mardi 19 novembre 2013

QUAI D'ORSAY

1h53 - Sortie le 6 novembre 2013

Un film de Bertrand Tavernier avec Thierry Lhermitte, Raphaël Personnaz, Niels Arestrup
Alexandre Taillard de Worms est un homme plein de panache qui plait aux femmes et est accessoirement ministre des Affaires Étrangères. Sa crinière argentée posée sur son corps d’athlète légèrement halé est partout, de la tribune des Nations Unies à New-York jusque dans la poudrière de l’Oubanga. Là, il y apostrophe les puissants et invoque les plus grands esprits afin de ramener la paix, calmer les nerveux de la gâchette et justifier son aura de futur prix Nobel de la paix cosmique. Le jeune Arthur Vlaminck, jeune diplômé de l’ENA, est embauché en tant que chargé du “langage” au ministère des Affaires Étrangères. En clair, il doit écrire les discours du ministre ! Mais encore faut-il apprendre à composer avec la susceptibilité et l’entourage du prince, se faire une place entre le directeur de cabinet et les conseillers qui gravitent dans un Quai d’Orsay où le stress, l’ambition et les coups fourrés ne sont pas rares... 

La Moyenne des Ours : 2,7/5

Le point de vue de Pépite : 3/5
"Quai d'Orsay" est une comédie politique réussie ayant su garder l'essence et la structure de la bande dessinée adaptée.
Le langage, voilà ce qui est au centre du dernier film de Bertrand Tavernier. Le langage, ainsi qu'une certaine confusion régnant Quai d'Orsay au Ministère des Affaires Etrangères que Tavernier a souvent su rendre hilarante. Tous les conseillers ont leur avis très arrêtés sur tout et n'importe quoi, la moindre démarche administrative est compliquée à l'absurde et la hiérarchie n'est compréhensible que pour les plus initiés. Le jeune Arthur Vlaminck (Raphaël Personnaz qui convainc en timide et maladroit conseiller, rappelant la fragilité de ces derniers rôles dans Au bonheur des Ogres ou même La Stratégie de la Poussette) est parachuté dans cet univers étrange dans une construction de comédie "hors-bocal" plutôt réussie.
Là où la structure de la bande dessinée originale semble respectée, c'est dans la juxtaposition des scènes, des gags, et des imbroglios politiques. En effet, même s'il y a un fil conducteur (Vlaminck doit composer le discours du ministre pour les Nations Unies), la découverte du lieu, des personnages et des conflits potentiels du Ministère prennent une place majeure, l'objectif principal s'y diluant.
C'est en soi une qualité car on prend bien le temps de nous présenter les personnages, les conflits, etc. Mais en même temps, on peut trouver le temps long. Les personnages sont attachants (tous les comédiens s'intègrent facilement et avec humour dans ces caricatures politiques de bande dessinée), les situations sont cocasses, mais le film aurait gagné en intensité si les enjeux avaient été plus forts. Mention spéciale à la musique, orchestrale et exagérée, qui souligne et renforce l'absurdité et l'humour du film.

La note du Comte : 3,5/5
La note de Juani : 1,5/5

lundi 18 novembre 2013

LES RENCONTRES D'APRÈS MINUIT

1h32 - Sortie le 13 Novembre 2013

Un film de Yann Gonzalez avec Kate Moran, Niels Schneider, Nicolas Maury et Eric Cantona.
Au cœur de la nuit, un jeune couple et leur gouvernante travestie préparent une orgie. Sont attendus La Chienne, La Star, L’Etalon et L’Adolescent.

Le mot du Comte : 1/5
Méprise. "Les Rencontres d’après Minuit", avec ses décors en cartons et sa théâtralité assumée aurait eu sa place en tant que pièce expérimentale au théâtre de la Colline. Sauf que voilà, "Les Rencontres d’après Minuit" est un film, et un mauvais film : maniériste et ridicule, jamais drôle et qui relève plus de l’exercice de style que de proposition de cinéma.
Le film, rencontre entre cinq acteurs dans une grande pièce en carton sortie d’un décor de SF des années 50, n’a tout simplement ni récit, ni véritable progression dramatique. Les personnages sont à peine esquissés et n’existent que par le nom qu’on leur accole, et encore. Car si La Chienne ou l’Étalon proposent des caractéristiques sexuelles (l’obsession puérile de Yann Gonzalez), qu’en est-il de l’Adolescent ?
Le jeu des acteurs est assez insupportable (palme de l’agacement à Nicolas Maury) et oscille entre un sous-jeu permanent (Alain-Fabien Delon) et du surjeu qui ne masque pas grand chose d’autre qu’un manque de confiance et de direction claire (Julie Brémond). Seul Niels Schneider tire son épingle du jeu.
Qui plus est, "Les Rencontres d’après Minuit" se croit drôle et provocant alors qu’il ne l’est pas. Parler cul, parler bite (si possible en plastique) et voir Cantona se prendre un jet en pleine figure, ce n’est pas drôle. Le film exulte une artificialité (décors, dialogues, mise en scène cheap) qui reste, hélas, artificielle.
La seule émotion est transmise par la musique de M83 (avoir un frère compositeur et doué, cela aide), sublime, et non par les images, d’une laideur outrancière, à l’exception des plans de la séquence finale en extérieur.
Ce pot-pourri soi-disant lyrique et soi-disant poétique ne tient que sur ses références, de Bunuel à Maya Deren (le fantôme miroir), Gonzalez ratisse large (du moins chez les initiés). De plus, le film est tellement rempli de symboles qu’on peine à discerner un propos unifié. A abuser du symbole, il perd en symbolisme, pour ne décoller que lors de sa dernière séquence : c’est dommage, sur un film d’une heure et demie.
Car voilà, "Les Rencontres d’après Minuit" est un film de mansarde, communautariste et nombriliste, qui ne semble viser qu’un seul public : celui du Mk2 Beaubourg. Film libre, à rapprocher d'un délire dont on ne comprendrait pas les ficelles (mais encore faut-il en faire quelque chose), "Les Rencontres d’après Minuit" ne sert absolument à rien, si ce n’est à flatter les élans snobs d’une certaine presse et d'une certaine frange de spectateurs.

IL ÉTAIT TEMPS

2h03 - Sortie le 6 Novembre 2013

Un film de Richard Curtis avec Domhnall Gleeson, Rachel McAdams et Bill Nighy
Alors que Tim vient d'avoir 21 ans, il apprend par son père qu'il peut voyager dans le temps.

La Moyenne des Ours : 4/5

Le point de vue de Pépite : 3,5/5
Richard Curtis réussit avec "Il était temps" à mêler le genre de la comédie romantique à une intrigue fantastique, sans jamais perdre l'humour british qui fait le charme de ses films.
Le voyage dans le temps, voilà un sujet que l'on n'attendait pas forcément au détour de la filmographie de Richard Curtis, réalisateur emblématique des comédies romantiques à l'anglaise. Il parvient à l'intégrer à son univers d'une façon si naturelle que l'on finit même par s'en vouloir d'avoir douté de sa place dans sa filmographie. Pas d'effets spéciaux tape-à-l'oeil nous renvoyant à l'expérience de voyage dans le temps, juste un procédé simple : Tim doit se tenir dans le noir (pièce sombre ou armoire), serrer ses poings et penser au jour où il veut retourner. "Il était temps" reste donc une comédie romantique et le fantastique n'est qu'une occurrence narrative, au même titre que le drame qui au détour de l'intrigue principale pointe le bout de son nez lors de scènes d'une justesse infinie.
Les excellents comédiens de Curtis (on retrouve Nighy avec plaisir, comme à chaque film) livrent une interprétation touchante et drôle de leurs personnages confrontés au voyage dans le temps dont est capable Tim.
Malgré le caractère fantastique de l'histoire du film, "Il était temps" nous touche comme si l'on voyait quelque chose de très réaliste et proche de nous, avec son humour british, ses scènes touchantes et parfois tristes. Une belle histoire.

La note du Comte : 4/5
La note de Juani : 4/5
La note de Tinette : 4,5/5

mercredi 13 novembre 2013

CARTEL

1h51 - Sortie le 13 novembre 2013

Un film de Ridley Scott avec Michael Fassbender, Penélope Cruz, Cameron Diaz
La descente aux enfers d’un avocat pénal, attiré par l’excitation, le danger et l’argent facile du trafic de drogues à la frontière américano-mexicaine. Il découvre qu’une décision trop vite prise peut le faire plonger dans une spirale infernale, aux conséquences fatales.

La Moyenne des Ours : 1,1/5

Le point de vue de Pépite : 1/5
Cormac McCarthy s'est consacré à 100% à de l'écriture de dialogues dans le bavard "Cartel" de Ridley Scott, omettant complètement d'écrire une histoire...
Au début de cette mise-en-image de dialogues par Ridley Scott - qui ne brille pas vraiment par sa mise en scène ici, on est plutôt en confiance. Les excellents comédiens qui incarnent les personnages de "Cartel" donnent vie aux grands mots de McCarthy, et l'introduction du film bénéficie de ce plaisir durant cette courte "période de grâce" où le spectateur peut "pardonner" au réalisateur de ne pas avoir tout de suite embrayé sur l'histoire... Mais hélas, cette histoire n'arrive jamais à dépasser le "demi-mot". On comprend bien les enjeux dramatiques, mais ceux-ci sont dilués par des dialogues de plus en plus imposants, et de moins en moins originaux, pertinents et jouissifs. Rapidement, nous observons le ping-pong de grands mots, comme si Bardem et Fassbender se disaient "un tien vaut mieux que deux tu l'auras", "Ah ouais ? Mais, pierre qui mousse n'amasse pas mouse !"... etc. Si on ne sort pas de la salle, c'est qu'au fond on est bien au chaud dans son fauteuil, et qu'on est curieux de voir si quelque chose va finir par arriver. Ce qui n'arrive jamais. Film décevant et bavard qui prouve que de bons dialogues ne sont rien sans histoire et mise en scène. Que Cormac McCarthy et Ridley Scott jettent un coup d'oeil à "Pulp Fiction", qui réussit là où "Cartel" échoue.

Le Mot du Comte : 1/5
Il y a un problème. Il y a un problème avec "Cartel", dernier film de Ridley Scott écrit par Cormac McCarthy, auteur, entre autres, de "No Country for Old Men" (adapté par les frères Coen). Si McCarthy sait écrire des romans, il ne sait certainement pas écrire de scénario. Car celui de "Cartel" est, en terme de dramaturgie, un mystère complet, un exemple parfait d’opacité. On ne comprend pas grand chose aux objectifs des personnages ni à leur machinations : que veulent-ils? que font-ils? Il y a bien là une affaire de drogue, mais elle est rendue si complexe par l’absence d’informations distillées tout au long du film que l’on n’y comprend rien (par exemple, quand les trafiquants récupèrent enfin leur drogue, pourquoi continuent-ils à poursuivre Fassbender et Bardem?).
Par contre, McCarthy a un certain talent pour écrire ses dialogues, ceux-ci sont pleins de belles formules et de bons mots. Sauf qu’au delà de leur caractère anecdotique (l’histoire du poisson-chat), ils ne servent parfois aucunement le récit, par ailleurs déjà mille fois vu. En effet, si la première partie du film se contente de montrer (de suggérer) un deal de drogue, la seconde tourne à la chasse à l’homme la plus basique. Et comme c’est McCarthy, l’on sait très bien comment cela va finir, et ce, dès le début (l’on en connaît même les détails les plus précis dès les 15 premières minutes, les plantings étant relativement grossiers). L’important, me direz-vous, n’est pas la destination, mais le trajet.
Or le trajet est signé Ridley Scott, et Ridley Scott ne sait pas filmer le désert. Sa mise en scène publicitaire est étriquée par un montage désastreux, où les plans ne dépassent jamais 5 secondes (et ces séquences de chargement de la drogue dans un camion ressemblent à Pimp My Ride in Tijuana). Qui plus est, l’ensemble est alourdit par une musique des plus médiocres. Résultat : on s’ennuie ferme devant cette histoire banale qui ne démarre qu’au bout de 45 minutes (!!!), qui finit dans l’indifférence la plus totale sans presque jamais dépasser le 1er degré.
Le casting est très bien fourni, mais hélas peu crédible. Fassbender joue un improbable avocat naïf sans le sou (malgré ses costumes Armani et son appartement à 5 millions) et qui demande conseil à ses clients malfrats (un comble pour un « counselor »). Il se met dans la merde sans que l’on ait jamais aucune empathie pour son idiotie. La direction artistique (calamiteuse, aussi bien au niveau des décors que des costumes) tente de refaire le succès du rôle qui avait valu à Bardem un Oscar en l’affublant d’une chemise bariolée et d’une coupe ridicule. Faute de personnage intéressant, c’est un ratage. Quant à Cameron Diaz (dont Bardem est amoureux), avec sa dent en or, ses tatouages et ses fringues de mauvais goût, on peine à croire que quelqu’un puisse un jour tomber en amour pour elle tant elle répugne. Et bien sûr, Scott ne manque pas de faire apparaître au casting quelques guests issus des séries TV (Game of Thrones & Breaking Bad) pour réveiller son public endormi.
Quelques moments viennent sauver l’ensemble du naufrage total : cette scène de demande en mariage entre Cruz et Fassbender, ou une autre où ce même Fassbender discute au téléphone, vers la toute fin du film.
Voilà ce qu’est "Cartel", un film plus cynique que nihiliste à la violence racoleuse et inutile. Malgré sa longueur, "Cartel" ne raconte rien, "Cartel" ne montre rien : un véritable somnifère filmé.

