1h40 - Sortie le 15 mai 2013
Un film de Patrick Rotman avec François Hollande
Patrick Rotman, en exclusivité et pour la première fois, filme le métier de Président au quotidien. Avec une mise en scène dépouillée, le film pénètre et dévoile le cœur de l'Élysée.
Le Mot du Comte : 1,5/5
Le problème du "Pouvoir", c’est qu’il est beaucoup trop à l’image du monde qu’il prétend intégrer et filmer : protocolaire et englué sous les fioritures. Pendant 1h40, le spectateur-citoyen a la désagréable impression de gêner, de ne pas être convié dans ces hautes sphères d’un État qui s’étalent devant ses yeux. Ce qui est dommage avec ce documentaire aux allures de reportage, c’est qu’on y soupçonne en permanence le verrouillage et la censure des communicants de François Hollande. La preuve par ces nombreux moments où les portes d’une pièce se ferment dès qu’on rentre dans le vif d’un sujet (après l’ouverture d’un conseil des ministres ou bien d’un déjeuner avec Ayrault par exemple), qui font du "Pouvoir" un film peu intéressant et très frustrant.
Car le film tombe bien vite dans le catalogue : Hollande en avion, Hollande en voiture, Hollande en déjeuner. Bien sûr, s’il est inhabituel de voir le Président de la République dans de telles postures, la plupart des séquences sont en réalité très anecdotiques et ne fouillent jamais ce qu’est le pouvoir dans sa nature profonde, dans son élaboration, dans ce qu'il en résulte. Certaines séquences se contentent tout juste de fournir un autre angle de caméra que celui des chaînes d’infos (était-ce vital de montrer les conférences de presse du Président ?). L'unique aspect du pouvoir qui semble ici transparaître est son aspect bureaucratique, avec ces interminables séquences de réunion où François Hollande et ses ministres/communicant, surveillant l’objectif d’un coin de l’œil, répètent peu ou prou les mêmes choses. Et comme le film n’est pas porté par une vraie dramaturgie et manque de liant dans sa durée, on finit par rapidement s’ennuyer. Il reste bien sûr quelques moments ironiques, mais qui doivent plus à l’actualité qu’à la volonté de Patrick Rotman (Jérôme Cahuzac se baladant l'oeil suspicieux, c’est très drôle).
"Le Pouvoir" est un film qui manque cruellement de mise en scène et de point de vue (et qui s'en excuse presque dans son pitch). Rotman semble obsédé par l’idée d'en montrer un maximum (avec la fierté d'avoir pu suivre le Président un peu partout), mais ne fouille du coup pas grand chose. Heureusement qu’il ne tombe pas dans le film militant. La voix-off de Hollande, qui explique sa vision du poste, ne nous en dit pas plus que lors de ses discours. On se limite au politiquement correct, à la démagogie et à l'inoffensif et on finit par croire que "Le Pouvoir" aurait été plus captivant s’il s’était intéressé aux rôles tertiaires de l’Élysée (cuisiniers, huissiers, gardes, femmes de ménages) plutôt qu'au rôle principal, proprement désincarné, et qui ne semble exister à l'écran que par et pour sa fonction de Président. Sauf que derrière le costume, il y a un homme, et cet homme est ici absent.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire