mardi 26 février 2013

MÖBIUS

1h43 - Sortie le 27 février 2013

Un film de Éric Rochant avec Jean Dujardin, Cécile de France et Tim Roth
Grégory Lioubov, un officier des services secrets russes est envoyé à Monaco afin de surveiller les agissements d’un puissant homme d’affaires. Dans le cadre de cette mission, son équipe recrute Alice, une surdouée de la finance. Soupçonnant sa trahison, Grégory va rompre la règle d’or et entrer en contact avec Alice, son agent infiltré. Naît entre eux une passion impossible qui va inexorablement précipiter leur chute.

La Moyenne des Ours : 3,5/5

Le point de vue de Pépite : 3/5
Möbius est étrange. Il est à la fois plutôt réussi - maniant une histoire d'espionnage plutôt intéressante avec une histoire d'amour pas trop parasite - et à la fois "mou". 
Si les comédiens sont globalement crédibles (Tim Roth - un peu en sous-jeu - est très bon, et Dujardin convainc plutôt) - à l'exception peut-être de l'accent en anglais de Cécile de France (c'est pas non plus complètement incohérent) -, le film a un rythme assez inégal. Certains passages sont assez savoureux quand d'autres, plus anecdotiques, peuvent ennuyer. 
Möbius a néanmoins le mérite d'être un film européen d'espionnage plutôt réussi (la confrontation qui arrive à mi-chemin et où tous les masques tombent est excellente). Mais il n'est, selon moi, pas non plus exceptionnel. 

Le Mot du Comte : 4/5
Le dernier opus d'Éric Rochant est, disons-le tout de suite, un film réussi et unique en son genre. Magnétique, métallique, tiraillé entre l'héritage d'une guerre froide et une extrême modernité technologique (traduite par cette musique ambiguë, qui mêle sons électroniques, orchestre et choeurs de l'Armée Rouge), "Möbius" est une histoire d'amour nichée au coeur d'une intrigue d'espionnage économique.
Le couple phare du film est solide : Jean Dujardin et Cécile de France s'en sortent plutôt bien et dégagent tout deux, chacun dans leur style, une certaine puissance, un certain magnétisme. Magnétisme qu'on ressent surtout dans leurs scènes d'amours, filmées d'une façon inédite et jamais vue, qui frôlent parfois le ridicule sans jamais y tomber et qui mettent en valeur la texture de leurs peaux, par des gros plans bien dosés. Calme et sensualité. On peut regretter quelques niaiseries dans les dialogues de Cécile de France ("tu as les bras concrets"), un peu trop précipités si on reconsidère le personnage et la place de la séquence dans son évolution. Le reste du casting est également très solide. Mention spéciale à Aleksey Gorbunov, glaçant à souhait en garde du corps.
Le scénario, efficace et bien structuré, distille des notions parfois confuses. L'univers du film, entre espionnage et économie, n'aide pas à y voir plus clair, il manque peut être quelques explications. Soyez attentifs! Cette confusion est toutefois plutôt bienvenue car elle participe au climat d'incertitude qui règne sur "Möbius".
Qui plus est, le fait que l'on plonge directement dans l'intrigue laisse perplexe quant à la globalité des enjeux de la mission de Dujardin : pourquoi font-ils tout ça? pour faire chuter Tim Roth certes, mais du côté américain, pourquoi le font-ils également? C'est ce qui manque un peu à "Möbius", un enjeu plus global, mais paradoxalement, c'est aussi ce qui fait son charme.
Quelques petits détails techniques peuvent sauter aux yeux, notamment cette omniprésence des fonds verts, qui se voient parfois trop (les silhouettes ne sont parfois pas bien découpées, notamment dans les scènes impliquant des baies vitrées).
Malgré ces légers défauts, "Möbius" procure une intense satisfaction, la satisfaction d'avoir vu un vrai film d'espionnage européen, et non un ersatz, une copie d'un genre bien américain. Rochant a la délicatesse de ne pas aligner les clichés inhérents au genre (pas de cascades ni d'explosions mais des tensions). Sa mise en scène puissante (parce que sobre -même quand un hélicoptère atterrit sur un yacht) et parfois âpre (malgré la chaleur des images) fait de "Möbius" un film unique en son genre, un film jamais vu auparavant.

samedi 23 février 2013

DIE HARD : BELLE JOURNÉE POUR MOURIR

1h36 - Sortie le 20 février 2013

Un film de John Moore avec Bruce Willis, Jai Courtney, Sebastian Koch
Bruce Willis est de retour dans son rôle le plus mythique : John McClane, le « vrai héros » par excellence, qui a le talent et la trempe de celui qui résiste jusqu’au bout. Cette fois-ci, le flic qui ne fait pas dans la demi-mesure, est vraiment au mauvais endroit au mauvais moment après s’être rendu à Moscou pour aider son fils Jack, qu’il avait perdu de vue. Ce qu’il ignore, c’est que Jack est en réalité un agent hautement qualifié de la CIA en mission pour empêcher un vol d’armes nucléaires. Avec la mafia russe à leur poursuite et la menace d’une guerre imminente, les deux McClane vont découvrir que leurs méthodes radicalement différentes vont aussi faire d’eux des héros que rien ne peut arrêter.

La Moyenne des Ours : 0,5/5

Le point de vue de Pépite : 0,5/5
Là où les précédents opus alliaient film action à un certain humour second degré, Die Hard 5 se plante sur toute la ligne. 
Le scénario, pauvre et mécanique, manque tout le potentiel présent en creux dans la saga : un héros vieillissant toujours en marge de la justice employant une méthode très personnelle et musclée pour sauver le monde... à chaque fois. C'était le 5ème opus, on quitte sa fille pour découvrir son fils, et ça aurait pu avoir tout de savoureux : des retrouvailles piquantes et drôles, tout en conservant la dose d'action nécessaire au style de la saga... Mais non, tout tombe à l'eau, tout sonne faux, tout est nul. Les scènes d'action, bien que vaines sans une vraie histoire, sont relativement bien faites, mais plutôt mal filmées. La lisibilité, bienvenue, de certains films d'action récents est ici sacrifiée pour retrouver une caméra épileptique du plus mauvais goût. 
Die Hard 5 partage d'ailleurs avec ironie un élément de casting avec un film récent quant à lui réussi : Jack Reacher. Dommage que Bruce Willis ait à subir un énième navet d'action... Je vous dirais bien de ne pas y aller, mais, peut-être n'aviez-vous pas besoin de moi pour en venir à cette conclusion... Je dois aussi rajouter la frustration de ne pas avoir retrouvé les quelques moments drôles (ou sexy !) de la bande annonce dans le film. Mensonge et trahison !

Le Mot du Comte : 0,5/5
Ce qui dérange avec ce gros navet boursouflé qu'est "Die Hard: Belle journée pour mourir" est qu'il donne l'impression que tout le monde se fiche du film, à commencer par Bruce Willis et Jai Courtney, qui a toujours autant de charisme qu'une pomme de terre avariée (et qui gâchait en partie le très bon "Jack Reacher").
Ici, c'est bien simple, on se demande bien s'il y eut un jour un scénariste pour écrire ne serait-ce qu'un début d'histoire, et un réalisateur pour la filmer. Car oui, "Die Hard 5" ne ressemble a rien : filmées n'importe comment, les scènes d'action (qui s'accumulent lourdement) sont d'une confusion énorme.
L'intrigue est clichée et repose sur un coup de théâtre digne des plus mauvaises télénovelas brésiliennes. Willis devient un personnage secondaire qui passe son temps à faire des blagues sur le fait qu'il est "en vacances". Yippie-Kay-yee.
Inutile de s'étendre sur les dialogues creux et attendus (surtout du soi-disant méchant à la carotte... une carotte?!) qui dépassent rarement le mono-syllabique. Ni sur le comportement irrationnels des autres personnages (la méchante qui se "suicide" est une démonstration de flemme scénaristique, parce que les deux rigolos n'auraient rien pu faire face à un hélico de combat, bref). Le final d'ailleurs, est encore plus grand-guignolesque que ceux des films "Expendables" (le second degré en moins). 
Enfin, il faut être bien tolérant aux incohérences pour pouvoir regarder "Die Hard" sans sortir du film tant celles-ci sont nombreuses : Willis qui parvient à retirer ses menottes tout seul, un gaz magique ôte toutes les radiations de Tchernobyl (heureusement car nos deux héros n'avaient pas de combinaisons, alors que les méchants si, quels grands fous!) et bien sûr, le cataclysme nucléaire est évité alors que des caissons d'uranium pur explosent.
Il faut également signaler le caractère mensonger de la bande-annonce, qui promet beaucoup plus qu'on n'en voit : les répliques du taxi ou la méchante en sous-vêtements par exemple (ce qui aurait au moins rendu le film plus intéressant). Hélas non, "Die Hard : Belle journée pour mourir" ne sert vraiment à rien.

mercredi 20 février 2013

VIVE LA FRANCE

1h35 - Sortie le 20 février 2013

Un film de Mickaël Youn avec Mickaël Youn, José Garcia, Isabelle Funaro
Muzafar et Feruz sont deux bergers du Taboulistan, tout petit pays d’Asie centrale dont personne ne soupçonne l’existence. Afin de faire connaître son pays sur la scène internationale, le fils du président tabouli décide de se lancer dans le terrorisme «publicitaire» et de confier à nos deux bergers, plus naïfs que méchants, la mission de leur vie : détruire la Tour Eiffel ! Pour atteindre leur objectif, ils devront traverser le milieu le plus hostile qui soit : la France ! Une France, bien loin de l’Occident qu’on leur avait décrit : entre les nationalistes corses, les policiers zélés, les taxis malhonnêtes, les supporters violents, les employés râleurs, les serveurs pas-aimables, les administrations kafkaïennes et les erreurs médicales… rien ne leur sera épargné. Ils rencontreront heureusement Marianne, jeune et jolie journaliste qui, pensant qu’ils sont deux sans-papiers, les aidera à traverser ces épreuves et leur fera découvrir un autre visage de la France… 

