lundi 31 décembre 2012

TOURISTES

1h29 - Sortie le 26 Décembre 2012

Un film de Ben Wheatley avec Steve Oram et Alice Lowe
Tina a toujours mené une vie paisible et bien rangée, protégée par une mère possessive et très envahissante. Pour leurs premières vacances en amoureux, Chris décide de lui faire découvrir l’Angleterre à bord de sa caravane. Un vrai dépaysement pour Tina. Mais très vite, ces "vacances de rêve" dégénèrent: touristes négligents, ados bruyants et campings réservés vont rapidement mettre en pièces le rêve de Chris et de tous ceux qui se trouveront sur son chemin…

Le point de vue de Pépite : 3/5
Touristes est un film amusant et gore, qui nous fait oublier le malsain "Kill List".
Le dernier film de Ben Wheatley est en bien des points réussi grâce à l'histoire écrite par les deux comédiens principaux qui sont la grande force du film. Ils sont géniaux. Alice Lowe est tour à tour naïve, geignarde, compréhensive, mignonne, jalouse... et tient toujours tête à son amant qui lui fait vivre un voyage touristique et meurtrier dans la campagne anglaise. 
Souvent, le regard de Wheatley sur cette campagne peut s'avérer condescendant mais le comportement des deux personnages principaux vient contrecarrer cette idée en prenant du plaisir à chaque musée (du crayon, des tramways, etc.) et en tuant les méchants "bobos" qui font, quant à eux, semblant d'aimer la nature ! C'est ironique bien sûr, mais c'est très amusant de voir Tina et Chris y croire de toutes leurs forces.
Touristes est, bien sûr, d'une violence folle, mais l'humour des deux protagonistes atténue un peu le gore. Des bons moments de comédie, un humour noir acéré, et un duo très touchant sauvent une mise en scène pas toujours intéressante, mais qui a le mérite de plutôt bien coller à son propos.

SUGAR MAN

1h25 - Sortie le 26 Décembre 2012

Un documentaire de Malik Bendjelloul
Au début des années 70, Sixto Rodriguez enregistre deux albums sur un label de Motown. C'est un échec, à tel point qu’on raconte qu’il se serait suicidé sur scène. Plus personne n’entendit parler de Rodriguez. Sauf en Afrique du Sud où, sans qu’il le sache, son disque devint un symbole de la lutte contre l’Apartheid. Des années plus tard, deux fans du Cap partent à la recherche de “Sugar Man”. Ce qu’ils découvrent est une histoire faite de surprises, d’émotions et d’inspiration.

Le point de vue de Pépite : 3,5/5
Sugar Man est un documentaire touchant qui raconte l'histoire incroyable de la "Rockstar inconnue" Rodriguez.
Toute l'émotion vient de cette histoire : un songwriter du talent de Rodriguez qui inexplicablement n'a pas reçu les honneurs qu'il méritait... sauf dans un pays très éloigné, en Afrique du Sud... Il aura toujours vécu dans la pauvreté, travaillant dur pour nourrir, élever ses filles et leur donner l'amour de l'art. Tous les intervenants qui prennent la parole (de son premier manager, aux différents producteurs, aux Sud-Africains qui l'ont adulé toute leur vie) ont des anecdotes touchantes en rapport avec cette histoire.
Formellement, ce documentaire n'est pas le plus innovant qui soit, malgré quelques séquences en animation très bien réalisées. La fin, utilisant des vidéos enregistrées lors de son premier concert en Afrique du Sud devant 20.000 personnes, est particulièrement touchante car mise en parallèle avec les témoignages des filles de Rodriguez qui l'ont accompagné dans son voyage et qui comme lui ne savaient rien de cette célébrité exotique.
Enfin, là où le bât blesse c'est étrangement au niveau de la musique... Attention, pas au niveau de l'utilisation des chansons originales de Rodriguez, qui est plutôt réussie. En fait, le documentaire est alourdi par l'utilisation de musiques additionnelles immondes et ultra-classiques de documentaire. Le type de musique que les sociétés de production utilisent lorsqu'elles n'ont plus un sous pour faire appel à un vrai compositeur. Mais ce n'est pas le problème, ici, ils n'avaient pas besoin de ces synthés horribles en plus de la musique de Rodriguez qui illustre à la perfection la recherche de ce chanteur de talent. Mais, pour une raison obscure, ces synthés horripilants sont là. Et quelle horreur de découvrir que ce n'est pas une simple banque de sons qui a délivré ses musiques infâmes... C'est le "réalisateur" lui-même, Malik Bendjelloul, qui les a composées, nous apprend le générique de fin (la mention "Additional score" étant soigneusement cachée entre les remerciements et les logos finaux)... Quelle honte de venir ainsi gâcher un documentaire musical touchant  et plutôt de qualité...
Lorsqu'on met de côté les musiques additionnelles horribles de Bendjelloul, son documentaire est touchant et nous fait découvrir Rodriguez dont je ne lasse plus d'écouter les chansons.

GANGS OF WASSEYPUR : PART I & II

Sorties les 25 juillet et le 26 décembre 2012 - 2x2h40

Un film de Anurag Kashyap avec Nawazuddin Siddiqui, Huma Qureshi, Vineet Singh, ect.
Wasseypur, Inde. La ville voit s'affronter trois générations de gangsters, héritiers de deux clans. Celui de Shahid Khan, qui le premier se lança dans le pillage de trains britanniques, contre celui de Ramadhir Singh, au pouvoir sans partage sur la région. Devenu paria, Shahid Khan est contraint de travailler dans la mine de son pire ennemi.
Sardar Khan, fils de Shahid et coureur de jupon invétéré, a juré de rétablir l'honneur de son père en devenant l'homme le plus redouté de Wasseypur.

Le Mot du Comte : 3,5/5
"Gangs of Wasseypur", qui se compose en deux films (sortis à 6 mois d'intervalles, ce qui est assez aberrant), est une fresque monumentale qui dépeint l'épopée sanglante de la famille Khan, et ce, sur trois générations. Le premier film est consacré à la chute du patriarche Khan, et à son fils qui devient le nouveau parrain, tandis que la seconde se penche sur le destin de ses fils. Les deux parties ont pour point commun un seul et même antagoniste: le vil Ramadhir Singh (Tigmanshu Dhulia, tout en retenue, est épatant dans le premier film et formidable dans le second).
Les deux films forment un cocktail explosif assez éprouvant (sur la durée déjà, ce qui est normal, l'ensemble fait 5h20). Le film déploie par gouttes les différentes couches de son intrigue, en prenant soin de faire identifier les différents personnages par l'ajout de titre (comme le fait Tarantino). Hélas, le spectateur est parfois noyé dans la confusion (il faut dire qu'il y a beaucoup de noms et de visages à retenir).
L'intrigue elle, est plutôt classique, mais riche en paiements (surtout la deuxième partie). Si les deux films vivent indépendamment, l'ensemble possède un final grandiose et achève toutes les histoires commencées dans les premières minutes de cette épopée.
Anurag Kashyap n'ignore pas l'héritage du cinéma indien et utilise les chansons (de Bollywood) de manière audacieuse (les personnages ne dansent pas et c'est tant mieux), même si parfois elle peut se révéler pesante. Une musique plus sombre et plus subtile (dont le thème se répète implacablement) vient compléter l'ensemble.
Un des gros problèmes du film est l'antipathie des personnages principaux, à savoir les membres de la famille Khan. Il est difficile de s'y attacher tant ils sont hostiles et semblent agir de manière incontrôlée. Les comédiens font pourtant de leur mieux.
Une des forces du film cependant est la beauté des seconds rôles (il y en a une dizaine), qui sont tous ici magnifiquement caractérisés et interprétés avec soin: l'oncle des Khan, les femmes des Khan, les frères des Khan, ect. Il n'y a pas beaucoup de fausse note à ce niveau la, et c'est tant mieux. 
"Gangs of Wasseypur" possède de nombreux éléments comiques (c'est ce qui le rapproche définitivement de Tarantino): les personnages n'hésitent pas, dans toutes les situations, à se comporter comme des imbéciles.
Kashyap porte un regard féroce sur son pays, aussi bien au niveau politique (la corruption est présente partout et un bandit peut devenir ministre) qu'au niveau de Bollywood et ses films niais ("Tant qu'il y aura ces films dans notre pays, les gens seront bernés").
Fable détonnante, "Gangs of Wasseypur" est un spectacle inhabituel, fait de bric et de broc, mais avec soin et talent.

dimanche 30 décembre 2012

TOPS 2012 DE PÉPITE

Le point de vue de Pépite : 
Une année non dénuée de pépites cinématographiques qui m'oblige à omettre de grands titres dans mon TOP de l'année, tels que : En secret, Bullhead, De rouille et d'os, Detachment, Turn me on, La Chasse, Without, Perfect Sense, Martha Marcy May Marlene,Les Lignes de Wellington, Cherchez Hortense, et bien d'autres...



