Le Mot du Comte : 1/5
Que dire de "Clip"? Pas grand chose hélas, car au bout de 1h42, le film peine à accumuler du contenu, aussi bien au niveau visuel que narratif ou moral. Quoiqu'il en soit, le film semble aligner toutes les idées reçues sur la Serbie : villes moches, taggées et en ruines, les hommes sont des boeufs qui boivent comme ils respirent et les filles sont réfugiées elle aussi dans l'alcool et le bon goût vestimentaire.
Dans ce "Spring Breakers" de HLM (le film parvient tout de même a avoir encore moins de contenu narratif que le film de Korine), l'on suit Jasna, 16 ans, regard bovin et bouche duckface, obsédée par la mise en scène de son existence futile avec son téléphone portable qui filme. Ce téléphone l'accompagne durant tout ce qu'elle fait (et du coup, on se tape des images et du son crade): elle se filme en train de danser avec ses copines, imitant des chanteuses serbes, ou en plein ébat sexuel, seule ou avec son copain Djole.
Oui, "Clip" contient du sexe, beaucoup de sexe, et de manière très explicite (un peu comme chez Gaspar Noé ou Lars Von Trier, mais en moche). Cet étalage vulgaire et insipide donne plus envie d'acheter une ceinture de chasteté sur eBay qu'autre chose. Alors bien sûr, quand cela fait sens, pourquoi pas. Mais ici, quel est de but de cette monstration, sinon de se placer dans une posture exhibitionniste où le spectateur deviendrait voyeur? Du sexe pour du sexe? Choquer pour choquer?
Le seul mérite du film est de tendre (bien timidement hélas) un miroir à la société serbe, dont la jeunesse misérable (au sens hugolien du terme) est ici dépeinte. La scène finale est la seule à porter en elle-même un vrai conflit, une contradiction qui résume bien les rapports de force entre hommes et femmes dans le pays. Dommage que le spectateur, en avance permanente sur le film, comprenne ces rapports de force dès la scène d'introduction (filmée au téléphone portable). Voilà ce qu'est "Clip", une tentative, une ébauche filmée, et pas grand chose d'autre.

PARKER

1h58 - Sortie le 17 Avril 2013

Un film de Taylor Hackford avec Jason Statham, Jennifer Lopez et Michael Chiklis
Parker est le plus redoutable des cambrioleurs. Spécialiste des casses réputés impossibles, il exige de ses partenaires une loyauté absolue et le respect scrupuleux du plan. Alors qu’une opération vient de mal tourner à cause d’une négligence, Parker décide qu’il ne travaillera plus jamais pour Melander et son gang. Mais le caïd n’accepte pas l’affront et ses hommes laissent Parker pour mort. Décidé à se venger, Parker remonte la piste du gang jusqu’à Palm Beach, se fait passer pour un riche Texan à la recherche d’une propriété et découvre que le gang projette de rafler 50 millions de dollars de bijoux. Il monte alors un plan pour s’en emparer avec l'aide de Leslie, un agent immobilier qui connaît les moindres recoins de l’île.

Le point de vue de Pépite : 3/5
Un thriller de cambriolage et d'action avec Jason Statham et Jennifer Lopez... On pourrait croire que cela suffirait amplement pour nous décourager. Et bien ne vous découragez pas, Parker va souvent là où on ne l'attend pas !
Passés quelques éléments inhérents au genre qui peuvent sembler un peu cliché (une première affaire où l'équipe double Parker, le coéquipier bourré de principes auquel ils n'auraient pas du se frotter et qui va forcément vouloir sa vengeance), ils n'y a pas de combats chorégraphiés interminables et épileptiques - mais des règlements de comptes sombres, sobres et réalistes -, pas de surhomme invincible - Parker subit de vilaines blessures qui jouent ensuite un rôle au niveau de la narration (pas que pour signifier son côté bad ass), etc.
On peut regretter quelques dialogues bien trop explicites du côté de J-Lo, sur ses motivations et ses galères financières, etc., qu'on a bien comprises sans cette couche supplémentaire, mais au fond ça reste honnête.
Parker n'est pas la pépite cinématographique du printemps, mais est loin d'être le récurrent navet d'action bourré de testostérone. Une relative surprise.