La Moyenne des Ours : 0,8/5

Le point de vue de Pépite : 1/5
Dans la série des mauvais films qui sortent au cinéma chaque semaine, Vive la France faisait figure de favori. On y a cru, le dernier Fatal de Mickaël Youn, non exempt de défauts, faisait preuve d'originalité et d'un sens critique subversif et intéressant. Le sujet de Vive la France traité de la même manière subversive avait de quoi nous allécher... à tort.
Hélas, Mickaël Youn a à sa disposition un sujet intéressant et au fort potentiel : la France vue par deux terroristes souhaitant détruire la Tour Eiffel qui vont parcourir la France et ses disparités avant d'atteindre la capitale. 
Gros premier défaut : Youn, ancien chantre du Morning Live de M6 à qui l'on doit le groupe de Yaourt les "Bratisla Boys", n'a pas pu s'empêcher d'inventer une langue et un accent. La façon de s'exprimer des habitants du pays imaginaire Taboulistan est parfaitement grotesque. Ce qui aurait vraiment été ingénieux et original aurait été l'idée d'un pays coincé au Moyen-Orient parlant parfaitement le français. Au contraire, Youn a préféré créer un pays absurde et grotesque qui alourdit le film.
La distance comique est également complètement absente, et c'est dommage. Pour rappel, la distance comique est apparue dans la comédie cinématographique lorsque la durée des films a augmenté : des courtes "slapsticks comedies" comme "L'Arroseur Arrosé" des Frères Lumière à de vrais longs métrages de  comédie. La distance comique permit alors de produire une identification du spectateur aux personnages comiques, créant de l'émotion... L'émotion est complètement absente de Vive la France. On sent que Youn s'en est rendu compte trop tard en créant l'histoire de leur père otage resté au pays... Mais il la désamorce complètement à la fin.
Enfin, les décors français ne sont utilisés qu'en mode carte postale clichée et c'en est vraiment pesant. J'ai parfois souri (c'est déjà mieux que pour Turf) mais ce n'est pas très drôle...
Vive la France ne sort vraiment pas du lot, encore du temps perdu au cinéma...

Le Mot du Comte : 0,5/5
Après le plutôt réussi "Fatal", Mickael Youn signe ici une comédie peu drôle, tirée par les cheveux (frisés) et qui souffre d'un énorme problème de rythme et de structure.
Le scénario dépeint le périple de deux apprentis terroristes qui doivent s'exploser sur la Tour Eiffel. Cela aurait pu tenir si Youn n'avait pas tenu à déployer un épuisant catalogue touristico-lourdingue des régions de France. Youn semble avoir voulu intégrer absolument TOUS les clichés liés à chaque région de France dans son film. C'est lent, c'est poussif, c'est pénible et on s'ennuie. 
L'arrivée à Paris semble avoir été pensée uniquement pour être vendue en Chine (5 bonnes minutes de plans sur les plus célèbres monuments de Paris, alors que les personnages sont en voiture: pour qui connaît un peu la ville, on se rend vite compte que leur trajet est totalement absurde). 
Autre point négatif: ce n'est pas bien drôle. Les gags s'appuient sur des clichés milles fois vues et donc archi-prévisibles (la bureaucratie française, les clivages PSG/OM, y'a du niveau) et sur le jeu de saltimbanque de Garcia et Youn, qui sont bien aidés par leurs postiches et qui parlent avec un accent franco-arabe qui gêne plus qu'il ne fait sourire. Isabelle Funaro, la femme de Youn à la ville, est assez insupportable et surjoue énormément. Son rôle n'est d'ailleurs qu'un faire-valoir et n'a ni importance ni épaisseur. 
Il manque ici l'acidité qui était présente dans "Fatal". Ici, rien n'est fouillé, tout est fade et appuyé. Épure absolue d'une satyre qui ne va jamais assez loin. Par ailleurs, Youn ne prends tellement aucun parti que sa description du Taboulistan et de ses coutumes se révèle plutôt d'un assez mauvais goût.
Plat et quasi-insipide, "Vive la France" est à peine meilleur que "Turf" (avec qui il partage d'ailleurs quelques éléments de casting), c'est à dire largement dispensable. 

mardi 19 février 2013

HÔTEL TRANSYLVANIE


1h31 - Sortie le 13 Février 2013

Un film de Genndy Tartakovsky avec Adam Sandler, Andy Samberg, Selena Gomez et Steve Buscemi
Bienvenue à l’Hôtel Transylvanie, le somptueux hôtel de Dracula, où les monstres et leurs familles peuvent enfin vivre leur vie, se détendre et faire « monstrueusement » la fête comme ils en ont envie sans être embêtés par les humains. Pour l’anniversaire de sa fille, la jeune Mavis, qui fête ses 118 printemps, Dracula invite les plus célèbres monstres du monde – Frankenstein et sa femme, la Momie, l’Homme Invisible, une famille de loups-garous, et bien d’autres encore… Tout se passe très bien, jusqu’à ce qu’un humain débarque par hasard à l’hôtel et se lie d’amitié avec Mavis…

La Moyenne des Ours : 2,5/5

Le mot du Comte : 1,5/5
"Hôtel Transylvanie" est un film d'animation bien fait, mais très fade et très plat. Si le film est une vitrine de la bonne école de l'animation américaine, rien d'autre ne sort de ce scénario animé. Scénario assez puéril et simpliste par ailleurs, sans relief, sans double langage. Attention, "Hôtel Transylvanie" n'est pas désagréable à regarder, mais on n'est pas loin de l'ennui, tant les enjeux sont pauvres et le final attendu (et il n'y a même pas d'antagoniste, juste une légère esquisse de méchant, en la personne de Quasimodo - représenté en tant que français sale et qui pue, quel niveau).
Si l'accumulation de monstres, non-humains et d'autres légendes populaires est intéréssante dans le premier quart d'heure, le film s'évide peu à peu, tombant alors dans le catalogue et le non-renouvellement des gags posés au début.
"Hôtel Transylvanie" ne vaut vraiment pas le coup pour les humains de plus de 5 ans, hélas, car il n'y a presque rien à y glaner.

La note de Pépite : 3,5/5
Hôtel Transylvanie est une pitrerie de qualité qui s'adresse autant aux enfants, qu'aux grands cinéphiles.
Ce film d'animation de bonne facture joue avec pertinence avec les codes du film d'horreur : tous les grandes légendes de l'horreur (de Frankenstein au Loup Garou en passant par la Créature du Lac Noir) sont traitées, interprétées et remises au goût du jour. Le Loup Garou a eu une meute de petits louveteaux insupportables qui lui mènent la vie dure, Frankenstein se fait livrer en pièces détacher plutôt que de payer le déplacement, etc. C'est inventif et amusant.
L'histoire n'est pas très élaborée, mais on s'amuse à voir les pitreries (c'est le mot) de Dracula et ses amis lorsque l'arrivée d'un humain dans leur havre de paix chamboule tout. On peut regretter que le personnage de Dracula justement n'évolue pas plus progressivement. Ici, il est le même 80% du temps, et ce n'est que par une ou deux étapes qu'il va revoir son jugement.
C'est parfois un peu "enfantin" il est vrai (comme le remarque justement Le Comte, Quasimodo est un peu ridicule et grossier) et on peut le regretter, Hôtel Transylvanie aurait sûrement gagné à titiller de plus près l'humour adulte décomplexé du premier Shrek. C'est néanmoins un divertissement intéressant et de qualité.
1h50 - Sortie le 6 Mars 2013

Un film de Pablo Larraín avec Gael García Bernal, Alfredo Castro et Antonia Zegers
Chili, 1988. Lorsque le dictateur chilien Augusto Pinochet, face à la pression internationale, consent à organiser un référendum sur sa présidence, les dirigeants de l’opposition persuadent un jeune et brillant publicitaire, René Saavedra, de concevoir leur campagne. Avec peu de moyens mais des méthodes innovantes, Saavedra et son équipe construisent un plan audacieux pour libérer le pays de l’oppression, malgré la surveillance constante des hommes de Pinochet.

La Moyenne des Ours : 3,8/5

Le Mot du Comte : 3/5
Ce qui est dommage avec "No", c'est que le film tend à ne compter uniquement que sur son sujet, quasiment inattaquable (un peuple qui, par le biais d'un vote, renverse une dictature). Le radical parti pris visuel, à savoir filmer avec des caméras d'époque et en format 4/3 afin de mieux mêler images d'archives et film, fait plutôt office de gadget ici. On se demande bien à quoi il sert.
Les personnages du camp du "No", comme la cause pour laquelle ils se battent, ne sont pas vraiment attaquables non plus. Ils sont tous des chevaliers blancs et manquent parfois de nuances. Il y a bien une petite critique du monde de la publicité et de son cynisme vis à vis de la manipulation des foules, mais celle-ci est bien trop ténue et pas à la hauteur des enjeux d'une telle élection.
Qui plus est, si le suspense est savamment entretenu concernant la finalité de l'élection (tout le monde ne connaît pas forcément l'histoire du Chili), il manque une étincelle, une flamme. Il manque la passion qui ferait décoller "No" vers autre chose qu'un sympathique film didactique. Didactique et bien trop sage.

Le point de vue de Pépite : 4,5/5
Pablo Larraín parvient avec No à rendre beau un parti pris visuel dépassé grâce à une histoire belle et au fort potentiel émotionnel qui transparaît dans l'interprétation géniale de comédiens tels que Gael García Bernal.
Le parti pris est le suivant : format 4/3 télévisuel, caméras et esthétique des années fin 80 - début 90 et plus particulièrement l'esthétique des telenovelas latino américaines. Il y a des halos pas bien beaux et de nombreuses surexpositions, on distingue les touches de rouge vert et bleu qui composent la couleur télé de l'image, etc. Mais au fur et à mesure du film, ce parti pris visuel est tellement cohérent qu'il en devient régulièrement beau, et cela grâce à l'histoire racontée : celle d'un publicitaire qui se charge de la campagne du "Non à Pinochet" en 1988. L'image du film se fond alors complètement dans les images d'archives qui agrémentent le film de Larraín si subtilement qu'on ne sait jamais si l'on est dans la réalité ou dans la fiction, confusion cohérente et inspirée, image de la vision de la publicité sur le monde.
Cette campagne du "Non" est débutée comme perdue d'avance par tous les personnages, mais progressivement l'idée qu'elle puisse vraiment fonctionner, qu'elle puisse vraiment changer la donne, fait son chemin. C'est dans ces moments où les personnages se font presque idéalistes (le politicien découragé, le cameraman engagé, le publicitaire fier de son travail, etc.), ou lorsqu'ils sont face à la dure réalité du régime de Pinochet (dans les scènes de manifestations durement réprimées par exemple) que l'on accède à des vrais moments de grâce.
No est un beau film, qui en plus d'être extrêmement touchant pour les chiliens ou même tous les latino américains (impossible de ne pas penser aux autres dictatures passées du continent, ou au régime actuel du Vénézuélien Chavez...), constitue réellement une histoire universelle et moderne. Les armes nihilistes de la publicité au service d'idéaux de liberté : frappant, fort et beau. Ne manquez pas ce film pertinent, cohérent jusqu'au bout des ongles et souvent frappé par la grâce. Gael García Bernal insuffle décidément beaucoup d'âme dans les projets auxquels il croit.

La note de Juani : 3,5/5
La note de Tinette : 4/5

dimanche 17 février 2013

TURF

1h42 - Sortie le 13 février 2013

Un film de Fabien Onteniente avec Édouard Baer, Alain Chabat, Lucien Jean-Baptiste, Philippe Duquesne
C’est l’histoire de quatre potes : le Grec, Fifi, Fortuné, et Freddy. Ils fréquentent assidument un PMU, Le Balto. Fatigués de perdre le peu qu’ils ont, ils veulent arrêter de parier… Oui mais, selon la devise bien connue des turfistes : Jour de perte, veille de gain, le destin frappe au carreau ! Un destin qui porte des costumes de grand faiseur, connu sur tous les hippodromes, de tous les turfistes et… de la Police des Jeux : Monsieur Paul. Ce "gentleman" de retour aux affaires leur propose d’acheter un crack, en réalité une vielle carne : Torpille. Ils sont quatre… et décident d’acheter chacun une patte du canasson ! La bande du Balto entre alors dans le monde des propriétaires, des combines et des milliardaires d’Auteuil à Monte-Carlo. 

La Moyenne des Ours : 0,3/5

Le point de vue de Pépite : 0,5/5
Grotesque. Ce film est grotesque et lourd, et on n'a même pas envie de le détruire tellement il ne représente rien. Oui, on peut trouver normal que Fabien Onteniente capitalise le succès de ses derniers films en demandant un salaire exorbitant sur le prochain (1,8M€), mais ce qui l'est moins c'est d'accepter tout et surtout n'importe quoi du réalisateur. Tout est gratuit et artificiel, on ne rit que très peu. J'ai souri à deux répliques, d'où le 0,5/5. Je laisse le détail au Comte mais Turf ne vaut vraiment pas le coup, et il semble que cette fois-ci le public le comprend aisément : échec programmé qui a de quoi ranimer les polémiques quant aux films surfinancés...

Le Mot du Comte : 0/5
"Turf" est un film qui fait beaucoup de peine. Un film qui attire la pitié du cinéphile et le mépris du grand public. Inutile de s'étendre sur le manque latent de travail sur "Turf": acteurs complètement en roue libre, personnages à peine caractérisés et statiques, image dégueulasse, humour bas de plafond (très peu de rires dans la salle), gratuité des vannes (surtout celle du prince Albert et ses chouchous), etc. Inutile de s'épancher sur cette clownerie qui n'a que des défauts. 
Ceci dit, il faut reconnaître à Onteniente un certain talent pour saborder celui des autres (je pense notamment à Depardieu) et pour offrir de belles vacances à ses comédiens, qui ne font absolument aucun effort (mais peut-on faire des efforts face au vide?) et n'ont jamais gagné leur argent aussi facilement (pauvre Vahina Giocante, qui aligne les bouses en 2013). Au niveau du scénario, c'est l'automatisme. L'intrigue amoureuse est forcée et artificielle, il n'y a aucun enjeu et les conflits sont résolus comme par magie (beau deux ex machina quand les héros perdent la propriété de leur cheval).
Même la musique, insupportable (passez outre le médiocre tube composé pour le film présent dans la bande-annonce et au générique), est un pastiche des plus mauvaises mélodies de Vladimir Cosma.
"Turf" est plutôt à considérer au vu de son mode de production. Et cela fait, comme évoqué plus haut, de la peine. De la peine pour les pauvres intermittents qui se sont fatigués sur cette infamie, de la peine pour les pauvres chevaux affublés d'une langue en 3D qui pend et de la peine pour Jérôme Seydoux, qui a signé ce scénario bidon au nom de Pathé. De la peine pour ces stars de la télé qui apparaissent (tiens donc) dans "Turf", bling-bling oblige : Pierre Ménès ou encore Thierry Roland. Histoire d'ajouter du footeux à un film déjà bien beauf.
Son ratage en salles est révélateur : les français en ont peut-être ras le cul qu'on leur serve du crottin.
Accabler davantage ce piteux film mort-né, qui était perdu d'avance et qui prends ses spectateurs pour des imbéciles reviendrait à tirer au bazooka sur une ambulance pleine de lépreux.

samedi 16 février 2013

PASSION

1h41 - Sortie le 13 février 2013

Un film de Brian de Palma avec Rachel McAdams et Noomi Rapace
Deux femmes se livrent à un jeu de manipulation pervers au sein d'une multinationale. Isabelle est fascinée par sa supérieure, Christine. Cette dernière profite de son ascendant sur Isabelle pour l'entraîner dans un jeu de séduction et de manipulation, de domination et de servitude.

La Moyenne des Ours : 2,8/5

Le point de vue de Pépite : 2/5
Quel ennui ! Passion commence comme la parodie de film de série B que Brian De Palma nous donne à voir en 1981 dans les premières minutes de Blow Out, mais cette fois-ci ça ne s'arrête pas au simple clin d'oeil... Passion est tout du long un nanar savamment mis en scène mais d'un ennui aussi mortel que ses personnages. 
Rachel McAdams et Noomi Rapace sont plutôt impressionantes et se fondent avec talent dans l'univers de De Palma. Mais l'histoire fumeuse qui se raconte dans Passion rend la très grande partie de leurs scènes gênantes, et même la mise en scène ingénieuse du maître De Palma devient rapidement la pâle imitation de son propre art. Les mêmes obsessions, hitchcockiennes notamment, sont transposées dans ce dernier film sans grande originalité.
Certes, la deuxième partie du film où l'on découvre la machination du personnage prétendument plus angélique est intéressante ; mise en scène et photographie devenant sublimes... vainement. La découpe des formes et des corps par l'ombre des stores dans une image brumeuse est magnifique mais... à quoi bon. L'ennui, lui, est toujours là, et changer de système de mise en scène n'y changera pas grand chose.
C'est dommage, moi qui attendais beaucoup de ce film, j'en suis ressorti gêné et ennuyé ; bien que de nombreuses qualités de mise en scène, de photographie et de jeu d'acteur sont à souligner, quand l'histoire n'est pas là, le reste n'est que poudre aux yeux. 

Le Mot du Comte : 3,5/5
Pour ceux qui n'auraient pas vu "Crime d'Amour", dont "Passion" est le remake, le film de Brian de Palma peut se révéler assez épuisant tant celui-ci est confus. Confus, mais néanmoins très intrigant.
De Palma est ici fidèle à son cinéma, cédant à tout ses tics et ses habitudes: stylisation à outrance (filtres bleus et stores), caméra subjective et splitscreens -ici un peu gratuits. 
Au niveau du casting, McAdams et Rapace s'en sortent très bien, même si le jeu de McAdams manque un peu de nuance par rapport à celui de Kristin Scott-Thomas dans le film original d'Alain Corneau.
Sous ses airs de série B et de film fauché, "Passion" est en fait assez diabolique et prenant. Si certains éléments scénaristiques peuvent sembler poussifs pour certains (la date sur le mail que personne ne voit, les incohérences technologiques), le film a toutefois de la gueule. 
Cependant, le développement du scénario est assez confus (surtout l'intrigue avec la soeur jumelle), de Palma cherchant sans cesse à brouiller les pistes (rendant ce qu'on voit incertain), toujours en cohérence avec son cinéma. Hélas ici, on ne sait pas trop dans quel but. Heureusement que la force du scénario tient le spectateur en haleine. Cela en rebutera certains, mais les fans de De Palma seront satisfaits. 
Comparé à "Crime d'Amour", "Passion" gagne en gueule ce qu'il perd en clarté au niveau du scénario, c'est un peu dommage, car le film de Corneau manquait assez de relief dans sa mise en scène.

La note de Tinette : 3/5

LES MISÉRABLES

2h30 - Sortie le 13 février 2013

Un film de Tom Hooper avec Hugh Jackman, Anna Hathaway, Russell Crowe
Dans la France du 19e siècle, une histoire poignante de rêves brisés, d'amour malheureux, de passion, de sacrifice et de rédemption : l'affirmation intemporelle de la force inépuisable de l'âme humaine. 
Quand Jean Valjean promet à Fantine de sauver sa fille Cosette du destin tragique dont elle est elle-même victime, la vie du forçat et de la gamine va en être changée à tout jamais.

