2h20 - Sortie le 19 juin 2013
Un film de Zack Snyder avec Henry Cavill, Amy Adams, Michael Shannon, Russell Crowe
Un petit garçon découvre qu'il possède des pouvoirs surnaturels et qu'il n'est pas né sur Terre. Plus tard, il s'engage dans un périple afin de comprendre d'où il vient et pourquoi il a été envoyé sur notre planète. Mais il devra devenir un héros s'il veut sauver le monde de la destruction totale et incarner l'espoir pour toute l'humanité.
La Moyenne des Ours : 3,8/5
Man of Steel est un super-film de super-héros, à mi-chemin du côté sombre de la force incarné par la trilogie Batman de Nolan et du spectaculaire incarné par les films de la firme Marvel.
Le dernier film de Zack Snyder a pour principale qualité d'installer avec efficacité le mythe du super-héros le plus connu de DC Comics (et probablement de tous les comics confondus) dans un film de qualité au scénario et à la photographie soignés. Du prologue passionnant dans Krypton à la découverte de Clark Kent de ses origines, on a plus affaire à l'histoire - soigneusement montée et mise en scène - de ce petit garçon découvrant ses pouvoirs (comme en parle le synopsis officiel de la Warner) et ce qu'ils impliquent.
Le va-et-vient entre le présent de Clark et son passé sont intelligemment pensés et permettent d'en savoir plus sur ce Superman en devenir avec subtilité et émotion. Kevin Costner en père adoptif est notamment extrêmement convaincant, apportant à l'histoire beaucoup d'émotion (qui n'est pas sans rappeler celle qu'il fut le seul à nous transmettre à la dernière cérémonie des Césars) dans les différentes scènes où il enseigne à Clark les responsabilités induites par ses pouvoirs.
Le reste du casting est d'ailleurs une des forces du film, car de la surprenante Amy Adams (loin des clichés des bombes sexy potiches de certains films de super-héros) au comédien-génie Michael Shannon, on peut apercevoir d'excellents acteurs s'inscrivant avec crédibilité dans le film comme Russel Crowe, Laurence Fishburne ou même Christopher Meloni (New York, unité spéciale).
Mais malgré toutes ses qualités indiscutables (la photographie de Amir Mokri est juste à tomber par terre tant elle apporte au film un côté intemporel, granuleux et sublime !) Man of Steel est un film bipolaire.
Bipolaire car en face de la subtilité - de l'élégance presque parfois, de sa narration, le film tombe dans le spectaculaire d'une façon presque exagérée. De Man of Steel on passe en un instant (de rage où Superman cherche à écrabouiller le général Zod) au jeu vidéo "Injustice : Les Dieux sont parmi nous" : destructions et explosions dévastatrices. C'est ici qu'on touche au côté Marvel car la destruction "too much" de Smallville ou de Métropolis rappelle celle de New York dans Avengers. C'est tellement gros qu'on est sortis de force d'un coup de la narration, on n'est plus bons qu'à observer la destruction qui s'opère sous nos yeux. Les Dieux sont parmi nous, et nous ne sommes plus rien à leurs yeux, ou presque : Snyder nous place vers la fin une famille d'humains inconnus à sauver par Superman qui ramène le conflit destructeur gigantesque à notre échelle... Mais il est trop tard.
Cela n'empêche néanmoins pas Man of Steel de rejoindre The Dark Knight dans un panthéon de très bons films de super-héros, la direction plus sombre prise par Nolan pour la firme DC Comics étant tout de même encore efficace. Après ça, comment ne pas rêver d'une Ligue des Justiciers pilotée par Mr. Nolan dans les années à venir avec Flash, Wonderwoman et consorts... Certains ont déjà commencé à attiser cette rêverie : voyez l'affiche alléchante...
Le Mot du Comte : 4/5
Le premier quart d’heure de "Man of Steel" se passe sur Krypton, la planète natale de l’homme d’acier. Cette ouverture, spectaculaire et frissonnante, parvient à accomplir ce que tous les autres films de la franchise ont échoué : émouvoir le spectateur et prendre le temps d’installer le drame kryptonien, territoire peu exploré jusqu’ici. Par ailleurs, ce prologue contient la plus puissante scène de bataille spatiale qu’on ait vu depuis 2005 (et le film s’appelait "La Revanche des Sith").
