mercredi 31 octobre 2012

LOOPER

1h50 - Sortie le 31 octobre 2012

Un film de Rian Johnson avec Joseph Gordon-Levitt, Bruce Willis, Emily Blunt...
Dans un futur proche, la Mafia a mis au point un système infaillible pour faire disparaître tous les témoins gênants. Elle expédie ses victimes dans le passé, à notre époque, où des tueurs d’un genre nouveau (les "Loopers") les éliminent. Un jour, l’un d’entre eux, Joe, découvre que la victime qu’il doit exécuter n’est autre que… lui-même, avec 20 ans de plus. La machine si bien huilée déraille…

La Moyenne des Ours : 3,3/5

L'Opinion de Tinette : 3/5
L'idée de base de ce film est juste géniale. L'histoire des "Looper" est très inventive et bien menée. Les effets visuels sont très bons, les deux visages du personnage principal sont ressemblants tout en étant très différents. J'ai passé tout le film a essayé de voir ce qu'ils avaient changé sans vraiment le voir.
Ceci étant dit j'ai trouvé le film trop long pour ce qu'il a à raconter. Ça commence fort, on prend beaucoup d'informations d'un coup, on entre dans ce futur qui est dans l'ensemble réaliste (puisque pas délirant avec les immeubles a 40 étages et les Aliens qui débarquent). Mais à partir du moment où Bruce Willis débarque dans le film, malheureusement, ça se ralentit... Ça devient un petit peu longuet.
On voit tout de même de très beaux plans (en particulier un plan inversé dans un bar au début du film que j'ai apprécié). La photo est jolie. Rien ne dérange dans ce film au niveau visuel. (et pourtant il y avait un gros risque à ce niveau là !)
Un bon film, qui est victime de son rythme défaillant.

Le mot du Comte : 3,5/5
Fort d'un scénario bien construit et d'un concept solide, "Looper" se révèle être un film efficace qui évite le piège de l'incohérence souvent liée aux films traitant du voyage temporel. Et sa méthode est simple: ne pas laisser le temps au spectateur de se poser des questions. "Looper" remplit correctement sa mission, à savoir déployer patiemment toutes les couches de son histoire pendant presque deux heures. Le spectateur tire un vrai plaisir de voir s’emboîter tous les éléments et les lignes d'intrigues présentées pendant la première demi-heure. Hélas, c'est aussi là que réside un des défauts de ce film trop honnête: il ne va jamais plus loin que son concept. Cela peut laisser place, du coup, à une certaine forme de frustration.
Joseph Gordon-Levitt et Bruce Willis sont plutôt efficaces : leurs performances ne sont pas exceptionnelles mais tiennent la route (surtout lors de cette jubilatoire scène de fusillade où le vieux Bruce déglingue un gang à lui tout seul, faisant ainsi écho à son personnage de "Die Hard").
La mise en scène est garnie d'effets (mouvements rotatifs de caméra par exemple) et d'effets de montage (flash-forward ou ellipses) mais qui semblent ne pas être tout à fait assumés. 
"Looper" est un film trop propret, à l'image du costume impeccable et au visage figé de Joseph Gordon-Levitt. Le film aurait sûrement gagné à dérailler un peu, à aller au delà de cette rigidité filmique que le réalisateur semble s'imposer. C'est un peu dommage, heureusement que le plaisir est au rendez-vous.

Le point de vue de Pépite : 3,5/5
Looper est un thriller d'anticipation réussi qui parvient souvent à nous surprendre, grâce à un scénario précis et une mise en scène soignée.
Tout d'abord, la transformation de Joseph Gordon-Levitt est prodigieuse, sur certaines scènes on a vraiment l'impression d'avoir affaire à un Bruce Willis rajeuni pour l'occasion. Entre ces deux-là et le reste du casting on est vraiment bien servis : Emily Blunt géniale, Pierce Gagnon, qui joue son fils, est étonnamment bon pour son jeune âge, Jeff Daniels compose un personnage d'homme du futur contrôlant une organisation obscure d'une main de fer, Paul Dano surprend en petite frappe hystérique, etc. En même temps, ils sont grandement aidés par une écriture de leurs personnages qui semble très précise et qui est très intéressante. Il n'y a pas vraiment de bons et de méchants, ils sont tous tiraillés entre leurs envies personnelles et égoïstes et ce qu'il "faudrait faire" ; notamment les deux personnages principaux, Joe jeune et Joe vieux. En tant que spectateur on est également tiraillés : quel personnage faut-il "suivre" ? Qui a raison ? Ce n'est que vers la fin - que je ne dévoilerais bien sûr pas, qu'on peut éventuellement prendre une décision... et encore !
Les paradoxes inhérents au genre "voyage dans le temps" sont très bien exploités (notamment dans une scène dans laquelle Joe vieux les balaye d'une réplique cinglante avançant que ça ne servirait à rien de disserter des heures dessus) et pourtant ce monde futuriste qu'on nous présente (tant l'époque de Joe jeune que celle de Joe vieux, toutes deux dans un futur plus ou moins éloigné) n'est pas si différent du notre. Rian Johnson se contente de quelques détails high-tech et futuristes (un arroseur de champs volant, ou une moto planant dans les airs) ou simplement recouvre des voitures de plaques métalliques rouillées... On l'aura compris, la vision de Jonhson reste pessimiste quand à ces futurs, la société étant en quelque sorte livrée en pâture aux malfrats de tous genres, les habitants de la ville se droguant et festoyant dans des lieux de débauche... Mais il y est possible d'y vivre, même "paisiblement" (tout est relatif bien entendu) comme le prouve la situation du personnage d'Emily Blunt.
En bref, Looper est un film très intéressant, tant au point de vue du scénario qui traite intelligemment du voyage dans le temps tout en restant très près des préoccupations des personnages qu'au point de vue de la mise en scène et de la distribution, gros point fort du film. Chapeau bas.

dimanche 28 octobre 2012

SKYFALL

2h23 - Sortie le 26 octobre 2012

Un film de Sam Mendes avec Daniel Craig, Judi Dench, Javier Bardem, Ralph Fiennes...
Lorsque la dernière mission de Bond tourne mal, plusieurs agents infiltrés se retrouvent exposés dans le monde entier. Le MI6 est attaqué, et M est obligée de relocaliser l’Agence. Ces événements ébranlent son autorité, et elle est remise en cause par Mallory, le nouveau président de l’ISC, le comité chargé du renseignement et de la sécurité. Le MI6 est à présent sous le coup d’une double menace, intérieure et extérieure. Il ne reste à M qu’un seul allié de confiance vers qui se tourner : Bond. Plus que jamais, 007 va devoir agir dans l’ombre. Avec l’aide d’Eve, un agent de terrain, il se lance sur la piste du mystérieux Raoul Silva, dont il doit identifier coûte que coûte l’objectif secret et mortel…