La Moyenne des Ours : 2/5

Le point de vue de Pépite : 2,5/5
Adaptation du musical du même nom, Les Misérables chante(nt) tout le temps, et c'est parfois assez insupportable.
Contrairement au Sweeney Todd de Tim Burton (qui partage deux éléments de son casting avec Les Misérables : Helena Bonham Carter et Sacha Baron Cohen) qui partageait assez habilement les parties chantées et les parties "jouées", ici presque la moindre phrase est chantée (à quelques exceptions près, bien entendu). Et c'est bien chanté, ne vous y trompez pas : la quasi intégralité du casting se débrouille très bien (à l'exception peut-être de Eddie Redmayne qui ne convainc pas en chant), notamment Hugh Jackman, Anne Hathaway ou même les jeunes révolutionnaires camarades de Marius. L'originalité, qui donne aussi pas mal de force au film, est qu'il n'y a aucun playback : les acteurs ont réellement chanté pendant les prises, probablement juste accompagnés sur le plateau par un pianiste. 
Tom Hooper est un très bon directeur d'acteur et il arrive à tirer de véritables prouesses de ses comédiens (Anne Hathaway est notamment bluffante !). A l'image, c'est plutôt réussi à part peut-être une tendance globale à ne pas trop montrer les décors. Ceux-ci sont assez impressionnants mais Hooper s'entête à les montrer fragmentés et incohérents, souvent trop peu présents à l'image (le nombre incalculable de gros plans laissent peu de place à l'univers qu'il cherche pourtant à mettre en place). A part certains plans parkinsoniens et peu lisibles, c'est assez joliment filmé.
Alors que s'est-il passé ? Les comédiens sont globalement bons, l'image est relativement belle, les chansons bien interprétées, mais ça ne fonctionne pas. La version de la comédie musicale Les Misérables par Hooper aurait peut-être finalement gagné à être vue sur scène, en live.

Le Mot du Comte : 1,5/5
La première interrogation qui apparaît devant cette adaptation du musical "Les Misérables" est celle-ci : était-ce nécessaire? Ne cherchez pas ici fidélité à l'oeuvre originale de Victor Hugo, qui est autant vidée de ses enjeux sur scène que devant ce triste spectacle cinématographique.
Tom Hooper (qui a eu un oscar par accident) filme comme un cochon une galerie d'acteurs qui s'époumonent (trémolos inclus) plus ou moins bien. Parmi ceux qui s'en sortent à peu près, il y a Hugh Jackman et Amanda Seyfried. Anna Hathaway est très pénible à regarder tant elle s'appuie sur un pathos chialant. Eddie Redmayne est également très mauvais. Le gros ratage vient cependant de Russell Crowe qui, dissimulé derrière une petite barbe, ne donne absolument aucune consistance à Javert. Il chante en pilotage automatique avec une voix monocorde (et se permet même de se la jouer Claude Frollo en face de Notre-Dame).
La mise en scène sans style de Hooper (qui sait visiblement incliner sa caméra, pensant faire des cadres originaux) et sans le moindre souffle épique rend le film long, pénible et vraiment cucul (et je ne parle même pas des chansons à périphrases entre Cosette et Marius). Les maquillages, costumes et coiffures (oh les litres de laque!) sont outrageusement laids (les Thénardier semblent directement sortis d'un mauvais Tim Burton).
Dans ce Paris en carton pâte, seuls quelques moments parviennent à faire décoller le film et à le rendre épique (mais ils sont très très très rares), c'est bien dommage pour un film de 2h30. Le final est un summum de kitsch, avec une réunion de tout les personnages décédés sur une barricade. 
"Les Misérables" n'est que le fade filmage de la comédie musicale, sauf qu'ici, on est pas au théâtre, mais bien devant un écran. Transposer d'un médium à l'autre sans la moindre réflexion ne sert vraiment à rien. Et c'est bien le problème ici, autant acheter le DVD ou le CD du musical, il n'y aura pas de tromperie sur la marchandise. Inutile donc de se déranger pour "Les Misérables", largement dispensable.

La note de Tinette : 2,5/5
La note de Juani : 2/5

mercredi 13 février 2013

FLIGHT

2h18 - Sortie le 13 février 2013

Un film de Robert Zemeckis avec Denzel Washington, Don Cheadle, John Goodman
Whip Whitaker, pilote de ligne chevronné, réussit miraculeusement à faire atterrir son avion en catastrophe après un accident en plein ciel… L’enquête qui suit fait naître de nombreuses interrogations… Que s’est-il réellement passé à bord du vol 227 ? Salué comme un héros après le crash, Whip va soudain voir sa vie entière être exposée en pleine lumière.

La Moyenne des Ours : 3,8/5

La pensée de Juani : 3/5
On ne peut pas dire que je me suis ennuyée, j’ai même été émue. Mais j’ai été la moins emballée du quatuor par ce personnage qui lutte contre les enquêteurs, ses démons, son addiction, mais qui – j’en ai eu l’impression – ne veut pas s’en sortir. Le personnage est égoïste, menteur... et d’un coup, il a un déclic, ne peut prononcer un mensonge de plus… C’est une belle histoire mais quand le personnage lui-même ne veut pas s’en sortir, et bien moi, je ne peux rien pour lui. Rien à voir, mais il faut noter que Zemeckis se fait plaisir avec la séquence d’ouverture : une jolie brunette nue déambule à l’écran pendant 5 bonnes minutes ! Moi j’ai préféré la performance de Don Cheadle qui joue un avocat sûr de ses compétences mais fidèle a certaines valeurs morales surtout face à John Goodman, grand excentrique qui apparaît tout juste ce qu’il faut.

Le point de vue de Pépite : 4/5
Flight nous prouve qu'on a beau dire, le cinéma américain a toujours des petites pépites cinématographiques à nous proposer. Flight est de ces grosses machines hollywoodiennes qui se révèlent être en fait de vrais films.
Zemeckis fait très fort tout au long du film au niveau de l'écriture, du montage, de la mise en scène et de la direction d'acteur. Sans aller dire que tout est parfait, tout est néanmoins pensé au millimètre pour provoquer de l'émotion. Dans cette veine-là, la séquence du crash de l'avion qui survient au début du film est un petit bijou d'écriture, de montage et de mise en scène : le suspense et l'angoisse sont présents tout du long et Zemeckis joue avec nos nerfs en multipliant les signes annonciateurs et mensongers.
On se fait avoir progressivement tout au long du film car il n'y a pas qu'un seul leurre devant chaque retournement de situation, non : le personnage de Denzel Washington (extrêmement fort et de plus en plus touchant sur la durée) abandonne, se remotive, abandonne à nouveau et finalement continue et ce dans un seul plan ! Chaque image ou action est contredite, reproposée, etc. On ne peut pas s'ennuyer, on peut juste ressentir une éventuelle frustration : on accompagne réellement ce personnage dans son combat contre l'alcool et chaque rechute nous plombe autant que lui.
Flight est une belle histoire, savamment mise en scène en empathie avec le spectateur qui ne peut qu'être suspendu à la narration. Les comédiens sont tous au diapason (Goodman est vraiment excellent !) pour nous faire profiter un maximum : une réussite.

Le Mot du Comte : 4/5
Sous ses faux airs de film hollywoodien calibré à outrance, "Flight" est en réalité un vrai plaisir de cinéma, même si parfois, on ressent quelques vagues de creux.
La réussite du film tient en premier lieu grâce a son scénario habilement écrit, où chaque élément est à sa place, où tout est payé, où tout se tient parfaitement, sans pour autant que cela se voit, ni lasse le spectateur. Le plaisir du film vient du traitement qu'en fait Zemeckis, qui maîtrise totalement son contenu et dissémine ici et la des idées de mise en scènes discrètes mais  néanmoins très intéressantes.
L'on suit Whip (Denzel Washington, vraiment formidable) dans son combat contre son addiction, perdant un à un ses alliés, les regagnant difficilement pour les reperdre ensuite. Whip est une icône abîmée, à l'image de sa voiture (une berline démodée, dont la propreté de la carrosserie évolue en parallèle de son état tout au long du film) qui choisit d'évoluer, évitant ainsi le happy-end scénaristique qui était à portée de main. Si Washington brille dans "Flight", il est épaulé par l'inénarrable John Goodman, qui signe ici sa meilleure performance depuis celle, déjà déjantée, de "The Big Lebowski". Le reste du casting, Don Cheadle notamment, se tient un peu en retrait, rôles ingrats oblige.
D'allure classique, mais moderne de par la morale qui en découle (sur le héros public abîmé qui trouve par lui-même le chemin de la paix), "Flight" propose autre chose que son simple postulat et Zemeckis va au delà, exploitant son scénario jusqu'à la moelle, mais ne manquant pas de régaler le public avec une spectaculaire scène de turbulences et de crash (à la tension insoutenable) et des scènes d'apparences désuètes mais au suspense intense (la chambre d'hôtel, son frigo et ce plan étiré sur une fiole de vodka, l'audience finale). Et pour arriver à ce résultat, il faut être sacrément fort.
Cependant, Zemeckis adopte une posture assez paradoxale. Il semble livrer une critique assez acerbe du fanatisme religieux de son pays (notamment lors d'une scène avec le copilote blessé et sa femme très croyante) mais cette critique s'efface lors des dernières minutes du film (puisque Dieu devient alors le sauveur de Whip, jusque là pas très croyant). Dommage d'avancer ainsi pour ensuite reculer.
Dommage également que le scénario n'exploite pas davantage la relation entre Whip et Nicole (la toxico) ou celle entre lui et son fils. C'est peut-être pour cela que l'on ressent quelques appels d'airs pendant les 2h18 de film.
Malgré ces légers défauts, "Flight", film bien fait par le mésestimé Zemeckis, vaut largement le détour et ne vous donnera plus du tout envie de prendre l'avion.

La note de Tinette : 4/5

mardi 12 février 2013

ELEFANTE BLANCO

1h50 - Sortie le 20 Février 2013

Un film de Pablo Trapero avec Ricardo Darin, Jérémie Renier et Martina Gusman
Le "bidonville de la Vierge" dans la banlieue de Buenos Aires. Julian et Nicolas, deux prêtres et amis de longue date, œuvrent pour aider la population. Julian se sert de ses relations politiques pour superviser la construction d'un hôpital. Nicolas le rejoint après l'échec d'un projet qu'il menait dans la jungle, où des forces paramilitaires ont assassiné les habitants. Profondément choqué, il trouve un peu de réconfort auprès de Luciana, une jeune assistante sociale, athée et séduisante. Alors que la foi de Nicolas s'ébranle, les tensions et la violence entre les cartels dans le bidonville augmentent. Quand le ministère ordonne l'arrêt des travaux pour l'hôpital, c'est l'étincelle qui met le feu aux poudres.

Le point de vue de Pépite : 3,5/5
Elefante Blanco est un joli film embrassant avec subtilité autant de thèmes que l'entraide, la foi, la vocation l'amitié, la misère...
L'ayant vu au Festival de Cannes l'an passé, je ne me souviens que peu des défauts, et beaucoup plus de ses qualités, comme sa distribution par exemple. Les comédiens principaux sont vraiment excellents : Ricardo Darin est prodigieux comme à l'habitude, Gusman pareillement et Jérémie Rénier quant à lui étonne ! Il est vraiment très bon, très à l'aise dans l'univers de Trapero et également en espagnol ! 
Les décors enfin sont grandioses, cette Cité de Buenos Aires notamment, le "bidonville de la Vierge", est une vraie cour des Miracles latine, pleine de vie mais aussi de problèmes. L'histoire, entre film social et film sur la foi et l'amour, réussit à nous intéresser à chacune de ses facettes, sans que l'ennui pointe le bout de son nez. C'était une très jolie surprise à Cannes l'an passé, elle le sera également probablement pour vous lorsqu'il sera sorti en salles.

lundi 11 février 2013

TU HONORERAS TA MÈRE ET TA MÈRE

1h32 - Sortie le 6 février 2013

Un film de Brigitte Roüan avec Nicole Garcia, Éric Caravaca, Patrick Mille
Les Dieux n'aiment pas que l'on force le destin. Quand Jo débarque en Grèce avec ses fils, alors qu'elle sait que le festival qu'elle a créé est annulé pour cause de crise. Quand elle squatte une maison parce qu'on ne la loge plus. Quand elle force la main du maire pour faire quand même un "petit" spectacle... Les Dieux la punissent : ses fils lui font la gueule, le spectacle dégénère et son petit-fils couche avec une Grecque du village. Ils sont tous virés, c'est la fin d'une époque de sa vie.

Le Mot du Comte : 1,5/5
Le temps passe très très lentement devant "Tu honoreras ta mère et ta mère", comédie qui dépeint les relations d'une matriarche avec ses quatres enfants et leurs descendances, sous le soleil d'une Grèce frappée par la crise (mais qu'on se rassure, le film se passe au trois quarts dans une somptueuse villa au bord de la mer).
Cette mère fatigante, au débit incompréhensible, c'est Nicole Garcia. Elle même est chapeautée par sa propre mère, Emmanuelle Riva qui, pour une fois, ne sonne pas trop faux (elle est même assez malicieuse). Le reste du casting n'est pas bien inspiré, parce qu'il n'a pas le matériau pour l'être.
En effet, le scénario est creux, remplit d'anecdotes et non d'intrigues. Les situations (parfois comiques, parfois moins) s'enchaînent dans un bordel vide de sens, le tout agrémenté des projections mentales pas très utiles des fils et de la mère (Garcia sur un char, Garcia à bord d'une galère, etc). Le film de Roüan se veut une allégorie sur Oedipe (ou une énième variation du film sur la famille, on ne sait pas trop), entre deux clichés sur la Grèce (la musique de sirtaki, la procession religieuse, etc). Niveau originalité on aura fait mieux. 
Le résultat est donc plutôt fade, le film aurait pu se dérouler en Champagne-Ardennes, cela n'aurait rien changé. Dommage que certaines blagues tombent vite dans le private joke. Car "Tu honoreras ta mère et ta mère" donne l'impression d'avoir été écrit pendant un apéro entre potes. Bien difficile alors, d'y rentrer pleinement.

GAMBIT : ARNAQUE À L'ANGLAISE

1h30 - Sortie le 6 février 2013

Un film de Michael Hoffman avec Colin Firth, Cameron Diaz & Alan Rickman
Pour voler Lionel Shabandar, l'un des hommes les plus riches d'Angleterre, Harry Deane monte une arnaque minutieusement pensée avec l’aide de son complice. Il espère lui vendre un faux Monet. Pour la réussite de son plan, il a besoin d’une reine du rodéo excentrique et imprévisible tout droit venue du Texas, qui doit prétendre que son grand-père a dérobé le tableau à la fin de la Seconde Guerre mondiale...

La Moyenne des Ours : 2,7/5

Le point de vue de Pépite : 2,5/5
Gambit est un film d'escroquerie et de vengeance savamment écrit et bien interprété.
Le scénario du film de Michael Hoffman est savoureux, drôle et bien construit. Il y a des clins d'oeil, des références au sein du film, des quiproquos souvent excellents, et les comédiens principaux s'en délectent. 
Mais le film n'a en réalité "rien de spécial". C'est une comédie d'arnaque amusante mais largement oubliable. Il en aurait probablement été complètement autrement si les Frères Coen avaient signé la mise en scène, insufflant alors la quantité de vie et de style qu'il manque au film de Michael Hoffman.

Le Mot du Comte : 2,5/5
"Gambit : Arnaque à l'anglaise" pourrait servir d'exemple. Un exemple pour démontrer à quel point les liens entre scénario et mise en scène sont vitaux pour signer un film cohérent. Écrit par les frères Coen, le scénario est plutôt malicieux et riche en coups de théâtre. Hélas, il n'est guère sublimé par la mise en scène impersonnelle de Michael Hoffman. La faute également a un problème de rythme dû a un montage très plat. Si on retrouve l'univers des Coen dans certains personnages (le Major, les portiers de l'hôtel), l'ensemble vire quasiment à la parodie de leur univers.
Le trio principal (Firth, Diaz et Rickman) ne semble pas du tout impliqué dans le film. Cameron Diaz n'arrive pas du tout à s'intégrer dans cet univers et provoque une certaine gêne, tant elle semble ne pas se sentir à l'aise. Firth et Rickman s'en sortent, mais semblent un peu coincés par la minceur de leurs personnages.
Ces problèmes de casting sont également un élément défaillant de la mise en scène d'Hoffman.
Si certains gags et qui pro quo sont amusants, certaines scènes sont interminables (le gag du pantalon dans l'arbre et du vase Ming retombe à plat très vite). Heureusement qu'on ne s'ennuie pas.
Au final, Gambit est plutôt sympathique, mais aurait pu être autre chose qu'un scénario enregistré.

La note de Juani : 3/5

AB IRATO : SOUS L'EMPIRE DE LA COLÈRE

1h42 - Sortie le 6 février 2013

Une vidéo de Dominique Boccarossa avec Joël Lefrançois, Yann Goven, Agnès Belkadi
Deux adolescents détiennent en otage le fils d’un riche industriel. Un policier, en proie à des doutes existentiels, les suit à distance avec une indolence proche de l'indifférence. La présence de l'homme d’affaires et de sa femme sur les lieux du drame provoque une situation conflictuelle extrême et irréversible.

Le Mot du Comte : 0/5
La nouvelle perle du cinéma indépendant français (entendez sous-financé et à la sortie confidentielle), c'est "Ab Irato: sous l'empire de la colère", un titre bien pompeux pour un contenu si vide.
Hormis le fou rire involontaire déclenché par les premières minutes du film, aucun sentiment, aucune émotion ne se dégage de ce plat métrage abstrait. L'esquisse d'une histoire se déploie devant nos yeux à la vitesse d'un escargot (le film se compose de plans séquences qui durent au minimum 2 minutes, exception faite du tout premier plan qui doit bien durer 5 bonnes minutes). Comme elle n'a rien à filmer, la caméra, jamais fixe (elle "plane") filme l'autour, décadrant systématiquement des personnages quasi-muets qui errent sans but dans des champs de choux-fleurs, ou de maïs, on ne sait pas trop. Puis, un homme obèse au souffle aléatoire avance et hume la terre, avant de faire quelques mètres dans sa voiture et de regarder les voitures passer sur une route (mais attention, la route est hors-champs, ne soyons pas fous).
Des champs et un ciel gris, voilà ce qu'est "Ab Irato", rien d'autre. Boccarossa ne sème chez son spectateur que l'ennui, l'effroyable ennui, ou la nausée de cette caméra qui ne sait quoi filmer. La musique, présente uniquement au début du film, est un espèce de mélange étrange entre des chants grégoriens et des accords de guitare électrique joués au hasard. Su-per.
Les comédiens, quand ils ont des choses à dire (abstraction du texte, bah oui, quand c'est abstrait c'est plus arty), tombent vite dans la théâtralité (l'homme d'affaire et sa femme qui se vouvoient, parce que c'est bien connu, les nobles d'aujourd'hui font encore cela). Sinon, ils marchent, mangent des sandwich, marchent et jouent avec des sacs plastiques.
On se demande bien quelle peut être l'utilité d'un tel dispositif? Montrer la vitalité des terres agricoles françaises? A quoi peut bien servir une telle vidéo? Vidéo oui, car ici un film reste encore à faire. Encore un métrage dont la note d'intention est amplement supérieure au résultat. Si vous voulez vous faire une idée, jetez un oeil à la bande-annonce, c'est bien suffisant. Sinon, allez voir un vrai film.

jeudi 7 février 2013

GANGSTER SQUAD

1h53 - Sortie le 6 février 2013

Un film de Ruben Fleisher avec Sean Penn, Josh Brolin, Ryan Gosling et Emma Stone
Los Angeles, 1949. Mickey Cohen est un parrain impitoyable de la mafia qui dirige la ville et récolte les biens mal acquis de la drogue, des armes, des prostituées et – s’il arrive à ses fins – de tous les paris à l’ouest de Chicago. Tout ceci est rendu possible par la protection, non seulement des hommes de mains à sa solde, mais également de la police et des hommes politiques qui sont sous sa coupe. Cela suffit à intimider les policiers les plus courageux et les plus endurcis… sauf, peut-être, les membres de la petite brigade officieuse de la LAPD dirigée par les Sergents John O’Mara et Jerry Wooters qui, ensemble, vont tenter de détruire l’empire de Cohen.

La Moyenne des Ours : 2,3/5

Le point de vue de Pépite : 2,5/5
Le problème de Gangster Squad est qu'il ne propose rien de nouveau. Rien, nada. Tout est déjà vu, et c'est d'ailleurs plutôt dommage. Le casting était plutôt alléchant, l'esthétique avait plutôt l'air soigné (au vu de la bande-annonce) et un film sur la mafia américaine dans les années 40/50 est toujours plutôt intéressant à voir. Mais on ne peut en effet que vous conseiller de voir d'autres films sur ce thème, Gangster Squad n'étant pas très original.
Ces personnages (assez archétypaux) sont néanmoins plutôt intéressants et les "policiers" notamment forment un petit groupe hétéroclite qui aurait pu promettre... Mais à part les personnages de Anthony Mackie (noir américain qui souhaite "laver" son quartier) et Giovanni Ribisi (le "geek" de la bande), ils ne sont finalement que des archétypes assez peu développés. Même Josh Brolin et Ryan Gosling ne sortent pas trop leur épingle du jeu, dommage.
Outre Emma Stone qui hérite d'un rôle de faire-valoir sans grand intérêt (elle reste néanmoins une icône glamour indétrônable !), Sean Penn est vraiment caricatural au possible.
On ne passe néanmoins pas un trop mauvais moment, les scènes attendues sont là et les scènes d'action sont assez divertissantes.
Pas une nécessité, mais pas une calamité non plus.

L'Opinion de Tinette : 3/5
Bon. Non ce film n'est pas un chef d'oeuvre, il est loin d’être inoubliable et ne restera gravé dans la carrière d'aucun des acteurs. Il n’empêche qu'on passe un bon moment. Ce film m'a réconciliée avec les films de gangsters qui pour moi sont tous les mêmes. 
Deux éléments m'ont vraiment dérangée cela dit : premièrement le maquillage (et le personnage au final) de Sean Penn. On dirait "Elephant Man" avec un pistolet, et ça ne passe pas du tout. Deuxièmement... le scénario bien que correct est dans l'ensemble assez prévisible. On arrivait à prévoir les scènes avec ma voisine - j'ai nommé Juani. 
Mais voilà je ne me suis pas ennuyée un seul instant : j'ai pleuré, j'ai ri (car oui c'est drôle). Gangster Squad utilise les codes des films de mafia et les mêle avec des éléments plus modernes (un peu d'humour, des effets spéciaux, des mouvements de caméra peu vus dans ce genre de film). Je le définirai comme un film de gangsters grand public. 
On y voit mine de rien un très bon casting (Brolin, Stone, Gosling pour n'en citer que quelques uns) qui "sauve" peut-être le scénario qui est un peu simple. 
Un bon divertissement, avec un casting en or, de beaux effets et mine de rien une belle histoire. 
Je peux comprendre la déception des fans du genre, mais moi c'est ce qu'il me fallait. 

Le Mot du Comte : 0,5/5
"Gangster Squad" est un film affligeant. Affligeant de par son scénario vide et scolaire, écrit par des faiblards (tagline et bons mots sont au rendez-vous), qui aligne tout les clichés du genre auquel il s'adosse, en ne manquant pas de pomper les grands films auxquels "Gangster Squad" tente de se hisser, sans succès.
Manichéen, bourré de stéréotypes (et dès la cinquième minute : le sous-fifre qui échoue est tué par son patron, évidemment) et d'incohérences, le scénario emploie des personnages pantins qui se conduisent de manière artificielle. Exemples : pourquoi l'ami de Gosling se met-il subitement à vouloir protéger Emma Stone au péril de sa vie ? Pourquoi Cohen se réfugie-t-il dans un grand hôtel, si ce n'est pour faire genre ? De telles grosses ficelles et raccourcis rendent la plupart des séquences ultra prévisibles (le châssis de la bagnole qui casse, le piège à Chinatown), résultat : on s'emmerde ferme! Les gens meurent et on s'en fout.
Dans ce Los Angeles glamour à l'exotisme en carton-pâte (et en infographie, of course), les comédiens sont tous nuls, à des degrés différents. La palme revient à Sean Penn, qui n'a jamais livré de performance aussi caricaturale et grossière. Il s'égosille, s'agite pour rien, car il n'a aucun enjeu à défendre, si ce n'est celui de boss de jeu vidéo (le dernier quart d'heure est une bonne illustration de la structure en jeu vidéo du film, avec son boss de mi-niveau - l'homme de main borgne vilain pas beau, et le boss Penn, dans un combat de boxe à deux sous). Sa performance emprunte la gestuelle de Sarkozy et un accent italo-juif sorti d'on ne sait d'où (à cela ajoutons son nez et ses arcades gonflées par les prothèses en latex). Répugnant. Face à lui, rien de bien joli non plus. Josh Brolin ne transmet aucune émotion. Ryan Gosling, coquille vide, donne l'impression de défiler sur un podium (à croire qu'il ne choisit désormais ses rôles qu'en fonction des costumes qu'il portera) et fait partager au monde entier son timbre de voix très féminin. Ratage. Emma Stone occupe un rôle de prostituée potiche. Il fallait une femme pour une romance à la noix (absolument pas exploitée par ailleurs), la voilà. Le reste du casting ne brille pas non plus, car stéréotypé : le vieux cowboy qui reprend du service, l'ingénieur qui sait tout faire et les bonnes minorités (un noir et un latino) qui viennent apporter leur pierre à l'édifice, dans une vision très naïve du melting pot américain. Un bien joli gâchis.
Au niveau mise en scène, c'est du toc. Ruben Fleischer ne sait pas quoi faire de son film, s'il doit en faire une parodie, ou un film sérieux. Quoiqu'il en soit, c'est très fastidieux, c'est vide. Et pour masquer ce vide, Fleischer pompe sur les grands classiques du film de gangsters (les vrais films de gangster) comme "LA Confidential" ou "Les Incorruptibles" (dont la storyline est la même, et il y a même une scène de fusillade dans un grand escalier).
Et quand il n'a plus rien à filmer, Fleischer sombre dans l'étalage d'une violence ridicule et parvient tout de même à styliser du rien. Bel exploit. Le ridicule étant atteint dans les inutiles ralentis (qui tournent au vidéoclip), quand Penn saisit une mitraillette et fait exploser une boule de Noël. De qui se moque-t-on ? Il y a une voix off, mais à quoi sert-elle ? A enfoncer la morale réactionnaire du film (il y a quand même des plans répugnants - et au ralenti, sur des policiers et leurs insignes en gros plans quand la voix off dit "le bon policier qui veille dans l'anonymat") ? Hallucinant.
Pour finir, la musique grandiloquente de Jablonsky, pompée sur le style de Hans Zimmer, n'arrive pas à masquer le vide abyssal des séquences qu'elle habille.
Rien à sauver dans ce navet dispensable condamné à l'oubli.

La note de Juani : 3/5

mercredi 6 février 2013

SHADOW DANCER

1h42 - Sortie le 6 février 2013

Un film de James Marsh avec Clive Owen, Andrea Riseborough, Gillian Anderson, etc.
Collette, jeune veuve, est une républicaine, vivant à Belfast, avec sa mère et ses frères, de fervents activistes de l’IRA. Suite à son arrestation après un attentat avorté au cœur de Londres, Mac, un agent secret du MI5, lui offre le choix : passer 25 années en prison et ainsi perdre ce qu’elle a de plus cher, son fils, ou espionner sa propre famille. Elle décide de faire confiance à Mac, et retourne parmi les siens…

La Moyenne des Ours : 3/5

Le Mot du Comte : 3/5
"Shadow Dancer" est ce qu'on pourrait appeler un film d'atmosphères. Marsh dépeint, avec une ambition réaliste certaine, une ambiance, celle des combats de l'IRA contre l'occupant anglais dans les années 90. Le conflit se centralise autour d'une famille, celle de Colette (Andrea Riseborough, qui dissimule en elle une vraie puissance émotionnelle).
En face, Clive Owen devient touchant lorsqu'il quitte son côté bureaucrate d'agent du MI5 et laisse parler ses sentiments d'homme (la scène du baiser soulage et montre que les personnages ressentent des choses).
Car c'est bien le problème de "Shadow Dancer", ses personnages. Si ceux-ci sont très peu caractérisés (hormis par leur fonction sociale), leurs relations ne sont pas assez exploitées (à part celle entre Kevin, l'inquisiteur de l'IRA, et Colette). En découle alors des scènes assez plates qui ne comptent que sur le contexte historique (le conflit IRA/UK) plus que sur d'éventuels tensions et enjeux entre les personnages. C'est dommage.
Dommage, car le scénario est plutôt bien construit et riche en rebondissements (notamment le dernier quart d'heure). Marsh instaure une tension, mais celle-ci s'étale sur 1h30 sans jamais vraiment atteindre de pic. Plusieurs pistes (relations mère/fille, relation entre Owen et sa hiérarchie) sont peu exploitées. Une des forces du film repose dans sa fin, vraiment amère et triste pour le personnage de Clive Owen, qui invite à reconsidérer les idées qu'on se faisait du personnage d'Andrea Riseborough. Il est regrettable que cette invitation à la double lecture fasse plus office de gadget que de vraie intention filmique. "Shadow Dancer" possède de vrais défauts, mais a au moins le mérite de n'être ni ennuyeux, ni pompeux.

Le point de vue de Pépite : 3/5
Shadow Dancer est un film beau et intéressant, mais qui manque parfois de relief.
Ce qui est très intéressant, c'est que James Marsh choisit ici de s'intéresser aux agissements de l'IRA dans les années 90 (soit quelques années avant le cessez-le-feu en 1997) au travers l'histoire d'une femme et de sa famille. Cette femme, c'est Collette, la soeur de fervents activistes de l'IRA, qui se voit proposer un marché : être une taupe au service du MI5, et en échange elle pourra prétendre à une nouvelle vie avec son fils.
Le sujet a tout d'explosif, mais il ne décolle jamais réellement. Oui, il y a quelques scènes qui peuvent faire l'effet de retournements de situation, quelques surprises et moments d'angoisse et d'action. Mais c'est toujours un peu en deçà de l'atmosphère lourde et brumeuse du film et de l'interprétation des comédiens. Ces comédiens sont tous globalement bons, à commencer par Andrea Riseborough, magnifique force tranquille qui hypnotise littéralement le spectateur. Clive Owen est très bon lorsqu'il s'agit de montrer qu'il n'est pas en position de force au sein même du MI5 et qu'il sent qu'il y a quelque chose de pas net qui se trame. La mère (Brid Brennan) est très mystérieuse mais également très communicatrice d'émotion, les deux frères on les retrouve avec plaisir (Aidan Gillen est notre cher Lord "Little Finger" Baelish dans Game of Thrones, et Domhnall Gleeson le Bill Weasley d'Harry Potter ou encore Kostya Levin de Anna Karénine) mais n'ont pas grand chose à "se mettre sous la dent". En effet, ces derniers pâtissent d'un scénario sans beaucoup de relief et d'action, ils ont donc assez peu de scènes et on discerne assez peu clairement le contour des personnages. Le tueur Kevin Mulville (David Wilmot) a le droit a un peu plus de place et d’ambiguïté dans le scénario et il s'en sort plutôt bien quant à lui.
La fin peut surprendre, mais elle est cohérente et de qualité, et elle aurait méritée une préparation plus en amont le long du film qui quant à lui aurait gagné à être un peu plus rythmé. Shadow Dancer est néanmoins un film de qualité, sa photographie et sa mise en scène étant plutôt irréprochables.

mardi 5 février 2013

CRAWL

1h35 - Sortie le 30 janvier 2013

Un film de Hervé Lasgouttes avec Swann Arlaud, Anne Marivin, Nina Meurisse, Gilles Cohen, etc.
En Cornouaille, dans une Bretagne bordée par l'océan, Martin enchaîne les petits boulots et les maigres larcins. Il sort depuis peu avec Gwen, une fille solitaire qui va nager chaque jour en haute mer, par tous les temps. Quand Gwen annonce à Martin qu'elle est enceinte de lui et qu’elle veut garder l’enfant, il prend peur et disparaît. Corinne, la sœur de Martin, a du mal elle à faire accepter l’arrivée d’un troisième enfant à Jean, son mari, déjà en prise avec des problèmes professionnels. Alors que Martin puis Jean partent à la dérive, Gwen et Corinne se débattent seules et essayent de redresser la barre. Jusqu'au jour où Martin est accusé de meurtre.

La Moyenne des Ours : 2,8/5

Le Mot du Comte : 2,5/5
"Crawl" est un premier film maladroit, tout en retenue. Maladroit dans son scénario et sa dramaturgie, qui aligne plusieurs petites intrigues à la suite qui changent radicalement au cours du récit (dont quelques unes ne sont pas vraiment accomplies - quid du départ au Mexique), ce qui peut provoquer quelques vagues creuses. Le titre du film est d'ailleurs un choix curieux puisqu'au final, l'histoire ne s'en sert pas vraiment (il s'agit du hobby de Gwen, et si l'idée de compétition est vaguement évoquée, on en reste là).
Hervé Lasgouttes émet des propositions intéressantes, de vraies bonnes pistes, mais qui restent le plus souvent, et c'est dommage, à l'état de pistes. Le filmage est rugueux, flottant (caméra épaule) et parfois riche en interactions entre le montré et l'entendu (du son électro sur de la mer par exemple est un postulat inédit, mais qui n'aboutit pas vraiment). Dommage que le naturalisme absolu l'emporte à chaque fois dans les premiers films français, et pourquoi diable faut-il toujours montrer les acteurs à poil ? Est-ce la garantie d'une réussite ? Je pense aux premiers films "Louise Wimmer", "Augustine", auxquels vient s'ajouter "Crawl".
Niveau casting donc, les comédiens incarnent avec justesse et pudeur (peut-être trop d'ailleurs) ces personnages de tout les jours. Swann Arlaud revêt une inquiétante étrangeté, on aurait aimé le voir partir plus à la dérive. Il est le seul, avec Gilles Cohen, à évoluer (mais encore une fois, de manière discrète).
S'il n'est pas désagréable et dégage une certaine force intérieure, le premier film d'Hervé Lasgouttes est bien trop calme, discret (tout le contraire de la mer ici filmée), comme s'il contenait volontairement son potentiel. Le second sera peut-être plus agité. A suivre.

Le point de vue de Pépite : 3/5
Crawl est un premier film humble et honnête, parfois un peu maladroit.
L'histoire de Crawl, ancrée dans le "réel" et le social, suit intelligemment les parcours de Martin (petit filou pas mauvais bougre) et de Gwen (solitaire passionnée de natation en haute mer) qui se répondent subtilement. L'un ne sait pas nager, l'autre s'entraîne en haute-mer. Martin a perdu sa mère (noyée) et a un père alcoolique, Gwen a ses deux parents mais déteste son père militaire... Il faut aussi compter sur le parcours de Corinne et Jean (soeur et beau-frère de Martin), qui agit également sur ceux de Martin et de Gwen. Tout est lié, sans avoir besoin de chercher très loin.
Et les comédiens font tous globalement honneur à leurs personnages, à commencer par Swann Arlaud et Nina Meurisse, très justes dans leurs interprétations (qui restent simples). Le premier, au regard reptilien et intelligent, intrigue toujours et la seconde, les pieds sur terre, surprend par sa grâce simple et tranquille. Gilles Cohen campe également son personnage avec force, bien qui semble au départ cabotiner un peu il sert finalement son personnage efficacement (son personnage cabotine, "joue à côté", et refuse de voir ce qu'il se passe vraiment devant lui).
On pourrait regretter enfin de ne pas toujours comprendre où l'on va. C'est pourtant louable, les scénaristes ne voulant pas disposer des ficelles grossières en prenant les spectateurs par la main, et on finit toujours par retomber sur ses pattes au détour d'une réplique ou d'un plan. Néanmoins parfois le temps peut sembler long dans l'intervalle.
Long, mais le plus souvent agréable, car la traversée de Crawl est plaisante et assez belle.

lundi 4 février 2013

LA TÊTE EN L'AIR

1h29 - Sortie le 30 Janvier 2013

Un film de Ignacio Ferreras avec les voix de Tacho Gonzalez et Mabel Rivera
Après une vie professionnelle bien remplie, la mémoire d'Emilio lui joue des tours. La maison de retraite devient alors une évidence. Il y rencontre Miguel avec qui il se lie d'amitié. A ses côtés, Emilio découvre un nouvel univers. Ses nouveaux amis sont pleins de fantaisie, ont des souvenirs aussi riches que variés, mais ont aussi leurs petites défaillances dues aux effets du temps. Alors que des premiers signes de la maladie d'Alzheimer apparaissent chez Emilio, Miguel et ses amis vont se mobiliser pour éviter son transfert à l'étage des "causes perdues", le dernier étage tant redouté de la maison de retraite. Leurs stratagèmes vont rythmer leurs journées et apporter humour et tendresse à leur quotidien.

Le point de vue de Pépite : 4/5
La Tête en l'air (titre original Arrugas : rides en espagnol) est un film d'animation très beau et très touchant.
Celui-ci raconte une histoire "incontournable" et connue d'un grand nombre de personnes. Peut-être avez-vous des proches souffrant d'Alzheimer ou tout simplement qui vivent en maison de retraite, quelques éléments de cette histoire vous seront alors familiers. Mais là où l'histoire racontée par Ignacio Ferreras et son équipe d'animation est inédite, c'est dans sa poésie. En effet, les souvenirs fantasmés de ces "viejitos" (petits vieux) sont souvent montrés à l'image ainsi que leurs égarements  On alterne entre séquences très près du réel (prises de médicaments, repas, salle de "repos", etc.) et d'autres complètement fantasmées (voyage sur l'Orient Express en direction d'Istanbul par exemple). 
Les deux personnages principaux, Emilio et Miguel (avec son accent argentin chantant) sont très intéressants. Emilio perd doucement la mémoire et on suit de très près son combat contre la maladie. De petites choses (Emilio perd son portefeuille et accuse Miguel) aux plus grands drames, Ferreras jette un regard très doux et très optimiste sur ses personnages. On nous montre en particulier un couple dont le mari, Modesto a un Alzheimer très avancé. Sa femme s'occupe de lui constamment, et alors même que les plus cyniques (comme Miguel, qui évoluera le long du film) pensent qu'il n'est plus qu'un légume, sa femme leur prouve que c'est faux, en chuchotant à son oreille un mot dont eux seuls connaissent la signification profonde ("Tramposo" : tricheur) le faisant systématiquement sourire.
La musique, grand plus responsable en partie de la poésie de La Tête en l'air, est très inspirée. Les dessins et l'animation sont simples, donnant au tout une forme de poème humble. Il est  impossible de ne pas ressortir en étant émus, tant ce film parle universellement du thème de la vieillesse. Une belle surprise, peu distribuée mais qui vaut le détour.

