vendredi 9 novembre 2012

INTO THE ABYSS

1h45 - Sortie le 24 Octobre 2012

Un film de Werner Herzog
Le 24 octobre 2001, dans la petite ville de Conroe au Texas, Jason Burkett et Michael Perry, en quête d'une voiture à voler, abattent de sang-froid Sandra Stotler, son fils Adam et l'ami de ce dernier, Jeremy. Retrouvés puis arrêtés, les deux jeunes hommes, âgés d’à peine 19 ans, sont condamnés : Burkett à la prison à perpétuité, Perry à la peine capitale. Le 1er juillet 2010 le cinéaste Werner Herzog interviewe Michael Perry, huit jours avant son exécution. Suite à cette rencontre, il retourne sur les lieux du crime, interroge les enquêteurs, consulte les archives de la police, discute avec les familles des victimes et des criminels, rencontre un ancien bourreau du couloir de la mort. Non pour juger mais pour essayer de comprendre.

Le point de vue de Pépite : 3,5/5
Into the Abyss n'est pas un film contre ni sur la peine de mort. Comme le synopsis l'indique, Werner Herzog cherche à comprendre le drame qui a eu lieu à Conroe au Texas en interviewant les différents témoins ou acteurs du dit-drame. Interviewer est un peu fort : en effet, Herzog est extrêmement doux et ces entretiens ressemblent plutôt à des discussions, presque à des confessions. 
On suit une construction extrêmement intéressante qui tient du documentaire (c'en est un, bien sûr), mais ce qu'on apprend (les drames qui ont eu lieu), ont tout du "Bigger than life" caractéristique de la fiction américaine. C'est tellement "trop" qu'on voudrait ne pas y croire : la fille et la soeur de deux des victimes avait déjà perdu son père et son frère écrasés par un train, le père et le frère d'un des tueurs étaient déjà en prison, une femme en étudiant le cas d'un des tueurs en est tombée amoureuse, etc.
Herzog nous présente tous ces morceaux déliés de ce qui aurait pu être une fiction, et transfigure admirablement le réel qu'il utilise comme matériau brute de ce beau documentaire. Beau, oui, car la plupart des témoignages sont filmés sur des durées vraisemblablement longues, ce qui permet d'atteindre des moments extrêmement forts et touchants où les proches se livrent vraiment, s'interrompent dans un sanglot, font des regards caméra dans un silence pesant qu'Herzog ne brise que lorsqu'il le faut, et avec douceur.
Into the Abyss reste un documentaire, dans lequel on apprend les faits méthodiquement, on assiste à des témoignages face caméra, on nous explique le protocole de la mise à mort légale aux États-Unis, etc. Mais c'est avant tout un beau film, qui - sans juger- cherche à comprendre l'âme humaine en en scrutant les imperfections que révèle ce drame. La douceur de Herzog, la musique très réussie, la photographie exemplaire pour ce type de documentaire, font de ce film une des belles surprises du mois. C'est sombre, mais c'est beau, et on n'en sort pas indifférent. 

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire