dimanche 7 juillet 2013

WORLD WAR Z

1h56 - Sortie le 3 juillet 2013

Un film de Marc Forster avec Brad Pitt, Mireille Enos, Elyes Gabel
Un jour comme les autres, Gerry Lane et sa famille se retrouvent coincés dans un embouteillage monstre sur leur trajet quotidien. Ancien enquêteur des Nations Unies, Lane comprend immédiatement que la situation est inhabituelle. Tandis que les hélicoptères de la police sillonnent le ciel et que les motards quadrillent les rues, la ville bascule dans le chaos... 

La Moyenne des Ours : 3,2/5

Le point de vue de Pépite : 4/5
Après Man of Steel, on continue la saison des blockbusters avec le très réussi World War Z, qui allie intelligemment le film de zombie au film-catastrophe mondial.
Le dernier film de Marc Forster est une grosse machine qui commence dans la sphère intime, celle de la famille de Gerry "Brad Pitt" Lane un matin "comme les autres". Ce qui est réussi dans le film c'est justement que l'on commence dans cette première situation, une attaque de zombie vécue par une famille dans le chaos d'une ville, et on navigue ensuite vers d'autres situations, toutes différentes, composant un savant patchwork des façons d'appréhender le phénomène "zombie".
Bien que certaines scènes font pencher le film du côté "Un seul homme, américain, peut tous nous sauver" (le simple fait que Brad Pitt interprète ce personnage joue un rôle dans cette manière de penser), on ne voit pas que la menace zombie vécue par les USA, apprenant seulement que "l'Europe est tombée" ou que "les Japonais ne s'en sortent pas non plus"... On a le droit au point de vue de soldats livrés à eux-mêmes en Corée, puis à l'utopie Israélienne à Jérusalem, etc. C'est intelligent, rythmé et passionnant. 
Dommage que les zombies ne soient pas plus "réalistes" et le film plus sanglant, on comprend en un seul plan comment le film a réussi à ne pas avoir d'interdiction aux enfants : Brad Pitt plante une tige de métal dans le crâne d'un zombie qui agonise, mais la caméra reste fixée en gros plan sur Brad Pitt. De nombreuses scènes sont assez effrayantes, mais Forster ne va pas assez loin ce qui fait que l'on rit parfois involontairement.
Le casting international du film est intéressant (Grégory Fitoussi et Pierfrancesco Favino font notamment des apparitions), même qu'il soit un peu éclipsé par l'omniprésence, sympathique, de Brad Pitt.
World War Z est un film-catastrophe de zombie intelligent et rythmé, qui aurait mérité une mise en scène plus osée, moins timide.

Le Mot du Comte : 2,5/5
Après un départ sur les chapeaux de roues et dans un sérieux de plomb, "World War Z" se voit vite saboté par un second degré involontaire et par son côté trop consensuel. Voici donc le premier film de zombie qui ne contient presque aucune goutte de sang (les censeurs de la MPAA ne sont pas loin), et devient donc par conséquent le premier film familial de zombie. Il n’est pas certain que cela serve le genre. Le second degré involontaire (aucun élément ne vient prouver le contraire) non plus, il ne fait que provoquer de l’ambiguïté dans la posture du spectateur, qui ne sait du coup comment prendre la chose. C’est trop plat pour être du grand spectacle (malgré quelques prouesses zombiesques intéressantes, comme ces montagnes de corps qu’on peut voir dès l’affiche) et c’est bien trop peu sérieux pour déclencher une autre émotion que du rire et de la moquerie. 
Car "World War Z" ressemble beaucoup à une parodie non assumée, avec ses zombies assez propres qui font des claquer leurs dents. La mise en scène de Marc Forster rappelle le douloureux souvenir laissé par "Quantum of Solace" : les scènes d’actions y sont dégueulasses et aussi incompréhensibles.
Côté casting, l’attention est en permanence focalisée sur un Brad Pitt insubmersible (le film est à sa gloire, étant donné qu'il le produit) en sauveur providentiel, sorte de messie parcourant les quatre coins du monde (les USA, la Corée, Israël, l’Écosse) à la recherche de réponses, écumant de lourdes symboliques, comme ce paradis juif qui s’effondre, confirmant du coup la piste biblique. Il faut également souligner le côté complètement incohérent du film : Brad Pitt survit à un terrible accident d’avion, à de multiples accidents de voiture ou à une tige de métal qui lui transperce le ventre, le tout sans que son brushing ne souffre. Et ces soldats américains semblent tout contents d’aller mourir (la preuve, ils font des petites blagounettes avant de se faire manger). On regrettera également le côté catalogue du scénario, qui accumule les situations saugrenues les unes après les autres, sans vraiment se préoccuper ni d'une progression dramatique ascendante, ni d'enjeux supplémentaires (voire d'enjeu tout court).
Contrairement à l’esbroufe grotesque, le réalisme n’est clairement pas la volonté première de "World War Z", qui, dans sa totalité, tient assez bien sur ses pattes, même s’il ne joue jamais avec nos nerfs.