7 PSYCHOPATHES

1h50 - Sortie le 30 janvier 2013

Un film de Martin McDonagh avec Colin Farrell, Woody Harrelson, Christopher Walken et Sam Rockwell
Marty est un scénariste hollywoodien en panne d’inspiration. Confronté à l’angoisse de la page blanche, il peine à écrire son nouveau projet de film au titre prometteur : 7 PSYCHOPATHES. Son meilleur ami Billy, comédien raté et kidnappeur de chiens à ses heures, décide de l’aider en mettant sur sa route de véritables criminels. Un gangster obsédé par l’idée de retrouver son Shih Tzu adoré, un mystérieux tueur masqué, un serial-killer à la retraite et d’autres psychopathes du même acabit vont alors très vite prouver à Marty que la réalité peut largement dépasser la fiction…

La Moyenne des Ours : 2,75/5

Le point de vue de Pépite : 4/5
7 Psychopaths est un film déjanté qui manie avec humour une succession de mises en abîme scénaristiques osées.
Marty écrit un scénario, "7 PSYCHOPATHS" mais ne veut finalement pas que ce soit violent, parce qu'il est blasé par toute la violence gratuite devenue monnaie courante au cinéma. Mais son ami Billy ne l'entend pas de cette oreille (hors de question qu'il écrive un film français !), et Martin McDonagh - réalisateur du génial In Bruges (Bons Baisers de Bruges) -, non plus. En effet celui-ci met en place un univers très tarantinesque (au niveau de la violence, des répliques chocs, de l'humour noir) mais qui s'en éloigne par sa propension au mélange réel/fiction. Le narrateur du film est tour à tour Marty (Colin Farrell) puis son ami Billy (Sam Rockwell) et même son acolyte Hans (Christopher Walken). Cette narration raconte l'histoire du film, mais également du film dans le film, et des différentes versions qu'ils imaginent... Ce qui provoque naturellement une confusion, auprès du spectateur mais il semblerait presque même auprès des personnages eux-mêmes, qui de personnages de la 1ère fiction (celle de McDonagh) deviennent également personnages des différentes version du scénario de Marty (soit dit en passant, le diminutif du personnage principal rappelle bien entendu le prénom du réalisateur...).
Le méli-mélo dans lequel on sombre alors est selon moi des plus jouissifs. Les retournements de situations et révélations que nous réservent le scénario (il y en a un paquet !) sont vraiment poussifs, mais toujours surprenants et souvent très drôles. Colin Farrell est un peu effacé, ce qui sied néanmoins au personnage déphasé et dépassé par les évènements "bigger than fiction", Sam Rockwell est terrifiant car vraiment complètement malade (le vrai psychopathe du film, sans révéler rien de l'intrigue, c'est bien lui !) et Woody Harrelson est plutôt amusant dans son rôle de fou-dangereux. Enfin, Christopher Walken surprend car il réussit à donner vie à un personnage a priori peu intéressant, et il s'avère extrêmement touchant.
La fin est d'ailleurs étonnamment touchante elle aussi, apportant une touche un peu "douce-amère" à cette comédie loufoque et azimutée qui s'avère très divertissante. 

Le Mot du Comte : 1,5/5
Qu'on se le dise tout de suite, "7 Psychopathes", en voulant singer désespérément le style de Tarantino ou celui des Frères Coen (quand on a rien à dire, il faut bien meubler), se révèle être une sacrée bouffonnerie, et qui plus est, sacrément bâclée.
Commençons par le casting; si on passe outre le cabotinage insupportable de Sam Rockwell (dont le personnage, sous couvert d'être psychopathe, se révèle en fait être en carton), l'auto caricature de Walken et que Tom Waits a un lapin (accessoire de caractérisation?), il n'y a pas grand chose. Devant tant de talents gâchés, Colin Farell boit et se demande ce qu'il fait là. Seuls Woody Harrelson s'en sort (à peu près), ainsi que les rôles de second plan: la femme de Walken, les deux filous du prologue, etc.
Le scénario quant à lui, est complètement foutraque, explorant les pistes de son concept (mise en abîme lourdingue sur l'imagination d'un scénariste) de manière très vague. 
Sous couvert de délire (et il y a des films délirants réussis, "Bons baisers de Bruges" est un exemple parmi cent), "7 Psychopathes" tombe dans la private joke la plus hermétique. Alors oui, parfois, à de rares occasions, on rit, quelques échanges étant drôles. Puis on oublie. Si la musique est plutôt réussie, la faible qualité de l'image alourdit vraiment l'ensemble (même les paysages désertiques sont laids, c'est dire!)
McDonagh tente de masquer le manque d'uniformité et de cohérence de son scénario éclaté en  accumulant les histoires (dont celle complètement tarabiscotée du moine vietnamien qui n'apporte rien au reste du film) et les images mentales de Farell. C'est pénible, c'est poussif (et le listing "Psychopathe 1", "Psychopathe 2", etc. est vite fatigant).
C'est bien simple, l'intrigue principale aurait pu tenir sur un court-métrage de 30 minutes. Sauf qu'ici, McDonagh nous inflige toutes les fioritures inutiles que son maigre récit a vomi. Déception.

samedi 2 février 2013

AMITIÉS SINCÈRES

1h44 - Sortie le 30 janvier 2013

Un film de Stéphan Archinard & François Prévôt-Leygonie avec Gérard Lanvin, Jean-Hugues Anglade, Wladimir Yordanoff et Ana Girardot
Walter Orsini aime la pêche, un peu. Il aime la grande cuisine et les bons vins, beaucoup. Il aime aussi Paul et Jacques, ses amis d’une vie, passionnément. Il aime surtout Clémence, sa fille de 20 ans, à la folie. Mais il n’aime pas le mensonge. Pas du tout. Walter Orsini pense qu’en amitié comme en amour, on se dit tout. Il ne le sait pas encore, mais il se trompe...

La Moyenne des Ours : 3,4/5

L'Opinion de Tinette : 3/5
Dans l'ensemble j'ai été agréablement surprise. Quelques répliques ou scènes valent vraiment le coup. Les personnages sont crédibles et évitent pas mal de clichés habituellement vus dans les films français de ce genre. Je m'attendais à pouvoir prévoir les actions des personnages, mais non... j'ai même été étonnée parfois. Les acteurs sont bons dans l'ensemble, ils sont à leurs places, sauf Lanvin qui pour moi sonne trop souvent faux dans ce film. Je n'ai que peu de choses à dire sur celui-ci... C'est un bon moment, j'ai été surprise par sa petite force. 
Loin d’être un chef d'oeuvre, Amitiés Sincères reste un moment agréable.

Le Mot du Comte : 4/5
"Amitiés Sincères" est un film plein de fraîcheur et qui fait mouche, cela fait du bien. Le scénario, rigoureux, est remarquablement bien écrit, les personnages évoluent presque tous et chaque intrigue est parfaitement achevée lorsque le film finit. Il y a ici plusieurs, celle de Anglade/Girardot, couple caché, celle de Yordanoff, qui parvient après 30 ans à s'affirmer face à son ancien amant et celle de Lanvin, qui chapeaute l'ensemble, et arrive à pardonner et donc, à évoluer.
Lanvin donc, en père bourru, est très drôle. Ses éclats de voix désespérés ressemblent beaucoup à de l'autodérision. Anglade, Yordanoff et Ana Girardot (qui a enfin un bon rôle à jouer!) complètent très bien le casting et jouent les contrepoids face à Lanvin qui fait le pitre. Savoureux, le film ne manque pas d'émotion non plus, et c'est assez rare pour une comédie française. Une vraie bonne surprise.
On peut regretter les quelques niaiseries et facilités que l'histoire déploie, ainsi que la mise en scène assez impersonnelle. Toutefois, "Amitiés Sincères" vaut le détour, car il ne vend pas autre chose que ce qu'il est : un petit film humble, charmant et fait avec amour.

Le point de vue de Pépite : 3,5/5
Amitiés Sincères est un film touchant et bien écrit.
Certes, le scénario est adapté d'une pièce de théâtre, mais l'adaptation d'un roman ou d'une pièce nécessite toujours de se plier aux règles de la grammaire cinématographique, et dans le cas présent c'est selon moi réussi.
Seul le personnage de Gérard Lanvin est peut-être parfois exagéré. Il est selon moi le dernier vestige de la version "théâtre" : il parle trop fort, il n'écoute jamais, il est têtu, il est insupportable. Tout le reste de la galerie de personnage sonne très juste : de Jean-Hugues Anglade à Ana Giradot en passant par Wladimir Yordanoff, ils sont tous très simples et très justes.
Ils parviennent tous, même Lanvin qui est tout de même très drôle, à donner vie efficacement à leurs dialogues qui font toujours mouche en tombant aux bons moments.
Ce film humble et sympathique parvient à nous intéresser à plusieurs histoires distinctes savamment imbriquées, et cela sans que jamais l'ennuie ne pointe le bout de son nez. Rafraîchissant et bienvenu, on tombe sous le charme de ce sympathique et bon film français.

La note de Juani : 3/5