La Moyenne des Ours : 3,5/5

L'Opinion de Tinette : 3/5
Bon. C'est officiel, je pense toujours que Daniel Craig n'a rien à voir avec la subtilité et la classe légendaire de James Bond. Il est très bon dans d'autres films, il peut être vraiment juste dans certains rôles (je pense par exemple à "Millenium"). J'ai beaucoup aimé dans ce films les références aux anciens films (les accessoires, la voiture, certaines répliques...). J'ai trouvé le rôle de Javier Bardem hilarant, et il est définitivement un bon méchant. 
Mais voila. J'ai trouvé le film très long à démarrer... on s'ennuie pendant la première heure. Puis enfin Bardem débarque et sauve le film. Son arrivée est la meilleure scène du film, la plus esthétiquement belle et la plus drôle. Le reste du film ne ressemble pas aux "vrais" James Bond... Ce sont maintenant selon moi des vrais films d'actions, comme il y en a des dizaines par an.
C'est très regardable, mais il n'y a plus ce qui faisait cette série originale. Celui-ci reste quand même meilleur que Quantum of Solace.

La pensée de Juani : 3/5
Loin d’être une grande fan de la série des James Bond, je n’en ai vu que quelques uns donc il est difficile de juger mais je crois que Skyfall est un film d’action et d’espionnage comme il en existe d’autres, dur d’identifier la marque James Bond dans le film.
Ok, on est tenu en haleine ; ok, il y a des cascades époustouflantes, des stratagèmes tordus et des gadgets sympas (coucou Ben Whisham en intello, c’est toujours mieux qu’en killer psychopathe ! – cf. Le parfum) ; ok, Judi Dench, Ralph Fiennes, tous très bons et convaincants (surtout la petite bedaine de ce dernier !). Mais au final rien de mirobolant. Me suis souvent ennuyée : à cause de longueurs de certaines scènes ; à cause du recul que j’avais face aux personnages – ce qui fait que je me fichais de ce qui pouvait leur arriver ; à cause des « rebondissements » un peu trop faciles (quand un mec a la réputation d’être un génie de l’informatique, arrêtez de le prendre pour un abruti, et soyez suspicieux bordel !).
En ce qui concerne notre méchant, Javier Bardem, je ne suis pas fan de l'acteur, c’est physique, j’ai un problème avec lui, mais dans ce rôle, il est plutôt bon, juste. Exactement ce qu’il faut de folie et d’acharnement. Pliée en 2 par ces petits sous-entendus et tripotages de James Bond, j’estime sa prestation plus que correcte.
Une dernière petite chose qui prouve l’intensité du suspens du film : un clin d’œil qui était couru d’avance. Dites moi si vous savez ce qu’il y a dans la boite à la fin ; si vous ne trouvez pas avant qu’elle soit ouverte,  je suis plus perspicace que je le pensais !

Le mot du Comte : 4/5
"This is the end". Ainsi commence la magnifique chanson d'Adèle qui ouvre ce flamboyant opus de James Bond, "Skyfall". Non, ce n'est pas la fin, bien au contraire. "Skyfall" est plus que jamais un James Bond moderne, mais qui jette toujours quelques regards vers le passé, dans un déliquescent mouvement emprunt de nostalgie et de clins d'oeils.
Moderne, car les enjeux du scénario ne pourraient être plus contemporains (certains pourront voir une analogie avec l'affaire Wikileaks). Nostalgique, car le film est truffé de clins d'oeils aux opus précédents (l'Aston Martin, le refus des gadgets excentriques, etc), épisode anniversaire oblige.
Pour la première fois, un vrai cinéaste s'empare du mythe Bond: ici, il s'agit de Sam Mendes, qui accomplit sa mission avec brio. Son film est emprunt de choix esthétiques forts, comme par exemple le glacial plan séquence qui introduit le dément Raoul Silva ou encore l'affirmation d'une photographie qui n'est plus un faire-valoir mais une valeur ajoutée du film (signée par le chef op des frères Coen, Roger Deakins); preuve en est de cette somptueuse séquence dans une tour aux milles reflets dans les hauteurs de Shanghai. Tout se confond, entre images, reflets et réalité. Si Mendes sait s'entourer de brillants techniciens, il sait également s'entourer d'excellents comédiens.
L'intrigue du film est centrée autour de M (merveilleuse Judi Dench) qui doit affronter un passé émergent des flammes, en la personne de Raoul Silva (Javier Bardem dans son meilleur rôle depuis "No Country for Old Men"), grandiloquent premier méchant bi de l'histoire de la saga, tout en blondeur et en mâchoires (clin d'oeil, encore). Comme évoqué plus haut, Silva est une des grandes réussites du film. Mendes prépare minutieusement son entrée (il n'apparaît qu'après 1h de film, au cours d'une scène qui est un petit bijou d'écriture) et fait se déchaîner sa toute puissance informatique sur le MI6, qui peine à lutter contre.
Daniel Craig s'affirme ici plus que jamais en James Bond usé, autorité illégitime remise en question par une bureaucratie adepte de transparence. Transparence qui bien sûr, est en train de la faire chuter. "Il n'y a plus d'ombres aujourd'hui" comme l'affirme Ralph Fiennes.
Mendes refuse tout spectaculaire inutile pour se focaliser sur le suspense et les enjeux que son scénario déploie qui, s'il n'était pas parsemé d'humour, serait bien sombre. Profondémment respectueux du mythe auquel il s'attaque, sa mise en scène se fait majoritairement discrète mais efficace. Un soin particulier est -comme toujours, apporté à la direction artistique (magnifique séquence dans le casino de Macau). Et il prends son temps (le film dure 30min de plus qu'un James Bond classique), pour le plus grand plaisir du spectateur.
Toutefois, la tournure gothique que prend le dernier tiers de l'histoire (la plongée écossaise dans le passé de Bond) est assez désarçonnante, mais apparaît comme obligatoire, car elle est le résultat des enjeux déployés dans la première demi-heure du film.
"Skyfall" est un film brillant, une parenthèse jouissive et profondémment respectueuse du reste de la saga. Il s'inscrit dans la lignée de "Casino Royale" et parvient à faire oublier le simple film d'action qu'était "Quantum of Solace". Mais une question demeure: qu'en est-il de Quantum, la mystérieuse organisation terroriste des deux derniers opus?

Le point de vue de Pépite : 4/5
Sam Mendes opère une réelle résurrection de la Saga James Bond, de ses codes et de ses personnages.
En effet, Skyfall est un excellent James Bond en plus d'être un excellent film d'action et d'espionnage.
Ici nous retrouvons tous les codes de l'univers en question, l'humour du personnage, son amour des femmes, son penchant pour l'alcool, les conflits avec M, les remarques taquines à Q, etc. Mais les scénaristes ne se contentent pas de ces retrouvailles heureuses avec tout ce qui a fait la célébrité de l'agent britannique. L'histoire, centrée autour de la remise en cause de l'autorité de M (Judy Dench, excellente) par les bureaucrates du gouvernement britannique et Mallory (Ralph Fiennes, génial 'petit nouveau' du casting), renvoie certes sans arrêt au passé du mythe Bond, mais est également sensiblement tournée vers le présent, l'intrigue étant très actuelle (le fou Raoul Silva - magistral Javier Bardem - incarne génialement des craintes très contemporaines de terrorisme).
La force de Skyfall réside vraiment dans sa capacité à renvoyer sans arrêt à ces deux réalités : le James Bond mythique, et le nouveau James Bond qui est en train de se construire devant nous. Dès Casino Royale, certains éléments avaient pu nous 'choquer' : l'histoire adaptée était le premier roman de James Bond écrit par Ian Fleming, l'acteur était inédit, James Bond acquérait son statut de double 0, etc.
Le changement d'interprète n'est pas à voir ici comme le passage d'un Doctor Who à un autre (le personnage est le même, mais a simplement changé de forme) mais plutôt comme une renaissance. En effet, entre Casino Royale et un James Bond presque militaire, Quantum of Solace et un homme 'détruit' vivant son premier deuil en tant qu'espion ; et finalement Skyfall où il disparaît en action (M.I.A. Missing in action) pour revenir diminué, blessé, mais avec un goût à la vie inédit qui semble repousser ses limites... C'est presque un remake en 5 parties (dont les 2 prochaines risquent de promettre sérieusement !) que nous ont proposé ici les producteurs de la saga mythique. Et c'est dans Skyfall que nous le voyons le plus clairement, et que l'on commence à comprendre le plan (machiavélique) qu'ils ont derrière la tête. Ce n'est pas pour rien qu'après ce film Daniel Craig ait signé pour deux nouveaux épisodes. Cela n'a pas pu lui échapper non plus : durant le film de Sam Mendes se tisse une toile où tous les morceaux d'un nouveau James Bond se rapprochent inexorablement (des personnages clés de la Saga interviennent, comme un nouveau Q par exemple - et bien d'autres que je ne révélerais pas...)...
Sam Mendes a réussi la prouesse de redonner un coup de jus à une saga presque moribonde, en réalisant un film qui lui est digne. Film réussi en tant que tel, mais également 'point de départ' d'un futur qui s'annonce très - vraiment très - prometteur !

La note de Juani : 3/5

mardi 23 octobre 2012

STARS 80

1h50 - Sortie le 24 octobre 2012

Un film de Thomas Langmann & Frédéric Forestier avec Patrick Timsit, Richard Anconina, etc.
Vincent et Antoine, deux fans des années 80, dirigent une petite société de spectacle qui fait tourner des sosies dans toute la France. Entre déboires sentimentaux et caprices de leurs pseudo vedettes, l’affaire finit par péricliter. A la veille du dépôt de bilan, ils retrouvent un carton de vieux 45 tours : Jeanne Mas, Jean-Luc Lahaye, Lio, Desireless, Peter & Sloane, François Feldman, Début de soirée, Images, Cookie Dingler, Sabrina, Gilbert Montagné... tous les tubes des années 80 ! Immédiatement, l’étincelle jaillit : pourquoi ne pas faire remonter sur scène les vraies Stars des années 80 et monter une tournée ?

La Moyenne des Ours : 2,5/5

La pensée de Juani : 2,5/5
Alors là, personne se mouille, on met tous la moyenne ! Plaisir coupable je pense parce qu’on connaît les chefs d’œuvres du réalisateur… Pourtant Stars 80 nous fait chanter, et l’effet nostalgie de temps en temps, ça ne fait pas de mal. A ne voir que pour retrouver Début de soirée, Lio, Sabrina, Jean-Pierre Mader and cie parce qu’au niveau cinématographique, il n’y a rien d’original ! Le film s’enfonce parfois dans de mauvaises parodies (ou serait-ce un hommage ? Ce qui serait pire) des Blues Brothers par exemple, à travers la scène dans l’église de Harlem, Gilbert Montagné au piano… Quelques détails auraient suffit à l’évocation du film et aurait été de meilleur goût… Mais tout de même quelques blagues, une bonne humeur, … Conseil : embarquer vos parents, oncles, grandes tantes ou grands-parents,… les entendre marmonner les succès de leur jeunesse peut valoir le détour.

Le mot du Comte : 2,5/5
Qu'on se mette d'accord tout de suite, "Stars 80" relève moins du cinéma que de la captation. En effet, tout ce qui constitue les éléments cinématographiques de ce film est pauvre ou raté.
A commencer par le duo principal, Patrick Timsit et Richard Anconina qui n'ont jamais été aussi mauvais : la prestation d'Anconina était meilleure dans "Camping 2", c'est dire! Le spectateur ne sera pas non plus gâté par un scénario-prétexte (dont on se contrefout),  avec son intrigue creuse (qui met très longtemps à démarrer) et caricaturale (le conflit -attendu, entre les deux protagonistes principaux sort de nulle part).
Ce triste duo est entouré de petits rôles stéréotypés  à fond: le vil patron de maison de disque qui refuse de les produire, ou encore le banquier qui refuse lui aussi (tiens donc) de les soutenir.
Le début du film (la scène dans la prison) est d'une pénibilité alarmante.
Mais le spectateur de "Stars 80" ne vient sûrement pas pour voir un film de cinéma, il vient voir l'argument majeur du film (qui n'est que le produit dérivé de la tournée éponyme): les stars des années 80 et leurs chansons!
Et il faut dire qu'il y a là quelque chose de touchant à retrouver cette galerie de chanteurs éprouvés par les années. Ils s'amusent et se donnent à fond. Tous débutants à l'écran, ils dégagent une forte dose de bonne humeur et certains s'en tirent même mieux que les acteurs principaux de ce film-concert.
Langmann et Forestier déploient de grandiloquents moyens techniques (les effets spéciaux sont toutefois un peu défectueux et certains plans frôlent la ringardise totale) pour en mettre plein les yeux, et c'est plutôt réussi. Si le film est raté, les concerts sont plutôt réussis et on ne s'ennuie pas.
Les deux réalisateurs oublient qu'ils jouent avec une force qui dépasse largement leurs compétences, à savoir la mémoire collective et le patrimoine culturel de toute une génération. Cette force, ils ne la maîtrisent pas. Car si la carte du nostalgique fonctionne à 100%, il manque à cette odyssée un vrai souffle et un vrai point de vue. Le regard de Langmann est toujours orienté vers le passé, et jamais vers l'avenir. On regrette aussi sa propension à toujours aller dans le trop (vous vous souvenez de "Astérix aux Jeux Olympiques"?): l'apparition de Franck Provost est juste une publicité déguisée...
Le film reste à l'état de bande-démo, et devant un tel potentiel (un héritage musical connu de tous), le seul sentiment qui apparaît, c'est la frustration. "Stars 80" ne ressemble qu'à un revival digne du Hit Machine et c'est dommage.