Top 6 de l'année 2012 :

1 - Broken, de Rufus Norris
2 - Starbuck, de Ken Scott
3 - El Chino, de Sebastian Borensztein
4 - Take Shelter, de Jeff Nichols
5 - Moonrise Kingdom, de Wes Anderson
+   Millénium, de David Fincher

Flop 6 de l'année 2012 :

1 - Peace, Love et plus si affinités, de David Wain
2 - Trois Mondes, de Catherine Corsino
3 - JC Comme Jésus Christ, de Jonathan Zaccaï

4 - Il était une fois, une fois, de Christian Merret-Palmair
5 - Sans Issue, de Mabrouk el Mechri
+   Kill List, de Ben Weatley

TOP 2012 DU COMTE

Le Mot du Comte : 
L'année qui s'achève a été relativement avare en grands films. Par contre, elle fut plutôt généreuse en navets. Le choix fut difficile pour l'établissement du Flop.
Mention spéciale à Marie-Castille Mention-Schaar qui se hisse en bonne position dans le flop grâce à ses deux merveilleux premiers films. "Dans la Maison", "Skyfall", "Tyrannosaur", "Millenium" et "La Chasse" sont également à retenir, malgré leur absence dans le Top 5. En route pour 2013!


Top 5 de l'année 2012 :

1 - Bullhead, de Michael R. Roskam.
2 - The Dark Knight Rises, de Christopher Nolan.
3 - Savages, de Oliver Stone.
4 - Holy Motors, de Leos Carax.
5 - Detachment, de Tony Kaye.
+  De Rouille et d'Os, de Jacques Audiard.

Flop 5 de l'année 2012 :

1 - Projet X, de Nima Nourizadeh.
2 - Les Seigneurs, de Olivier Dahan.
3 - Bowling, de Marie-Castille Mention-Schaar.
4 - JC comme Jésus Christ, de Jonathan Zaccaï.
5 - Ma première fois, de Marie-Castille Mention-Schaar.
+  Nous York, de Hervé Mimran & Géraldine Nakache.

TOPS 2012 DE JUANI

La pensée de Juani : 
Bon, je me plie à la majorité, j'établis mon "top et flop" de cette année, malgré le fait que je soit contre. En effet quel est l’intérêt de comparer des films qui ne répondent pas aux mêmes genres, intentions ou univers. Mais Pépite s'embête à élaborer des tableaux et graphiques tout le long de l'année alors je salue son effort : voici mes films marquants de l'année 2012. (Mention spéciale à 4 films qui racontent de belles histoires mais n'entrent pas dans ce top 6 : La Part des anges, El Chino, Elle s'appelle Ruby et Les Cinq légendes).



Top 6 de l'année 2012 :

1 - Starbuck, de Ken Scott
2 - Broken, de Rufus Noris
3 - Argo, de Ben Affleck
4 - De rouille et d'os, de Jacques Audiard
5 - Lawless, de John Hillcoat
+   Les Saphirs, de Wayne Blair (parce que positivement surprise)


Flop 6 de l'année 2012 :

2 - Frankenweenie, de Tim Burton
3 - LOL USA
, de Lisa Azuelos
4 - StreetDance 2, de Max Giwa et Dania Pasquini
5 - 21 Jump Street, de Phil Lord
+   Cosmopolis, de David Cronenberg (parce que grosse déception)

TOPS 2012 DE TINETTE

L'opinion de Tinette: 
A part quelques pépites cette année, l'ensemble fut bien monotone... Vivement l'année prochaine !


Top de l'année 2012 :

1 - The Dark Knight Rises, de Christopher Nolan
2 - Millénium, de David Fincher
3 - Hasta la Vista, de Geoffrey Enthoven
4 - Ted, de Seth MacFarlane
5 - Detachment, de Tony Kaye
+   De rouille et d'os, de Jacques Audiard

Flop de l'année 2012 :

1 - Ma première fois, de Marie-Castille Mention-Schaar
3 - Il était une fois, une fois, de Christian Merret-Palmair
4 - Paris-Manhattan, de Sophie Lellouche
5 - La Colère des Titans, de Jonathan Liebesman
+   Cosmopolis, de David Cronenberg

mercredi 26 décembre 2012

L'HOMME QUI RIT

1h33 - Sortie le 26 décembre 2012

Un film de Jean-Pierre Améris avec Gérard Depardieu, Marc-André Grondin, Christa Théret, etc.
En pleine tourmente hivernale, Ursus, un forain haut en couleurs, recueille dans sa roulotte deux orphelins perdus dans la tempête : Gwynplaine, un jeune garçon marqué au visage par une cicatrice qui lui donne en permanence une sorte de rire, et Déa, une fillette aveugle. Quelques années plus tard, ils sillonnent ensemble les routes et donnent un spectacle dont Gwynplaine, devenu adulte, est la vedette. Partout on veut voir ‘L’Homme qui rit’, il fait rire et émeut les foules. Ce succès ouvre au jeune homme les portes de la célébrité et de la richesse et l'éloigne des deux seuls êtres qui l’aient toujours aimé pour ce qu’il est : Déa et Ursus.

La Moyenne des Ours : 1,5/5

Le point de vue de Pépite : 1/5
L'Homme qui rit est un conte raté qui ennuie plus qu'il ne fascine.
L'histoire pâtit d'une volonté absurde de retranscrire presque à l'identique des dialogues usés et romanesques. Tout est long, tout est dramatique, tout est faussement larmoyant. Cette histoire écrite par Victor Hugo aurait mérité une adaptation "moderne" et audacieuse, pas une reconstitution molle et sans vie. Sans vie, ou presque, encore heureux que la bonne volonté de Marc-André Gondrin et Christa Théret ; ainsi que la bonhommie appréciable de Gérard Depardieu soient au rendez-vous. Swann Arlaud également se défend très bien avec l'un des seuls rôles non-freaks de l'histoire, il allège grandement et avec simplicité la lourdeur systématique des dialogues. Lourdeur incarnée à la perfection par Emmanuelle Seigner... Dont on ne s'étendra pas.
Les décors sont intéressants, l'image est plutôt belle, mais le film ne tient pas. Non, le film ne peut pas tenir sur ça. Il aurait fallut que tout se répète moins (tout ce qui est dit en dialogues, est re-dit sur "scène", conté à sa façon par Ursus-Depardieu), ou que tout soit un peu moins faux. 

Le Mot du Comte : 2/5
Dissimulé derrière le roman dont il s'inspire, "L'Homme qui rit" est un film imposant et lourd, qui n'est jamais, hélas, frappé par la grâce. Victor Hugo semble ici brandit comme excuse à une littéralité trop flagrante et trop écrasante (les dialogues sont d'une lourdeur étonnante et sonnent faux dans la bouche des acteurs). Le vaste décorum, qui tire son inspiration aussi bien que Burton que dans les adaptations déjà faites en France ("Germinal", "Les Misérables"), paraît vain, car il n'est pas habité. 
Les seuls comédiens qui semblent concernés par la chose sont les petits rôles et les plus âgés: Serge Merlin (en chambellan calculateur) et Gérard Depardieu. Hélas, ils ne sont que des témoins, tout comme Christa Theret, qui n'a pas grand chose à jouer. Car le scénario est bien mou. C'est joli mais on s'ennuie. Le didactisme et la morale criarde (les pauvres sont heureux et les riches sont des salauds, en gros) plombent le film et le tirent vers le bas. Il manque à cet "Homme qui rit" un souffle. Améris ne réussit pas, comme dans "Les Émotifs Anonymes", à installer une complicité entre ses personnages et ses spectateurs. Le matériau reste neutre, brut, jamais modelé, et demeure toujours à l'état de postulat, d'ébauche. Frustrant. 

JACK REACHER

2h11 - Sortie le 26 décembre 2012

Un film de Christopher McQuarrie avec Tom Cruise, Rosamund Pike, Werner Herzog, etc.
Un homme armé fait retentir six coups de feu. Cinq personnes sont tuées. Toutes les preuves accusent l’homme qui a été arrêté. Lors de son interrogatoire, le suspect ne prononce qu’une phrase : « Trouvez Jack Reacher. » Commence alors une haletante course pour découvrir la vérité, qui va conduire Jack Reacher à affronter un ennemi inattendu mais redoutable, qui garde un lourd secret.

La Moyenne des Ours : 3/5

La pensée de Juani : 2/5
Je me contenterais de dire que ce film est un mauvais remix de Batman et Mission Impossible. Une enquête, un justicier "intraçable" et un complot, ajouté à cela de la testostérone, un peu d'auto-dérision (tout de même, pour sauver l'honneur) et vous avez la recette du film. Le seul point intéressant c'est donc l'auto-dérision mais contentez vous de regarder la bande annonce, la scène où un piéton donne sa casquette à Reacher qui doit échapper à la police y est. Un "policier" qui ne restera pas dans les mémoires selon moi mais les garçons ont un autre avis...

