1h50 - Sortie le 6 Mars 2013
Un film de Pablo Larraín avec Gael García Bernal, Alfredo Castro et Antonia Zegers
Chili, 1988. Lorsque le dictateur chilien Augusto Pinochet, face à la pression internationale, consent à organiser un référendum sur sa présidence, les dirigeants de l’opposition persuadent un jeune et brillant publicitaire, René Saavedra, de concevoir leur campagne. Avec peu de moyens mais des méthodes innovantes, Saavedra et son équipe construisent un plan audacieux pour libérer le pays de l’oppression, malgré la surveillance constante des hommes de Pinochet.
La Moyenne des Ours : 3,8/5
Le Mot du Comte : 3/5
Ce qui est dommage avec "No", c'est que le film tend à ne compter uniquement que sur son sujet, quasiment inattaquable (un peuple qui, par le biais d'un vote, renverse une dictature). Le radical parti pris visuel, à savoir filmer avec des caméras d'époque et en format 4/3 afin de mieux mêler images d'archives et film, fait plutôt office de gadget ici. On se demande bien à quoi il sert.
Les personnages du camp du "No", comme la cause pour laquelle ils se battent, ne sont pas vraiment attaquables non plus. Ils sont tous des chevaliers blancs et manquent parfois de nuances. Il y a bien une petite critique du monde de la publicité et de son cynisme vis à vis de la manipulation des foules, mais celle-ci est bien trop ténue et pas à la hauteur des enjeux d'une telle élection.
Qui plus est, si le suspense est savamment entretenu concernant la finalité de l'élection (tout le monde ne connaît pas forcément l'histoire du Chili), il manque une étincelle, une flamme. Il manque la passion qui ferait décoller "No" vers autre chose qu'un sympathique film didactique. Didactique et bien trop sage.
Le point de vue de Pépite : 4,5/5
Pablo Larraín parvient avec No à rendre beau un parti pris visuel dépassé grâce à une histoire belle et au fort potentiel émotionnel qui transparaît dans l'interprétation géniale de comédiens tels que Gael García Bernal.
Le parti pris est le suivant : format 4/3 télévisuel, caméras et esthétique des années fin 80 - début 90 et plus particulièrement l'esthétique des telenovelas latino américaines. Il y a des halos pas bien beaux et de nombreuses surexpositions, on distingue les touches de rouge vert et bleu qui composent la couleur télé de l'image, etc. Mais au fur et à mesure du film, ce parti pris visuel est tellement cohérent qu'il en devient régulièrement beau, et cela grâce à l'histoire racontée : celle d'un publicitaire qui se charge de la campagne du "Non à Pinochet" en 1988. L'image du film se fond alors complètement dans les images d'archives qui agrémentent le film de Larraín si subtilement qu'on ne sait jamais si l'on est dans la réalité ou dans la fiction, confusion cohérente et inspirée, image de la vision de la publicité sur le monde.
Cette campagne du "Non" est débutée comme perdue d'avance par tous les personnages, mais progressivement l'idée qu'elle puisse vraiment fonctionner, qu'elle puisse vraiment changer la donne, fait son chemin. C'est dans ces moments où les personnages se font presque idéalistes (le politicien découragé, le cameraman engagé, le publicitaire fier de son travail, etc.), ou lorsqu'ils sont face à la dure réalité du régime de Pinochet (dans les scènes de manifestations durement réprimées par exemple) que l'on accède à des vrais moments de grâce.
No est un beau film, qui en plus d'être extrêmement touchant pour les chiliens ou même tous les latino américains (impossible de ne pas penser aux autres dictatures passées du continent, ou au régime actuel du Vénézuélien Chavez...), constitue réellement une histoire universelle et moderne. Les armes nihilistes de la publicité au service d'idéaux de liberté : frappant, fort et beau. Ne manquez pas ce film pertinent, cohérent jusqu'au bout des ongles et souvent frappé par la grâce. Gael García Bernal insuffle décidément beaucoup d'âme dans les projets auxquels il croit.
La note de Juani : 3,5/5
La note de Tinette : 4/5
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