L'opinion de Pépite : 2,5/5
Stars 80 est à la fois une captation réussie et un film raté.
Je m'explique : côté scénario, duo Timsit/Anconina, tentatives de dramaturgie, etc, c'est raté ! C'est cliché, attendu, plutôt pauvre et même au niveau de la mise en scène ce n'est pas intéressant du tout.
Mais, soyons honnêtes, ce n'est pas pour la mise en scène que vous irez voir ce "film" ! Non, si vous allez voir Star 80 c'est tout simplement parce que ça fait plaisir de revoir ces chanteurs hasbeen de votre jeunesse, ou que vos parents vous obligeaient à supporter sur les routes des vacances ! Stars 80 est un revival qui ne pique pas les yeux et qui amuse les oreilles. Oui vous chanterez, vous dodelinerez de la tête et vous rirez de voir ces chanteurs essayer de faire les comédiens.
Ils essayent, et on s'en fiche un peu qu'ils se plantent. C'est beaucoup plus dommage que Timsit et Anconina eux se plantent. Ils sont nuls, et leur simple présence fait tâche dans ce musical. En fait la tentative de scénariser des "réalisateurs" (et qu'elle est ratée cette tentative !) vient gâcher le plaisir premier à aller voir ce film. On s'en moque de la "bromance" entre ces deux producteurs pitoyables et leurs regards en coulisse. On veut écouter les chansons ! Et à la rigueur voir les autres chanteurs en coulisse...
Bref, vous l'aurez compris, Stars 80 n'est pas la bouse annoncée (okay, j'étais un peu le pessimiste de service à annoncer une telle chose, mais en même temps le dernier film que j'avais vu du duo Forestier/Langmann c'était Astérix aux jeux Olympiques et ça fait mal au coeur d'y repenser...), c'est plutôt une captation sympathique des musiques cultes des années 80, avec des scénettes distrayantes où leurs interprètes font des bêtises !
Cinématographiquement parlant c'est pauvre, mais on ne s'ennuie pas et y'a de la musique ! Pourquoi s'en priver, si on aime ça ?

mercredi 17 octobre 2012

ASTÉRIX & OBÉLIX : AU SERVICE DE SA MAJESTÉ

1h49 - Sortie le 17 octobre 2012

Un film de Laurent Tirard avec Édouard Baer, Gérard Depardieu, Fabrice Luchini...
A la tête de ses glorieuses légions, César décide d'envahir cette île appelée Brittania, la Bretagne.
La victoire est rapide et totale. Enfin... presque. Un petit village breton parvient à lui résister, mais ses forces faiblissent. Cordelia, la reine des Bretons, décide donc d’envoyer son plus fidèle officier, Jolitorax, chercher de l’aide en Gaule, auprès d’un autre petit village, connu pour son opiniâtre résistance aux Romains…

La Moyenne des Ours : 1,9/5

L'Opinion de Tinette : 1/5 
Que dire ? Encore des millions jetés par les fenêtres  Je suis très bon public pour les comédies, et soyons honnêtes, je ris facilement, mais là... j'ai ris 2 fois : Pour un des gags du film avec Dany Boon et l'autre fois, parce que je pensais à autre chose. Parce que oui, on s'ennuie. Le scénario est d'une pauvreté hallucinante. D'accord c'est un "Asterix" et pas un film de Scorsese mais tout de même.. Les gaulois doivent ramener un tonneau de potions aux anglais, et quelques amourettes se forment en parallèle. Voilà.
Au niveau du casting, comme pour l'épisode précédent il y a du beau monde, mais quel gâchis ! Lemercier et Deneuve sont juste insupportables (et pas seulement par leurs personnages). Luchini tente, le pauvre, de sortir la tête de l'eau.
Pour moi, le seul point positif est la bande originale. Quelques bons vieux morceaux de rock, viennent rythmer cette bien triste épopée.
Il y aurait eu de quoi s'amuser, de quoi nous présenter un film plein d'humour intelligent. Malheureusement, on devine les gags, on devine tout. Pour moi il est du même niveau que le premier volet, et que le troisième : totalement inutile.
Un film sans aucune saveur. Dommage.

Le point de vue de Pépite : 2,5/5
Astérix & Obélix au Service de sa Majesté est un épisode honnête de la franchise, mais qui n'arrive toujours pas à la cheville du film de Chabat, le cultissime Astérix & Obélix Mission Cléopatre.
Contrairement au raté Astérix aux Jeux Olympiques, le film de Laurent Tirard n'a pas les écueils d'un film qui en fait trop avec trop de moyens : ici, il a les "simples" écueils d'une comédie grand public adapté d'un bestseller de la bande dessinée. C'est une honnête tentative, parfois drôle, parfois maladroite, mais toujours sincère - selon moi.
Côté casting, le choix d'Édouard Baer et de Fabrice Luchini respectivement dans les rôles d'Astérix et César est une vraie réussite. Le premier instille un côté élégant, charmeur et franchouillard qui s'éloigne du cliché de Jacquouille ou de Cornillac, tout en renvoyant avec humour au personnage d'Otis qu'il tenait dans le film d'Alain Chabat. Le second, c'est Luchini jouant César, et c'est tout : et c'est génial ! C'est un vrai plaisir de l'entendre et de le voir s'amuser dans le rôle de César proposant sans arrêt avec intelligence et humour encore plus de jeu, des nouvelles facette d'un César complexe (voir notamment la référence aux écrits racontant sa campagne des Gaules, les aventures de Césars écrites par César).
Chez les anglais, à part Guillaume Galienne, les faux accents anglais sont parfaitement insupportables, à commencer par celui de Valérie Lemercier qui agace. 
"Nos" français, Gérard Depardieu continue dans son rôle d'Obélix comme à son habitude et tant mieux (avec limite encore un peu plus d'autodérision). Vincent Lacoste quant à lui est pas mal : parfois on a l'impression qu'il ne joue plus hors de ses répliques mais c'est peut-être aussi toujours du jeu, le jeu d'un personnage "à côté" à la "marge" de l'univers du village Gaulois.
Et les Normands... C'est cliché, certes, mais amusant. Bouli Lanners, Dany Boon et leurs collègues apportent une facette supplémentaire, amusante et intéressante dans l'histoire plus exploitée "d'Astérix chez les Bretons".
Tirard traite les clichés anglais et français tantôt de façon subtile et le reste du temps avec maladresse, mais c'est une maladresse attachante.
En fait, le film de Laurent Tirard souffre d'un rythme très irrégulier. On passe de scènes très drôles à des scènes un peu plus longues où l'ennui s'assoit à côté de nous en salle, prêt à nous assaillir.
Au final, merci Fidélité, société de production qui redirige l'aventure Astérix doucement mais sûrement sur la "bonne voie" que Thomas Langmann s'était amusé à effacer. On n'est pas encore face à un épisode d'Astérix excellent, mais on y arrive, je l'espère !