La note de Juani : 1,5/5
La note de Tinette : 1/5

lundi 4 novembre 2013

INSIDE LLEWYN DAVIS

1h45 - Sortie le 6 Novembre 2013

Un film de Joel et Ethan Coen avec Oscar Isaac, Carey Mulligan et John Goodman
Inside Llewyn Davis raconte une semaine de la vie d'un jeune chanteur de folk dans l'univers musical de Greenwich Village en 1961. Llewyn Davis est à la croisée des chemins. Alors qu'un hiver rigoureux sévit sur New York, le jeune homme, sa guitare à la main, lutte pour gagner sa vie comme musicien et affronte des obstacles qui semblent insurmontables, à commencer par ceux qu'il se crée lui-même. Il ne survit que grâce à l'aide que lui apportent des amis ou des inconnus, en acceptant n'importe quel petit boulot. Des cafés du Village à un club désert de Chicago, ses mésaventures le conduisent jusqu'à une audition pour le géant de la musique Bud Grossman, avant de retourner là d'où il vient.

La Moyenne des Ours : 4,2/5

Le mot du Comte : 5/5
Le dernier film des plus européens des réalisateurs américains est un grand film, d’une beauté époustouflante, et qui ne s’embarrasse d’aucun effet superflu. Si le scénario n’est pas son atout premier (et pourtant), "Inside Llewyn Davis" est un pur moment de cinéma, de par la maîtrise de sa mise en scène d’abord, puis par la rigueur dont font preuve les frères Coen dans la construction de leur filmographie, de leur oeuvre. 
Car cette Odyssée de l’échec, cette « unsuccess story » dans le Greenwich des années 60 est en parfaite symbiose avec l’univers que les deux réalisateurs élaborent depuis leurs débuts. Il n’est alors pas surprenant d’y trouver une bonne dizaine de références, que ce soit au niveau des personnages, tous mieux écrits et mieux interprétés les uns que les autres (les vieilles secrétaires, les imbéciles heureux, John Goodman) qu’au niveau du thème traité dans le film, à savoir la fatalité. La science du détail est telle que les passerelles avec les autres films des frères Coen sont très nombreuses. 
Llewyn Davis (tout comme le Llewelyn Moss de "No Country for Old Men") fait tout pour réussir. Rien n’y fait, il est maudit, condamné à l’échec, condamné à faire les mauvais choix et à regarder les autres réussir. Mais les Coen ne le traitent pas avec mépris, bien au contraire, Davis est érigé en symbole de la lose, un peu comme le Dude de "The Big Lebowski" ou le Larry Gopnik de "A Serious Man". Mais voilà, le ton du film est nouveau. Les Coen réussissent ici à passer du comique au tragique en un quart de seconde, comme lors de cette séquence d’accident nocturne, qui est peut-être la plus terrible (dramatiquement parlant) séquence vue depuis longtemps. Et ils sont aidés par une galerie de personnages de marginaux (loufoques, hypocrites, méchants, au choix) ou par un chat au prénom prémonitoire qui mène la barque de l'insuccès.
La force du film repose également dans son traitement de l’univers folk. Chaque chanson est jouée et interprétée en live, ce qui rend chaque séquence chantée particulièrement hypnotique. De plus, la sobre (mais somptueuse) photographie de Bruno Delbonnel rend l’ensemble envoûtant. La fatalité est désormais visible. Si certaines scènes sont de grands moments comiques (les dialogues sont merveilleux), l’ensemble du film laisse une sensation inédite pour un film des frères Coen, qui semblent inaugurer une nouvelle dimension du regard qu’ils portent sur l’Amérique, tout en respectant les bases qu’ils ont soigneusement tracées. Et comme d’habitude, tout le film semble être concentré dans son tout dernier plan. 
"Inside Llewyn Davis" est un nouveau sommet dans la carrière des frères Coen, et un sommet de cinéma tout court.

La note de Juani : 3,5/5
La note de Pépite : 4,5/5

PRINCE OF TEXAS

1h34 - Sortie le 23 Octobre 2013
Un film de David Gordon Green avec Paul Rudd et Emile Hirsch
Eté 1988. David et Lance travaillent ensemble sur les marquages d'une route endommagée par le feu. Tandis que l'un se languit de sa jeune épouse, l'autre ne pense qu'aux fêtes et aux filles...

La Moyenne des Ours : 1,8/5

Le point de vue de Pépite : 3/5
Esthétique simple et duo convainquant font de "Prince Avalanche" une pépite indé sympathique et juste.
C'est au final assez simple : David et Lance sont seuls, entre eux mais également avec eux-mêmes, au milieu d'une route peu encombrée du Texas. Ils ne s'entendent pas trop, chacun sait qu'il s'oppose à l'autre de par leurs personnalités, leurs objectifs, leurs passions, leurs hobbies. Mais leur travail rébarbatif de marquage de route, les deux personnages énigmatiques et touchants qu'ils croisent, et leurs aventures amoureuses apparemment opposées mais pourtant si proches... Tout va contribuer à les rapprocher jusqu'au point culminant du film, entre vandalisme et jouissance innocente et drôle.
Sans en dire plus, laissez-vous tenter par ce film simple et bien interprété, qui pourrait bien vous surprendre.

La note de Juani : 1,5/5
La note de Tinette : 1/5

ELECTRICK CHILDREN

1h33 - Sortie le 26 Juin 2013

Un film de Rebecca Thomas avec Julia Garner, Rory Culkin, Liam Aiken et Bill Sage
Rachel vit avec ses parents dans une communauté mormone de l’Utah. Le jour de ses 15 ans, elle découvre par hasard, sur un vieux magnéto, "Hanging on the telephone" interprétée par un rocker local. Rachel n’a jamais rien entendu de tel et vit ce moment comme une expérience exceptionnelle, mystique et sensuelle. Lorsque 3 mois plus tard elle est enceinte, elle soutient que c’est le fameux morceau pop rock qui en est la cause. Soucieux des convenances, ses parents tentent de la marier de force. Mais Rachel s’enfuit. Destination : Las Vegas, à la recherche du rocker, persuadée qu’il est lié au mystère de cette curieuse immaculée conception.

Le point de vue de Pépite : 3/5
Délicieusement rétro et indé, Electrick Children est parfois gauche et maladroit, mais toujours avec charme.
L'histoire assez folle, absurde et décalée est traitée de manière sensuelle par sa réalisatrice, qui place son actrice principale au cœur de ce film. L'étincelante Julia Garner, vue notamment dans We Are What We Are en sélection de la Quinzaine des Réalisateur à Cannes en mai 2013 (dans lequel on retrouve aussi Bill Sage) part assez naïvement à la recherche du chanteur ayant selon elle provoquée son "immaculée conception", voyage qui devient en fait un assez joli film d'initiation sur le passage à la vie adulte au travers d'expériences sensuelles, amoureuses et musicales. Julian "Rachel" Garner est accompagnée de Liam "M. Will" Aiken, arrivé là un peu par erreur et qui voudrait surtout retourner dans sa communauté mormone, de laquelle il a été renvoyé à cause de Rachel... Mais il va participer au voyage initiatique de Rachel, tout comme un certain nombre de personnages attachants, parfois désaxés, amusants, au milieu d'une narration un peu spéciale. Globalement, celle-ci est assez traditionnelle, mais ponctuellement le film est narré par Rachel au travers de l'enregistreur à cassette, le tout accompagné d'images à l'exposition originale (tantôt sur-exposé, tantôt sous-exposé)...
Charmant petit film indé d'initiation, à conseiller s'il arrive en DVD ou VOD dans nos contrées.

mercredi 23 octobre 2013

LE CAS KECHICHE

Le cinéaste Abdellatif Kechiche

Afin de répondre aux polémiques entourant la sortie de "La Vie d'Adèle", Abdellatif Kechiche a publié une tribune sur Rue 89, que vous pouvez retrouver ici.
Suite au caractère exceptionnel de l'affaire et son ampleur, Plog Magazine donne son avis.

Voici une lettre ouverte sous forme de réponse, qui tente de ne s'en tenir qu'aux faits.

"Cher M. Kechiche,

Je suis un nobody du cinéma, un cinéphile anonyme, las de toutes ces polémiques autour de votre film, dont je ne parlerais pas d’ailleurs, car ce n’est visiblement pas le sujet.

Vous affirmez avoir été sauvé par l’obtention de la Palme d’Or, sans laquelle vous seriez aujourd’hui « un réalisateur détruit ». Au contraire, votre palme d’Or (comme toutes les Palmes d’Or) n’a fait qu’attirer davantage l’attention sur votre film. L’obtention de cette récompense suprême expose et soumet au feu des polémiques. Chaque Palme en contient son lot, vous n’êtes pas le premier et ne serez pas le dernier. Il ne s’agit pas de vous, mais du système.
Avec votre film à 4 millions, quoi que l’on ait écrit sur vous, vous ne risquiez rien. À votre place, je craindrai beaucoup plus pour l’avenir cinématographique de Danièle Thompson ou Fabien Onteniente, dont les derniers films sont des fours économiques sans précédents. Et vous êtes très loin du cas de Leos Carax, qui a pourtant réussi son come back. Il y a pire que vous, M. Kechiche.
Concernant les anecdotes de tournage déformées, je n’entretiendrai pas les rumeurs infondées, mais vous êtes de mauvaise foi quand vous affirmez n’avoir « jamais retenu personne ». Vous savez très bien comment fonctionne le monde du cinéma et sa loi du silence. Vous savez pertinemment qu’un technicien qui se plaint et claque la porte a de fortes chances d’être « blacklisté », surtout quand il travaille pour une société de production associée avec Wild Bunch, qui finance 70% du cinéma d’auteur français (et est chaque année omniprésente dans les sélections cannoises). Vous pourrez comprendre par ailleurs que certains techniciens puissent avoir été offensés par le fait de voir La Vie d’Adèle présenté à l’élite du cinéma mondial sans générique de fin. Vous et vos monteurs auriez pu faire cet effort. Les rumeurs ne sortent jamais de nulle part.
Vous tenez ensuite des propos nauséabonds sur l’intermittence, dignes d’un producteur néo-capitaliste. Vous avez l’inélégance de perpétuer l’image caricaturale des intermittents, cette équation intermittents=profiteurs, si ancrée dans l’imaginaire français. Or, vous savez très bien que si une infime minorité d’intermittents abuse du système (en travaillant autant qu’un salarié classique sur l’année mais en étant payé selon la convention collective à la semaine), une très large majorité galère pour trouver du boulot (et, vous l’oubliez, pour vivre : allez convaincre un bailleur en étant intermittent, allez obtenir un prêt en étant intermittent, etc). Car, vous le dites, un réalisateur emmène son noyau de techniciens de film en film et les places pour les nouveaux entrants sont bien rares.
« Les conditions sur un plateau sont loin d’être peu enviables » de votre point de vue, car vous savez très bien que les petites mains qui organisent les films font parfois des journées de 16h, et sur les petits budgets comme La Vie d’Adèle, il n’est pas rare que les heures supplémentaires passent à la trappe des fiches de paies ou que le tarif nuit soit appliqué en tarif jour. Vous devez être au courant de tous les bidouillages qui se font, au niveau comptable, pour l’agrément des comptes au CNC (faux plans de travail, fiches de paies incomplètes, faux contrats), vu que vous êtes désormais producteur. Vous évoquez les salaires de 1 200€ par semaine, et revendiquez « un équilibre financier harmonieux entre tous les acteurs de la chaîne » d’un film. Vous évoquez le salaire des autres, mais permettez-moi de vous rappeler le montant de votre rémunération sur Vénus Noire, d’un montant de 765.000€ (585.000€ de Minimum Garanti et 180.000€ de salaire technicien, ses chiffres étant disponibles sur le Registre Public du Cinéma).
Ainsi, sur ce film budgété officiellement à 10 millions d’euros, vous trustez presque 8% du budget, là où la plupart des auteurs-réalisateurs français ne sont rémunérés qu’à hauteur de 1 à 2% du budget. Il faut noter que vous avez été très bien payé sur un film qui n’a pas du tout marché au box-office. Curieusement, vous n’évoquez pas ce travers du cinéma français dans votre lettre. Il y a plus mal loti que vous.
Vous avez cependant raison d’user de votre droit de réponse pour combattre la calomnie et les rumeurs infondées, le procès sans preuve est devenu, hélas, un travers de notre société spectaculaire, où il faut sans cesse du charbon pour entretenir la machine du présent perpétuel. Mais ne grossissez pas non plus, la fête du cinéma français n’a pas été gâchée pour autant, seulement pour vous peut-être.
Quand aux théories complotistes sur les palmarès précédents, vous avez raison de relever cette manie systématique d’internet d’entretenir des polémiques stériles.
Je ne commenterai pas votre charge méritée contre Léa Seydoux, tant sa façon de cracher dans la soupe est intolérable et insupportable. En revanche, votre manière d’épargner Jérôme Seydoux paraît tout autant opportuniste, après tout, il pourrait produire votre prochain film.
Enfin, permettez-moi, M. Kechiche, de ne pas être en accord avec vous en ce qui concerne l’attaque de vos valeurs. Sachez que le caractère humaniste de vos films ne fait pas forcément de vous un humaniste (et vos propos caricaturaux sur l’intermittence en apportent une preuve). Le paradoxe est l’apanage de l’esprit humain, et vous avez le droit d’être contradictoire. Je ne vous connais pas dans la sphère privée, je ne vous connais pas sur un plateau, mais je sais que les deux situations sont différentes. Une brebis à la maison peut être un loup sur un plateau, vous le savez pertinemment. Après tout, ne dit-on pas des cordonniers qu’ils sont les plus mal chaussés ? 
Vous ne ressortez pas grandi de cette affaire M. Kechiche, le cinéma français, dont vous l’êtes l’un des représentants phares, non plus, car vous l’exposez aux français (qui ont déjà perdu une bonne partie de leur foi en lui) dans tout ce qu’il a de plus médiocre : caprices, mégalomanie, copinage, bidouillages et magouilles.
Cette lettre ne fait que mettre à jour votre susceptibilité mal placée et un comportement d’enfant pourri-gâté. Après 6 César, un Lion d’Or, une Palme d’Or et un film qui cartonne en salles, comment pouvez-vous encore trouver le moyen de vous plaindre, alors que vous êtes (malgré ce que votre paranoïa vous fait croire) l’enfant chéri du cinéma français ? Que devraient dire Luc Besson, Jean-Pierre Jeunet ou encore Guillaume Canet, qui subissent les sarcasmes automatiques d’une critique qui les méprise et d’un système qui les ignore perpétuellement ? Vous avez derrière vous l’intégralité de la presse cinématographique française, et ce, depuis vos débuts (il suffit de regarder les moyennes presse de vos films sur AlloCiné pour s’en convaincre), alors cessez d’être victimaire.
Grandissez et faites des films, c’est ce que je peux vous souhaiter de mieux."

mardi 17 septembre 2013

TIP TOP

1h46 - Sortie le 11 septembre 2013

Un film de Serge Bozon avec Isabelle Huppert, Sandrine Kiberlain, François Damiens
Deux inspectrices de la police des polices débarquent dans un commissariat de province pour enquêter sur la mort d’un indic d’origine algérienne. L’une tape, l’autre mate, tip top.

Le Mot du Comte : 1/5
La première chose frappante chez "Tip Top", c’est sa laideur outrancière. Car malgré son teint arty pelliculée, le dernier film de Serge Bozon est horriblement mal éclairé. L’image est parfois brûlée (trop de blancs), les décors mal éclairés (on voit les traces des meubles déplacés spécialement pour le tournage) tout comme les comédiens, qui se prennent tellement de projecteurs dans la figure qu’on pourrait en deviner la marque. 
Mal éclairé, mais également mal écrit. En effet, rien ne progresse vraiment : ni les personnages, ni l’intrigue, qui reste bloquée à son postulat de départ. Les dialogues sont outrageusement mauvais. Résultat, c’est parfois bien joué, mais cela sonne très souvent faux (surtout pour les mauvais acteurs amateurs, très présent dans le film). Quant à l’humour si particulier du film, il ne semble faire rire que Bozon. La plupart des gags sont mal amenés et les jeux de mots, quand ils ne tombent pas tout simplement à plat, ne sont pas drôles (il n’y a qu’à voir cette scène d’ouverture où Damiens crie « vive François Bayrou » au cœur d’une bagarre de bar cheap pour ressentir pleinement la gêne qui règne dans "Tip Top"). Quelle galère.
Car oui, "Tip Top" est un film cheap (ce qui ne sera jamais préjudiciable) à l’allure cheap (ce qui l'est). Les scènes post-synchronisées sont catastrophiques et la direction artistique est d’une pauvreté inouïe (les yeux attentifs pourront même repérer les fils des micros-cravates fixés sur les comédiens). Bozon semble vouloir jouer sur plusieurs tons en apportant à son film un côté rétro (les scènes de voitures avec projection en fond, comme dans "OSS 117") qui ne fait, hélas, que décrédibiliser encore plus son film. Pis, sa mise en scène se contente trop d’alterner les champs, les contre champs et les plans fixes, confinant ainsi son filmage à de l’enregistrement pur et simple.  De plus, des pans entiers du film restent un mystère à qui voudrait les cerner : cette obsession pour l’Algérie, ou encore ce délire avec le marteau…
Le point positif du film repose dans la galerie de comédiens et de tronches qu’il déploie mais hélas, cela n’empêche pas de voir le temps passer lentement, très lentement.
"Tip Top" est un faux film d’auteur qui tente de faire passer la marque Bozon pour une proposition de cinéma, alors qu’il ne s’agit en réalité que d’un pur et simple ratage.

dimanche 18 août 2013

LES APACHES

1h22 - Sortie le 14 août 2013

Un film de Thierry de Peretti avec François-Joseph Culioli, Aziz El Haddachi, Hamza Meziani
Pendant que des milliers de touristes envahissent les plages, les campings et les clubs, cinq adolescents de Porto-Vecchio trainent. Un soir, l'un d'eux conduit les quatre autres dans une luxueuse villa inoccupée... La bande y passe clandestinement la nuit. Avant de partir, ils volent quelques objets sans valeur et deux fusils de collection. Quand la propriétaire de la maison débarque de Paris, elle se plaint du cambriolage à un petit caïd local de sa connaissance…

Le Mot du Comte : 4/5
Loin des plages paradisiaques et des beaux panoramas, voici "Les Apaches", un premier film tendu qui a le mérite de montrer une Corse jamais vue et loin des clichés de la métropole, à travers les mésaventures de 4 jeunes apprentis voyous qui ne savent pas y faire.
Le film est doté d’une science des cadrages éblouissantes. De Perretti, avec son petit format carré (le film est tourné en 1:33), vise toujours juste et avec une précision folle. Sa mise en scène atteint sa pleine cohérence (avec le titre notamment) lors de cette scène d’intrusion nocturne, lorsque Jo se met à danser, imbibé de whisky, sur une musique aux sonorités indiennes. Le film sort du naturalisme (mais l’est-il vraiment ?) pour gagner en puissance. 
Cette puissance est également transmise par les acteurs, tous débutants mais impeccables (et les dialogues sont aussi amusants qu’horrifiants). Le récit met en exergue les tensions entre les communautés. On découvre alors plusieurs rapports de force : cet espèce de patriarche-mafieux-entrepreneur-raciste, qui protège les villas des riches et envoie ses mômes blindés tabasser des petits arabes, ou ce jeune corse aux propos nationalistes, qui voit son île envahit par les « gaulois ». Il y a des scènes tendues avec presque rien : lorsque le père d’Aziz vient s’excuser pour rembourser les dégâts causés par son fils, lorsque les jeunes riches viennent chez lui pour interroger son fils ou encore cette scène finale magistrale, qui résume à elle même l’essence du film, où ce natif corse parcourt une pool-party de jeunes métropolitains sans que personne ne le remarque. Le scénario, bien bâti dans sa première partie, aurait peut-être gagné à être resserré dans la seconde, mais l’ensemble tient le coup, et la dramaturgie est bel et bien bouclée.
Film de destins (ceux qui veulent rester, ceux qui veulent partir, ceux qui sont coincés), "Les Apaches" est âpre et sec, bardé d'humour noir et de vitalité. Un buddy-movie réussi.

samedi 17 août 2013

ELYSIUM

1h50 - Sortie le 14 août 2013

Un film de Neil Blomkamp avec Matt Damon, Jodie Foster, Sharlto Copley 
En 2154, il existe deux catégories de personnes : ceux très riches, qui vivent sur la parfaite station spatiale crée par les hommes appelée Elysium, et les autres, ceux qui vivent sur la Terre devenue surpeuplée et ruinée. La population de la Terre tente désespérément d’échapper aux crimes et à la pauvreté qui ne cessent de ne propager. Max, un homme ordinaire pour qui rejoindre Elysium est plus que vital, est la seule personne ayant une chance de rétablir l’égalité entre ces deux mondes. Alors que sa vie ne tient plus qu’à un fil, il hésite à prendre part à cette mission des plus dangereuses -  s’élever contre la Secrétaire Delacourt et ses forces armées – mais s’il réussit, il pourra sauver non seulement sa vie mais aussi celle de millions de personnes sur Terre.

La Moyenne des Ours : 2,8/5

Le Mot du Comte : 2/5
"Elysium" est un film banal. Après le passionnant et fourmillant "District 9", Neil Blomkamp dépeint ici un univers qui frappe par son réalisme, mais pas –hélas ! par son originalité. En effet, rien de bien nouveau dans "Elysium", que ce soit au niveau des décors (si la station Elysium ressemble a un catalogue d’immobilier de luxe, la Terre garde a peu près le même design que les bidonvilles de "District 9") que de la technologie utilisée (des écrans sales, des vaisseaux sales presque sortis du dernier Terminator et sinon, des intérieurs blancs sur la station). Les personnages sont également très peu fouillés. Le seul trait caractéristique de Matt Damon apparaît quand il ne lui reste que quelques jours à vivre. Son passé dans l’orphelinat est d’une ringardise absolue (sans parler des piteux flashbacks surmontés par une voix off anesthésiée). On attendait davantage du personnage de Jodie Foster ou de celui de Sharlto Copley, qui singe tellement son accent sud-africain qu’il sombre dans le grand-guignol (et il faut le voir hurler dans les couloirs, c’est assez ridicule). Par contre, il est intéressant de voir ce petit microcosme parler plusieurs langues (espagnol, anglais, français), on retrouve là l'ouverture au monde et le multiculturalisme qui marquait "District 9".
Mais le film soulève un paradoxe : si l'univers n'a rien de bien original, on a tout de même envie d’en savoir plus. Dans la première demi-heure, on en vient à penser que "Elysium" est trop court, ou vas trop vite. Mais l’histoire ne prend pas une tournure intéressante et sombre vers un enchaînement de scènes d’actions ultra-classiques, bâclées et illisibles (certaines sont très mal montées). "Elysium" devient alors subitement beaucoup trop long.
Car les enjeux moraux du film se résument à de simples antagonismes de classes, entre riches et pauvres, entre malades et sains, et Neil Blomkamp ne parvient pas à éviter un manichéisme trop évident, où le dilemme est véritablement absent. Qui plus est, l’empathie envers les personnages ne fonctionne pas vraiment, car le film assène sans cesse des opinions générales, le genre d’opinions partagées par 95% des êtres humains. Bien sûr qu’un humain normalement constitué souhaiterait voir une gamine soignée, en revanche cela ne suffit pas pour maintenir son attention. Puis vient la fin du film, qui suit à la lettre ce qu’on pouvait attendre d’elle. "Elysium", film de SF déjà mille fois vue, n’est jamais surprenant. Pire, au bout d’une demi-heure, il devient comme son personnage principal : presque mécanique.

La note de Pépite : 3,5/5
La note de Juani : 3,5/5
La note de Tinette : 2/5

mercredi 14 août 2013

MICHAEL KOHLHAAS

2h02 - Sortie le 14 août 2013

Un film de Arnaud des Pallières avec Mads Mikkelsen, Mélusine Mayance, Delphine Chuillot 
Au XVIème siècle dans les Cévennes, le marchand de chevaux Michael Kohlhaas mène une vie familiale prospère et heureuse. Victime de l'injustice d'un seigneur, cet homme pieux et intègre lève une armée et met le pays à feu et à sang pour rétablir son droit.

