mercredi 28 novembre 2012

THE IMPOSSIBLE

1h47  - Sortie le 21 Novembre 2012

Un film de Juan Antonio Bayona avec Naomi Watts, Ewan McGregor et Tom Holland
L’histoire d’une famille prise dans une des plus terribles catastrophes naturelles récentes. The Impossible raconte comment un couple et leurs enfants en vacances en Thaïlande sont séparés par le tsunami du 26 décembre 2004. Au milieu de centaines de milliers d’autres personnes, ils vont tenter de survivre et de se retrouver. D’après une histoire vraie.

La Moyenne des Ours : 3,8/5

Le mot du Comte : 3,5/5
"The Impossible" est un film intime et sensoriel, qui reproduit de manière spectaculaire et intense (et oui) le tsunami qui frappa les côtes asiatiques en 2004.
Se focalisant sur le sort d'une famille, Bayona opte pour une mise en scène partagée entre le pur spectaculaire (il est aidé par des effets spéciaux discrets et utiles) et la réaction de l'individu perdu, isolé, seul dans le chaos. C'est un des aspect du film les plus réussis: le personnel, le corporel et le sensoriel.
La séquence du tsunami est époustouflante et glace le sang: imaginez Naomi Watts dans un lave-linge dont l'eau serait remplie de clous, de morceaux de verre et de branches pointues. Insupportable.
Les scènes qui suivent (Watts et son fils dans les décombres, le réveil après la tempête) est d'une intensité rare: comment faire quand il n'y a plus rien? Quand tout est dévasté? Quand il n'y a plus aucun repère ni aucun contact avec le monde extérieur? "The Impossible" pâtit un peu de la structure de son scénario car si le spectateur sait une chose, c'est que tout les protagonistes principaux survivent. L'ironie dramatique (ici elle consiste à savoir quand et comment ils se retrouveront) est moins puissante que le suspense qui aurait pu se dégager des recherches des uns et des autres.
On se serait passé des allusions christiques de Bayona (Watts qui surgit des flot dans un halo de soleil) et de la musique tire-larme (trop de piano, trop de violons). Beaucoup de scènes feront sans doute pleurer car face a un tel choc, qui peut rester de marbre? Bayona ne tombe pas trop dans le piège de l'exhibition macabre (même si, par volonté de réalisme, il filme des cadavres).
Un film impressionnant, puissant et fort, mais qui a tendance à trop se centrer sur l'évènement, plus que sur une véritable dramaturgie.

Le point de vue de Pépite : 4/5
The Impossible est un film poignant et bouleversant, qui traite avec efficacité d'un drame difficilement imaginable.
C'est la prouesse de Juan Antonio Bayona, tout dans son film transparaît de vérité. Une vérité passée au prisme du cinéma, bien entendu, mais des décors aux dialogues, tout est très juste. Et c'est juste parce qu'il y a certains décalages qui peuvent étonner quant à la cinématographique contemporaine. Les dialogues notamment, où la pudeur du fils envers sa mère (qui ne peut pas "la voir comme ça", lorsqu'elle est "débraillée" après le cataclysme"), etc., résonnent avec étrangeté. Mais tout de suite une pensée nous traverse, qui sommes-nous pour juger ce qui est dit par des survivants d'un tsunami ? Alors, la force de l'aîné, les préoccupations de la mère, le combat et la recherche du père, les pleurs du cadet, etc. Tout sonne juste. tellement juste que les plus petites choses nous émeuvent. C'est pour cela que ce film en fera pleurer plus d'un. La simple vue d'un père retrouvant son fils dans un hôpital bondé en Thaïlande où personne ne semble parler leur langue (le suédois) et bouleversant.
Je pardonnerais alors la principale faiblesse scénaristique du film. Une fois qu'on a quitté la mère et son aîné, et qu'on retrouve le père et les deux autres enfants, on "sait", qu'ils ont tous survécu. Mais l'enjeu n'est ensuite plus dans ce fait-là : Juan Antonio Bayona dresse un portrait bouleversant de la catastrophe en suivant des parcours très différents des personnages secondaires rencontrés par nos protagonistes.
Attention aux coeurs fragiles, mais je recommande ce film avec force. C'est un témoignage très fort et très bien mis en scène sur une catastrophe qui n'a pas encore été effacée de nos mémoires.

mardi 27 novembre 2012

ROYAL AFFAIR

2h16 - Sortie le 21 Novembre 2012

Un film de Nikolaj Arcel avec Mads Mikkelsen, Alicia Vikander, Mikkel Boe Folsgaard
Danemark 1770. La passion secrète que voue la reine Caroline Mathilde au médecin du roi, l’influent Struensee, va changer à jamais le destin de la nation toute entière. Royal Affair relate une page capitale de l’histoire danoise, oubliée des manuels français. La relation amoureuse et intellectuelle entre Caroline Mathilde et Struensee, fortement influencée par les philosophes des Lumières, Rousseau et Voltaire en tête, conduira au renversement de l’ordre social établi, et annoncera les révolutions qui embraseront l’Europe vingt ans plus tard.

Le point de vue de Pépite : 4/5
Royal Affair est un film historique très réussi qui dépeint un fragment de l'Histoire du Danemark avec délicatesse et talent, reposant également beaucoup sur sa distribution 4 étoiles.
Nikolaj Arcel raconte cette histoire avec beaucoup de délicatesse, ce qui fait qu'on s'éloigne souvent de la lourdeur habituelle des films historiques. Dans Royal Affair on comprend l'intériorité des personnages grâce à un traitement du son très particulier, très sensuel. La respiration passe par-dessus le reste des sons, et très subtilement, on voit les choses se dessiner.
La délicatesse vient également du trio de comédiens qui domine le film. Mads Mikkelsen et Alicia Vikander forment un couple charmant, tantôt tout en retenue, tantôt passionné. Enfin, Mikkel Boe Folsgaard est tout simplement prodigieux dans son rôle de roi enfant, un peu fou et très tourmenté. Il prend tout comme un jeu, il est très fragile, et peut piquer des colères assez spectaculaires. Autour de ce trio fabuleux, Nikolaj Arcel place une galerie de personnages très crédibles dans le contexte du Danemark de la fin du 18ème siècle.
Parfois, on regretterait presque que le film aille exactement où il doit aller, vers la réalité historique. On est tellement pris par les idées "révolutionnaires"  du médecin Struensee (Mads Mikkelsen) qu'on est frustrés de voir tous ces efforts piétinés par l'aristocratie. Mais le film réussit à nous intéresser à ce fragment de l'Histoire, avec sa grande hache, du Danemark, méconnue dans nos contrées.
Je vous recommande ce beau film, qui prouve encore une fois que Mads Mikkelsen est un acteur majeur dans le paysage cinématographie actuel.

dimanche 25 novembre 2012

OPERACIÓN E

1h49 - Sortie le 28 Novembre 2012

Un film de Miguel Courtnois Paternina avec Luis Toscar et Martina García
Colombie, décembre 2007 : le monde entier attend la libération de deux otages des FARC, Clara Rojas et son fils Emmanuel né en captivité. Or quelques années plus tôt, le bébé a été confié de force par la guérilla à un pauvre paysan, José Crisanto. Le film raconte l’incroyable et bouleversante histoire de cet homme et de sa famille dont la vie va se transformer en tragique périple.

Le point de vue de Pépite : 3/5
L'histoire racontée dans Operacion E est invraisemblable et absurde, mais est à 98% vraie. C'est en tout cas ce que confient le réalisateur et le comédien principal, Luis Toscar, également coproducteur. L'histoire de Crisantos, producteur de cocaïne pour les FARC, qui doit s'occuper d'un bébé alors qu'il a une famille nombreuses à charge, déjà difficile à nourrir, est "bigger than life". Et malheureusement, au niveau du scénario et des situations, on n'a pas assez "d'explications". Les premiers membres des FARC qui confient le bébé à Crisantos hurlent sur celui-ci qu'ils n'ont pas le temps de s'en occuper et que lui va devoir le faire, sinon ils reviendront tuer sa famille. Leurs motivations sont au départ un peu fausses, mystérieuses, "too much". Et ce genre d'urgence - que l'on ne sent que vers la fin - est assez fréquente tout au long du film.
Mais, peu importe en fait. Operacion E est plus que le simple récit de cette "aventure" absurde et dure. Le film de Miguel Courtois Paternina est plutôt un portrait poignant (et plutôt pessimiste) de la situation colombienne, et plus globalement un film sur les pays en situation de guerre avec leurs lots de déplacements de réfugiés, victimes innocentes de ceux qui de chaque côté se proclament "héros" ou "libérateurs".
La pluie domine ce film qui se passe entre la jungle et les bidonvilles de Colombie, images de désolation accompagnées par la musique très inspirée de Thierry Westermeyer qui n'est pas sans rappeler la musique du roadmovie latinoaméricain de Walter Salles, Carnets de Voyage, composée par Gustavo Santaolalla.
 Luis Toscar, héros simple, pauvre, menteur et victime, est très fort.
Operacion E est un film très intéressant, qui soulève un certain nombre de questions, notamment quant à la situation colombienne actuelle.

LES LIGNES DE WELLINGTON

2h31 - Sortie le 21 novembre 2012

Un film de Valeria Sarmiento avec John Malkovich, Marisa Peredes, Melvil Poupaud, etc.
En septembre 1810, les troupes napoléoniennes, emmenées par le Maréchal Masséna, envahissent le Portugal. Lors de la bataille de Buçaco, Masséna est défait. Pour autant, Portugais et Britanniques, sous le commandement du Général Wellington, battent en retraite. Wellington espère ainsi attirer l’ennemi à Torres Vedras, où il a fait bâtir des lignes de fortifications infranchissables. Cette stratégie, couplée à une opération de terre brûlée, plonge les populations civiles dans l’exode.