Le mot du Comte : 2,5/5
Le dernier opus des aventures d'Astérix est une déception, peut-être en attendait-on trop après l'horrible épisode aux Jeux Olympiques. Mais tout n'est pas à jeter dans cette quatrième aventure gauloise.
Il faut souligner l'effort entrepris par Laurent Tirard pour remettre au centre de l'histoire Astérix et Obélix. C'est une bonne chose, car Tirard le fait bien et apporte une profondeur insoupçonnée pour un film de ce calibre à la relation entre les deux héros.
Mais hélas, le scénario ne suit pas toujours et ballotte en permanence entre moments de creux et péripéties. Le tout manque grandement de liant. Les références sont plutôt bien casées et appréciables (notamment le générique de début au format James Bond) mais certaines arrivent parfois comme un cheveux sur la soupe (celle à Star Wars n'est là uniquement parce qu'il en fallait une) et c'est bien dommage.
Au niveau du casting all-stars, Baer et Luchini sont de véritables atouts (Astérix version Baer est vraiment surprenant et le César de Luchini est savoureux car plus complexe que les précédents). Depardieu est vraiment gâté par un Obélix assez touchant. La performance du reste des acteurs ne vole pas bien haut mais ne tombe jamais trop bas. On pouvait toutefois se passer de l'apparition des BB Brunes (cela rapproche trop le film de Tirard à celui de Langmann, hélas).
Visuellement, le film oscille entre vide et trop-plein: des paysages plats de la Bretagne (l'arrière plan est d'une fadeur absolue) aux décors surchargés (trop de couleurs, trop de carton, trop de pâte) des intérieurs. La volonté d'adapter et de moderniser chaque élément de décor finit par être usante et fait ainsi sortir le spectateur de l'histoire (si tant est qu'il y soit déjà entré). Chabat avait trouvé l'équilibre entre un décor farfelu mais qui reste crédible. Qui plus est, les fonds verts sont beaucoup trop nombreux et vraiment affreux.
L'aventure reste plaisante, mais elle laisse une impression de fadeur, comme si Tirard n'avait jamais osé aller plus loin (ce que Chabat n'hésitait pas), et signe un film bien trop sage. Tirard se laisse prendre à son propre piège : car ne voulant pas être pris trop au sérieux, le film finit par le devenir beaucoup trop.

La note de Juani : 1,5/5

mercredi 10 octobre 2012

DANS LA MAISON

1h45 - Sortie le 10 août 2012

Un film de François Ozon avec Fabrice Luchini, Ernst Umhauer, Kristin Scott-Thomas et Emmanuelle Seignier
Un garçon de 16 ans s'immisce dans la maison d'un élève de sa classe, et en fait le récit dans ses rédactions à son professeur de français. Ce dernier, face à cet élève doué et différent, reprend goût à l'enseignement, mais cette intrusion va déclencher une série d'événements incontrôlables.

La Moyenne des Ours : 4/5

Le point de vue de Pépite : 4/5
Quel film intriguant, mais quel bon film ! François Ozon nous fait rentrer dans un univers toujours sur le fil du rasoir : entre l'humour (noir notamment) et l'angoisse. La dramaturgie est également très particulière. On suit les aventures de Claude (l'étonnant Ernst Umhauer) qui s'arrange pour se faire inviter dans la famille des "Rapha", le tout narré par la voix même de Claude. Cela pourrait être bavard mais ce n'est pas le cas. Comme dans le cas d'un roman, on est suspendu à cette narration, aux informations que l'on a au fur et à mesure, au compte goutte. C'est drôle, c'est angoissant et c'est même gênant parfois. 
J'ai été très agréablement surpris par ce film, et c'est donc plutôt difficile d'en parler. Ce film nous intéresse à des préoccupations d'auteur (les dialogues sur l'art dramaturgique entre Luchini et Umhauer sont savoureuses), mais aussi à la question très large du voyeurisme : question qui devrait intéresser chaque spectateur de cinéma. En effet, que sommes-nous d'autre que des voyeurs voulant rentrer dans la maison de personnages qui nous intriguent. Ce "voyeurisme" cinématographique (que les universitaires appellent "pulsion scopique" - quelle merveilleuse expression...) trouve ici une magnifique métaphore, dans une histoire amusante et très intéressante. Je vous le recommande !

Le mot du Comte : 4/5
Le treizième film de François Ozon est une réussite. Au contraire du cartoonesque "Potiche" qui manquait d'émotion, "Dans la Maison" mets le paquet. Voilà un film tendu, rigoureusement bien écrit  (les dialogues sont savoureux) et qui ne ménage pas son spectateur. Mais c'est aussi un film drôle, car Ozon porte un regard acide sur le monde de l'art contemporain et l'enseignement, à travers le personnage bobo de Kristin Scott-Thomas ou celui un peu loufoque de Jean-François Balmer (le proviseur). Le scénario frôle toujours la limite de l'invraisemblable sans jamais vraiment la franchir. La fin du film laisse cependant un peu sur sa faim et ne tient pas tout à fait la promesse du début. On aurait aimé plus.
Le casting réuni autour de cette intrigue est de qualité : le jeune Ernst Umhauer est formidable et dégage un mélange de chétivité et de sournoiserie. Luchini est très crédible en professeur aigri. Yolande Moreau fait une double apparition assez savoureuse. La musique est elle aussi très réussie.
Ozon parvient à nous troubler en mélangeant le réel de la fiction avec la fiction du fictionnel: ce que nous voyons est-il imaginaire? est-ce vraiment arrivé? Le tout avec un second degré parfois bienvenu (qui peut verser dans le parodique d'un film des années 70, notamment au niveau musical). Car Ozon ne semble pas vraiment prendre son histoire au premier degré (il y a toujours une légèreté inhérente face au suspense parfois insoutenable) et cela offre un mélange inédit et savoureux. "Dans la Maison" ne ressemble a aucun autre film du genre (quel genre, d'ailleurs?), tant il est diverse, riche et bien maîtrisé.