La Moyenne des Ours : 3,5/5

Le Mot du Comte : 3/5
Avec "Michael Kohlhaas", Arnaud des Pallières parcourt un genre assez inhabituel : le film d’époque naturaliste. Son film est âpre, sec et servi par des paysages désertiques à couper le souffle. Cette fresque féodale a un atout majeur : un Mads Mikkelsen puissant et minéral. C’est lui qui porte le film et le récit. Il est accompagné par des seconds rôles solides, comme Denis Lavant en théologien cynique ou la très jeune Mélusine Mayance dans le rôle de la fille de Kohlhaas. Michael Kohlhaas, dans cet univers rugueux, est la seule humanité à laquelle on peut se raccrocher et le sort qu'il subit ne laisse jamais indifférent. Et il y a des salauds à haïr.
Le récit, assez dilué et parfois un peu trop étiré, dépeint la trajectoire d’un homme luttant contre une justice à sens unique. Seulement voilà, certains aspects du film le rendent assez hermétique. On ne comprend pas trop le sens du message, si ce n’est peut-être dans le tout dernier plan, et on regrette que le manque de moyens soit pris comme prétexte au hors champ permanent ou à l’ellipse. Toutefois, Des Pallières a la judicieuse idée de ne filmer que du solide, du concret, et non un décor en carton pâte, ce qui rend cette quête si crédible et lui donne toute sa désespérance. 
Si "Michael Kohlhaas" trouve de temps en temps sa force, le côté ultra-dépouillé du film n’aide pas toujours à en percevoir le sens profond.

La note de Pépite : 4/5

mardi 13 août 2013

LONE RANGER

2h29 - Sortie le 7 août 2013

Un film de Gore Verbinski avec Armie Hammer, Johnny Depp, Helena Bonham Carter
Tonto, le guerrier indien, raconte comment John Reid, un ancien défenseur de la loi, est devenu un justicier légendaire. Ces deux héros à part vont devoir apprendre à faire équipe pour affronter le pire de la cupidité et de la corruption. Le tandem fait des étincelles et entraîne le public dans un tourbillon de surprises et d’humour.

La Moyenne des Ours : 3/5

Le Mot du Comte : 3,5/5
Parmi la petite dizaine de blockbuster miséreux qui pululent sur les écrans depuis juin, ce "Lone Ranger" fait figure d’outsider. Il serait injuste de réduire ce film à un simple "Pirates des Caraïbes au Texas" car si le film partage la même équipe créative que la trilogie caribéenne, "Lone Ranger" y est plutôt supérieur.
Bien sûr, le scénario est pataud et dévoile très vite ses contours. On devine, dès les premières minutes, qui sera le méchant et les lignes principales du complot qui va se tisser devant nos yeux. Ce blockbuster contient bien sûr son lot d’incohérences et d’invraisemblances, ce genre de moments ou l’on sent que la patte du scénariste arrange bien les choses pour tirer son protagoniste d’un moment indélicat et ainsi lisser la mécanique scénaristique. 
Si ce "Lone Ranger" n’avait été que ça, il aurait été, comme les autres, plutôt médiocre. Mais ce qui élève le film est son rapport au genre, à savoir celui du Western. S’il est jouissif d’y retrouver une dizaine de références à des grands classiques du genre (les premières minutes évoquent "Il était une fois dans l’Ouest" et l’on retrouve évidemment "Dead Man"), il est remarquable de voir à quel point la morale du film est, pour une fois, fiable. Que nous dit le film ? Il admet sans équivoque, et c’est peut-être la première fois dans un film de si grande envergure, que la nation américaine s’est construite sur la spoliation et dans le sang des peuples indiens (et asiatiques). Il délivre également une image symbolique des forces gourmandes du Capital et d’une religion aveugle (les croyants et prédicateurs sont ici soit fous soit extrémistes). C’est d’ailleurs assez paradoxal pour un blockbuster si riche de livrer un tel combat contre l’argent et les forces qui le défendent (après tout, le héros renonce au droit pour sa propre justice) et c'est peut-être pour ça que le film ne marche pas sur sa terre natale.
Ce tel engagement donne sa puissance émotionnelle à des scènes comme le massacre sans merci des indiens dont on aurait souhaité, au final, qu’ils puissent prendre leur revanche. L’autre versant de l’émotion apparaît via le sort que réserve le film au western et à sa mythologie, ici remisée dans une foire, où un vieil indien conte un récit à un enfant (on entrevoyait déjà cet aspect dans l'épilogue du « True Grit » des Frères Coen). L’aspect symbolique de ce versant du film, qui se projette autant vers l’avant (qu’adviendra-t'il du western demain?) que vers l’arrière (l’héritage que le western a laissé), est cristallisé dans ce plan post-générique, où un Tonto vieillissant s’enfonce vers l’horizon désertique. Pour les amoureux du genre, tout est là.
Quel plaisir également de retrouver cette poussière, ce sable, ces décors crades et ces grands espaces. "Lone Ranger" exploite à fond les décors naturels de l’Amérique et cela se voit. Et il livre un très bon spectacle, qui multiplie les scènes fulgurantes (ce gunfight à travers les vitres d’un wagon est dément), sans trop faire de surenchère énervante.
On regrette bien sûr que Armie Hammer ne soit pas toujours à la hauteur, que Johnny Depp nous resserve encore et toujours le même genre de mimiques où que le personnage d’Helena Bonham Carter (qui recycle sa perruque des "Misérables") ne serve pas à grand chose. Dommage également que les autres personnages manquent de nuances : les méchants par exemple, sont très mal servis.
Surprise par contre au niveau de la musique qui, malgré le fait qu’elle abuse de figures connues (l’ouverture de Guillaume Tell est servie à toutes les sauces) ou repompe clairement des mélodies connues (Zimmer plagie Ennio Morricone), laisse place nette à quelques minutes de symphonies originales et typiquement westerniennes.
"Lone Ranger" n’est pas un chef-d’oeuvre, mais il a le mérite d’être un bon blockbuster, beaucoup plus intelligent, ancré dans la réalité de l'histoire américaine et surtout plus nuancé que la plupart de ses concurrents estivaux. 

La note de Juani : 2,5/5

dimanche 11 août 2013

LES SALAUDS

1h40 - Sortie le 7 août 2013

Un film de Claire Denis avec Vincent Lindon, Chiara Mastroianni, Julie Bataille
Commandant, à bord d’un supertanker, Marco Silvestri doit rentrer d’urgence à Paris, abandonner le navire. Sa sœur Sandra est aux abois… son mari suicidé, une entreprise en faillite et sa fille unique à la dérive. Sandra désigne le coupable : l’homme d’affaires Edouard Laporte. Marco loue un appartement dans l’immeuble où Laporte a installé sa maitresse et leur fils. Mais Marco n’avait pas prévu les secrets de Sandra, qui brouillent la donne…