C’est un fait, tout au long du film, malgré le kitsch de certains costumes et de la coupe de cheveux de Russell Crowe, on sent clairement la volonté de Snyder de dépoussiérer le genre pour en renouveler les codes. Le travail de recherche est constant, que ce soit au niveau de la direction artistique, qui évite l’écueil de la technologie facile (vous ne trouverez pas un seul écran sur Krypton, les lasers n’en sont pas, la terraformation et cette compression par vagues d’écrasement est visuellement terrassante), qu’au niveau du symbolisme. Car si on passe outre les allégories messianiques un peu lourdes et quasi-obligatoires (Superman se jette dans le vide en position christique), la recherche de motifs nouveaux est un des grands atouts du film : la légitimité de Superman (sa condition d’allié) est questionnée, le voilà menotté, interrogé (dans une des scènes les plus intéressantes du film) et mis à l’épreuve par son peuple adoptif. L’acceptation du sauveur n’est pas automatique, elle ne va pas de soi, et c’est une bonne chose. Montrer la trajectoire d’un homme qui a cherché à disparaître en permanence, jusqu’à ce qu’on le force à sortir du bois, voilà une approche neuve. Quel plaisir de voir enfin un blockbuster qui ne prend pas ses spectateurs pour des ados de 12 ans !
Blockbuster qui, paradoxalement, contient son essence dans les scènes pauvres en effets spéciaux (l’interrogatoire, le passé de Clark à la ferme, le message de Zod, etc). Si on reconnaît ici la patte de Nolan, celle du bourrin Snyder prend le dessus dans sa dernière heure. Car "Man of Steel" commet l’erreur des "Avengers" et sombre alors dans l’apathie : la surenchère aveugle d’effets spéciaux, algorithmes froids qui viennent envahir l’écran et écraser le spectateur sous une abondance de destructions, et qui rend de fait assez inopérant le combat final qui suit. Au final, le film aurait pu être amputé de tant de gras, de son trop-plein de spectaculaire vain. Les milliers de morts s’empilent dans l’indifférence absolue.
Niveau casting, c'est un quasi sans-faute. Russell Crowe est beaucoup plus empathique en Jor-El qu’en Javert (bien qu’il soit toujours autant obsédé par les étoiles). Amy Adams est un choix intéressant, pour une fois qu’on nous impose pas une blonde sans âme. Mais le meilleur rôle est porté par le dément Michael Shannon, qui offre à Zod un côté extrémiste inattendu. Sa voix apporte une dimension ambiguë intéressante. Dommage que Kevin Costner soit si peu présent, car il réussit, le temps d’un plan où le vent souffle, à faire mouche. Le point faible est chez Henry Cavill, qui n’a pas plus d’une demie page de dialogues pour se défendre, et qui, le plus souvent, laisse à son costume la plus grande part du travail.
Le scénario est assez classique. On distingue très facilement la structure en trois actes, malgré la volonté de Snyder de brouiller les pistes par une construction temporelle emmêlée. Quelques incohérences et raccourcis que le spectateur tolérant laissera passer (le film est remplit de « belles » coïncidences, comme ces personnages qui se retrouvent au bon endroit au bon moment) viennent alourdir le film par endroits. Au niveau des références à l’univers externe du film (Smallville, Lexcorp, Wayne Enterprise), on les appréciera pour ce qu’elles valent, c’est à dire pas grand chose.
Quant à la musique, Hans Zimmer réussit l’exploit de s’autoplagier. Son thème principal, aérien, qu’il use jusqu’à la moelle, finit par agacer tant il est omniprésent. Mais les défauts de "Man of Steel" n’occultent pas le plaisir qu’on peut y prendre. Cette relecture est fascinante tant elle tente, dans sa première heure et demie, d’aller de l’avant. Dommage que le reste ne suive pas le mouvement.
"Man of Steel" n’est pas un grand film, certainement pas un chef-d’œuvre, mais un très bon blockbuster, produit extrêmement rare de nos jours. On regrette cependant que le film ne résolve toujours pas ce mystère : comment l’homme d'acier fait-il pour se raser ?
La note de Juani : 3/5
La note de Juani : 3/5
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