ELLE S'APPELLE RUBY

1h43 - Sortie le 3 Octobre 2012

Un film de Jonathan Dayton et Valerie Faris avec Paul Dano, Zoe Kazan, Chris Messina et Annette Bening
Calvin est un romancier à succès, qui peine à trouver un second souffle. Encouragé par son psychiatre à écrire sur la fille de ses rêves, Calvin voit son univers bouleversé par l’apparition littérale de Ruby dans sa vie, amoureuse de lui et exactement comme il l’a écrite et imaginée.

La Moyenne des Ours : 3,7/5

L'Opinion de Tinette : 3.5/5
Une très belle surprise ! Un film drôle, extrêmement touchant qui nous laisse réfléchir malgré tout aux relations si compliquées d'un couple.
Ce qui m'a le plus dérangé dans ce film est que je voulais absolument comprendre d'où venait cette jeune femme, cette création de Calvin. Mais dans une scène du film le personnage le dit bien : n'essayez pas de comprendre et choisissez juste de me croire. Et c'est en prenant ce conseil du personnage qu'on peut totalement apprécier ce film. Les relations, toutes autant qu'elles soient, sont très justes et drôles, chacune à leur échelle.
J'ai été très agréablement surprise par ce film qui m'a réconciliée avec Paul Dano, qui m'avait insupporté dans "For Ellen".
A voir.

Le point de vue de Pépite : 3,5/5
Elle s'appelle Ruby est un film agréablement réussi, drôle et touchant. 
C'est en fait une véritable comédie romantique, ce qui m'a personnellement désarçonné au tout début du film, alors que - ne connaissant rien du film - je m'attendais à quelque chose de plus proche de Little Miss Sunshine. Mais l'histoire d'amour entre l'auteur Calvin et sa création Ruby Sparks (titre original du film) renvoie à une foule d'interrogations au-delà de la simple histoire d'amour. La création, le rapport à la création, mais aussi - si on tire sur le thème du film - les rapports de force dans un couple. 
À part le détail de la machine à écrire, un peu "cliché" mais déconstruit avec humour dans une des dernières scènes du film, les personnages sont tous extrêmement fouillés et intéressants. Le casting aide beaucoup : Paul Dano et Zoe Kazan sont excellents (cette dernière notamment - qui est également scénariste du film - est surprenante lors de scènes où elle doit changer complètement de caractère), et les seconds rôles sont également très bons : Chris Messina, Annette Benning, Antonio Banderas (!) et le psy Elliott Gould.
La fin - je n'en révélerais rien, n'ayez crainte - est un très bon compromis dans les codes de la comédie romantique contemporaine.
Je vous le recommande, ce film pose intelligemment les bonnes questions et propose plusieurs réponses amusantes et réfléchies. Bonne histoire (meilleure que la proposition de Guillaume Musso dans La Fille de Papier) et réalisation intéressante. Ne passez pas votre chemin.

La note de Juani : 4/5

lundi 8 octobre 2012

TAKEN 2

1h38 - Sortie le 3 octobre 2012

Un film de Olivier Megaton avec Liam Neeson, Famke Janssen, Maggie Grace...
Dans "Taken", Bryan Mills, ex-agent de la CIA aux compétences si particulières, a réussi à arracher sa fille des mains d’un gang mafieux. Un an plus tard, le chef du clan réclame vengeance. Cette fois-ci, c’est après lui qu’ils en ont.

Le mot du Comte : 2,5/5
Le premier "Taken" n'était pas un grand film, mais était plutôt efficace dans son genre. Voici donc "Taken 2", suite logique et chronologique du premier volet, hélas, en moins réussi.
Contrairement au premier opus, "Taken 2" manque d'épaisseur scénaristique (dans le premier volet, on suivait l'enquête minutieuse de Liam Neeson pour retrouver sa fille). Ici, sur 1h38 de film, au moins les trois quarts sont constitués de combats et de poursuites en voiture. Cela aurait été haletant si il y avait eu des enjeux dans toutes ses scènes. Les quelques idées du scénario (Liam Neeson utilisant toute son intelligence pour situer l'endroit où il est retenu en otage) sont mal exploitées. L'ensemble manque cruellement d'émotion et semble être le fruit des recettes désormais bien visibles des productions Europacorp.
Liam Neeson, sympathique malgré tout, réitère ici tout ce qui avait fait le succès de son personnage dans le premier volet (taglines accrocheuses "listen to me carefully, we're going to be taken", coups de poings bien placés, etc) allant même jusqu'à la caricature de lui-même (il devient presque aussi fort qu'un super-héros). Il n'est pas aidé par les dialogues, assez pauvres. Ni par la bande-son, qui emprunte autant à celle de "Drive" qu'à celle de la pub pour Internet Explorer...
D'autre part, la structure du film s'apparente désormais à celle d'un mauvais jeu vidéo, avec son enchaînement prévisible (battre tout les méchants sans faiblir pour arriver au boss final). Preuve en est avec ce duel entre Neeson et le bras droit du méchant Murad, au centre d'un hammam.
Murad est d'ailleurs un des points positifs du film (le premier manquait de méchant identifiables): il y a quelque chose de troublant dans ce vieil homme dévoré par la haine (même si parfois on remarque une certaine fausseté dans le jeu du comédien et ses motivations) assis dans son fauteuil poussiéreux dans un décorum en ruine. Une des séquences finales, où celui-ci se confronte à Liam Neeson, laisse présager un final intelligent et inédit ("Si je te tue, tes fils viendront-ils te venger?" "Je suis fatigué de tout cela"). Hélas, sa finalité est aussi risible que la mort de Marion Cotillard dans "The Dark Knight Rises".
Pour tenter de dynamiter un récit assez creux, les plans sont montés dans une extrême rapidité: cette esbroufe se voit et c'est fatigant. Et diable, avec tous ces plans sur la Mosquée Bleue, le spectateur aura compris que l'intrigue se situe à Istanbul! Il faut arrêter de prendre les spectateurs pour des imbéciles. "Taken 2" aurait mérité d'être plus travaillé, plus soigné. C'est bien dommage.

LES SEIGNEURS

1h37 - Sortie le 26 septembre 2012

Un film de Olivier Dahan avec José Garcia, Gad Elmaleh, Joeystarr, Franck Dubosc, etc.
Patrick Orbéra, la cinquantaine, est une ancienne gloire du football qui a totalement raté sa reconversion. Sans emploi, alcoolique et ruiné, il n’a même plus le droit de voir sa fille Laura. Contraint par un juge de retrouver un emploi stable, il n’a d’autre choix que de partir sur une petite île bretonne afin d'entraîner l'équipe de foot locale et de transformer ses joueurs en champions. Il fait appel à ses anciens collègues pour l'aider dans sa tâche...

La Moyenne des Ours : 0,8/5

Le point de vue de Pépite : 1,5/5
Les Seigneurs est loin d'être un chef d'oeuvre mais en même temps n'a jamais cherché à l'être. Et c'est ce que je lui reproche. En effet, on l'a vu avec Intouchables, ce n'est pas parce qu'on à affaire à une comédie qu'il faut absolument que ce soit nul et lourd. Et Les Seigneurs va fonctionner, c'est sûr, avec un casting pareil TF1 a trouvé un moyen de faire beaucoup d'audimat d'ici 22 mois lorsqu'elle récupérera le film pour la super case de 20h50... 
Mais au-delà d'une série de scènes qui m'ont beaucoup plu (la constitution de l'équipe, comme dans un film de braquage où on réunit chaque membre de l'équipe selon ses talents, est très intéressante, surtout qu'elle constitue la première rencontre avec chaque membre de l'équipe de foot), le film est pauvre. 
Pauvre en image, pauvre en rythme, pauvre en dialogue, pauvre en humour. On est dans l'humour un peu balourd qui fait rire mais de façon assez peu intéressante... Je n'en dirais pas plus, mais simple conseil : retirez votre cerveau, oubliez vos aspirations cinéphiliques, et profitez d'un produit standardisé mais parfois drôle avec un casting amusant (parfois dans l'autodérision : moments de fraîcheurs inespérés et rares dans le film).

Le mot du Comte : 0/5
Après "Bowling", une équipe de film réinvestit la Bretagne une fois de plus pour donner naissance a un nouveau monstre infâme : "Les Seigneurs". A la différence que cette fois, la Bretagne (binious inclus) passe pour une région moyenâgeuse sans internet ni réseau, où les gens (des autochtones, diantre!) confondent débit internet avec débit du robinet.
Réunissant une ribambelle de comiques (au sens large) télévisuels (histoire de rappeler qu'après tout, le destin du film est d'y être diffusé en prime), le niveau de maturité du film se rapproche facilement de celui d'un enfant de deux ans. Ici, on rit (ou pas) de caca, de slips sales et de vomi (qui plus est, celui de Ramzy). Le niveau de l'interprétation ne va pas plus haut que les quelques vagues qu'on voit dans le film: Joeystarr par exemple, avec sa gueule de clochard renfrogné (très crédible en joueur de foot, mais pas autant que Franck Dubosc) ne fait que vomir ses répliques: on n'y comprend guère!
Face à un scénario si complexe (dont les conflits -la fin par exemple, sont résolus par la fée Clochette) et des personnages habilement caractérisés, seuls trois mots viennent à l'esprit: mais c'est nul! En effet, c'est nul. Pour justifier son existence, le film mêle (autre point commun avec "Bowling") sa piteuse intrigue avec un problème social (ici, c'est une usine menacée de fermeture -avec un caricatural ton chauvin anti-européen en fond), sans le moindre souci de cohérence. Car "Les Seigneurs" est l'exemple type du film budgeté à 20 millions d'euros, dont les stars gagnent presque autant qu'un vrai joueur de foot et qui se permet de glorifier la simplicité et l'humilité. Il y a là un vrai problème.
Visuellement, le film est très pauvre (mouvements de caméra inutiles, rotations gerbantes). Niveau musique, l'ensemble est un gloubiboulga de tubes connus maintes fois digérés et vomis.
La ligne d'intrigue incluant le personnage de Frédérique Bel (qui est amenée sur l'île afin de visuellement satisfaire des joueurs en manque de sexe) est glauquissime. On pouvait au moins s'attendre a une critique du monde du football (la scène avec Jean Reno laisse entrevoir l'ébauche d'une opinion sur la reconversion des anciens joueurs). Hélas, non.
Pour saupoudrer le tout, l'habituelle morale réactionnaire (la famille séparée réunie, tout les problèmes sont pardonnés) vient chapeauter cet ensemble médiocre. Il n'est pas dans mon usage d'utiliser ce genre de formule et il ne faut pas, mais ici, pas le choix: "Les Seigneurs", c'est de la merde.

vendredi 5 octobre 2012

DO NOT DISTURB

1h28 - Sortie le 3 octobre 2012

Un film de Yvan Attal avec François Cluzet, Yvan Attal, Laetitia Casta, Asia Argento et Charlotte Gainsbourg 
Un soir, Jeff débarque sans prévenir chez Ben. Pour célébrer ces retrouvailles et distraire son vieux copain de sa vie rangée, Jeff l'entraîne dans une fête. Sur place, une discussion évoque un festival de porno amateur et l'idée prend vite l'allure d'un pari : Jeff et Ben coucheront ensemble sous l’œil d'une caméra. Ce n'est ni gay ni porno, ce sera de l'Art ! Le lendemain, impossible de se dégonfler. Rien ne les arrêtera, sauf peut-être la femme de Ben, l'hétérosexualité ou certaines questions mécaniques...