Le point de vue de Pépite : 3,5/5
Jack Reacher est un thriller-policier efficace mais qui nous perd parfois sur le chemin.
Tom Cruise revient dans la peau d'un héros en de nombreux points assez cliché (veste en cuir, répliques qui tuent, longueur d'avance sur tous le monde, etc.) mais qui réussit progressivement à nous intéresser : son sens aigu de la justice, son attachement très limité aux possessions, etc., vont aider à la caractérisation mystérieuse de ce "vigilante" d'un nouveau type. Le titre du film ne laisse aucun doute, c'est bien à lui que l'on va vraiment s'intéresser plus qu'aux victimes du sniper meurtrier. 
Christopher McQuarrie parvient à installer le mystère qui plane autour de Jack Reacher sur le scénario lui-même : bien des fois, nous doutons de ce que l'on nous a montré, de ce que l'on nous a fait croire. D'abord un peu frustrant (on nous montre au départ tout le protocole meurtrier de l'accusé, et ensuite toutes les preuves qui l'accusent, on ne comprend donc pas forcément l'intérêt d'aller chercher ce Jack Reacher), on comprend au fur et à mesure que Jack Reacher est là comme héros du film, mais également pour soulever les voiles du mystère un par un. Il décortique des informations minimes (que nous avons vu, ou non, qui nous on échappé) et fait preuve de réflexions très étonnantes ; un vrai Sherlock Holmes moderne.
La force de Jack Reacher réside dans le fait que sans arrêt McQuarrie joue avec ses images, avec les clichés, et Tom Cruise fait exactement la même chose. Toutes ses répliques résonnent de références, et la façon qu'a McQuarrie de les filmer est révélatrice (mention spéciale à une scène où Cruise est torse nu : il n'a qu'une chemise, et elle doit sécher... Mais oui !).
Jack Reacher est un film qui nous fait agréablement terminer l'année 2012, ne le ratez pas, ça vaut le coup.

Le Mot du Comte : 3,5/5
"Jack Reacher" est un film efficace qui, sous les oripeaux d'un énième film d'action autocentré (ici, autour de Tom Cruise), semble avoir quelque chose d'autre à dire. L'impression que le film va au-delà de son simple postulat. Tom Cruise est ici à saluer. Dans ce film à sa gloire, il ne tombe pas le même piège que les "Mission Impossible" et procure à son personnage plus de profondeur et d'imperfection. Jack Reacher est parfois empoté, complètement bancal et parfois à la limite de l'autisme. Cruise est presque dans l'autodérision de sa figure cinématographique. La preuve réside dans la bancale séquence de course poursuite (dont les effets spectaculaires semblent volontairement sabotés par le relatif manque d'habilités de Reacher, la conclusion de la séquence validant avec humour son côté autodérisoire) : la meilleure scène de course poursuite qu'il a été donné de voir depuis l'introduction de "Drive". 
Christopher McQuarrie signe donc un film plutôt étrange et paradoxal. C'est un film d'action certes, mais qui porte en lui sa propre mythologie et son regard sur les justiciers normaux du 21ème siècle. Le film possède de vrais partis pris, aussi bien visuels (McQuarrie remet en question ses propres images, semant le doute chez le spectateur) que sonores (vous avez déjà vu un blockbuster dont les 5 premières minutes sont muettes?)
Bien sur, l'histoire a ses incohérences et ses raccourcis (un allié surprise qui sort un peu de nulle part notamment). Mais "Jack Reacher" est un bel écrin, au contenu un peu flou, certes. Le film pose des éléments sans les approfondir, mais vaut le coup d'être vu. Et rien que pour voir le cinéaste Werner Herzog en méchant, le jeu en vaut la chandelle. 

samedi 22 décembre 2012

4H44 DERNIER JOUR SUR TERRE

1h22 - Sortie le 19 décembre 2012

Un film de Abel Ferrara avec Willem Dafoe & Shanyn Leigh
New York. Cisco et Skye s'apprêtent à passer leur dernier après-midi ensemble. C'est l'heure des adieux, l'occasion d'une ultime étreinte. Comme la majorité des hommes et des femmes, ils ont accepté leur destin. Demain, à 4h44, le monde disparaîtra.

Le Mot du Comte : 0,5/5
Pendant une heure et vingt minutes, la seule émotion qui découle de la vision de ce film est l'indifférence. L'indifférence complète pour ces deux personnages (Dafoe et Leigh), franchement antipathiques, qui, entre deux coups de peinture (en mode Pollock) et deux crises d'hystérie à vous arracher les tympans, bouffent,  baisent (la caméra allant jusqu'à plonger dans la toison pubienne de Dafoe) et chattent via Skype dans leur appartement de New York. Face à ce spectacle affligeant, on s'ennuie ferme. La mise en scène pauvre (plan séquences fixes, mouvements de caméra balanciers) ne met absolument rien en valeur.
Une des scènes les plus ridicules du film est celle où Dafoe, flânant sur sa terrasse, se met à parler tout seul (grossier porte-voix de Ferrara) et vocifère sa haine pour le consumérisme et l'oligarchie du monde qui en a précipité la fin, comme si lui, en tant que simple être (dont le parc technologique est entièrement constitué de produits Apple, grand symbole de surconsommation), n'en était pas aussi responsable. 
Sinon, pendant quatre vingt minutes, Ferrara filme les téléviseurs de l'appartement, qui diffuse des messages du Dalaï-Lama, d'Al Gore et autres personnalités qui parlent à sa place. Les dialogues sont faits de phrases toutes faites ("c'est le bon soir pour s'éclater") et s'articulent autour d'une philosophie de comptoir ("dois je partir stone?" "dois je me défoncer avant la fin du monde?"). Si le message avait été nihiliste, on aurait au moins eu quelque chose à se mettre sous la dent. Ici, il n'y a tout simplement pas de sens, hormis celui du vide, et une pseudo-référence chamanique (on se farcit d'ailleurs quelques moments de trips, inélégants mélanges de vidéos extraites de YouTube et de sons saturés et dégueulasses -comme le faisait en mieux Godard dans "Film Socialisme").
L'ampleur du désastre est à la hauteur de la réussite d'un film comme "Mélancholia", qui dégageait une vraie morale. Cependant, une des curiosités du film (hélas balayées par l'ennui) est de montrer des adieux entre des gens qui ne se reverront plus jamais : que peut-on dire avant que tout ne s'arrête? 
Pour être tout à fait honnête, la dernière scène du film dégage une puissance formelle, mais qui s'apparente peut-être au soulagement de voir le film enfin terminé. Lorsque ce dernier s'arrête, on a l'impression désagréable de s'être fait donner une leçon par Ferrara (et non d'avoir assisté au déploiement d'un point de vue), une leçon qui démontrerait la futilité de l'existence et de la vie. Soit, puisqu'il en est ainsi, allons gaspiller notre temps de vie ailleurs et passons outre la futilité de ce film.

vendredi 21 décembre 2012

DE L'AUTRE CÔTÉ DU PÉRIPH

1h36 - Sortie le 19 décembre 2012

Un film de David Charhon avec Omar Sy, Laurent Lafitte, etc.
Un matin à l’aube dans une cité de Bobigny, près d’un vieux tripot clandestin, est retrouvé le corps sans vie de Eponine Chaligny, femme du très influent Jean-Éric Chaligny, premier patron de France, au centre d’un climat social extrême qui secoue la France depuis quelques semaines. Ce matin-là deux mondes radicalement opposés vont alors se croiser : Ousmane Diakité, policier de la section financière de Bobigny et François Monge, capitaine de la fameuse police criminelle de Paris. Leur enquête va les emmener d’un côté à Paris et son syndicat patronal, de l’autre en banlieue de Bobigny et ses affaires clandestines. Tour à tour, de l’autre côté du périph.

Moyenne des Ours : 2,8/5

La pensée de Juani: 3/5
Un bon "pop corn movie" comme dirait une amie. J'en demandais pas plus donc je suis loin d'être déçue. Et puis malgré certains lieux communs (l'entourage de chacun des flics "clash" avec le second) on échappe à quelques clichés (j'adore le fait que le fiston d'Ousmane soit un futur flic en puissance) ; et le duo Sy/Lafitte fonctionne très bien. L'histoire n'est pas prodigieuse mais elle tient assez la route pour la mise en place de scènes drôles (Sy et Lafitte dans un bordel parisien, ça vaut le détour).

Le point de vue de Pépite : 3/5
De l'autre côté du périph a un pitch au départ plutôt faible et détestable mais finalement se révèle beaucoup plus drôle que prévu !
Tout commence mal dans le dernier film de David Charhon : les personnages d'Omar Sy et de Laurent Lafitte sont des caricatures sans grand intérêt, l'histoire est plutôt pauvre (et le reste par contre jusqu'à la fin), même les dialogues ne tiennent pas trop la route... Et puis, petit à petit, le duo principal se forme. Au gré des répliques - dont la qualité ne fait qu'augmenter dans la durée -, on commence à s'amuser de la confrontation entre les deux univers qu'incarnent Sy et Lafitte. Ce dernier surtout, incarne à la perfection le digne hériter d'Hubert Bonisseur de la Bath : il est odieux, (un peu) raciste, plein d'a priori et c'en est savoureux et drôle (mention spéciale à une scène où il parle des logements délabrés de cité, un des rares moments de cinéma de cette fin d'année où j'ai vu rire le Comte).
Alors oui, l'intrigue ne tient pas trop debout, les seconds rôles ne sont pas tous très intéressants, mais le duo comique réussit au final à nous faire passer un bon moment. 

Le Mot du Comte : 2,5/5
Après l'infâme "Cyprien" (oui souvenez-vous, le film sur un des personnages d'Elie Semoun), la première leçon à tirer de ce film est que le réalisateur David Charhon progresse. "De l'autre côté du périph" est un film amusant qui a l'avantage de ne pas tomber dans l'hostilité, comme de nombreuses comédies françaises actuelles. 
Bien sûr, il convient de passer outre le fait que beaucoup de scènes sont calquées sur "Intouchables" (Sy pourchassé par des flics sur le périph en ouverture, Sy danse sur le parquet d'un hôtel particulier) et le fait que le scénario soit un peu bidon et stéréotypé (on tombe facilement dans le "tous pourris" sans nuance). Cette histoire de complot manque d'enjeux et souffre d'une piètre galerie de seconds rôles.
Certaines répliques du film sont drôles, et c'est relativement rare pour être souligné. Laurent Lafitte signe une prestation qui se rapproche de celle de Dujardin dans les OSS117 (macho, bourré de clichés, etc), l'homosexualité latente en moins. La musique de Ludovic Bource (qui a aussi fait les OSS) ne manque d'ailleurs pas d'évoquer les films de Michel Hazanavicius. Omar Sy signe à peu près la même prestation que dans "Intouchables", l'émotion en moins.
Dommage que la mise en scène soit si pauvre et se contente d'enregistrer le scénario. La force du film repose essentiellement dans le duo Lafitte/Sy, qui fonctionne plutôt bien.
"De l'autre côté du périph" est un patchwork, qui emprunte ça et là les éléments qui formeront ses gags, son style et sa narration, pour former un gloubi boulga sans âme certes, mais qui n'a pas plus de prétentions que ce qu'il est, et qui se regarde sans trop de peine. On s'attendait à bien pire.

mercredi 19 décembre 2012

MAIN DANS LA MAIN

1h25 - Sortie le 19 décembre 2012

Un film de Valérie Donzelli avec Valérie Lemercier, Jérémie Elkaïm, Valérie Donzelli, etc.
Quand Hélène Marchal et Joachim Fox se rencontrent, ils ont chacun des vies bien différentes. Hélène dirige la prestigieuse école de danse de l’Opéra Garnier, Joachim, lui, est employé d’un miroitier de province. Mais une force étrange les unit. Au point que, sans qu’ils puissent comprendre ni comment, ni pourquoi, ils ne peuvent plus se séparer.

La Moyenne des Ours : 2/5

La pensée de Juani : 2/5
Une évidence qui m'a sautée aux yeux, je n'accroche pas vraiment avec le style de Donzelli. Je n'ai pas vu les précédents, mais ce qui est sûr c'est que son dernier ne me donne pas envie de m'y intéresser. Pourquoi ces changements de formats d'images, pourquoi le super 8, ces jeux de couleurs ? Ca ne me parait pas justifié. Le sentiment que j'en ai, c'est qu'elle s'égare... Et plus que le couple Lemercier/Elkaïm, je trouve celui que l'acteur constitue avec Donzelli plus touchant. Etant donné le dernier film de Donzelli, il n'est pas anodin qu'elle forme cette fois un étrange "duo frère/soeur"... Même si de toute évidence, je ne suis pas tellement sensible à son univers !

Le point de vue de Pépite : 3/5
Main dans la main est un film-désordre, plein d'énergie et de bonnes idées, mais un peu bancal.
Après une brève introduction, le film ne s'encombre pas d'une remise en question de son histoire. Bien qu'ils aillent assez vite "consulter" des spécialistes au sujet de cette "synchronie" qui leur pourrit la vie, tous les personnages admettent assez vite le phénomène. Cela semble même les arranger finalement. Cette dimension qui m'a au départ frustré (j'aurais peut-être voulu plus les voir se battre contre ça au moment de la découverte) est en fait complètement en accord avec l'univers de Valérie Donzelli. Un univers où les choses arrivent, on ne sait pas trop pourquoi, mais on sent qu'il y a une raison. C'est un univers naïf, où même les cyniques (comme l'insupportable Béatrice de Staël) ne font que se protéger. Naïf, rêveur, désordonné, etc., mais également emprunt d'une certaine poésie douce-amère très touchante.
Main dans la main, plus qu'un film, est une jolie fable. Une jolie fable qui aurait gagné à dépasser son simple dispositif.

Le Mot du Comte : 1/5
"Main dans la main", voilà un film qui laisse de marbre (ou de glace, à choisir). Valérie Donzelli signe un troisième film autocentré et autocentral, qui reprends à peu près le même style de filmage que "La Guerre est déclarée". Il en reprends également les défauts.
Ainsi, on retrouve la même fausseté de jeu et la même fausseté des dialogues. Ça devient vraiment gênant.
Du coup, la plupart des acteurs se montrent en tant qu'acteurs, et non en tant que personnage. Dans ce monde où tout est souligné à coup de musique fluo (il y a facile 10 minutes de "clip" dans le film), seuls quelques-uns s'en sortent: Philippe Laudenbach en ministre mélancolique, et Lyn Thibault en assistante à voix de crécelle. Lemercier est sous exploitée. Elkaïm ne joue pas, il récite. Mais la palme revient à Valérie Donzelli elle-même, véritable tête à claque, qui crache littéralement ses répliques au visage du spectateur. Accumulant les références à son propre cinéma (l'apparition de son fils et de Pierre, Paul, Jacques), Donzelli tente de quitter le ghetto bobo dans lequel sombrait "La Guerre est déclarée". Pour ce faire, elle situe son personnage à la campagne (et non à Paris) et filme des tracteurs en Super 8. Échec. 
"Main dans la main" semble également porter l'histoire du couple Elkaim/Donzelli (encore!) : la petite histoire du trouple n'en est il pas une référence directe? Et la phrase "Il y a des couples qui n'arrivent pas à se quitter" non plus? Après tout, pourquoi pas. Hélas, le concept ne suit pas.
Le concept le voilà : deux personnes attirées magnétiquement ne peuvent pas se séparer et reproduisent les mêmes gestes. Si quelques situations comiques en découlent, Donzelli utilise ce concept comme cela lui chante, prenant la liberté de le casser ou de l'arranger comme elle le souhaite, sans vraiment le justifier (le magnétisme étant relatif, le paradigme devient bidon). Bon. Le ton adopté, entre réalisme et fantaisie, n'arrange pas les choses, on ne sait pas trop où on va et ce que Donzelli veut dire : des couples se séparent, et alors?
L'allégorie du miroir est par ailleurs bien lourde, Elkaim est miroitier et trouve son double mécanique, son miroir (Lemercier), les miroirs de l'Opéra, etc.
Qui plus est, la mise en scène est plombée par un montage catastrophique (on a l'impression que tout les plans tournés ont été montés, histoire de rentabiliser) qui met en exergue de trop nombreuses erreurs de raccord. Sous couvert de poésie, Donzelli insère dans son film des éléments visuels emprunté au cinéma expérimental (Elkaim torse nu dans la nuit, et donc?) sans les assumer pleinement. Les voix off, beaucoup trop nombreuses, viennent souligner ce que l'image montre déjà. Inutile. Passé 40 minutes de film, les plus tolérants constateront que tout se traîne, tout est pénible, par manque de chair et d'incarnation.
Plus qu'un scénario-concept vite épuisé, il manque à "Main dans la main" une véritable dramaturgie, un souffle et une universalité. Ici, beaucoup de choses gratuites s'amoncellent sans faire sens. Tant pis.

mardi 18 décembre 2012

L'ODYSSÉE DE PI

2h05 - Sorti le 19 Décembre 2012

Un film de Ang Lee avec Suraj Sharma, Irrfan Khan et Adil Hussain
Après une enfance passée à Pondichéry en Inde, Pi Patel, 17 ans, embarque avec sa famille pour le Canada où l’attend une nouvelle vie. Mais son destin est bouleversé par le naufrage spectaculaire du cargo en pleine mer. Il se retrouve seul survivant à bord d'un canot de sauvetage. Seul, ou presque... Richard Parker, splendide et féroce tigre du Bengale est aussi du voyage. L’instinct de survie des deux naufragés leur fera vivre une odyssée hors du commun au cours de laquelle Pi devra développer son ingéniosité et faire preuve d’un courage insoupçonné pour survivre à cette aventure incroyable.

La Moyenne des Ours : 3/5

La pensée de Juani : 3/5
Belle histoire, belle morale (pourquoi ne pas enjôler un peu si le résultat est le même ?) qui nous encourage, nous spectateur, à une réflexion sur l'ensemble du film et vis-à-vis de la vie en général. Belles images. Mais quelque chose m'a dérangée.. Peut être un "pourquoi" suspendu dans l'air que je ne peux oublier...? Peut être que vous pourriez répondre à cela ?

Le point de vue de Pépite : 3/5
L'Odyssée de Pi est une formidable aventure, qui malheureusement se perd parfois dans la "performance" à effet "tour-de-manège".
Étranges sensations celles perçues pendant le dernier film de Ang Lee. L'Odyssée promise est là ; tout dans le récit raconté par Pi Patel est épique et sensationnel. Les séquences du film où il raconte - adulte - son histoire à un auteur canadien sont d'ailleurs très intéressantes et souvent amusantes. Le début de l'histoire de Piscine Molitor Patel commence comme celle de n'importe qui : qui n'a pas des anecdotes amusantes sur sa famille, qui est toujours plus folle qu'une autre...? Mais celle de Pi devient vraiment fantastique lorsque le naufrage commence. Les effets d'eau, de vent, de ciels, etc., sont très réussis, et parfois vraiment à couper le souffle. On se surprend à retenir notre souffle assez souvent, car Ang Lee réussit à nous tenir en haleine avec une histoire qui peut sembler "too much" ou trop simple.
Là où selon moi le bat blesse, c'est dans l'utilisation exagérée des effets permis par la captation 3D et les effets visuels. C'est beau, mais c'est parfois peu lisible ou alors trop "gadget" (notamment une scène où l'arrivée de poissons volants fait même changer le format d'image du film - des bordures noires apparaissent... on tombe alors dans l'univers de la publicité Oasis en 3D projetée au cinéma...).
L'Odyssée est là, l'émerveillement est là, le plaisir aussi... mais parfois gâchés par une envie de trop en faire, qui écoeure un peu, et c'est dommage.

Le mot du Comte : 3,5/5
Film étrange et magique que voilà. Étrange, car difforme, confus et bardé de lourds défauts. Magique de par son message et l'histoire qu'il déploie, que l'on choisisse d'y croire ou non.
Commençons par les défauts. Une fois le pénible générique passé (on se croirait sur National Geographic), une bonne partie du film s'évertue à nous attacher au protagoniste de l'histoire, Pi Pattel. C'est un peu raté, puisque une des seules accroches émotionnelles que nous aurons de "L'Odyssée de Pi" est son animal numérique, un tigre du Bengale nommé Richard Parker. C'est la vraie force de ce scénario légèrement bancal, confronter la vision instinctive d'un animal, pure, à celle d'un jeune homme, Pi, dans une quête inespérée pour la vie et la survie. Puis, le spectateur est plongé dans cette odyssée en pleine mer, la meilleure partie du film.
L'imaginaire déployé est alors très puissant et enchaîne des tableaux magnifiques (le saut de la baleine, la nuit sur l'île mobile, la tempête, d'une force inouïe). Paradoxalement, c'est aussi au niveau visuel que le film pêche. Si certains plans sont ahurissants, d'autres sentent l'infographie dégueulasse et le fond vert omniprésent ne parvient pas à nous faire oublier son existence. Ceux qui verront le film en 3D seront étonnés d'assister à un grossier recadrage d'image lors de la séquence des poissons volants (on passe du 16/9ème au cinémascope afin de faire tomber les poissons entre les bandes noire et l'écran... Ridicule).
Si "L'Odyssée de Pi" est certes un peu long, il n'en est pas moins puissant, la force de son propos et du regard d'Ang Lee résidant dans son dernier quart d'heure (la meilleure scène du film étant celle ou Richard Parker disparaît). Dommage que cette force morale complexe et difficile à cerner ne soit pas déployée plus en lien avec la puissance visuelle que Lee place sous nos yeux. L'objet du film est un récit, conté par son jeune protagoniste grandit, et lorsqu'il arrive à sa conclusion, l'émotion afflue, faisant de "L'Odyssée de Pi" un film fort, mais qui, à l'image de sa barque, ne sait pas trop où il va.

samedi 15 décembre 2012

THE HOBBIT

2h45 - Sortie le 12 décembre 2012

Un film de Peter Jackson avec Martin Freeman, Ian McKellen, Richard Armitage
Le magicien Gandalf entraîne le casanier Bilbon Sacquet dans une aventure, en compagnie de 13 autres nains, mené par le roi nain déchu Thorin, à la reconquête de la Montagne Solitaire et son trésor, farouchement gardé par le terrible dragon Smaug. Durant cette périlleuse aventure, Bilbon Sacquet se surprendra à faire preuve d'un courage qu'il ne soupçonnait pas, alors que la route de la Communauté l'amènera à se confronter à des hordes de Gobelins, d'Orcques, et d'une mystérieuse créature du nom de Gollum, et de son anneau aux pouvoirs mystiques...

Moyenne des Ours : 2,6/5

La pensée de Juani : 2/5
Bon alors, sur un film aussi attendu, les Ours ne sont pas tous d’accord : que ce soit sur le scénario, l’image où les références à la Trilogie du Seigneur des Anneaux... Mais, moi, en ce qui me concerne...
Que le film dure 2h45 pourquoi pas (si on se pointe à la séance en étant conscient de ça, c’est supportable), surtout si ça sert à poser les bases d’un tout nouveau monde. Mais quand c’est plus ou moins le même topo que dans les 9 heures de la dernière trilogie, y’a rien de nouveau et ça devient vite ennuyeux. C’est le premier épisode de la nouvelle trilogie donc j’imagine que ça démarre doucement et que ça ira mieux pour les prochains, mais pour le moment, il faut se mettre en conditions pour rester absorbée par le récit ; c’est pour cette raison que je suis déçue, je ne pensais que j’aurai des efforts à fournir pour être transportée.
Quand à la diégèse, même en papotant avec ma voisine, j’ai pas eu beaucoup de mal à cerner les tenants et aboutissants de l’histoire (grosso modo, cf. Le Seigneur des Anneaux : la communauté de l’anneau : les hobbits sont casaniers, loin d’être aventureux, pourtant Frodon, comme Bilbon osent ; Gandalf est légèrement manipulateur ; les elfes et les nains peuvent pas se piffrer ; une communauté se forme pour mener une quête, où elle croise des êtres de plus en plus moches…).
Enfin bon, vous l’aurez compris, la solidarité « entre espèces » et le courage des plus infimes sont toujours les valeurs défendues. Mais quelques répliques entre nains valent le détour, les paysages et les images de synthèses sont admirablement filmées et réalisées, et Gollum est toujours aussi flippant.

Le point de vue de Pépite : 3/5
The Hobbit est un film d'heroic-fantasy familial qui nous fait rentrer de manière épico-ludique dans le monde de Tolkien.
Lorsqu'un jeune enfant/adolescent désire se lancer dans les romans de Tolkien, il lui est souvent conseillé de commencer par le livre qu'a choisi ici d'adapter Peter Jackson (en trois films, oui...) plutôt que de commencer bille en tête la trilogie du Seigneur des Anneaux (et le prologue sur l'histoire des hobbits, soporifique à souhait). On comprend alors aisément que le dernier-né de Peter Jackson est dirigé sans trop d'ambiguité vers un public jeune. Attention, les fans de la Saga à l'Anneau Doré ne seront pas en reste, Jackson faisant vivre à nouveau un certain nombre d'éléments qui avaient fait la célébrité de la franchise, mais pas tous.
Le début du Hobbit commence d'une manière plutôt épique, racontant la chute de la cité des nains Erebor. Même si tout le film reste épique, du début à la fin, on remarque dès cette première partie que la "sacralisation" du héros, le nain Thorin Oakenshield, ainsi que la "diabolisation" du "méchant", l'orque Azog, sont assez clichées : ralentis, musique orchestrale (voire avec des choeurs), etc. Ceci se retrouvera tout du long dans Le Hobbit, il ne faut en effet pas s'attendre à des grandes trouvailles de mise en scène du côté de l'épopée.
L'humour est très présent dans le film, beaucoup plus selon moi que dans la trilogie du Seigneur des Anneaux, encore une preuve que le public ciblé semble avoir bien rajeuni. Mais ce n'est pas forcément désagréable. Qui sommes-nous pour aller voir un film tiré de la littérature d'heroic-fantasy, dont le but est de nous faire rêver comme le faisaient les contes de notre enfance, pour oser oublier l'enfant/adolescent qui est en nous. La compagnie des nains fonctionne assez bien (même si les 13 ne sont pas tous importants), et l'humour du nouveau venu (l'excellent Martin Freeman, à sa place dans l'univers de Peter Jackson) Bilbo est appréciable. Certaines scènes fonctionnent très bien (notamment la rencontre avec Gollum, ultra-référencée par rapport à la trilogie pré-existante justement), et d'autres relèvent malheureusement un peu trop du tour de manège.
Peter Jackson commence ici une trilogie plus classique et moins originale que la première, ciblant un public plus jeune. Mais il utilise foule d'éléments présents dans la trilogie du Seigneur des Anneaux (notamment la plupart des thèmes, toujours très beaux, qui accompagnent le nouveau thème de la compagnie des nains), et les fans s'y retrouveront. C'est juste parfois dommage qu'on y croie moins, même Gollum fait moins "vrai". À suivre...