ILL MANORS

2h00 - Sortie le 3 Avril 2013

Un film de Ben Drew avec Riz Ahmed, Ed Skrein et Natalie Press
Kirby, ex dealer, vient de sortir de prison, Ed est une tête brûlée, Michelle, une prostituée sous surveillance et le jeune Jack, se trouve empêtré au sein d'un gang local. Chris est déterminé à se venger et Katya cherche désespérément à fuir ce trouble voisinage. Sans oublier Aaron, notre protagoniste, qui essaie juste d'être un type bien...

Le point de vue de Pépite : 4,5/5
Premier film de l’acteur et chanteur britannique Ben Drew, musicalement plus connu sous le nom de Plan B, Ill Manors est une tragédie shakespearienne modernisée et dynamisée comme jamais, située dans un milieu de voyous britanniques, dealers, racailles et prostituées, avec leur vocabulaire propre.
Tout est subtilement lié, notamment par une narration en off des plus ingénieuses et originales : c'est Ben Drew himself enfilant la casquette du rappeur/conteur de Plan B qui fait office de narrateur avec ses vers violents, poétiques et efficaces. Ces morceaux magnifiques et inspirés, qui peuvent exister indépendamment du film (et sont d'ailleurs compilés dans le dernier album de Plan B intitulé également Ill Manors), nous révèlent des liens supplémentaires entre les personnages et leurs histoires passées.
Ces personnages sont d'ailleurs très bien exploités et imaginés, grâce aux informations du narrateur d'une part, mais également à l'histoire qui se déroule devant nos yeux. Humains, ceux-ci sont tous confrontés à la violence et aux petits complots de leur cité d'Ill Manors. La tragédie de dessine à chaque minute, face à tout nouveau personnage rencontré, et à chaque retournement de situation dont le film n'est pas dénué. Sur plusieurs temporalités, chacun est lié d’une manière ou d’une autre au reste des protagonistes. Le concept de fatalité n’est pas bien loin, d’où le côté très shakespearien du film : tout est écrit, les personnages ne suivant alors qu’un canevas tragique duquel ils tentent de sortir, vainement.
On est bluffés devant la puissance et l'efficacité de Ill Manors, malheureusement peu distribué en France au moment de sa sortie, alors que Ben Drew fait preuve dans ce premier film d’un regard créateur vif et poignant, méritant le détour.

QUARTET

1h38 - Sortie le 3 Avril 2013

Un film de Dustin Hoffman avec Maggie Smith, Tom Courtenay, Bill Connoly, Pauline Collins & Michael Gambon
À Beecham House, paisible pension au cœur de la campagne anglaise qui accueille des musiciens et chanteurs d’opéra à la retraite, le bruit court qu’une nouvelle pensionnaire arriverait sous peu. Et ce serait une diva ! Pour Reginald, Wilfred et Cissy, le choc est grand lorsqu’ils voient débarquer l’impétueuse Jean Horton, avec laquelle ils triomphaient sur les scènes internationales des années auparavant. L’ambition de Jean et son ego démesuré avaient alors ruiné leur amitié et mis un terme au mariage qui la liait à Reginald. Malgré les vieilles blessures, Reginald, Wilfred et Cissy mettront tout en œuvre pour convaincre Jean de reformer leur célèbre quatuor à l’occasion du gala annuel de Beecham House.

La Moyenne des Ours : 3,3/5

Le point de vue de Pépite : 3,5/5
Après La Tête en l'Air de Ignacio Ferreras, voici un nouveau film axé sur le "3ème âge", nous venant cette fois-ci d'Angleterre et réalisé par Dustin Hofmann. Quartet est un film charmant et plein d'émotions.
L'émotion est en partie due à un casting de qualité prestige, notamment le quatuor de comédiens "de tête" qui sont formidables notamment Tom Courtenay qui nous émerveille. Les seconds rôles sont également très bons (Michael Gambon et Sheridan Smith en particulier) et certains sont d'ailleurs joués par de véritables anciens musiciens, chanteurs, metteurs en scène d'opéra, etc. Le générique de fin leur est d'ailleurs dédié, nous présentant des photos d'eux de nos jours et à l'époque où ils exerçaient leur art : une façon efficace d'enfoncer le clou de l'émotion du film, déjà importante.
L'histoire est simple mais a le mérite d'émouvoir grâce à des détails, des mots, des regards. Le film offre une réflexion intéressante sur la mort, la vieillesse, la disparition des dons, le génie, etc. La musique est d'ailleurs utilisée de façon centrale et intelligente : les chants et les instruments servent efficacement la narration.
Quartet est une belle petite pépite, simple et touchante.