La Moyenne des Ours : 2,2/5

Le point de vue de Pépite : 3/5
Do Not Disturb est une "comédie d'auteur" qui constitue une sorte d'OFNI dans le paysage cinématographique français actuel.
Dans les situations et dans les dialogues, on perçoit vraiment l'adaptation d'une comédie "indie" américaine type "Sundance" (Humpday de Lynn Shelon) : François Cluzet "kiffe" Yvan Attal, ils sont cools, il va le défoncer, non c'est l'autre qui va le défoncer, etc. Ces excès de "bromance", ce décalage dans le dialogue est déterminant dans ma perception du film comme l'adaptation d'un film américain. Mais ce n'est pas dérangeant. Certes, ce n'est pas habituel en France aujourd'hui, mais une fois l'histoire bien démarrée on se surprend à aimer cette façon de parler, de se comporter, ces situations qui peuvent au final se passer en France, oui, pourquoi pas après tout ! On se met à y croire.
Côté mise en scène, Do Not Disturb est très typé "film d'auteur" : la lumière, la caméra mouvante, qui caresse les personnages avec une mise au point très variable (il y a un jeu sur le net/flou très beau et très intéressant), etc.
Le décalage, entre l'histoire typée film indépendant américain et la façon de filmer à la française type film d'auteur, est désarçonnant mais au final constitue une vraie qualité que l'on perçoit notamment dans deux scènes de "fête" filmées pourtant très différemment. La première est une soirée "artiste bobo branché et un peu trash" qu'Attal filme vraiment avec brio, et la deuxième est une soirée en boîte sur de la musique électro/dubstep qui est une scène organique très puissante.
Côté distribution, le "couple" Attal/Cluzet met un peu de temps avant de vraiment fonctionner (le point culminant étant lorsqu'ils sont dans l'hôtel pour réaliser le film porno comme prévu), Laetitia Casta est convaincante, Gainsbourg et Argento plutôt intéressantes en couple de lesbiennes (la scène où Charlotte Gainsbourg pompe du lait maternel de son sain avec une petite pompe/biberon est géniale et absurde), et l'apparition de Joeystarr est tout simplement géniale !
En somme, Attal réalise une adaptation intéressante et assez bien ficelée. On n'y croit pas toujours, certains dialogues sonnent faux quand d'autres sont des joyaux d'inventivité, et le casting - un peu inattendu - surprend de manière agréable. Oui il est possible d'adapter un film "Sundance" en France. Mais il semble qu'on ne puisse s'empêcher d'y mettre la "french touch" film d'auteur, et c'est (parfois) dommage.

La note du Comte : 1,5/5
La note de Juani : 2/5

mercredi 3 octobre 2012

GOD BLESS AMERICA

1h40 - Sortie le 10 Octobre 2012

Un film de Bob Goldthwait avec Joel Murray, Tara Lynne Barr, Melinda Page Hamilton
Seul, sans boulot, gravement malade, Frank sombre dans la spirale infernale d’une Amérique déshumanisée et cruelle. N’ayant plus rien à perdre, il prend son flingue et assassine les personnes les plus viles et stupides qui croisent son chemin. Bientôt rejoint par Roxy, lycéenne révoltée et complice des plus improbables, c’est le début d’une équipée sauvage, sanglante et grandguignolesque sur les routes de la bêtise made in USA.

La Moyenne des Ours : 3/5

Le point de vue de Pépite : 3/5
God Bless America est un plaisir coupable jouissif, terriblement amoral mais intéressant.
Le message de ce film est clair, il y a quelque chose de pourri dans le royaume des États-Unis d'Amérique : la télépoubelle véhicule des idéologies douteuses, et l'"idiocracie" qui s'en découle est plutôt alarmante. La haine est encouragée et la moquerie de ceux qui sont plus idiots que les autres (ceux qui apparaissent dans les bêtisiers des émissions de télé-réalité "musicales") utilisée comme credo national.
Le personnage principal, Frank, se lance donc dans une odyssée sanglante avec Roxy, jeune lycéenne qui en a autant marre de tous ces idiots. On a tous parfois pensé au meurtre dans certaines situations, Frank et Roxy deviennent alors ici nos avatars dans des fantasmes guerriers plutôt bien mis en scène. Les gens bruyants au cinéma, ceux qui prennent deux places de parking, les présentateurs télé haineux, etc., tous sont tués, sans sommation, ou presque.
C'est très amoral, certes, mais également vraiment fun ! Mais une fois la première partie (très engagée - Frank nous déclame de superbes tirades sacrifiant la télévision mais également un grand pan de la culture contemporaine américaine) passée, le film enchaîne des moments plutôt attendus et plus si innovants que ça.
Mais ce n'est pas grave ! On l'attendait ce film (je ne pensais pas qu'il sortirait en salle, sincèrement, mais il est sorti) alors si vous avez un moment pour voir deux tueurs liquider des idiots pendant 1h40, foncez !

Le mot du Comte : 3/5
Voilà un film au concept alléchant et qui ne peut que se révéler jouissif: deux personnes blasées par leur pays sombré dans la plus profonde médiocratie décident d'y faire un peu de ménage en tuant ceux qu'ils considèrent comme "à tuer". Si on passe outre le premier problème moral posé par le film (tuer des gens c'est mal, non?) ce dernier est, dans sa première demi-heure, vraiment amusant.
On ne peut que valider le discours anti-médiocrité du personnage principal mais le scénario expose parfois des situations à la limite du caricatural (il ne faut pas exagérer, tout n'est pas pourri à la télévision par exemple, et les gens ne sont pas tous des gros cons).
Hélas, la promesse des premières minutes ne tient pas la route sur deux heures. Le concept s'épuise vite: on s'attendait à plus, à ce que cela aille plus loin, plus fort (plus de meurtres, c'eût été cohérent!). La deuxième moitié du film sombre dans un classicisme fade et semble à l'opposé de la subversion prônée par la première moitié (même si Goldthwait se rattrape à lors de la séquence finale). Qui plus est, le discours dérive un peu lors des séquences où ce n'est plus le manque de savoir-vivre des autres qui est jugé par les protagonistes, mais leur goût (séquence de la chambre d'hôtel).
Au final, "God Bless America" est un film très amusant (mais aussi un peu décevant) et qui peut, par moment, se révéler vraiment jouissif.

lundi 1 octobre 2012

LIKE SOMEONE IN LOVE

1h49 - Sortie le 10 Octobre 2012

Un film de Abbas Kiarostami avec Rin Takanashi, Tadashi Okuno et Ryo Kase
Un vieil homme et une jeune femme se rencontrent à Tokyo. Elle ne sait rien de lui, lui croit la connaître. Il lui ouvre sa maison, elle lui propose son corps. Mais rien de ce qui se tisse entre eux en l’espace de vingt-quatre heures ne tient aux circonstances de leur rencontre.

Le point de vue de Pépite : 3/5
Une jolie surprise ! Abbas Kiarostami livre ici un film touchant, simple, lent et agréable. Le synopsis (dont j'ai entendu un résumé "amusant" dans la file d'attente cannoise : "une histoire entre un vieux et une pute") est finalement loin de la vérité. La jeune femme est une jeune femme avant tout, et le vieil homme un homme seul qui s'intéresse avec douceur à elle. Le sexe est absent de ce film qui privilégie des scènes très longues et peu nombreuses. Le découpage est lui aussi extrêmement simple (on se rend compte après 10/15 minutes de film qu'Abbas Kiarostami n'a utilisé que deux plans ! Le 3ème n'intervenant que vers la 15ème minutes du film), ce qui peut en désarçonner plus d'un, et en ennuyer un certain nombre. Mais au final, cette simplicité place le projecteur au dessus des dialogues des comédiens, simples et très humains. Like Someone in Love est une jolie fable humaine, simple et sincère.