Le Mot du Comte : 1,5/5
Qu'on se le dise tout de suite, le retour de Peter Jackson aux commandes de l'imaginarium de Tolkien est une franche déception, un retour raté.
"The Hobbit" est un film dispensable, qui reprend quelques éléments qui faisaient le charme de la trilogie du "Seigneur des Anneaux" pour ne devenir qu'une caricature enfantine de l'univers de Tolkien.
Ce voyage inattendu est long et pénible. Le principal problème provient du récit, très faible, sans enjeux ni rythme (de nombreuses séquences durent beaucoup trop longtemps et pour rien, comme la première séquence du sorcier brun dans sa forêt, qui ressemble à du bourrage afin d'excuser le fait que trois films seront adaptés d'un seul et même livre). 
Ce  pénible voyage se fait en compagnie d'une ribambelle de nains, dont le niveau de maturité s'approche à peu près du néant (l'ombre de Disney n'est pas loin, on est presque chez Gandalf et les 13 nains). Si la trilogie du "Seigneur des Anneaux" conservait un minimum de sérieux et de cohérence, Jackson ne livre ici rien de plus qu'un film pour enfants, humour débilisant à la clé (les nains se tapent dessus, à mourir de rire, et font la vaisselle à la manière de "Merlin l'Enchanteur"... Disney disai-je). La plupart des acteurs manquent cruellement de charme et de talent, les postiches et les retouches numériques n'y changent rien (mention spéciale pour Thorin, le plus insipide de tous).
L'intrigue, trop linéaire, est cousue de fil blanc et de nombreuses scènes sont grossièrement prévisibles : par exemple, à chaque fois que les nains sont en difficulté, une puissance magique les sauve (merveilleux timing de Gandalf ou encore des faucons, tout en numérique dégueulasse).
Oui, "The Hobbit" est laid (aussi bien dans ses décors que dans ses personnages, tous très moches et clownesques). La plupart des incrustations sont ratées et la mise en image des mots de Tolkien frise parfois le kitsch (des géants de pierre pour masquer la pauvreté d'une séquence de montagne, on croit rêver). Tout semble faux, des rayons solaires sur Fondcombe jusqu'à la texture de la peau de Gollum (beaucoup plus vivant dans la trilogie). La plupart des méchants du film sont des personnages intégralement numériques (l'orque blanc et le chef Gobelin) qui manquent cruellement d'épaisseur et d'incarnation : l'orque blanc est d'ailleurs bien ridicule avec son batteur de cuisine planté dans le bras gauche.
Le film ne devient intéréssant que lorsqu'il invoque l'esprit de la trilogie, à savoir dans deux séquences (c'est bien peu sur 2h45) : celle de la rencontre avec Gollum, et celle où l'on retrouve Saroumane (et qui pour le coup, gagne en enjeux, mais qui hélas ne sont pas exploités dans ce film).
Film sans âme, film de mathématiciens et d'infographistes, désormais rois d'une mise en scène qui n'a aucune unité (les plans entièrement numériques, où la caméra plane dans la plus grande confusion -notamment dans la mine des Gobelins, se comptent par dizaines) et où les effets spéciaux sont gratuits. La musique, quant à elle, ne se contente que de reprendre les thèmes de la trilogie (surtout celui de la Comtée et de l'Anneau, quand il est évoqué).
L'univers de Tolkien tombe ici dans le grand-guignolesque (le plan final sur l'oeil de Smaug enfonce le clou du ridicule, Roland Emmerich le faisait déjà dans "Godzilla", c'est dire), ne devenant qu'un prétexte, une toile de fond justifiant le supplice que nous inflige Peter Jackson. Négligeable et décourageant pour la suite.

L'Opinion de Tinette : 4/5
Je vais faire court parce qu'à force de lire des critiques et des avis on ne sait plus quoi penser : allez-y ! 
Je pensais vraiment m'ennuyer pendant ces longues trois heures de film, et pourtant j'ai adoré. J'y ai retrouvé l'univers des Seigneur des anneaux (jusque là tout est normal) avec un petit plus. Quelques petites notes d'humour et de légèreté peut-être qui rendent le film encore plus agréable. Je ne suis pourtant pas la personne la plus patiente devant un film, mais là vraiment je ne voulais pas que ça s’arrête. Peu de critiques à faire sur le scénario, puisque tiré de l'oeuvre de Tolkien, et les quelques faiblesses scenaristiques que j'ai remarqué sont peut être dans les écrits (je n'ai pas encore eu la force d'attaquer ces bouquins, peut être un jour)...
Martin Freeman a sa place ici, pas de doutes. Ça fait vraiment plaisir de retrouver d'anciens personnages ("big up" à la petite apparition de Frodon). 
Bon et puis niveau visuel... Ça approche de la perfection. Si vous vous ennuyez pendant le film, prenez le temps de regarder tous les détails de construction de l'image, ça vous occupera. On a sacrément entendu parler des effets de Jackson, du tournage, etc., (si vous suivez un peu les blogs de cinéma et Allociné). Pas de déception à ce niveau-là.
Je comprends ce que dit le Comte et sa critique du coté "Disney" qui m'a aussi déstabilisé au départ. Mais je suis rentrée dedans. Et ce film n'a aucune raison d’être construit exactement comme les trois précédents. 
Je vois très bien d'où les critiques négatives viennent, et pour la plus part je les comprends. Mais moi j'ai passé un super moment, j'ai été ravie de retrouver Gollum, et puis juste pour l'effort technique, allez-y ! 

mercredi 12 décembre 2012

ANNA KARENINE

2h11 - Sortie le 5 Décembre 2012

Un film de Joe Wright avec Keira Knightley, Jude Law et Aaron Taylor-Johnson
Le film est une adaptation du roman Anna Karénine de Léon Tolstoï. Nous plongeons dans la haute société russe de la fin du xixe siècle. Anna Karénine est une jeune femme mariée à Alexis Karénine, un important homme d'État. En secret, malgré les risques d'une telle relation dans cette sphère de la société, elle va entretenir une liaison avec le Comte Vronsky. Mais leur relation est bientôt connue de tous à la cour. Anna, hésitant entre son cœur et sa raison, décide de quitter son mari et son fils pour suivre son amant. Choix lourd de conséquences...

La Moyenne des Ours : 3,2/5

La pensée de Juani : 2/5
Deux choses me viennent en tête quand je pense au film : sa longueur et cette "mise en abime" théâtrale. Et autant vous dire que j'ai apprécié ni l'un ni l'autre ! Alors évidemment c'est l'adaptation du célèbre roman russe, donc il faut s'attendre aux longueurs, aux méandres psychologiques des personnages ainsi qu'à leurs pensées suicidaires... Mais cette fois - parce que j'ai survécu à Reviens-moi, le Soliste et Orgueils et préjugés - Joe Wright fait fort ! J'ai trouvé Anna Karenine interminable, malgré les jolies formes de Taylor-Jonhson (et oui ça ne fait pas tout, parce que c'est contrebalancer par mon aversion pour Knightley).
Enfin voilà, cet excès de blabla, distanciation et de théâtre m'a donné envie d'aller au cinéma, pour voir un film et non une captation. Point positif tout de même : je me suis interrogée sur les danses (notamment les valses) de l'époque, parce que dans le film elles sont plutôt originales, donc ça soulève au moins une question...

Le point de vue de Pépite : 3,5/5
Anna Karenine  est une adaptation originale et plutôt virtuose.
Dès le départ Joe Wright nous plonge dans une version très personnelle du roman de Tolstoï, version qui prend le partie de se passer à 90% dans des décors. Ces décors sont magnifiques, mais tirent leur originalité de n'être que des décors de théâtre. Ce décor change d'ailleurs souvent sous nos yeux, certains personnages apportant avec eux leur petite partie du décor, leurs accessoires... Toute la première partie du film joue alors sur des scènes très théâtralisées mais toujours savamment filmées. C'est drôle, c'est énergique, c'est beau, c'est audacieux, technique et malin. Le drame du roman de Tolstoï s'en retrouve alors exalté, car en effet tout est joué dans un pas de danse. Le passage d'un décor à l'autre, les interactions entre les personnages et leurs déplacements sont gracieux et dansants.
Mais la technique est presque épuisée au bout d'une heure de film, et la suite donne l'impression d'une prolongation plus molle. Ce n'est pas dénué de saveurs, mais l'énergie du début du film a laissé place au drame qui se noue et se tord autour du personnage d'Anna. C'est un peu lourd, mais Joe Wright arrive à nous faire ressentir des atmosphères très sensorielles, où tout ce qui nous a été présenté depuis le début du film est utilisé. Personnages, sons, musiques, décors, plans, images, regards, etc. Tout est laetmotiv dans ce film. Il ne reste plus qu'à avoir la gorge nouée face au drame qui se joue.
Beau, ingénieux, mais peut-être un peu long (mais 2h11, qu'est-ce par rapport aux centaines de pages du roman de Tolstoï ?).

L'Opinion de Tinette : 4/5
Je ne m’attendais vraiment pas à aimer ce film autant. Je l’ai trouvé très poétique, autant dans les plans que dans la mise en scène. Bien sûr le scénario lui-même est poétique, puisque le film raconte l’histoire du personnage d’Anna Karenine (écrit par Tolstoï) : cette femme mariée à un ministre en Russie Impériale à la fin du 19ème siècle qui tombe amoureuse d’un jeune soldat.
La mise en scène… parlons-en. Il y a un décors principal : un théâtre, dans lequel se déroulent pratiquement toutes les scènes (en tout cas celles qui mettent en scène les trois personnages principaux). Cette intention de mise en scène s'efface au fur et à mesure du film, ce qui est bien dommage. On voit les changements de costumes, les changements de plateaux pour que la scène suivant commence sans qu’il y ait de coupes. Ces séquences-là sont extrêmement bien orchestrées, on change complètement d’univers sans que ce soit dérangeant pour le spectateur (et c’est déjà énorme !). Le film en entier est mené comme une danse, accompagné par cette musique qui nous tient du début à la fin. Tout est beau dans ce film (selon moi)… Que ce soient les plans-séquences bien menés, les jeux de couleurs avec les costumes et décors, les jeux de lumières (notamment sur scène) et surtout la magnifique séquences de danse qui m’a rappelé l’esthétique de Black Swan (La jeune femme promise à Aaron Johnson est en blanc et semble perdue, Anna qui elle commence à apprécier le jeune soldat est en noir et adopte alors un visage fermé et déterminé. On voit même un jeu de miroir à la fin de la scène).
Les acteurs sont tous bons. On voit un Jude Law totalement changé, fini le beau gosse de service, ici il est abîmé et barbu et n’attire même pas sa femme. Aaron Johnson reste, malgré la moustache, extrêmement sexy et juste dans son rôle. Keira Knigjtley, que je ne supporte pas d’habitude, est ici agréable. Elle joue bien justement sans trop en faire, ce qui aurait été facile avec ce rôle.
Le film a un petit défaut tout de même : sa longueur.  Il aurait gagné en intensité avec une bonne quinzaine de minutes en moins.
J’aime le cinéma de Joe Wright en général, mais là c’est sûrement mon préféré.

mardi 11 décembre 2012

TÉLÉ GAUCHO

1h52 - Sortie le 12 décembre 2012

Un film de Michel Leclerc avec Félix Moati, Éric Elmosnino, Maïwenn, Sara Forestier
Tout a commencé lorsque les caméscopes ont remplacé les caméras. Faire de la télé devenait alors à la portée de tous. Jean-Lou, Yasmina, Victor, Clara, Adonis et les autres ne voulaient pas seulement créer leur propre chaîne de télé, ils voulaient surtout faire la révolution. Ainsi naquit Télé Gaucho, aussi anarchiste et provocatrice que les grandes chaînes étaient jugées conformistes et réactionnaires. Cinq années de grands foutoirs, de manifs musclées en émetteur pirate, de soirées de beuveries en amours contrariées... et ce fut ma parenthèse enchantée.

La Moyenne des Ours : 3,3/5

Le point de vue de Pépite : 3,5/5
L'énergie de Télé Gaucho est enivrante et communicative, on est transportés par cette histoire amusante et vivante.
Tout dans le dernier film de Michel Leclerc, qui nous avait épaté avec le très réussi Le Nom des Gens, est plein de vie, gesticulant, amusant... C'est parfois un peu "too much", certaines scènes étant très improvisées, au niveau des dialogues, avec une caméra mouvante qui se déplace beaucoup et parfois avec un peu trop de saccades, etc. 
Foule de détails soulignent l'humour présent à chaque instant, et la galerie de personnages très réussie fonctionne comme un petit monde de fous extrêmement sympathiques, Elmosnino en tête. Avec Sara Forestier et Félix Moati (étonnant), ils forment un trio de tête intéressant. 
La construction du scénario est assez classique, et on regretterait presque que Michel Leclerc se contente de finir l'histoire, sans "finir les personnages". On a le droit à un minuscule épilogue ne concernant qu'un fragment de la vie de deux personnages... Tous les autres s'effaçant alors.
Mais l'histoire mise en scène par Leclerc pose des vraies questions de cinéma, et le réalisateur les traite d'une façon amusante et souvent intéressante. Je vous le recommande, c'est à nouveau un film à petit budget qui réussit à bien des niveaux, là où les plus gros budgets (français notamment) se plantent régulièrement.

Le mot du Comte : 3/5
Si "Le Nom des Gens" était rafraîchissant et une vraie surprise, "Télé Gaucho" déçoit un peu. S'inspirant de l'histoire vraie de Télé Bocal, télé libre et indépendante des années 90, Michel Leclerc signe une comédie assez absurde. Son talent comique repose essentiellement dans la construction de ses cadres et la relation entre ses personnages et leur environnement (le coup des portes inutiles, le chameau en arrière plan, etc). Il y a également un vrai travail d'accessoirisation (que ce soit au niveau des costumes que des instruments de musique par exemple).
Malheureusement, ça crie trop et ça gesticule trop. Maïwenn et Eric Elmonisno s'époumonent presque à chaque plan. C'est parfois drôle, parfois étouffant.
Sara Forestier incarne avec talent, comme dans "Le Nom des Gens", une jeune femme lunaire, maladroite et attachante. Félix Moati aurait quant à lui gagné à être un peu plus impliqué dans son rôle. "Télé Gaucho" s'approche parfois dangereusement d'un "Télé Bobo", de par sa mise en scène (pastilles d'images en Super 8) et son récit quasi autobiographique (Leclerc faisait partie de Télé Bocal"). Le thème politique est assez bien travaillé. Leclerc pose une question et prend véritablement parti pour la cause politique qu'il défend (cela fait du bien, c'est assez rare dans un film français) : faut-il faire partie du système, le rejeter ou l'intégrer pour mieux le changer?

dimanche 9 décembre 2012

LES MONDES DE RALPH

1h41 - Sortie le 5 décembre 2012

Un film de Rich Moore avec les voix de John C. Reilly, Sarah Silverman, Jack McBrayer, etc.
Dans une salle d’arcade, Ralph la casse est le héros mal aimé d’un jeu des années 80. Son rôle est simple : il casse tout ! Pourtant il ne rêve que d’une chose, être aimé de tous…
Vanellope Van Schweetz quant à elle, évolue dans un jeu de course, fabriqué uniquement de sucreries. Son gros défaut : être une erreur de programme, ce qui lui vaut d’être interdite de course et rejetée de tous… Ces deux personnages n’auraient jamais dû se croiser… et pourtant, Ralph va bousculer les règles et voyager à travers les différents mondes de la salle d’arcade pour atteindre son but : prouver à tous qu’il peut devenir un héros… Ensemble, arriveront-ils à atteindre leurs rêves ?

La Moyenne des Ours : 2,7/5

Le point de vue de Pépite : 3/5
Les Mondes de Ralph part d'une idée assez originale et l'exploite relativement bien, entre film clin d'oeil à l'univers geek et film d'animation pour enfant.
Les personnages de jeux d'arcades (Sonic, Mario, Pacman et leurs nombreux "collègues", certains vraiment commercialisés et d'autres inventés pour l'occasion) qui quittent leurs jeux respectifs et se rejoignent pour vivre une "double vie" qui nous est inconnue... C'est passionnant !
Certes, le personnage principal que l'on suit est un personnage "original" (contrairement à Mario and co.), mais le jeu dans lequel il joue le méchant reste relativement classique et présente un certain nombre d'éléments qui servent dans bien des aspects le scénario (le marteau magique de Félix qui répare tout, "Wreck it" Ralph qui casse tout, les personnages qui ont une façon particulière de bouger, très saccadée, etc.).
Je regrette juste que parfois ce soit un petit peu trop tourné vers le publique enfant, les références à l'univers geek restant très souvent des simples références. C'est en effet assez peu exploité, mais toujours très savoureux lorsque les clins d'oeil interviennent. Niveau musical, il y a aussi pas mal de références intéressantes (et parfois un peu anécdotiques, comme la présence d'un Skrillex pixélisé qui mixe à une soirée de personnages de jeu vidéo... ?).
C'est bruyant (ou alors le son était trop fort dans le cinéma où je l'ai vu), c'est très coloré (le monde de Sugar Rush est horripilant, mais cohérent), mais c'est assez efficace et sympathique.