La note de Pépite : 4/5
La note de Juani : 2,5/5
La note de Tinette : 3,5/5

vendredi 5 juillet 2013

LA MARQUE DES ANGES - MISERERE

1h46 - Sortie le 26 juin 2013

Un film de Sylvain White avec Gérard Depardieu, JoeyStarr, Héléna Noguerra
A Paris, Lionel Kasdan, commissaire de la BRI à la retraite, enquête sur un meurtre étrange : un chef de chœur a été retrouvé mort dans sa paroisse, les tympans détruits, sans qu'aucun témoin n'ait apparemment assisté à la scène. De son côté, Frank Salek, un agent d'Interpol menacé d'être mis à pied par ses supérieurs à cause de son comportement excessif, traque la piste d'une organisation secrète, spécialisée dans le kidnapping d'enfants. Lorsque Salek apprend la mort du chef de chœur, il pense avoir établi un lien avec sa propre enquête et accepte de faire équipe avec Kasdan. Mais plus l'enquête avance, plus Salek semble perdre pied, comme rattrapé par un secret jusque-là enfoui. Dès lors, les deux hommes vont plonger dans une affaire qui trouve sa source dans les heures les plus sombres de la Seconde Guerre mondiale...

Le Mot du Comte : 2,5/5
Énième adaptation d’un polar français aux relents nazis, ce blockbuster à la française (ce qui compte évidemment le volet délocalisation en Belgique) se repose au final beaucoup trop sur son scénario. Scénario qui, en réalité, ne vaut pas grand-chose, au vu de l’absence claire de motif du personnage de Gérard Depardieu. Car si des éléments de l’intrigues principale sont assez prévisibles (le complot nazi, les éléments disséminés dans le premier quart d’heure dont on comprend très vite qu’ils seront TOUS utilisés : Blackstream, l’ambassadrice de l’ONU, etc), "La Marque des Anges" contient de beaux moments de pur ridicule. Ainsi, on rit quand Joeystarr se réveille en hurlant après un cauchemar et on pouffe quand ces enfants tuent les gens en chantant le Miserere d'Allegri. Défaut de croyance.
Qui plus est, le film est très formaté. C’est bien simple, on se croirait devant une mauvaise production EuropaCorp, avec tout ce qui compte de scènes de violences au montage racoleur (Joeystarr tabasse un type sous un évier, Joeystarr tabasse un nazi, etc). De plus, la mise en scène de Sylvain White est bien trop américanisée (White n’est pas franco-américain pour rien) pour un film français. Tout comme la structure du scénario (le trauma de Joeystarr est grossier et mal amené) et tout comme ces séquences faussement spectaculaires (l’ouverture) ou cette photographie bas de gamme. Du coup, le résultat sonne partiellement faux. Il manque quelque chose en plus à ce "Miserere" pour qu’on y adhère pleinement. On ressent clairement la volonté de faire un film français (voire européen) « à l’américaine » et cette négation d’identité nuit plus au film qu’elle ne le sert. Et c’est bien dommage, car la galerie de talents que le film déploie dans ses petits rôles était un atout. Et si "La Marque des Anges", c’était avant tout l’indifférence ?

BROKEN CITY

1h49 - Sortie le 26 juin 2013

Un film de Allen Hughes avec Mark Wahlberg, Russell Crowe, Catherine Zeta-Jones
Billy Taggart, un ancien flic reconverti en détective privé tente tant bien que mal de faire tourner son affaire. Le jour où l’homme le plus puissant de New York, le Maire, lui confie la mission d’enquêter sur la supposée infidélité de sa femme, il est loin d’imaginer qu’il va se retrouver au coeur d’une vaste machination sur fond de campagne municipale.

La Moyenne des Ours : 3,3/5

Le point de vue de Pépite : 3,5/5
Broken City est un film bien mené qui aurait pu se planter sur toute la ligne, embrassant cliché sur cliché, mais qui justement parvient à s'en sortir, habilement.
On ne peut en débattre trop longuement, car on en viendrait à vraiment se demander ce qui a pu nous plaire dans ce film... Il réussit à nous intéresser, il est convaincant dans le genre film de détective, thriller politique, tout comme Wahlberg, Crowe et Zeta-Jones. Alona Tal, comédienne israélienne campant l'assistante de Billy 'Wahlberg' Taggart est particulièrement remarquable, instaurant une peur vraiment crédible, rendant le danger pesant sur leurs personnages vraiment fort.
Mais il n'est pas un film indispensable, loin de là. Il remplit son rôle efficacement mais simplement, sans sortir du lot.

Le Mot du Comte : 3/5
Malgré la platitude de sa mise en scène et son scénario déjà vu (mais dont la structure est relativement efficace), on finit par se laisser prendre au jeu naïf de "Broken City", série B de détective qui emprunte au cinéma new-yorkais des années 80 et 90 sans trop tomber dans la ringardise absolue. Bien sûr, les comédiens remplissent leur part d’actor studio avec tout ce qui convient de cabotinage (Russell Crowe surbronzé et surméché) ou d’introspection pauvrissime (Mark Wahlberg monolithique). Car le problème de "Broken City" est peut-être qu’il se prenne trop au sérieux, au risque de survendre son intrigue et son épaisseur. Au final, le spectateur subit un twist décevant et un final ultra balisé par une morale policière un peu neuneu. S’il remplit partiellement son contrat, "Broken City" fait parti de ces films qui se perdront dans la mémoire collective, ne laissant nulle autre trace que ce titre très premier degré, qui en dit long sur le manque du perspective du film.

La note de Pépite : 3,5/5

JOSÉPHINE

1h28 - Sortie le 19 juin 2013

Un film de Agnès Obadia avec Marilou Berry, Mehdi Nebbou, Alice Pol
Joséphine, 29 ans trois-quart, obnubilée par la taille de ses fesses, source de tous ses problèmes, n’a toujours pas trouvé l’homme de ses rêves non-fumeur-bon-cuisinier-qui-aime-les-chats-et-qui-veut-plein-d’enfants. Sa seule consolation, c’est qu’elle vit avec Brad Pitt… consolation de courte durée puisque c’est son chat. Quand sa soeur lui annonce son mariage, c’est la goutte d’eau qui fait déborder la tasse à café. Elle s’invente alors une histoire d’amour avec un riche chirurgien brésilien qui lui a demandé sa main et l’emmène vivre au bout du monde. Facile à dire… Ce (petit) mensonge va l’entraîner dans un tourbillon d’aventures.

La Moyenne des Ours : 2,2/5

Le Mot du Comte : 1,5/5
Dans un contexte assez morose pour les comédies françaises, l’arrivée de "Joséphine" pourrait se comparer à un cheveu sur une soupe mal digérée. En effet, ce n’est pas que "Joséphine" soit outrageusement mauvais ou forcément hostile, non, le problème du film est de n’être qu’une comédie française de plus noyée dans le flot de la médiocrité. Ainsi, les tares du film sont connues : prévisible, superficiel, pas drôle et ultra formatée.
Alors oui, les quelques blagues du film pourront éventuellement faire rire le mince public ciblé (les citadins bobos branchés qui font de la com’), le reste s’emmerdera ferme devant les péripéties en carton de cette Joséphine, incarnée par une Marilou Berry qui fait (comme presque tout les autres acteurs), un extrême minimum syndical. Les seconds rôles d’ailleurs sont à peine esquissés et ne le sont que par leur caractérisation sociale (le meilleur ami gay) ou vestimentaire (un vieux pull moche et le tour est joué… ou pas). Dans ce marasme au décorum parisien fantasmé qui ne contient aucune autre problématique que la taille d’un postérieur, un seul élément retient l’attention : le chat, seul élément de vie attachant dans cette bulle qui aurait du se contenter de ne pas dépasser le cadre originel de la bande dessinée ou du billet humoristique. Car ce qui fait peut-être le plus de mal, c’est de se dire que "Joséphine" est un film qui ne sert strictement à rien.

La note de Pépite : 2,5/5
La note de Juani : 2,5/5
La note de Tinette : 2/5

mercredi 3 juillet 2013

LE CONGRÈS

2h00 - Sortie le 3 Juillet 2013

Un film de Ari Folman avec Robin Wright, Harvey Keitel & Danny Huston
Robin Wright (que joue Robin Wright), se voit proposer par la Miramount d’être scannée. Son alias pourra ainsi être librement exploité dans tous les films que la major compagnie hollywoodienne décidera de tourner, même les plus commerciaux, ceux qu’elle avait jusque-là refusés. Pendant 20 ans, elle doit disparaître et reviendra comme invitée d’honneur du Congrès Miramount-Nagasaki dans un monde transformé et aux apparences fantastiques…

La Moyenne des Ours : 3,3/5

Le point de vue de Pépite : 3,5/5
The Congress est un film navigant avec brio entre le film d'anticipation angoissant et le film d'animation "What the fuck". Sans que l'on comprenne tout, il laisse en tout cas une forte impression  ! 
Le côté "réel" d'anticipation est vraiment très pertinent et intéressant. Les personnages campés par Harvey Keitel (qui joue l'agent de Robin Wright) et par Danny Huston (excellent en patron cynique de la Miramount) sont hilarants et justes, transformant cette situation d'anticipation absurde (les comédiens, c'est bientôt fini, maintenant il suffit de les scanner et de faire jouer à leurs "avatars" n'importe quoi, ou presque) en un portant saisissant et pertinent de l'industrie cinématographique contemporaine. Le tout est magnifiquement rendu dans une première partie où la photographie épouse déjà la partie animation qui suivra : en effet, c'est une mise en scène et une qualité photographique qui font beaucoup penser à la bande-dessinée.
La deuxième partie, qui elle est carrément en animation-dessin-animé très cartoonesque est beaucoup plus absurde que la première partie, ce qui peut parfois fatiguer : on ne comprend en effet plus grand chose, ou alors ponctuellement, alors que l'on navigue entre délire sous LSD et animation plus classique, puis plus bizarre (à la Felix le chat le film, quand Félix doit sauver le monde de Oriana qui présente pas mal de similarités avec le monde étrange présenté par Ari Folman).
The Congress est un film à deux vitesses qui parle de cinéma mais aussi de la société et de la place occupée par les images... C'est parfois dommage que l'on se sente un peu délaissés sur le bord de la route, complètement sobres, alors que Folman, son intrigue et ses personnages semblent avoir pris une drogue aux propriétés décapantes. Un objet étrange mais de qualité !

Le Mot du Comte : 3/5
"Le Congrès" est un film protéiforme, scindé en deux parties. La première concerne l’actrice Robin Wright, dont la carrière s’effrite parce qu’elle est trop vieille. Un patron de studio lui propose alors de la scanner pour que le studio puisse utiliser à jamais son image, pour tous les rôles possibles. La seconde partie du film est une partie animée, suite logique de la transformation de la réalité opérée par les puissances de l’image. Ici, un lâcher prise du spectateur est nécessaire pour pénétrer pleinement dans ce délire pessimiste lourd en symboles. Le propos d’Ari Folman, complexe, plein de malice et au final difficilement perceptible tant il distrait notre attention par de multiples appels visuels à la culture populaire (les personnages animés qui défilent, on en connaît tous un), reflète plutôt bien notre société du jetable, ou la télé-réalité et le présent perpétuel sont rois. Le monde de ce "Congrès" est un monde où le plaisir immédiat prend le pas sur tout et tous, une dictature du piètre et de la jouissance permanente.
Seulement voilà, si le contenu est dense et louable, la forme du film finit par peser. Si le spectateur accepte bien le délire, celui-ci finit tellement par retourner le cerveau qu’on souhaite que cela s’arrête. Car Ari Folman va loin et peut-être trop loin. Et plus il avance, plus il perd une partie de notre concentration. Devant ce flux d’images colorées, la confusion pointe vite le bout de son nez, la logique se perd et les sens se brouillent. "Le Congrès", film interactif tant il finit par fusionner son propos et sa forme (une telle cohérence est extrêmement rare), finit par atteindre ses limites et par tourner presque tout seul, sans n’avoir plus besoin de ses spectateurs. Au final, une seule question prévaut sur les autres: what the fuck ?