La Moyenne des Ours : 3,8/5

Le mot du Comte : 3,5/5
"Les Lignes de Wellington" est un film monumental qui nous plonge, à travers le prisme de plusieurs histoires entre-mêlées, dans la réalité de la conquête Napoléonienne du Portugal.
Préparé par Raoul Ruiz (qui n'eut jamais le temps de le finir) et achevé par Valeria Sarmiento, le film se rapproche du précédent et épatant film-fleuve de Ruiz, "Les Mystères de Lisbonne" (également porté par le producteur Paulo Branco, et dans lequel on retrouve beaucoup des acteurs du film).
Le film porte la trace de Ruiz, on y retrouve tout les éléments qui ont fait sa réputation: l'élégance absolue de la mise en scène (à travers une habile construction des cadres et de subtils mouvement de caméra) et la beauté spectaculaire des décors qu'il filme.
Film massif et imposant, il possède les défauts de ses qualités: on ne s'ennuie pas mais on sent le temps qui passe (le film gagnerait peut être à perdre 20 minutes). Le scénario est pourtant habilement construit; le spectateur suit le destin de plusieurs personnages de couches sociales différentes et happés par la guerre que se livrent deux hommes, le Général Wellington (John Malkovich, brillant) et le Maréchal Masséna (Melvil Poupaud, hélas peu présent).
Il faut en effet regretter les courtes apparitions d'acteurs poids-lourds (Isabelle Huppert, Michel Piccoli, Catherine Deneuve, Mathieu Amalric), qui, sitôt leur scène achevée, ne reviendront pas. Dommage.
Le scénario fait ici le choix de ne pas traiter que du spectaculaire (les batailles) mais aussi de l'intime, c'est plutôt rare et appréciable.
Le film ressemble a un bloc écrasant, par sa durée, son ambition et sa grandiloquence. S'il ressemble beaucoup aux "Mystères de Lisbonne", il n'en atteindra jamais la profondeur et la puissance, mais "Les Lignes de Wellington" valent quand même le déplacement.

Le point de vue de Pépite : 4/5
Les Lignes de Wellington est un très bon film qui s'intéresse aux histoires personnelles de plusieurs "acteurs" d'une guerre napoléonienne au Portugal, sans vraiment montrer les combats eux-mêmes.
C'est là sa force : les récits entrecroisés et les destins mêlés de ces personnages tous très humains sont assez rares au cinéma. On suit des "déplacés", les Portugais qui sont priés par les Anglais de quitter leurs maisons et de prendre la route avec leurs familles pour ne pas tomber sous la dominations française, un soldat Portugais qui est derrière les lignes ennemies et rencontre des déserteurs de l'armée française, un Portugais et des Ukrainiens dont les illusions de "Liberté, Égalité, Fraternité" ont été brisées ; on suit une famille anglaise qui était installée au Portugal et qui doit fuir comme les autres, mais aussi une femme irlandaise qui avait suivi son mari soldat...
Vous l'aurez compris, c'est vraiment très intéressant de suivre ces histoires parallèles au combat lui-même. Les comédiens sont globalement tous très inspirés et livrent un jeu qui sert à 100% le point de vue du film. Mais il y a plein d'histoires entremêlées, ce qui a pour effet de ralentir le rythme général. Cependant, cette longueur et ce rythme sont pertinents, comme les déplacés du film, nous suivons un chemin long et semé d’embûches.

COMME DES FRÈRES

1h44 - Sortie le 21 novembre 2012

Un film de Hugo Gélin avec Pierre Niney, Nicolas Duvauchelle et François-Xavier Demaison
Depuis que Charlie n’est plus là, la vie de Boris, Elie et Maxime a volé en éclats. Ces trois hommes que tout sépare avaient pour Charlie un amour singulier. Elle était leur sœur, la femme de leur vie ou leur pote, c’était selon. Sauf que Charlie est morte et que ça, ni Boris, homme d’affaires accompli, ni Elie, scénariste noctambule et ni Maxime, 20 ans toujours dans les jupes de maman, ne savent comment y faire face. Mais parce qu’elle le leur avait demandé, ils décident sur un coup de tête de faire ce voyage ensemble, direction la Corse et cette maison que Charlie aimait tant. Seulement voilà, 900 kilomètres coincés dans une voiture quand on a pour seul point commun un attachement pour la même femme, c’est long… Boris, Elie et Maxime, trois hommes, trois générations, zéro affinité sur le papier, mais à l’arrivée, la certitude que Charlie a changé leur vie pour toujours.

La Moyenne des Ours : 2,9/5

La pensée de Juani: 3,5/5
Mélange de comédie et de moments plus émouvants, un peu à l’image de la vie ; un road trip ; un pseudo mystère sur la nature des liens de ces 3 « hommes de la vie de Charlie ». Plus touchant que j’me l’imaginais donc bonne surprise.

L'Opinion de Tinette : 3,5/5
Comme des frères est un film simple, quelque peu prévisible mais qui remplit bien sa mission : divertir et émouvoir. 
Pour moi le plus gros soucis de ce film est le rythme trop réglé des flash back, qui fonctionne comme une horloge a l'envers. J'ai aimé le fait que l'on retourne jusqu’à la rencontre des personnages, mais les retours sont trop organisés. Quelques scènes sont extrêmement justes (en particulier celle durant laquelle ils apprennent la mort de leur amie). Les personnages sont assez simples à appréhender mais évitent en règle générale les clichés. J'ai adoré le personnage de Pierre Niney, ce petit mec un peu paumé qui a tout de même des choses à dire. J'ai passé un très bon moment, j'ai bien ris, j'ai versé ma larme. Alors oui on s'attend plus ou moins aux actions, mais je ne me suis pas ennuyée. Un film bien sympathique.

Le point de vue de Pépite : 3/5
Comme des frères est un film sympathique, non exempt de défauts mais qui parvient à amuser et parfois à émouvoir.
Je comprend la frustration du Comte le long du film. La construction a de quoi choquer. On commence à l'enterrement de Charlie. Les trois compères partent en road trip et en parallèle on découvre à rebours leur histoire avec Charlie. Au départ ça m'a un peu décontenancé. Revenir en flashbacks ainsi sur les relations passées entre les personnages peut sembler trop facile, c'est une sorte de manque scénaristique. Mais finalement, les informations délivrées dans le passé sont utilisées avec parcimonie dans le présent. 
Certaines occurrences et jolis mots sont un peu trop appuyés pour vraiment faire sourire,  mais parfois de vrais moments de comédie ont lieu. Pierre Niney en est le principal instigateur. Le personnage est-il très bien écrit ? Sans doute. Le comédien est-il excellent ? Oui. Peu importe où se situe le génie, toujours est-il que ce personnage complètement décalé et fragile est drôle et touchant : il apporte vraiment la bouffée d'air frais dont le film a besoin. Le scénariste a tellement placé de blagues, vannes et autres gags dans ce film, qu'il y en a un paquet qui manquent leur effet. Mais celles de Pierre Niney tombent souvent dans le mille, pour notre plus grand plaisir. Nicolas Duvauchelle se débrouille assez bien dans le registre malgré la lourdeur occasionnelle de son personnage un peu cliché, et François-Xavier Demaison s'inscrit assez bien dans le film sans faire néanmoins d'étincelles.
Comme des frères n'est pas un road trip haletant ni la comédie de l'année. Mais il est néanmoins assez amusant et il réussit parfois à nous intéresser à ce trio improbable, dans cette aventure improbable, avec un humour parfois lui aussi improbable.

Le mot du Comte : 1,5/5
Déprimant. Il est déprimant de voir un premier film ruiné par un manque latent d'ambition et de point de vue.
Les histoires de road trip sont toujours de gros paris, qui peuvent donner le meilleur ("Easy Rider"), et le pire, que voici. "Comme des frères" démarre au décès de Charlie (Mélanie Thierry) et ses trois amis décident de filer en Corse pour lui rendre hommage. Tenant à tout prix à nous faire ressentir de l'émotion vis à vis de la mort de Charlie (on s'en contrefout, on ne la connaît pas, et on ne la connaîtra jamais), Gélin se trompe d'histoire: pourquoi ne pas avoir plutôt évoqué ses derniers mois? Le spectateur aurait alors eut le temps de s'y attacher un minimum.
Gélin passe donc son temps à capturer, pendant plus de 90 minutes, des moments de vie (ça passe dans un court-métrage, pas dans un long). Quelques scènes sont justes, mais la plupart n'ont aucun enjeu et sont là comme ça. Afin de masquer la pauvreté abyssale de son scénario, la structure du film s'articule entre présent et flashbacks ("3 jours plus tôt", "2 ans plus tôt", etc) de manière assez usante. L'émotion ne vient jamais: ce n'est pas parce qu'on sait qu'on est ému. "Comme des frères" est comme une voiture sans moteur.
Gélin réussit toutefois à faire cohabiter trois acteurs de calibres différents à l'écran: Pierre Niney (en surjeu dans la plupart des scènes), Nicolas Duvauchelle (toujours hostile, aussi bien en tant qu'acteur que personnage, mais qui nous fait cette fois l'honneur de ne pas être à poil) et François-Xavier Demaison qui... qui ne fait rien en fait. Niveau humour, c'est plutôt raté (aligner les vannes lourdingues sur un jeu sur la lune ou l'âge de Demaison n'a aucun effet). Niveau émotion aussi car rien n'afflue sinon l'ennui (non, trois airs de guitare et des chansons redondantes en anglais ne suffisent pas). La construction artificielle des situations narratives se discerne très facilement et tout se devine à l'avance. Gélin fait intervenir maladroitement des personnages extérieurs pour faire avancer des situations qui visiblement le bloquait (le petit garçon du Fifouland, moralisateur à souhait, qui remet en question le personnage de Duvauchelle -vous avez déjà croisé un tel gamin?, provoque un gros moment de gêne) où qu'il résout à coup de phrase bateau (la tagline de Micheline Presle, qu'on peut entendre dans la bande-annonce).
Entre deux plans à l'esthétique publicitaire (on se croirait dans une pub pour la nouvelle Volvo 4), ce road trip inoffensif et qui ne raconte rien ne démarre jamais vraiment et reste au point mort. Tant pis.

lundi 19 novembre 2012

POPULAIRE

1h51 - Sortie le 28 Novembre 2012

Un film de Régis Roinsard avec Romain Duris, Déborah François et Bérénice Béjo
Printemps 1958. Rose Pamphyle, 21 ans, vit avec son père, veuf bourru qui tient le bazar d’un petit village normand. Elle doit épouser le fils du garagiste et est promise au destin d’une femme au foyer docile et appliquée. Mais Rose ne veut pas de cette vie. Elle part pour Lisieux où Louis Echard, 36 ans, patron charismatique d’un cabinet d’assurance, cherche une secrétaire. L’entretien d’embauche est un fiasco. Mais Rose a un don : elle tape à la machine à écrire à une vitesse vertigineuse. La jeune femme réveille malgré elle le sportif ambitieux qui sommeille en Louis… Si elle veut le poste, elle devra participer à des concours de vitesse dactylographique. 

La Moyenne des Ours : 2,8/5

La pensée de Juani : 2,5/5
Comme d’habitude, je serai la plus succincte. Pour l’ambiance, les décors, les costumes c’était un film au niveau. Pour ce qui est de l’idée, c’est original, et malgré quelques clichés, c’est correct ; disons que c’est lié aux années 50’s. Par contre, malheureusement, dans la mise en scène et dans l’interprétation (malgré tout le respect que j’peux avoir pour Déborah François et Roman Duris), il y a pas mal de moments où il est difficile d’y croire. Dommage, un peu déçue.

Le point de vue de Pépite : 3/5
Populaire est un premier film plutôt réussi, vieillot et relativement classique dans sa construction, mais tout à fait charmant. Le film met un peu de temps à commencer, mais une fois qu'il trouve son rythme ce premier long métrage de Régis Roinsard commence à devenir vraiment intéressant et entraînant. On s'étonne de se passionner pour ces compétitions de vitesse dactylographiques, on s'attache à cette douce et naïve fille de la campagne qui a un don particulier : elle tape très vite à la machine à écrire, avec seulement deux doigts. Romain Duris, dans le rôle de l'entraîneur dont elle va s'amouracher, est plutôt bon. Lui et Déborah François composent un couple de cinéma attachant et amusant. Le soucis de recomposition de la France de 1958 - au travers des décors, des costumes et du maquillage - est très pertinent, il aide grandement au charme que dégage Populaire. Alors oui, il y a un petit problème de construction et de rythme qui fait que de temps, on est un peu laissés de côté, peut-être un peu lassés de savoir où on va et d'attendre que les choses arrivent... Mais au détour d'une réplique, ou d'une nouvelle compétition, on est à nouveau surpris, et agréablement. Populaire est un premier film plutôt réussi qui augure de bonnes choses quant à l'avenir cinématographique de son réalisateur, Régis Roinsard.

L'Opinion de Tinette : 2,5/5
Je définirai Populaire comme un bon téléfilm. L'univers est sympa, l'histoire est mignonnette .. Voila. On ne s'ennuie pas particulièrement, mais le film n'est pas réellement réussi. Les répliques sont parfois assez clichées, et un trop grand nombres d'entre elles sonnent fausses. J'aime beaucoup Romain Duris en tant qu'acteur, mais là je l'ai souvent trouvé faux sans vraiment comprendre pourquoi. Au niveau scénario, aucune surprise. Mais vraiment AUCUNE. J'ai trouvé le montage trop répétitif durant les scènes de concours, qui étaient pourtant celles qui pouvaient animer le film et y apporter de l'originalité. Les musiques des années 50 sont un vrai plaisir si vous aimez cette époque.
Je n'ai pas grand chose à dire sur ce film, puisqu'il n'est lui même "pas grand chose". C'est sympa, ça occupe un Dimanche soir sur TF1 mais ça ne mérite sûrement pas tout le battage publicitaire qu'on a subit. C'est un film que j'ai vu, et que j'aurai oublié dans deux ans.

Le mot du Comte : 2,5/5
"Populaire", qui est fait pour l'être, a les qualités et les défauts d'un premier film. Cette plongée dans les années 50 à travers l'ascension d'une jeune fille de province dans une compétition de dactylographie est originale, c'est positif. Le formidable déploiement de moyens effectué par Alain Attal, le producteur (15 millions d'euros de budget pour un premier film, c'est dément), rend l'univers de Régis Roinsard crédible et attachant. La structure du film est assez travaillée et cela fait plutôt plaisir.
Romain Duris, bien sérré dans ses costumes, et Déborah François n'ont jamais été aussi séduisants.
L'un des premiers défauts du film réside dans son scénario. Si les vingt premières minutes sont réussies (les vingt dernières également), le film s'enfonce peu à peu dans une certaine fausseté (les acteurs et dialogues en pâtissent), dû à un manque de rythme et une certaine incohérence de caractérisation (le revirement amoureux de Duris au début du dernier tiers du film est trop peu expliqué, et donc incohérent).
Par ailleurs, la musique, beaucoup trop présente (et premier degré), appuie absolument toutes les scènes et souligne toutes les émotions. C'est lourd, et cela parasite le petit suspense que l'histoire déploie. En revanche, le cocktail de tubes des années 50 et 60 est une vraie plus-value.
Dommage également que l'univers du film soit si proche de celui de "OSS117" et ne trouve pas sa propre imagerie (le générique, le second rôle américain avec accent, l'humour absurde, le mimétisme étant poussé jusque dans le recrutement d'un acteur du film d'Hazanavicius -celui qui insulte Dujardin en anglais et rit). Compréhensible, car les deux films partagent le même chef-opérateur (Guillaume Schiffman)
"Populaire" révèle cependant un vrai potentiel et une vraie envie de cinéma.  Un essai presque réussi pour Régis Roinsard, réalisateur à suivre à la loupe et qui gagnera probablement à s'affirmer davantage.

WITHOUT


1h27 - Sortie le 14 Novembre 2012

Un film de Mark Jackson avec Joslyn Jensen et Ron Carrier
Sur une île isolée, Joslyn devient aide à domicile auprès d’un vieil homme en état végétatif. Seule avec lui, dans une grande maison, sans réseau téléphonique, ni accès à Internet, et traversant une douloureuse épreuve personnelle, elle oscille entre le réconfort qu’elle pourrait trouver en sa compagnie et l’étrange sensation de peur et de suspicion que lui inspire le vieil homme. Jour après jour, son quotidien solitaire la pousse à éprouver sa sexualité, la culpabilité et l’abandon, affranchie du regard de tous, ou presque.

Le point de vue de Pépite : 4/5
Without est un film atypique qui oscille entre récit sur l'ennui, chronique d'un deuil et thriller fantastique.
Parfaitement, le film de Mark Jackson ne rentre pas facilement dans une case, et c'est tant mieux. On suit une jeune femme qui s'occupe d'un vieil homme dans une maison isolée, sur une île. Evidemment, elle n'a ni Internet ni réseau : elle est isolée dans tous les sens du terme. A partir de ce point de départ, on assiste à son quotidien de façon très elliptique. Mark Johnson filme toutes les actions de (la superbe !) Joslyn Jensen avec beaucoup d'humour et de douceur. Elle nous apparaît comme fragile et en proies au doute et au chagrin, mais de façon très subtile. Elle fait du sport, se démène pour s'occuper de l'intriguant vieil homme, elle essaie de continuer à vivre. Mais de fil en aiguille, on va commencer à pouvoir la cerner (jamais complètement) et à percevoir l'histoire derrière l'histoire. 
C'est là la grande force de Without : au travers d'une foule de détails sans importance, notre imagination fonctionne à 100 à l'heure et on ne peut s'empêcher de chercher les bords peu palpables de cette histoire. Surtout lorsque celle-ci prend une tournure presque fantastique : Joslyn a une blessure qui apparaît du jour au lendemain sur son dos, son téléphone se déplace pendant la nuit et modifie l'horaire de sa sonnerie, le vieux se téléporte ou la télévision s'éteint... Tout devient très effrayant d'ailleurs ! 
Cela serait peut-être mon seul regret (et celui de mon voisin qui - pourtant très réceptif pendant tout le film - a finalement poussé un long soupir au moment de la fin) : toutes ces pistes narratives énigmatiques n'aboutissent pas. Toutes. Enfin, presque. Toujours est-il que Mark Johnson nous laisse nous débrouiller avec nos suppositions quant à 90% des évènements étranges qui ont lieu pendant son film.
En y réfléchissant, c'est peut-être mieux ainsi. Une partie de la force de Without réside également dans cette constatation qu'il y a certaines choses qui ne s'expliquent pas.
La réalisation et la photographie sont très soignées, celle dernière est très typée "numérique", (peut-être tourné au Canon 5D d'ailleurs), avec de magnifiques pertes de net notamment.
Côté casting, c'est vraiment la jeune Joslyn Jensen qui surprend. Avec beaucoup de sobriété elle parvient à s'imposer à l'image avec beaucoup d'émotion. Elle apporte Without sur son sillon et en fait la surprise de la rentrée. Une petite pépite, peu distribuée, que je vous recommande.

samedi 17 novembre 2012

APRES MAI

2h02 - Sortie le 14 Novembre 2012

Un film d'Olivier Assayas avec Clément Métayer, Lola Creton, Félix Armand
Région parisienne, début des années 70. Jeune lycéen, Gilles est pris dans l’effervescence politique et créatrice de son temps. Comme ses camarades, il est tiraillé entre un engagement radical et des aspirations plus personnelles. De rencontres amoureuses en découvertes artistiques, qui les conduiront en Italie, puis jusqu’à Londres, Gilles et ses amis vont devoir faire des choix décisifs pour trouver leur place dans une époque tumultueuse.

Le point de vue de Pépite : 3/5
Après Mai est un film très personnel qui constitue une véritable chronique d'une époque.
Le dernier film d'Olivier Assayas n'a pas vraiment d'histoire, ou alors a trop d'histoires. C'est la première constatation que je me suis faite en sortant de la projection. C'est long, et il ne se passe pas grand chose. Ou encore une fois, il se passe plein de choses mais il n'y a rien qui puisse vraiment lier tous les évènements : les principaux dialogues (tous très idéalistes) n'aboutissent pas et se terminent souvent sur un fondu au noir, les actions ne sont commentées que par paroles militantes, etc... Mais finalement, je ne reprocherais pas à Olivier Assayas de ne pas commenter ses images de façon classique. J'ai réalisé qu'il a réussi ici - en contournant légèrement la dramaturgie contemporaine - à esquisser les itinéraires de jeunes lycéens, de leurs premiers émois (amoureux, artistiques, politiques) à leurs véritables choix dans leurs vies d'adultes, cela à une époque passionnée, idéaliste et fragile. Le personnage de Gilles est central mais ne constitue que l'un des itinéraires possibles : il aurait pu aussi bien suivre Christine (Lola Créton) plus loin en Italie, ou apprendre le métier de son père - producteur de télévision, etc. Cette position centrale n'est pas exempte de défauts : Gilles n'est passionné que dans ses mots, sinon sa façon d'agir, de se déplacer, son ton lorsqu'il parle, etc., tout est très neutre. Neutre comme Laure (Carole Combes), la première petite amie de Gilles qui débite chacune de ses paroles d'une façon plate et sans saveurs, que ce soit pour dire je t'aime, dire de la poésie ou quitter Gilles...
Ce serait mon principal reproche à Après Mai : la chronique aurait pu être beaucoup plus touchante si les principaux intéressés s'étaient un tant soit peu passionnés pour la vie de liberté qu'ils souhaitent vivre ; à l'instar des nombreuses musiques placées ça et là par Olivier Assayas. Mais ils semblent blasés, et nous perdent ainsi parfois sur la route.

vendredi 16 novembre 2012

TWILIGHT - CHAPITRE 5 : RÉVÉLATION 2E PARTIE

1h55 - 14 Novembre 2012

Un film de Bill Condon avec Kristen Stewart, Robert Pattinson et Taylor Lautner
Après la naissance de sa fille Renesmée, Bella s’adapte peu à peu à sa nouvelle vie de vampire avec le soutien d’Edward. Se sentant menacés par cette naissance d’un nouveau genre, les Volturi déclarent la guerre à la famille Cullen. Pour préparer leur défense, les Cullen vont parcourir le monde pour rassembler les familles de vampires alliées et tenter de repousser les Volturi lors d’un ultime affrontement.

La Moyenne des Ours : 1,8/5

L'Opinion de la Tinette : 1,5/5
Bon. Niveau adaptation ce film est tout simplement zéro. Ils ont juste oublié le seul intérêt du film : l'entraînement des vampires avant l'incroyable grande bataille de fin (ironie). Ici, Bella se réveille comme ça, hop, elle est vampire et appréhende en trente secondes ce que les autres ont mis plusieurs décennies à apprendre pour survivre. C'est son pouvoir d'accord, mais les centaines de pages durant lesquelles elle galère avec ça sont passées à la trappe ? Dans l'ensemble ça reste très niais, mais un peu moins que les autres je trouve. 
Le réalisateur voulait absolument mettre une bataille à la fin du film (car oui dans le livre on se tape a peu près 600 pages pour qu'en une conversation de 5 minutes tout soit réglé) et son idée était bonne. Mais là... Non vraiment ça devient du n'importe quoi. On attend cette "bataille" pendant deux heures, et lorsqu'elle arrive... On ne peut s’empêcher de rire. A la limite les effets ne sont pas horribles, mais l’enchaînement des actions est juste ridicule. Tout comme le reste du film. Le rythme de ce film est juste une catastrophe. 
Le pire dans ce film (en dehors des répliques clichés et du "jeu" de certains acteurs)? Les effets visuels de "Renesmée", la fille des deux choses qui brillent et sautent telles des insectes, est juste... atroce. Il fallait trouver un compromis pour faire comprendre que la gamine grandit vite et qu'en plus elle est consciente de ce qui l'entoure et donc ils ont eu la merveilleuse idée d'imposer à un visage de bébé des expressions d'adultes... c'est juste horriblement fait. Ça fait peur à la limite. Dans l'ensemble les plans et la photo ne sont ni choquants ni incroyables. Le scénario entier tient sur un timbre, la faute au "monstre de littérature" d'origine. 
Que de choses négatives.. Mais il y a quand même quelques petits points positifs : le générique de début qui est beau et évite le début insupportable avec la voix de Kristen Stewart qui nous balance une phrase toute droite sortie du journal intime d'une gamine de 13 ans. J'ai bien aimé quelques scènes du film, quelques répliques m'ont fait rire (et pas seulement par leur ridicule). Et surtout, comme dans tous les autres, la bande originale me plaît. Elle mêle jolies mélodies au piano avec quelques morceaux de pop Rock. J'en ai un peu honte mais j'aime les BO de Twilight.
Au niveau du jeu des acteurs, croyez-le ou non, ils s'améliorent. Robert Pattinson perd un petit peu cette tête de constipé qu'il tenait pendant les trois premiers films, on le voit même sourire de temps en temps. Lautner évolue un petit peu mais ne vole pas bien haut. Et Stewart (qui pour moi est l'actrice la plus insupportable de tous les temps) devient parfois crédible... Elle dépasse les deux expressions faciales et montre dans une scène en particulier qu'elle peut, peut être, jouer...( un petit peu du moins).
A voir si on a vu les quatre premiers, parce qu'il faut voir la fin. Si vous n'êtes pas dans cette situation, passez votre chemin et aller voir autre chose, je pense que dans l'ensemble tous les films du moment sont plus instructifs que celui la (et si vous êtes en couple et que votre nana vous y embarque... J'en suis désolée, il faudra bien y passer !!).

La note de Juani : 2/5

mercredi 14 novembre 2012

LE CAPITAL

1h53 - Sortie le 14 novembre 2012

Un film de Costa Gavras avec Gad Elmaleh, Daniel Mesguich, Céline Sallette, Bernard Lecoq, etc.
La résistible ascension d'un valet de banque dans le monde féroce du Capital.

La Moyenne des Ours : 3/5

Le mot du Comte : 3,5/5
Partant cette fois en croisade contre le sauvage capitalisme banquier, Costa-Gavras livre avec "Le Capital" un film solide, efficace, extrêmement bien narré, mais qui a tendance à enfoncer des portes déjà bien ouvertes.
Si le scénario, très bien écrit et très bien structuré (la montée en puissance, le danger, la chute, la relève), la bonne volonté de Gavras amène parfois le film dans le faux et le surfait. La scène finale est par exemple, complètement improbable (le monologue du président de la banque, dont une partie est reprise sur l'affiche). Même s'il s'encombre de figures connues et relativement encombrante (l'intrigue impliquant le mannequin Nassim est mille fois vue et n'apporte pas grand chose à l'ensemble). Mais Gavras se révèle bon financier et résolut chaque intrigue avec brio.
Le casting est extrêmement bien fourni: Daniel Mesguich (le président déchu) est efficace (même si ses mimiques sonnent parfois exagérées -c'est avant tout un homme de théâtre), Céline Sallette est touchante et Gabriel Byrne, en rapace cupide, est détestable. Bernard Lecoq (autre homme de théâtre) semble encore enfermé dans son rôle de Jacques Chirac ("La Conquête").
Le choix de Gad Elmaleh dans son premier rôle vraiment sérieux (si on passe outre la blague qu'était "La Rafle") est à la fois une bonne et une mauvaise surprise. Il apporte sérieux et crédibilité à son personnage en favorisant un jeu discret, proche du non-jeu, mais ce non-jeu l'amène parfois à l'inexpressivité la plus complète. "Le Capital" relève d'une vraie maîtrise du matériau filmique et des enjeux du scénario. Costa-Gavras signe un film à charge (on n'attendait pas mieux de sa part) mais qui manque un peu de la subtilité d'un Oliver Stone ("Wall Street") et souffre d'un peu trop de didactisme. Certaines scènes ont un peu trop tendance à ressembler à un cours d'économie. En dépit de ses petits défauts, "Le Capital" se révèle être un moment de cinéma d'une efficacité redoutable.

Le point de vue de Pépite : 2,5/5
Le Capital est un film inégal et moralisateur. Quand ça fonctionne, ça fonctionne vraiment. Mais le reste du temps on voit les ficelles grossières cousues par Costa Gavras soucieux de nous pointer du doigt les méchants de l'histoire. Et les méchants de l'histoire sont tous les personnages, sauf 2 (peut-être).
Gad Elmaleh convainc vraiment dans ce rôle de banquier aux dents longues, surtout lorsque le scénario lui donne quelque chose à "becqueter". Le récit de son ascension au début du film est vraiment réussi et entraînant, et l'élaboration d'un plan financier diabolique vers la fin sont deux moments vraiment jouissifs et admirablement racontés et mis en scène.
Costa Gavras utilise un parti pris intéressant mais qui parfois arrive comme un cheveu sur la soupe : un son anxiogène nous alerte qu'on passe dans un fantasme dans lequel Gad Elmaleh "pète un câble" et frappe quelqu'un, ou vire quelqu'un, ou pousse une gueulante... Et puis on revient dans la réalité. L'idée est bonne, et souvent le rendu est également entraînant, amusant et "jouissif". Mais narrativement parlant ça ne semble pas servir le film à 100%. L'intrigue parallèle de l'obsession du banquier pour une Top Model est carrément lourdingue car vraiment trop appuyée. Gad Elmaleh se retourne 10 fois sur elle et se déconcentre complètement lorsqu'il parle à des gens (pourtant) importants parce qu'il la voit... C'est du déjà-vu, et ça n'apporte pas grand chose à l'histoire...
La galerie de personnages avides et machiavéliques (Bernard Lecoq et Gabriel Byrne en tête) est vraiment réussie par contre. Et "le" personnage bon du film (si on met de côté la femme de Gad Elmaleh) interprétée par Céline Sallette est également très intéressant. Mais Costa Gavras tue ce personnage en même temps qu'il tue celui de Gad Elmaleh vers la fin du film lorsqu'il invoque un discours "anti-rêveur" et "pro-Capital". Au final, on comprend de quel côté il est, et on comprend le pessimisme qu'il exprime en bouclant la boucle dans un sentiment d'insatisfaction (de ma part, en tout cas).

AUGUSTINE

1h42 - Sortie le 7 novembre 2012

Un film de Alice Winocour avec Soko, Vincent Lindon, Chiara Mastroianni...
Paris, hiver 1885. A l’hôpital de la Pitié Salpêtrière, le professeur Charcot étudie une maladie mystérieuse : l’hystérie. Augustine, 19 ans, devient son cobaye favori, la vedette de ses démonstrations d’hypnose. D’objet d’étude, elle deviendra peu à peu objet de désir.

La Moyenne des Ours : 2,5/5

Le point de vue de Pépite : 3/5
Augustine est un joli premier film, admirablement interprété par un couple de comédiens surprenant. 
C'est véritablement Soko et Vincent Lindon qui font vivre ce film non exempt de défauts, défauts inhérents à sa qualité de premier film. La photographie est impeccable, la mise en scène est très juste et rend véritablement service au "sujet" : l'hystérie. Le rythme, un peu lent, pourrait repousser certains spectateurs, mais globalement Augustine intéresse, interpelle et émeut. On pourrait néanmoins regretter que toutes les pistes narratives ne soient pas complètement exploitées (la femme jalouse par exemple).

Le mot du Comte : 2/5
Premier film d'Alice Winocour, "Augustine" est une demie-réussite. A travers l'histoire de cette jeune hystérique et de son paternaliste médecin, le fameux Jean-Martin Charcot, Winocour parvient à installer une vraie ambiance, partagée entre le film d'époque aux allures gothiques et le conte fantastique. Entre brume et images aux blancs poussées (la photographie, toutes en ombres, s'inspire merveilleusement des peintures hollandaises), et aidé par une musique franchement typée, le spectateur est happé dans les lugubres recoins de l'hôpital de la Pitié-Salpetrière.
La première demie-heure est une vraie réussite (la première scène d'hystérie est glaçante). En revanche, le reste l'est moins. Le scénario se découds malheureusement assez vite et l'accumulation de plans inutiles (qui n'apportent absolument rien au récit: Lindon monte des escaliers, Lindon ouvre une porte, Lindon regarde par la fenêtre) est le témoin d'une mise en scène qui manque de cohérence et de cran (le style bien français du caméra-épaule devient assez pénible). Résultat : un "vide" d'une bonne vingtaine de minutes dans lesquelles le spectateur s'ennuie...
Cloitré dans une rigidité médicale, Vincent Lindon gagne en humanité dans le dernier tiers du film. Soko, pour ses premiers pas au cinéma, convainc. Nul doute qu'elle sera sûrement nommée au César du Meilleur Espoir Féminin pour sa performance habitée.
"Augustine" est un film malade, handicapé par son manque de rigueur narratif (même le monteur a du s'ennuyer), mais qui possède de vraies qualité et révèle le potentiel d'Alice Winocour. À suivre...

mardi 13 novembre 2012

RENGAINE

1h15 - Sortie le 14 Novembre 2012

Un conte de Rachid Djaïdani avec Slimane Dazi, Sabrina Hamida et Stephane Soo Mongo
Paris, aujourd'hui. Dorcy, jeune Noir chrétien, veut épouser Sabrina, une jeune Maghrébine. Cela serait si simple si Sabrina n'avait pas quarante frères et que ce mariage plein d'insouciance ne venait cristalliser un tabou encore bien ancré dans les mentalités de ces deux communautés : pas de mariage entre Noirs et Arabes. Slimane le grand frère, gardien des traditions, va s'opposer par tous les moyens à cette union...

La Moyenne des Ours : 3,3/5

Le mot du Comte : 3,5/5
"Rengaine" est, à l'instar de "Donoma", un film-guérilla, tourné sans argent mais avec quelque chose de beaucoup plus vital : de l'idée.
Rachid Djaïdani compose avec brio l'histoire passionnante (qui a tout du conte, comme l'affiche l'annonce) de ce couple moderne, confronté aux archaïsmes d'aujourd'hui et à ses frontières infranchissables. Ce trajet cinématographique confronte le spectateur à des réalités invisibles, que le voyageur urbain cotoie mais en ignore l'existence. Slimane Dazi est tout simplement incroyable en frère protecteur mais torturé par ses propres sentiments. De par son sujet, le film aurait pu s'avérer pesant, mais "Rengaine" est en fait très drôle, notamment grâce à la galerie incroyable de personnages qui se développe au fur et à mesure que le récit avance.
Un film qui a du fond donc, mais qui pêche un peu sur la forme.
Dommage que le filmage soit si fouillis et si chaotique (il y a beaucoup de gros plans et les mouvements de caméra ne sont pas toujours très soignés). La pauvreté des moyens techniques saute parfois aux yeux, même si la plupart du temps la force de la narration parvient à nous la faire oublier.
Son scénario solide et son point de vue affirmé (un vrai regard sur la tolérance et l'accomplissement de soi) font de "Rengaine" un des films les plus rafraîchissants de cette fin d'année. Une chose est sûre: on n'a jamais vu ça.

Le point de vue de Pépite : 3/5
Rengaine est un film plein d'énergie, qui se vit comme une expérience très sensorielle et libre. Quand on voit ça, on est en rage de constater que Rachid Djaïdani a tant de choses à dire et si peu d'aide pour les exprimer (alors qu'à côté Les Seigneurs n'a rien à dire, mais plein de moyens pour le faire...). Le film de Djaïdani est un beau brouillon, construit dans un tourbillon de plans chaotiques montés sauvagement. Ça peut piquer les yeux, frustrer quand on connaît un peu les "règles" de montage (qui sont là pour être déjouées également de toute façon) mais il en sort quelque chose d'assez brillant.
Ce qui est le mieux réussi, c'est l'humour qui se dégage de ces scènes sauvages grâce à des comédiens entre l'impro et le texte qui expriment toute l'absurdité de l'histoire, pourtant réaliste. J'imagine qui si on va voir un film comme Rengaine, c'est qu'on est d'accord avec le message : peu importe la religion, la couleur de peau tant qu'il y a l'amour. Mais Rengaine est là pour nous rappeler que ça ne va pas forcément de soi partout aujourd'hui en France (et dans le monde). Certains personnages le prennent violemment, d'autres sur le ton de l'humour (plusieurs scènes sont merveilleusement drôles), et personne n'est indifférent.
C'est juste dommage que ça ait l'air d'être filmé "avec les pieds". Mais cela va de paire avec l'esthétique "Donoma" ou même "Dogma"... Film réalisé sans argent, mais avec de l'envie et des vrais idées de contenu. Maintenant, il va falloir soigner la forme peut-être.
Rengaine est, comme le dit son réalisateur, "comme un boxeur : un boxeur unijambiste et borgne, oui, mais qui a un bon uppercut."

lundi 12 novembre 2012

NOUS YORK

1h38 - Sortie le 7 novembre 2012

Un film de Géraldine Nakache & Hervé Mimran avec Manu Payet, Leïla Beikhti, Géraldine Nakache, etc.
Michaël, Nabil et Sylvain, trois trentenaires de Nanterre, débarquent à New York par surprise à l'occasion de l’anniversaire de Samia, leur amie d'enfance. C'est Gabrielle, elle aussi une amie de toujours qui a tout organisé. Les deux copines ont quitté leur cité depuis deux ans pour tenter leurs chances aux États-Unis. Samia est l'assistante personnelle d'une célèbre comédienne avec qui elle partage un sublime appartement. Gabrielle, quant à elle, travaille dans une maison de retraite où elle a lié une relation tendre avec Mme Hazan, une Française placée ici par ses enfants.
Transposés à New York, les liens étroits tissés depuis toujours prennent un relief particulier, au rythme des péripéties de leur séjour, du quotidien new-yorkais des deux amies et de la découverte de la ville culte...

Moyenne des Ours : 1,3/5

La pensée de Juani : 2/5
Elle a beau prétendre que non, la réalisatrice nous fait un remake de Tout ce qui brille ! C‘est du moins le ressenti que j’ai. Les 2 personnages féminins sont bâtis sur la même caractérisation, les mêmes embrouilles, rêves de grandeurs, l’importance de la famille, des proches... Les garçons ont quelques peu été modifiés, mais rien de flagrant. Ajouté à ça, on s’est souvent regardées avec Tinette en se demandant ce qu’elle essaye de nous faire croire : 3 français paumés qui confient leurs bagages à un mec qu’ils ne connaissent pas, et les retrouvent intacts plus tard, c’est pas vraisemblable ; si certains pensent le contraire, il en reste que ce n’est pas exploité dans le scénario ! Quelques moments de complicité un peu touchants, quelques blagues qui réussissent et je suis la moins sévère de tous… Un film moyen : 2/5.

Le mot du Comte : 0,5/5
Il y a des accidents de cinéma, hélas. "Nous York" n'en est pas un, c'est un cataclysme. Après "Tout ce qui brille", la brillante idée du duo de filmeurs (oui on est pas chez les cinéastes ici) Nakache & Mimran est de nous offrir un brillant film de leur vacances avec leurs potes, à New York. Pendant 1h38 (1h30 de trop, il faut dire), tout cette fine équipe s'amuse en oubliant un détail: les films ne se font pas pour des salles vides.
Dès les premières minutes, le spectateur est tout de suite mis à l'écart et se contrefout complètement du destin des personnages de "Nous York". Dommage, car eux ont l'air de bien s'amuser, malgré le fait qu'ils aient autant d'épaisseur qu'une feuille de PQ et qu'ils se comportent -il faut le dire, comme des beaufs absolus (leur cri de guerre est "Obama!", imaginez un américain crier "Hollande!" ou "Sarkozy!"). 
Au niveau du scénario, c'est le vide absolu (fiez-vous aux trois dernières lignes du synopsis, grossier cache-misère). Il n'y a rien: aucun enjeu, aucun objectif, aucun motif, rien. Juste quelques vannes placées entre deux clichés sur New York : les hot-dogs, les Burgers King, les taxis jaunes et bien sûr, la chanson de Frank Sinatra -oui, en 2012 il est encore possible de l'utiliser dans un film sur NY (film de vacances disais-je). 
Niveau mise en scène, un match OM-PSG est quarante fois plus excitant. Ici, on a juste droit à des effets de caméra chiadées (Mimran & Nakache savent faire des panoramiques sur 360° et des time-lapse, tant mieux pour eux) et une image dont la qualité visuelle égale à peu près celle d'un filtre Instagram (mais l'affiche laissait déjà entrevoir cela). Le seul élement intéréssant se trouve au début du film, avec un générique dont les noms s'incrustent dans la géométrie de la ville de New York.
Le casting se divise en deux catégories: les vrais comédiens (Marthe Villalonga -Madame Hazan, est délicieuse, peut-être le seul point positif du film) et ceux qui tentent de jouer (Nader Boussandel, très hostile, et Baptiste Lecaplain, figurant inutile). Il faut espérer qu'au moins, avec 10 millions d'euros de budget, ils ont dormi dans de beaux hôtels.
À l'instar des "Petits Mouchoirs", "Nous York", film inélégant et raté (à défaut de scénario) se veut le symbole d'une génération. Mais une question demeure, laquelle?

L'Opinion de Tinette : 1.5/5
J'avais aimé "Tout ce qui brille". Vraiment. Sans dire que c'est un chef d'oeuvre, les choses étaient en place, c'était drôle et on ne s'ennuyait pas. Ça avait bien marché pour différentes raisons. Le soucis avec "Nous York" ? Ils ont pris toutes les faiblesses de "Tout ce qui brille" et les ont remis dans ce nouveau film.
Les "personnages" féminins sont les mêmes et ils n'ont pas grand intérêt : les relations sont les mêmes, les répliques sont les mêmes. C'est comme si on avait repris quelques années après alors que ce film n'est pas sensé en être la suite. Alors ils nous vendent un film entre potes, des vrais potes... moi je veux bien mais si ils avaient pu faire un film de potes avec un minimum d’intérêt pour les personnes externes à leur bande de "potos" ça aurait été pas mal.  C'est du revu, voire re-revu. On s'ennuie.
Le scénario est bien faible dans l'ensemble. Une des deux amies fête ses 30 ans et donc trois camarades de France viennent la voir pour une semaine. Voila si ça avait été l’élément déclencheur ça passerait.. mais non, voila tout le scénario. Alors bon entre énormes faiblesses scénaristiques (oui les français laissent leurs sacs chez un New Yorkais qui leur propose comme ça, par gentillesse... ou bon bah Manu Payet qui disons-le est THE beau gosse de l'humanité se tape une blondasse sympa, drôle et super riche) et scènes soit disant comiques on patine assez vite...Quelques répliques sont drôles, elles nous réveillent mais pas assez pour créer un intérêt réel.
J'ai l'impression que les réalisateurs se sont cachés derrière ce "Nous York" pour gâcher une suite à leur premier succès. Ils ont eu beaucoup d'argent parce que leur premier film a bien fonctionné et on tout dépensé dans une carte postale clichée : que ce soit dans les décors, les personnages, les actions... bien trop facile pour impressionner qui que ce soit. C'est un divertissement simple, il est vendu comme tel, mais là... C'est à croire qu'ils prennent les spectateurs pour des tâches. Vraiment dommage.

vendredi 9 novembre 2012

INTO THE ABYSS

1h45 - Sortie le 24 Octobre 2012

Un film de Werner Herzog
Le 24 octobre 2001, dans la petite ville de Conroe au Texas, Jason Burkett et Michael Perry, en quête d'une voiture à voler, abattent de sang-froid Sandra Stotler, son fils Adam et l'ami de ce dernier, Jeremy. Retrouvés puis arrêtés, les deux jeunes hommes, âgés d’à peine 19 ans, sont condamnés : Burkett à la prison à perpétuité, Perry à la peine capitale. Le 1er juillet 2010 le cinéaste Werner Herzog interviewe Michael Perry, huit jours avant son exécution. Suite à cette rencontre, il retourne sur les lieux du crime, interroge les enquêteurs, consulte les archives de la police, discute avec les familles des victimes et des criminels, rencontre un ancien bourreau du couloir de la mort. Non pour juger mais pour essayer de comprendre.

Le point de vue de Pépite : 3,5/5
Into the Abyss n'est pas un film contre ni sur la peine de mort. Comme le synopsis l'indique, Werner Herzog cherche à comprendre le drame qui a eu lieu à Conroe au Texas en interviewant les différents témoins ou acteurs du dit-drame. Interviewer est un peu fort : en effet, Herzog est extrêmement doux et ces entretiens ressemblent plutôt à des discussions, presque à des confessions. 
On suit une construction extrêmement intéressante qui tient du documentaire (c'en est un, bien sûr), mais ce qu'on apprend (les drames qui ont eu lieu), ont tout du "Bigger than life" caractéristique de la fiction américaine. C'est tellement "trop" qu'on voudrait ne pas y croire : la fille et la soeur de deux des victimes avait déjà perdu son père et son frère écrasés par un train, le père et le frère d'un des tueurs étaient déjà en prison, une femme en étudiant le cas d'un des tueurs en est tombée amoureuse, etc.
Herzog nous présente tous ces morceaux déliés de ce qui aurait pu être une fiction, et transfigure admirablement le réel qu'il utilise comme matériau brute de ce beau documentaire. Beau, oui, car la plupart des témoignages sont filmés sur des durées vraisemblablement longues, ce qui permet d'atteindre des moments extrêmement forts et touchants où les proches se livrent vraiment, s'interrompent dans un sanglot, font des regards caméra dans un silence pesant qu'Herzog ne brise que lorsqu'il le faut, et avec douceur.
Into the Abyss reste un documentaire, dans lequel on apprend les faits méthodiquement, on assiste à des témoignages face caméra, on nous explique le protocole de la mise à mort légale aux États-Unis, etc. Mais c'est avant tout un beau film, qui - sans juger- cherche à comprendre l'âme humaine en en scrutant les imperfections que révèle ce drame. La douceur de Herzog, la musique très réussie, la photographie exemplaire pour ce type de documentaire, font de ce film une des belles surprises du mois. C'est sombre, mais c'est beau, et on n'en sort pas indifférent. 

mardi 6 novembre 2012

ARGO

1h59 - Sortie le 7 novembre 2012

Un film de Ben Affleck, avec Ben Affleck, John Goodman, Alan Arkin et Bryan Cranston
Le 4 novembre 1979, au summum de la révolution iranienne, des militants envahissent l’ambassade américaine de Téhéran, et prennent 52 Américains en otage. Mais au milieu du chaos, six Américains réussissent à s’échapper et à se réfugier au domicile de l’ambassadeur canadien. Sachant qu’ils seront inévitablement découverts et probablement tués, un spécialiste de "l’exfiltration" de la CIA du nom de Tony Mendez monte un plan risqué visant à les faire sortir du pays. Un plan si incroyable qu’il ne pourrait exister qu’au cinéma.

La Moyenne des Ours : 3,4/5

La pensée de Juani : 4/5
Je m’attendais à voir un énième film réalisé par un acteur qui veut être pris au sérieux ; qui est politico-engagé, et bah c’est le cas (cf. les premières images qui résument la situation en Iran et nous resitue l’action dans le contexte politique) mais cette fois, c’est loin d’être barbant. Aucune prétention de refaire l’Histoire, juste le récit d’une anecdote. Très américaine (dans les valeurs défendues et la caractérisation du personnage – mais après tout, c’est l’un des sujets du films). Et très vite on retrouve des têtes d’affiches (Arkin, Cranston, Goodman, Chandler – pour les fans de séries des 90’s…), qu’on est heureux de voir ; du suspens, géré au mieux (hein Tinette ?) ; des personnages et clins d’œil au 7ème Art plutôt plaisants (lecture du scénario en costumes, répartition des rôles techniques aux personnages - en tant que cinéphiles, c'est toujours des anecdotes sympathiques..). Dans l’ensemble, très agréablement surprise.

L'Opinion de Tinette : 4,5/5
J'ai trouvé ce film tout simplement génial. Tout est extrêmement juste.
Les acteurs sont tous à leurs places, ils ressemblent aux originaux qui plus est. Car oui ce film est tiré d'une histoire vraie : l’évasion organisée de 6 otages en Iran en 1980.
Certains plans sont vraiment beaux et le montage frôle la perfection pour moi. On voit un très beau montage parallèle (annonce d'une femme iranienne qui explique les raisons de la prise en otage de l'ambassade Américaine, avec la lecture d'un scénario fantastique).
Tout passe très bien. Ben Affleck fait une réalisation sans beaucoup de volonté, mais qui tient tout du long.
Les interventions de John Goodman et Alan Arkin sont géniales. Elles sont les notes de comédie et de détente du film, et elles étaient nécessaires pour ne pas se sentir enfermés dans ce film au sujet bien lourd au final.
Techniquement ce film est bon. Le scénario est très réussi. on ne s'ennuie pas une seconde. Je pensais aller voir un film politique qui allait m'ennuyer plus qu'autre chose et j'ai fini au fond de mon siège à me ronger les ongles.
Alors pourquoi ne pas mettre 5? Parce qu'il manque ce petit truc, cette petite note artistique. C'est un bon film, qui tient ses promesses. Mais pas assez touchant ou beau pour qu'il ait 5/5.

Le mot du Comte : 2/5
Avec "Argo" Ben Affleck enfile de nouveau la double casque d'acteur-réalisateur et signe un film qui possède à peu près les mêmes qualités (et les mêmes défauts) que le fade "The Town".
Ce qui saute aux yeux en premier lieu, c'est la très faible exploitation du scénario, basé sur la crise iranienne des otages de 1979. En effet, si la curiosité du spectateur est entretenue par les tenants et les aboutissants d'un épisode historique peu connu, le soufflé retombe bien vite, et ce qui se passe devant nos yeux devient vite mollasson et mécanique: on croirait lire un manuel de scénario!
Qui plus est, celui-ci est gâché par une mise en scène totalement impersonnelle, qui cède à la facilité plus qu'à une vraie construction de l'image: Affleck ne sait visiblement pas comment transformer son scénario en film. Seule la course poursuite finale (même si elle est un peu tarabiscotée et traîne maladroitement en longueur) fait ressentir une émotion (un suspense très fort). La musique (composée par Alexandre Desplat!) est inaudible, autre preuve du gâchis dont fait preuve le film.
En tête de casting se trouve (hélas) Ben Affleck, dont le jeu d'acteur ressemble à celui d'un parpaing qu'on aurait affublé d'une fausse barbe et d'une moumoute. Heureusement que quelques seconds rôles hissent l'ensemble vers le haut: John Goodman et Alan Arkin, en figures cyniques d'Hollywood ou Bryan Cranston en bureaucrate énervé de la CIA.
"Argo" est en somme bien plat, peu entraînant et, au lieu d'être un film chargé de tension et de suspense (un thriller, comme le promet l'affiche), il se révèle immensément mou et sans surprises.

Le point de vue de Pépite : 3/5
Argo est un film de bonne facture qui raconte une histoire très intéressante mais... Mais il subsiste quelque chose qui cloche, quelque chose qui m'empêche d'y adhérer complètement.
D'abord, j'ai eu un peu peur devant l'introduction au film qui schématise le contexte politique iranien de l'époque amenant au 4 Novembre 1979. Oui j'ai eu peur qu'on fasse un cours accéléré au public, le risque étant de trop simplifier. Finalement, tout au long du film, Affleck nous montre tous les américains constamment rejeter la faute sur les États-Unis et le CIA notamment, ce qui apporte un peu plus de précision à l'histoire illustrée du début.
Le pitch est excellent et lorsqu'on arrive aux personnages de John Goodman et d'Alan Arkin ça devient vraiment passionnant : la partie hollywoodienne de l'histoire est vraiment drôle et intéressante. On prend conscience de l'absurdité du projet mais aussi de son importance. L'importance du projet n'est ensuite pas perdue, bien sûr, on rejoint tout de même les 6 américains piégés au milieu de Téhéran et l'urgence de les sortir de là se fait bien sentir.
Et c'est ce que je reproche finalement à Ben Affleck. On ressent trop l'urgence. Au fur et à mesure il use de mille trucs et astuces pour étirer le temps, étirer le suspense, augmenter la tension... que ça en devient presque agaçant. Ça fonctionne, bien sûr : on est tendus, on veut qu'ils s'en sortent, on est avec eux... Mais en même temps on voit trop les ficelles grossières qu'Affleck nous propose. Tous les personnages, tous très intéressants au demeurant, deviennent même des complices de cette tension trafiquée : en effet, ils agissent tous d'une certaine manière à l'étirement du temps dans l'histoire.
Trop de tension tue la tension, et un peu du plaisir qu'on avait à regarder Argo. C'est dommage, mais c'est néanmoins un film très intéressant et bien fait.

dimanche 4 novembre 2012

FRANKENWEENIE

1h27 - Sortie le 31 Octobre 2012

Un film de Tim Burton avec les voix de Charlie Tahan, Winona Ryder et Martin Landau
Après la mort soudaine de Sparky, son chien adoré, le jeune Victor fait appel au pouvoir de la science afin de ramener à la vie celui qui était aussi son meilleur ami. Il lui apporte au passage quelques modifications de son cru… Victor va tenter de cacher la créature qu’il a fabriquée mais lorsque Sparky s’échappe, ses copains de classe, ses professeurs et la ville tout entière vont apprendre que vouloir mettre la vie en laisse peut avoir quelques monstrueuses conséquences…

La Moyenne des Ours : 2,4/5

La pensée de Juani : 1/5
« Oyoyoy » comme je dis souvent. Vous y mettez le ton que vous voulez, moi j’ai trouvé le film lent et barbant. Ça ne m’arrive jamais, mais j’ai envisagé de quitter la salle. J’ai eu beaucoup de mal à m’habituer à la technique de la 3D stop-motion et je n’ai pas du tout été emportée par l’ambiance de Burton. On avait déjà compris sa critique des « housewives » et de leurs banlieues dans Edward aux mains d’argent, je trouve qu’il se répète un peu, sans rien apporter de nouveau. Pour nous distraire, on a le droit aux plus grandes transformations possibles de cadavres d’animaux, et là, je me suis vraiment demandé ce que je faisais là… A noté que Burton, à la base, c’est pas tellement « mon truc » (je ne les ai pas non plus tous vus) donc ci-dessus : avis non objectif ! Ma note est tout de même de 1 : pour la technique, qui, même si elle m’a agressée les yeux, doit être saluée pour l’effort.

Le mot du Comte : 3,5/5
Quel plaisir pour les yeux de retrouver les premiers amours de Tim Burton, à savoir l'animation en image par image. "Frankenweenie" peut être vu comme un concentré d'une heure et demie des films de Tim Burton. On y retrouve tout: ses thèmes (la mort, bien évidemment), son imagerie (la banlieue américaine, ici dominée par un moulin à vent), son style graphique (personnages démesurés, sinistres, freaks).
Le voyage n'est pas désagréable, puisqu'on avance ici en terrain connu. Et ce terrain, c'est celui des films d'horreurs en noir et blanc des années 30 et 40, les "Dracula" (version Christopher Lee) et autres "Frankenstein" (la scène finale du film en est un hommage net) "La Momie" (Karloff style) ou autres "Godzilla". C'est peut être un des défauts du film, à savoir n'être qu'une compilation d'imageries connues. 
Le scénario n'est pas extraordinaire, il est compréhensible pour un enfant (c'est avant tout la cible de ce film) et patine un peu après une heure. La dernière partie du film relance un peu la machine. Heureusement que la photographie, d'ombres et de lumières, est sublime.
"Frankenweenie" n'est pas un film piquant, ni même subversif, et manque un peu de verve, mais si on le compare aux infâmes "Alice au Pays des Merveilles" et "Dark Shadows", c'est une franche réussite.

L'Opinion de Tinette : 1,5/5
Le cinéma de Burton devient gênant .Il est passé où le génie qui nous a pondu "Sleepy Hollow"  ? Ses deux derniers films sont des insultes. "Frankenweenie" est un long projet qui a été difficile à mettre en place et qui aurait du rester au placard, selon moi.
Visuellement, la photo est très belle. Les jeux de lumière et d’ombres sont vraiment magnifique. Mais les personnages sont juste insupportables, que ce soit dans la forme ou dans le fond. Ils sont moches. Je veux bien que l’esthétique de Burton soit très particulière, qu’il faut s’y faire, mais là vraiment… Ça va trop loin. C’est trop.  
Et puis niveau scénario, c’est complètement délirant. Le fait que ce soit un dessin animé (qui au passage n’est pas du tout pour les enfants), n’est pas une excuse pour pondre un scénario comme celui-ci. On y remarque beaucoup de références (à son cinéma... et dans ce cas là est-ce une référence ou juste une répétition des codes de son cinéma ?). J’ai vu entre autres des rappels de Godzilla ou Jurassic Park (parmi tant d’autres).
J’en étais arrivée a un point ou je voulais juste que cette saleté de chien meure une bonne fois pour toutes, que le film se termine enfin. Je ne sais pas si son cinéma perd de l’intérêt, ou si c’est moi qui ne l’accepte plus… Mais ça ne passe plus.

Le point de vue de Pépite : 3,5/5
Frankenweenie est un film d'animation en image par image de qualité portant la marque évidente de la firme Tim Burton.
Les thèmes fétiches du créateur d'Edouard aux mains d'argent sont presque tous réunis dans cette adaptation de l'un de ces premiers courts métrages : la mort, le fantastique, l'horreur, les villes de banlieue américaines, les marginaux, les freaks, etc. 
C'est d'ailleurs parfois trop : on (re)connaît les personnages, leurs préoccupations, la construction globale de l'histoire, la musique de Danny Elfman est excellente (comme d'habitude...), etc. Si ce n'était pas pour quelques nouveautés on aurait envie de clamer remboursement : "On a déjà vu ce film !" Mais justement, on ne le fait pas, parce que Tim Burton parvient tout de même à innover, sans innover : là où pour moi se situe le principal intérêt de ce dernier film c'est dans son art de manier les références. La photographie (très beau noir et blanc) est très typée film d'horreur des années 30 (à l'instar d'un Dracula dont on voit un extrait d'ailleurs dans le film), les personnages (passionnants freaks) et les "animaux de compagnie" qu'ils vont ramener à la vie rappelant foule de détails quand à cette "faune" très particulière des films d'horreur "gothiques" : vampires, momies, créature du lac noir, etc., même un quasi-sosie d'un reptile connu dans le milieu de l'épouvante...
En bref, Frankenweenie : on connaît. Mais il est très interessant justement de voir cette histoire que Tim Burton a maintes fois réutilisées dans toutes ses créations, reprise dans un hommage intelligent aux références du genre du film d'horreur. "Listen to them. Children of the night. What music they make..."

vendredi 2 novembre 2012

LA TRAVERSÉE

1h37 - Sortie le 31 Octobre 2012

Un film de Jérôme Cornuau avec Michaël Youn, Fanny Valette, Emilie Dequenne et Pauline Haugness
Lola, une petite fille de 8 ans, disparaît dans une Ile d’Ecosse. Ses parents, Martin et Sarah, brisés, ne résistent pas au drame et se séparent. Deux années plus tard, Lola est retrouvée à l’endroit exact où elle avait disparu. Elle est vivante, apparemment en bonne santé, mais reste plongée dans un étrange mutisme. Martin retourne seul sur l’île pour la chercher et la ramener : Au bonheur des retrouvailles succèdent les interrogations et la peur : Où était Lola ? Que lui est-il arrivé ? Pourquoi ne parle-t-elle pas ? Réalité ou paranoïa, Martin se sent épié, tout lui paraît suspect.

La Moyenne des Ours : 2/5

L'Opinion de Tinette : 1,5/5
Michael Youn tient là son premier « rôle adulte » (c’est comme ça qu’il a lui-même défini ce rôle sur un plateau de télévision). Il s’en sort mieux que ce que je pensais, j’avoue. Pas toujours juste, mais loin d’être totalement à coté de la plaque. Il sort du lot, les autres sonnant faux. La gamine autant que ses camarades adultes qui n’ont pas leur place ici.
Pour ce qui est du film en lui-même.. tellement de choses à dire. Il y a de gros problèmes de rythme. Ça ne décolle pas, les rebondissements sont toujours les mêmes, trop prévisible pour que le stress ressenti au début reste présent plus d’une demie heure. C’est vrai qu'on ne s’attend pas au dénouement, mais quelle déception ! Ce dénouement final est exactement ce que le cinéma ne doit pas faire, prendre le chemin facile ! C’est comme s'ils ne savaient pas comment justifier l’heure et demie de film qui est passée…
Quelques plans sont beaux, bien travaillés. J’ai trouvé le film ennuyeux, mais pas si terrible que ça. Jusqu'au dénouement final qui m’a totalement dégoûté.

Le mot du Comte : 2/5
"La Traversée" est un film racé et typé, qui emprunte autant les codes du fantastique que ceux du thriller paranoïaque. La mise en scène de Jerôme Cornuau est remarquable et reflète de vrais choix (les mouvements de caméra épaulent ceux d'un fantôme). La photographie, tout en ombres et en brume est également sublime, cohérente avec le récit. La musique soutient l'ensemble en manquant peut-être parfois de subtilité. Le film exploite excellemment bien ses décors écossais en invoquant les références populaires inhérentes à ces régions.
Le récit hélas, ne suit pas. "La Traversée" est l'exemple même du film qui perd son spectateur en faisant de la rétention d'information. Un mystère demeure, mais lequel? Le film nous laisse patienter, patienter, patienter, pour au final nous jeter à la figure une révélation déjà mille fois vues. Toute cette attente pour un si maigre résultat, c'est très décevant.
Niveau casting, la reconversion de Mickaël Youn n'est pas encore arrivée. Il faut dire qu'il n'est pas vraiment aidé par les dialogues, qui parfois frôlent le ridicule, donnant lieu à des scènes risibles. Les autres comédiens (Fanny Valette et Jules Werner en tête) sont plutôt crédibles, et c'est tant mieux.
Si l'intrigue était plus originale et les indices mieux dispersés, l'ensemble aurait été vraiment surprenant.

Le point de vue de Pépite : 2,5/5
"La Traversée" est un film qui essaye de faire comme les grands, mais n'y arrive pas tout à fait.
Attention, je ne considère pas le cinéma américain comme le grand frère du cinéma français, et je ne veux absolument pas partir sur un débat théorique là-dessus. Jérôme Cornuau reprend ici les codes du thriller fantastique, du film à suspense, parfois angoissant, et visuellement "ça en jette" ! La photographie est léchée et la mise en scène met en place une ambiance angoissante vraiment réussie. Même la musique (hors générique de fin anxiogène !) accompagne très bien le film... Mais il y a quelque chose qui cloche... Plusieurs choses d'ailleurs, des petits détails qui malheureusement ont leur importance et qui viennent entacher sérieusement le film.
Les dialogues pour commencer : en regardant le film je me suis fait la réflexion qu'il suffirait d'observer les comédiens jouer, sans prendre en compte les dialogues, et ça serait excellent ! Michaël Youn, Fanny Valette, Emilie Dequenne et même la jeune Pauline Haugness sont criants de vérité ! Mais hélas, trois fois hélas, les mots mêmes cassent tout. Là où le jeu est juste, la parole est fausse et c'est vraiment dommage, surtout quand on voit le potentiel à l'image (Youn m'a quand même vraiment impressionné).
Si ce n'était que les dialogues... Mais en fait, malheureusement, il y a une faille majeure dans le scénario, et cela au sein même de sa construction. L'histoire avance, les moments beaux d'angoisse pure s'enchaînent, la paranoïa de Michaël Youn va crescendo, mais... On "s'en fout".
On veut savoir, on veut comprendre, mais sur 1h37 de film on ne nous donne AUCUN indice. Aucun. Ah si, un seul, une similitude entre certains personnages secondaires... Je n'en dirais pas plus mais c'est minime. Dans le cas d'un film à mystère, à suspense, on accepte de ne pas tout savoir parce que l'on sait qu'on saura à la fin. Mais le plaisir dans la vision d'un tel film réside en grande partie dans nos tentatives de comprendre. On assemble les morceaux et on élabore des théories. En avançant dans le film on nous donne à voir des petits détails (parfois sans que le personnage lui-même les voit) et on devine, on doute, on est fébrile même parfois... Cette dimension est à 99% absente de "La Traversée" qui se contente de nous balader dans son univers pourtant ultra-riche.
Les lieux que l'on visite ont un potentiel énorme que l'on voit très bien ici : un ferry, des maisons de vacances, des hôtels, un sanatorium, des routes, etc., autant de lieux de passage dans lesquels on ne reste habituellement pas longtemps et qui ont leur lot de mystères... Mais hélas on finit surtout pas être frustrés de ne rien comprendre.
Au final, lorsqu'on découvre le pot aux roses, on voit encore plus les inspirations américaines du scénario. Mais là où les "grands" réussissent, dans leur capacité à nous rendre curieux du dénouement, Jérôme Cornuau échoue, et c'est dommage. Malgré cela c'est une très belle tentative, et le prochain scénario sera (je l'espère) probablement mieux réussi !

UN PLAN PARFAIT

1h44 - Sortie le 31 Octobre 2012

Un film de Pascal Chaumeil avec Diane Kruger et Dany Boon
Pour contourner la malédiction qui anéantit tous les premiers mariages de sa famille, Isabelle a une stratégie pour épouser l'homme qu'elle aime : trouver un pigeon, le séduire, l’épouser et divorcer.
Un plan parfait si la cible n’était l'infernal Jean-Yves Berthier, rédacteur pour un guide touristique, qu'elle va suivre du Kilimandjaro à Moscou.
Un périple nuptial pour le meilleur et surtout pour le pire.

La Moyenne des Ours : 1,8/5

La pensée de Juani : 2,5/5
Une nouvelle fois, je ne sais que penser, car c’est un film divertissant (je ne m’attendais pas à plus) et parfois drôle, mais ni dans le scénario ni dans la mise en scène ni dans l’image je me souviens de quoique ce soit de remarquable. Remarquable dans le sens que l’on remarque, que l’on relève, constate. En effet, la tête vidée, on rit des situations (Kruger à côté d’un « boulet » dans l’avion, Boon que l’on ne doit pas interrompre quand il parle dans son dictaphone …), des mimiques de Dany Boon (très convaincant quand il sort du cabinet dentaire…) , des interruptions du « beau-frère » (Cohen) dans le récit que conte sa femme ; mais c’est un film qu’on oublie vite. Etant donné qu’il n’y a pas grand-chose au cinéma en ce moment – ou alors qu’on fait vite fait le tour – un film a envisagé.

L'Opinion de Tinette : 3/5
Bon alors oui, le scenario plus que prévisible. On sait très bien ce qu’il va se passer dans l’ensemble. Et certes, il y a quelques failles au niveau des personnages (personnage de Dany Boon qui apprend la supercherie mais veut tout de même aider la jeune femme pour son vrai mariage…).
Mais j’ai vraiment passé un bon moment. J’ai beaucoup ri. Les relations entre personnages sont amusantes, les répliques aussi. Le rôle du beau frère de Diane Kruger est juste génial.
L’histoire de la rencontre des deux personnages principaux, est en réalité racontée par la famille de l’un d’entre eux, ce qui permet un peu de « fraîcheur » dans la narration. On voit les réactions des personnes à qui l’histoire est racontée, ce qui nous apporte des petits moments de comédie (plus drôles que ceux de l’histoire principale).
Le film est loin d’être hallucinant, ça ne restera pas dans les mémoires mais moi j’ai passé un très bon moment, et je ne m’attendais pas à ce que ce soit le cas. Il est ce qu’il vend : une petite comédie romantique qui nous détend. Et elle réussit dans cet objectif.

Le mot du Comte : 0,5/5
Quand on y réfléchit bien, "L'Arnacoeur" laissait entrevoir le désastre qu'est "Un Plan Parfait". Si on passe outre le très faible point de départ scénaristique (une soi-disant malédiction familiale) auquel personne ne croit, il ne reste hélas pas grand chose à grignoter dans ce film qui se révèle immensément long et pénible. 
Le film s'ouvre sur une scène de repas de réveillon et l'histoire qui va se dérouler devant nos yeux sera contée par les convives : bon, déjà, c'est mal parti (car vous l'aurez compris, cette structure en flash-back n'a pas le moindre intérêt ici).
Pendant presque deux heures, le spectateur aura l'impression de se promener dans un catalogue Ikea. L'esthétique du film vacille entre spot publicitaire et magazine d'agence de voyage (et ces halos sur l'écran, c'est juste insupportable). Le personnage de Dany Boon est guide touristique, cela justifie (faiblement) les séquences en Afrique et à Moscou (bien sûr, le film nous sert maladroitement tout les clichés inhérents à ces destinations: en Afrique on mange des yeux de chèvres, en Russie on boit comme des trous). Diane Kruger quant à elle joue une dentiste riche à souhait, plutôt désagréable et très antipathique (et dont l'accent germanique -que sa soeur n'a pas, est maladroitement justifié). La grande gagnante du film, c'est elle, puisqu'en tant que publicité déguisée, le film la met clairement en valeur. Robert Plagnol, qui joue son mari, est d'une fadeur sans limite. Quelques rôles secondaires (Jonathan Cohen en tête) peuvent toutefois parvenir à nous arracher un sourire. 
Les séquences s'enchaînent et s'enchaînent, sans qu'on comprenne à quoi elles servent. Et diable, pourquoi mettre des effets spéciaux si c'est pour qu'ils soient aussi mauvais (la séquence dans l'avion, les incrustations du lion)? La musique souligne avec lourdeur les moments mélodramatiques histoire de vraiment prendre le spectateur pour une andouille. La séquence finale (d'un kitsch grandiloquent) plonge définitivement le public dans un curieux mélange d'inconfort, de gêne et de lassitude, alors qu'il était déjà tiraillé entre regarder sa montre ou analyser l'architecture intérieure de la salle de cinéma.
Au final, on ne sait pas trop à quoi sert ce film, ni ce qu'il a voulu raconter (si ce n'est une histoire au final ultra attendu), ce qu'on sait, c'est que ce "Plan Parfait" est d'une pénibilité alarmante.

Le point de vue de Pépite : 1/5
"Un plan parfait" est une "comédie" décevante au titre parfaitement mensonger.
Pascal Chaumeil rate ici son deuxième long métrage et ne transforme donc pas l'essai après le savoureux "L'Arnacoeur" réalisé en 2010. Ce premier film était drôle, plutôt bien réalisé, les comédiens étaient bons et maniaient l'art de la comédie aussi bien que Pascal Chaumeil ; cela dans une histoire soigneusement travaillée dont le rythme était notamment donné par un montage intelligent en renforçant l'humour. C'est exactement sur chacun de ses points qu'Un plan parfait s'est planté.
Le pitch reste relativement faible (la malédiction de la famille du personnage de Diane Kruger aurait pu être renforcée par des niveaux de narration supplémentaires, par exemple en insistant sur l'apparition de la malédiction, ou des anecdotes montrées à l'écran, ou même en rajoutant des histoires secondaires, etc.) et le scénariste (le producteur du film, Laurent Zeitoun, aidé de 3 autres personnes de "l'idée" à "l'aboutissement") ne cesse de montrer son incapacité à dépasser ce dit-pitch. A l'aide de facilités et d'évasions scénaristiques, il présente puis désamorce presque aussitôt tous les semblants de personnages secondaires gravitant tant bien que mal autour du couple "mou" Kruger/Boon. Un exemple frappant : vers la fin du film, deux personnages (très) secondaires réapparaissent, promesse illusoire d'un rebondissement, mais après la reprise d'une blague entendue 5 minutes plus tôt, ils disparaissent dans l'arrière plan, secouant la tête devant la pseudo évolution du personnage de Dany Boon, ou visiblement mécontents d'avoir un "rôle" aussi minable.
Si on rajoute à ça une structure sous la forme du conte parfaitement ridicule (à un dîner de Noël, la soeur de Kruger invite sa nouvelle patronne - Laure Calamy, caricaturale, la faute au scénario - assez déprimée et lui raconte l'histoire de la malédiction et de la tentative de Diane Kruger de s'en défaire...) : ainsi la continuité est brisée abruptement par des commentaires sans grand intérêt des personnages présents à table...
On ne rit qu'à de rares moments, lorsque Dany Boon notamment semble sortir de la carcasse morne de son personnage pour clamer une ou deux répliques piquantes et presque savoureuses. Mais le soufflé retombe toujours ! (Une scène avec l'avocat découvrant un contrat de mariage massai est excellente, mais dure tout de suite 1 minute et demie, pas de quoi sauver le film...)
Pour finir, la fin - parfaitement absurde - vient clore un moment assez douloureux d'une heure quarante-cinq qui vient saccager dans notre esprit le souvenir de "L'Arnacoeur". Ce film avait également été écrit par Laurent  Zeitoun, la preuve que c'est ici un coup manqué de la part de toute l'équipe. Boon, Kruger, Zeitoun, Chaumeil... la prochaine fois peut-être !