Le mot du Comte : 2,5/5
Ce qu'on peut dire des "Mondes de Ralph", c'est que l'armée d'infographistes de Disney s'est bien grattée la tête pour nous pondre ce film-concept amusant.
Amusant, mais dont le principal atout (son concept, la vie des personnages de jeux vidéo), s'épuise assez vite. La faute a un scénario efficace mais bien trop calibré, bien trop structuré, sans âme. On comprends donc la volonté d'élaborer autour de ce scénario un concept fort afin de faire croire que le film présente quelque chose de nouveau. Or, il n'en est rien.
Face au "Cinq Légendes" (dont le point commun est le mélange visuel de plusieurs univers); "Les Mondes de Ralph" se révèle un peu faible. L'installation de son univers (présentation des personnages et du voyage d'un jeu à l'autre) et le caractère anecdotique de son méchant ne font jamais décoller le film, qui reste plaisant, mais ne va jamais au delà de ce qu'il est : un film pour les enfants de 3 ans. L'accumulation de références vidéo ludiques n'amène jamais le film vers un degré de lecture supérieur, comme le font certaines des meilleurs productions Disney, adepte des doubles discours et des doubles lectures. Qui plus est, en dépit d'une dose d'émotion bien présente, le film manque cruellement d'humour.

La note de Juani : 2,5/5

samedi 8 décembre 2012

MAIS QUI A RE-TUÉ PAMELA ROSE ?

1h30 - Sorti le 5 Décembre 2012

Un film de Kad Merad & Olivier Baroux avec Kad Merad, Olivier Baroux, Audrey Fleurot, Omar Sy et Laurent Laffite
Quand il reçoit un appel du shérif de Bornsville lui annonçant que le cercueil de Pamela Rose a été volé, l’agent Douglas Riper voit là une occasion de renouer les liens avec son ancien coéquipier Richard Bullit. Un ex-ami avec lequel il est brouillé, depuis des années, suite à une fâcheuse histoire de femme et de Fuego. Les deux anciennes gloires du FBI, devenus des purs has been, se retrouvent donc pour enquêter sur cette profanation, sans savoir qu’ils sont en réalité attirés dans un piège par un homme qui leur en veut beaucoup. Sans se douter non plus qu’ils seront bientôt les seuls à être au courant que la présidente des Etats-Unis of America est sur le point d’être assassinée. Rien que ça…

La Moyenne des Ours : 3,3/5

L'Opinion de Tinette : 3/5
Qu'une chose soit claire : il faut y aller en sachant pertinemment que ce film est stupide. Il faut connaître et aimer l'humour de Kad et Olivier pour l'apprécier. Personnellement, j'adore. Ça n'a aucun sens, le scénario est complément shooté, l'humour est plus que décalé, mais moi ça me fait pleurer de rire. Et ce n'est pas trop. Je veux dire par la que c'est décalé oui, mais à un niveau qui reste supportable. Il y a quelques scènes plus calmes que d'autres ce qui permet de relever les répliques vraiment drôles.
Aucun réalisme dans les personnages ou le scénario, et pourtant on entre dedans et on se marre.
Alors peut être que pour quelques défauts évidents ce film ne mérite pas un 3/5, mais moi j'ai ris pendant pratiquement deux heures, j'ai retrouvé ce duo de comédiens qui pourtant m'agaçaient récemment. Je m'attendais à bien pire, vraiment à conseiller (encore une fois si vous aimez leur humour, sinon restez chez vous).

Le point de vue de Pépite : 3,5/5
Mais qui a re-tué Pamela Rose ? est une petite pépite d'humour absurde vraiment complètement débile mais parfois vraiment jouissive.
On est en temps de Crise, à quelques jours de la prétendue fin du monde et franchement, heureusement qu'il y a des films joyeusement débiles au cinéma pour une détente générale ! Le dernier en date de Kad Merad & Olivier Baroux en fait partie, il est d'ailleurs la suite d'un de ses plus fiers représentants, Mais qui a tué Pamela Rose ? Le premier volet était vraiment jouissif et drôle, notamment grâce à un scénario extrêmement référencé qui rendait hommage - à sa façon - au cinéma américain, à ses mystères policiers, et à sa grandiloquence. Cette fois-ci, le film a un peu perdu cette ascendance pour se concentrer sur le genre "complot mondial", parachutant nos sympathiques et débiles agents du FBI derrière un psycopathe avide de raclette et de vengeance et la présidente des Etats-Unis of America qui ne se doute encore de rien.
Vous l'aurez compris, cerveau au vestiaire (sauf la partie servant à repérer les jeux de mots et références de tous genres), et gorge déployée, vous apprécierez au mieux le spectacle absurde de "Kad&O".
C'est moins drôle que le premier volet, mais on profite toujours autant de cet humour potache et décomplexé qui rit de tout.

CHASING MAVERICKS

1h52 - Sorti le 28 Novembre 2012

Un film de Michael Apted & Curtis Hanson avec Gerard Butler, Jonny Weston et Elisabeth Shue
L'histoire vraie du prodige du surf Jay Moriarity. Lorsque, à 15 ans, Jay découvre que le mythique spot de Mavericks, où se forme l'une des plus grosses vagues du monde, se situe près de chez lui à Santa Cruz, l'adolescent fait appel à Frosty Hesson, une légende locale, afin de l'aider à s'y mesurer. Alors qu'ils se préparent à réaliser l'exploit de dompter l'une des plus dangereuses vagues qui soit, une amitié unique se noue entre Jay et Frosty, qui va transformer leur vie bien au-delà du domaine du surf.

La Moyenne des Ours : 3,5/5

La pensée de Juani : 3,5/5
Coup de gueule : « Basé sur des faits réels » ou « inspiré d’une histoire vraie » ok, inspirez vous de ce que vous voulez chers réalisateurs du monde, mais arrêtez de nous imposer ce dur retour à la réalité en nous imposant des images des personnes réelles qui sont à la base des personnages. Laissez nous rêver bordel ! On est tout juste dans l’histoire, on apprécie l’atmosphère du film, on s’identifie aux personnages – c’est primordial pour moi, j'suis une passionnée des personnages, le reste peu être branlant, j’aime quand même… Fin de la parenthèse – on partage leur passion, même si ça signifie : surfer une vague ! Même si ça passe par une série d’obstacles originale et de rédaction de dissert’ ! C’est touchant, transportant, les images sont épatantes, et donnent envie… Ajouté à cela, le regard limpide du jeune Weston qui ne gâche rien au spectacle (je vous épargne la figure de style qui comparerait la couleur de ses yeux aux vagues qu’il surfe)… Mais je suis en pleine révolution à cause de leur « retour à la réalité » final.

Le point de vue de Pépite : 3,5/5
Chasing Mavericks est un film qui met l'eau et l'océan au centre de toutes ses problématiques. Au-delà du récit initiatique somme toute relativement classique, mais néanmoins attachant et original sur bien des points, c'est bien la place de "la vague" qui est intéressante. Elle nous apparaît tantôt majestueuse, tantôt symbole du plaisir de la glisse et du frisson, et souvent elle nous apparaît comme le symbole le plus parfait de la puissance dévastatrice de la nature. C'est dans ces moments-là que la vague géante et mortelle de Mavericks est la plus impressionnante. Tous les efforts du jeune Jay Moriarty, aidé par son mentor et père spirituel Frosty Hesson (Gerard Butler, extrêmement sympathique dans ce rôle de surfer bourru ayant des petits problèmes avec "la filiation") sont très documentés et intéressants, on suit vraiment son parcours avec curiosité. Et même les interventions du "scénario classique américain" qui rajoutent une romance, une rivalité, et une amitié conflictuelle au milieu de l'histoire principale (chaque élément suivant les "rebondissements" classiques de ce type de scénario), ne nous cachent jamais l'objectif principal, surfer l'une des plus grosses vagues du monde. Sans être un bijou de mise en scène, Chasing Mavericks présente un grand nombre de scènes de surf vraiment bluffantes. Un bon moment, un peu gâché (Juani sera d'accord avec moi) par le réel qui nous rattrape à la fin du film.
"SEMI-SPOILER" : C'est une histoire vraie, et on nous le rappelle dans les dernières minutes du film. Jay Moriarty est mort à 22 ans, 7 ans après l'exploit raconté par le film de Michael Apted et Curtis Hanson, par noyade. C'est triste. Mais ce n'est qu'un semi-spoiler, une simple recherche sur Internet sur ce jeune prodige du surf nous renseigne très rapidement sur ces faits.