La note de Juani : 2,5/5
La note de Tinette : 4/5

GUERRIÈRE

1h40 - Sortie le 27 Mars 2013

Un film de David Wnendt avec Alina Levshin, Jella Haase et Sayed Ahmad Wasil Mrowat
Marisa, 20 ans, fait partie d’un gang de néo-nazis au nord de l’Allemagne. Tatouée de swastikas, le crâne rasé, elle déteste les étrangers, les juifs, les noirs et flics, à ses yeux tous coupables du déclin de son pays et de la médiocrité de son existence. Manifestations de haine, violence et beuveries rythment son quotidien, jusqu’à l’arrivée en ville d’un réfugié afghan et l’irruption dans son gang d’une adolescente de 14 ans. Ces nouveaux venus mettent à mal le fanatisme de Marisa…

Le point de vue de Pépite : 3/5
Film sombre et violent, Guerrière n'est pas pour autant dénué de moments de grâce.
L'histoire est désolante, portrait violent et sans complaisance d'une jeunesse allemande néonazi et négationniste, pointant ici et la différents coupables de cette situation au sein de la société, de la famille. Le scénario est construit avec intelligence, se jouant parfois de nous avec efficacité. Les jeunes comédiens sont très convaincants, ce qui ne semble pas évident au vu du sujet difficile du film.
On se surprend à détester et à aimer le personnage principal, Marisa, très humaine, qui fait des erreurs puis fait preuve de charité, puis d'une violence sans nom et enfin de remords...
Le début et la fin du film, magnifiques, se répondent à l'image du film : sombre, violent, mais parfois également très doux et mélancolique.
Une surprise un peu dure, probablement pas assez distribué en France pour susciter le débat, mais si vous avez l'occasion de le voir, n'hésitez pas.

FESTIVAL DE CANNES 2013 - FILMS EN COMPETITION

du 15 au 26 Mai 2013
Sélection Officielle : 
La conférence de Presse du Festival de Cannes 2013 a eu lieu à 11h et après un mot assez touchant de son président Gilles Jacob (pdf disponible ici) voici la sélection officielle du Festival de Cannes 2013 dévoilée par Thierry Frémaux : 

Séances spéciales
- OTDAT KONCI  de Taisia IGUMENTSEVA
- SEDUCED AND ABANDONED  de James TOBACK
- WEEK END OF A CHAMPION de Roman POLANSKI
- STOP THE POUNDING HEART de Roberto MINERVINI
- MUHAMMAD ALI’S GREATEST FIGHT de Stephen FREARS

Hommage à Jerry Lewis : MAX ROSE de Daniel NOAH

Séances de minuit
- BLIND DETECTIVE de Johnny To
- MONSOON SHOOTOUT de Amit KUMAR

Un Certain Regard (Vinterberg président du Jury)
- THE BLING RING de Sophia COPPOLA
- GRAND CENTRAL de Rebecca ZLOTOWSKI
- SARAH PRÉFÈRE LA COURSE de Chloé ROBICHAUD
- ANONYMOUS de Mohammad RASOULOF
- LA JAULA DE ORO de Diego QUEMADA-DIEZ
- L’IMAGE MANQUANTE de Rithy PANH
- BENDS de Flora LAU
- L’INCONNU DU LAC de Alain GUIRAUDIE
- MIELE de Valeria GOLINO
- AS I LAY DYING de James FRANCO
- NORTE, HANGGANAN NG KASAYSAYAN de Lav DIAZ
- LES SALOPS de Claire Denis
- FRUITVALE STATION de Ryan COOGLER
- DEATH MARCH de Adolfo ALIX JR.
- OMAR de Hany ABU-ASSAD
- MY SWEET PEPPERLAND de Hiner SALEEM
- TORE TANZT de Katrin GEBBE
- WAKOLDA de Lucia PUENZO

Hors-compétition
- THE GREAT GATSBY de Baz LUHRMANN
- BLOOD TIES de Guillaume CANET
- ALL IS LOST de J.C CHANDOR
- ZULU de Jérôme SALLE
- LE DERNIER DES INJUSTES de Claude LANZMANN

Compétition (Steven Spielberg président du jury)
- ONLY GOD FORGIVES de Nicolas WINDING REFN
- BORGMAN de Alex VAN WARMERDAM
- LA GRANDE BELLEZZA de Paolo SORRENTINO
- BEHIND THE CANDELABRA de Steven SODERBERGH
- LA VENUS A LA FOURRURE de Roman POLANSKI
- NEBRASKA de Alexander PAYNE
- JEUNE ET JOLIE de François OZON
- WARA NO TATE de Takashi MIIKE
- LA VIE D’ADELE de Abdellatif KECHICHE
- SOSHITE CHICHI NI NARU de KORE-EDA Hirokazu
- TIAN ZHU DING de JIA Zhangke
- GRISGRIS de Mahamat-Saleh HAROUN
- THE IMMIGRANT de James GRAY
- LE PASSE de Asghar FARHADI
- HELI de Amat ESCALANTE
- JIMMY P. de Arnaud DESPLECHIN
- MICHAEL KOHLHAAS de Arnaud DESPALLIERES
- INSIDE LLEWYN DAVIS de Ethan COEN & Joel COEN
- UN CHATEAU EN ITALIE de Valeria BRUNI-TEDESCHI
- ONLY LOVERS LEFT ALIVE de Jim JARMUSCH

Sélection de la Semaine de la Critique : (Michel Gomes président du Jury)
La Semaine de la Critique compose chaque année une sélection dédiée aux premiers et seconds longs métrages. Voici la sélection de cette année :

Film d'ouverture
- Suzanne de Katell Quillévéré (France)

Longs-métrages
- Salvo de Fabio Grassadonia et Antonio Piazza (Italie/France)
- The Lunchbox Dabba de Ritesh Batra (Inde/France/Allemagne)
- For Those in Peril de Paul Wright (Royaume-Uni)
- Le Démantèlement (The Dismantlement) de Sébastien Pilote (Canada)
- Nos héros sont morts ce soir de David Perrault (France)
- Los Dueños de Agustin Toscano & Ezequiel Radusky (Argentine)
- The Major de Yury Bykov (Russie)

Séances spéciales
- Les Amants du Texas (Ain't Them Bodies Saints) de David Lowery (États-Unis)
- Les Rencontres d'après minuit de Yann Gonzalez (France)


Sélection de la Quinzaine des Réalisateurs :

La programmation se voulant libre, éclectique et sous le signe de l'exploration et l'aventure partage, la Quinzaine a présenté sa sélection officielle :

- A Strange Course of Events de Raphaël Nadjari
- Les Apaches de Thierry de Peretti
- Après la nuit de Basil Da Cunha
- Blue Ruin de Jeremy Saulnier
- Le Congrès de Ari Folman (Ouverture)
- La Danza de la realidad de Alejandro Jodorowsky
- L'Escale de Kaveh Bakhtiari
- La Fille du 14 Juillet de Antonin Peretjatko
- Henri de Yolande Moreau (Clôture)
- Ilo Ilo de Anthony Chen
- Jodorowsky's Dune de Franck Pavich
- Last Days on Mars de Ruairi Robinson
- Les Garçons et Guillaume, à table ! de Guillaume Gallienne
- Magic Magic de Sebastian Silva
- On the Job de Erik Matti
- Le Géant égoïste de Clio Barnard
- Tip Top de Serge Bozon
- Ugly de Anurag Kashyap
- Un voyageur de Marcel Ophuls
- L'Eté des poissons volants de Marcela Said
- We Are What We Are de Jim Mickle

mercredi 17 avril 2013

PROMISED LAND

1h46 - Sortie le 17 Avril 2013

Un film de Gus Van Sant avec Matt Damon, Rosemarie DeWitt, Frances MacDormand et John Krasinski
Steve Butler, représentant d’un grand groupe énergétique, se rend avec Sue Thomason dans une petite ville de campagne. Les deux collègues sont convaincus qu’à cause de la crise économique qui sévit, les habitants ne pourront pas refuser leur lucrative proposition de forer leurs terres pour exploiter les ressources énergétiques qu’elles renferment. Ce qui s’annonçait comme un jeu d’enfant va pourtant se compliquer lorsqu'un enseignant respecté critique le projet, soutenu par un activiste écologiste qui affronte Steve aussi bien sur le plan professionnel que personnel…

La Moyenne des Ours : 3,5/5

La pensée de Juani : 3,5/5
J'aime quand Matt Damon écrit pour Gus Van Sant. Selon moi, ils savent (cette fois avec Krasinski en co-scénariste) nous raconter des histoires simples, avec une ambiance particulière et humble. Et oui, rien de moins que ça. La musique de Danny Elfman et les travelling "de dessus" de GVS renforcent cet univers. Pas de fioritures, des choses simples, des personnages touchants (toujours) et sans jamais que l'on trouve le temps long. Un bon film, mais on n'échappe pas a quelques lieux communs. Et oui, on ne replonge pas dans un univers pré-éxistant qu'avec des nouveautés ! Donc on a le droit au discours rédempteur dans le dernière quart du film - que je leur pardonne volontiers parce même avec un sujet pareil, on sort sur une touche positive, et moi, j'en ai marre des pensées noires et des coups de déprim' !

Le point de vue de Pépite : 3,5/5
Promised Landest un bon film, simple, intelligent et juste.
Ici les personnages de Damon, McDormand et de Krasinski sont à l'égal du scénario : plus complexes qu'ils n'en ont l'air. La galerie de personnages secondaires et tertiaires les accompagnent avec efficacité, ils ont en effet tous pertinents et utiles à la narration ainsi qu'au côté documentaire de certaines séquences (le sujet d'actualité s'y prête : l'exploitation des gaz de schiste et ses dangers sur l'environnement).
Si c'est Gus Vant Sant qui réalise, c'était bien Matt Damon qui devait en principe le réaliser et qui était, avec John Krasinski, à l'origine du projet. Complications de calendrier, c'est finalement le réalisateur de Will Hunting et de Harvey Milk (également réalisateur des plus atypiques Elephant, My Own Private Idaho, Last Days et Paranoid Park, films que la bande annonce de Promised Land se garde de mentionner, on est en effet ici plus proches des deux premiers cités) qui s'y colle et il ne s'efface pas complètement derrière le projet. Ici et là, notamment dans les plans aériens, on reconnaît la patte de Gus Van Sant. C'est d'ailleurs, ironiquement, dans les scènes où la musique de Danny Elfman apparaît (étrange, mystérieuse, parfois avec des choeurs) que l'on reconnaît d'autant plus la Gus Van Sant "touch".
Sujet fort, personnages pertinents, histoire bien ficelée, mise en scène et musiques inspirées ; Promised Land est un bon film, qui ne se termine pas complètement en happy end... A voir.

La note du Comte : 3,5/5

mardi 16 avril 2013

DEAD MAN DOWN

1h57 - Sortie le 3 Avril 2013

Un film de Niels Arden Oplev avec Colin Farell, Noomi Rapace, Terrence Howard et Dominic Cooper
Victor est le bras droit d’Alphonse, un caïd new-yorkais. Quelqu’un s’en prend à leur gang, dont les hommes sont abattus les uns après les autres, et l’assassin multiplie les messages de menace. Espérant s’attirer les faveurs d’Alphonse, Darcy, un ami de Victor, se lance sur les traces du tueur. Lorsque Victor fait la connaissance de Béatrice, une Française qui vit avec sa mère, Valentine, il est tout de suite attiré. Béatrice est une victime qui cherche à se venger – et pour cela, elle a besoin de l’aide de Victor. Mais Béatrice va elle aussi se rendre compte que Victor n’est pas exactement ce qu’il avait dit. Lui aussi a un compte à régler… Ces deux êtres assoiffés de vengeance vont mettre au point un plan qui n’épargnera personne…

La Moyenne des Ours : 3/5

Le point de vue de Pépite : 3/5
Dead Man Down est un thriller intelligent et de bonne facture, qui excelle là où on ne l'attend pas.
Ce n'était par vraiment LE film que l'on pensait incontournable ce mois-ci et pourtant, finalement, celui-ci n'est pas - pour paraphraser un personnage de Tarantino, "si mauvais". Il est même plutôt réussi. Colin Farell fait de l'underplaying, mais quand ce n'est pas de la caricature de Ryan Gosling et qu'en plus c'est réussi, c'est tant mieux. Noomi Rapace est inquiétante et convaincante ; si son rôle paraît au départ incongru, on décerne au fur et à mesure qu'il sert l'histoire de vengeance du personnage de Farell à la perfection. Même si Terrence Howard n'est pas le méchant le plus convaincant du monde, il se débrouille et tient fièrement la tête à ses antagonistes. Et finalement Dominic Cooper livre un véritable rôle de composition qu'on ne retrouve nulle part dans sa filmographie. A la fois violent et touchant, il fait avancer l'histoire avec efficacité. C'est en fait le point commun entre tous les personnages secondaires : il ne sont pas de simples faire-valoir du héros et ont un rôle primordial dans l'intrigue, quel que soit leur importance.
Malgré quelques éléments attendus, Dead Man Down est plutôt haletant et efficace. Il vaut le coup d'oeil.

La note de Juani : 3/5