Le Mot du Comte : 0,5/5
La première chose qui frappe chez "Les Salauds", c’est peut-être le fait que Claire Denis n’a rien à dire et rien à montrer. Bâti sur un scénario à trous, mal écrit, où la notion de dramaturgie est complètement absente, et sur un montage bardé de flashback/flashforward (pour mieux noyer le poisson), "Les Salauds" n’a presque aucun atout. Filmé n’importe comment, à l’arrache (cadres crades et saccage de la caméra épaule), les scènes inutiles s’empilent les unes à la suite des autres, sans cohérence ni logique, de postulat en postulat, sans jamais creuser quoique ce soit, prenant comme seul argent comptant le mystère, qui ici revêt plutôt les oripeaux de la fainéantise. "Les Salauds" est donc un film fainéant, qui semble remplir le cahier des charges du parfait film d’auteur de clan : racolage avec des sujets tabous effleurés (ici, viol et inceste), écriture tarabiscotée (et surtout incompréhensible) et nu gratuit. Le film se croit plein de charme, mais il n’en a aucun, il se croit malin quand il est juste vide. 
La mise en scène de Denis se résume à des vues agitées depuis des voitures et à des gros plans qui ne veulent rien dire parce qu'ils ne montrent rien d’autre que les visages inexpressifs de comédiens en mal de personnage. Car quand on n’a rien à jouer, dur de tirer son épingle du jeu. Certains répliques de Vincent Lindon sont incompréhensibles (il mâche ses mots), Chiara Mastroianni pose, errant dans un appartement sous-éclairé, Julie Bataille sonne faux et Grégoire Colin est d’une fadeur extrême. Quand au seul personnage valable (car esquissé), c’est une vulgaire caricature interprétée par Michel Subor. Alors voilà, au milieu d’un ennui ferme nagent deux ou trois plans qui valent le détour, pour l’atmosphère qu’ils dégagent (l’accident de voiture, même s’il est prévisible, fait son petit effet). Le reste n’est que pauvreté inouïe, tant au niveau du contenu que de son filmage, le manque de moyens sautant aux yeux dès le troisième plan (le suicide) et cela fait plutôt peine à voir (le fameux supertanker du pitch n’apparaîtra qu’aux oreilles et certaines scènes ne sont mêmes pas éclairées). Claire Denis pose des bases et n’en fait rien. Avec un titre plus évocateur que son contenu (on attendait peut-être un vrai cri plutôt qu'un soupir mortifère), elle signe avec "Les Salauds" un énième film de caste, bon à glaner l'Avance du CNC, marqué du sempiternel sceau petit-bourgeois, et destiné à n’exciter qu’une fine brochette de journalistes. Le reste passera son chemin.

jeudi 1 août 2013

AMERICAN NIGHTMARE

1h26 - Sortie le 7 Août 2013

Un film de James DeMonaco avec Ethan Hawke, Lena Headey, Adelaide Kane & Max Burkholder
Dans une Amérique rongée par une criminalité débridée et des prisons surpeuplées, le gouvernement a donné son accord pour qu’une fois par an, pendant 12 heures, toutes activités criminelles, meurtres inclus, soient légalisées. La police ne peut intervenir. Les hôpitaux suspendent leurs services. Une nuit durant, les citoyens sont à même de définir leurs propres règles et de faire leur propre loi, sans avoir à craindre de sanctions. Au cours d’une telle nuit hantée par la violence et le crime, une famille va devoir faire un choix – bourreau ou victime ? – face à un inconnu venu frapper à sa porte.

Le point de vue de Pépite : 3/5
Maladroit mais efficace, "American Nightmare" bénéficie d'un concept-coup de poing de qualité et d'un excellent sound-designer.
Angoissant "film d'anticipation", "American Nigthmare" - ou "The Purge" en version originale, part d'une idée simple mais géniale : pendant 12h le crime est légal. Cette "purge" est sensée avoir ramené "la paix" le reste de l'année dans une Amérique au taux de chômage proche de 1%.
Niveau mise en scène et storytelling, le début du film nous plonge dès les premières secondes dans le concept qui nous est dévoilé sobrement à l'écrit en guise de prologue puis au travers d'interviews radio/TV d'experts de tous genres. Les membres de la famille d'Ethan Hawke réagissent tous différemment à l'approche de la nuit fatidique, alors que celui-ci est heureux d'annoncer ses chiffres de vente de systèmes de sécurité, spécialement conçus pour la purge...
Jusqu'à ce que la maison de cette famille américaine typique soit scellée, c'est irréprochable : on sent l'étau se resserrer, l'angoisse se fait réelle, tous les éléments sont en place... 
Et puis c'est là que le bât blesse : la suite des évènements est assez maladroite. Il suffit d'avoir un minimum d'expérience de spectateur pour comprendre que les différents éléments qui nous sont présentés (le petit copain plus âgé, la poupée-caméra télécommandée, la cachette du fils, etc.) seront utilisés dans les moments les plus forts de l'intrigue. Ils le sont, les scénaristes n'étant pas des débutants, mais d'une façon assez désordonnée qui va de paire avec les réactions des membres de la famille. Certes, la situation est stressante (leur forteresse n'est finalement pas si imprenable  que ça et de jeunes riches-sauvageons menacent de les tuer), mais le fait qu'ils réagissent tous de manière irrationnelle paraît étrange. Je suis en général contre les types qui parlent directement à l'écran pour conseiller les personnages ("Non, pas cette porte !" - "Ramasse toutes ces armes !" - "Délivre-le, il pourrait t'aider !", etc.) - comme tout autre type de nuisance sonore dans une salle de cinéma d'ailleurs, soit dit en passant - mais ici comment résister ?! On est frappés par leur obstination à tout faire de travers... Les scénaristes ont peut-être voulu trop insister sur un certain discours moralisateur qui leur dictait une série de moments "obligatoires" que les personnages devaient alors suivre, même si la logique n'était pas de mise... Qui sait ? 
Toujours est-il qu'arrivés à la fin du film, même si le pitch nous a séduits, ainsi que la mise en scène soulignant l'angoisse avec brio (le sound-design est également très efficace, sursauts assurés !), il reste comme un sentiment de travail bâclé... C'est dommage, car "American Nigthmare" avait un potentiel énorme, en petite partie révélé à l'écran.

INSAISISSABLES

1h56 - Sortie le 31 Juillet 2013

Un film de Louis Leterrier avec Jesse Eisenberg, Mark Ruffalo, Woody Harrelson, Isla Fisher, Dave Franco, Morgan Freeman, Michael Caine & Mélanie Laurent
« Les Quatre Cavaliers », un groupe de brillants magiciens et illusionnistes, viennent de donner un spectacle de magie époustouflant en braquant une banque sur un autre continent. Deux agents spéciaux du FBI et d’Interpol sont déterminés à les arrêter avant qu’ils ne mettent à exécution leur promesse de réaliser des braquages encore plus audacieux. Ils font appel à Thaddeus, spécialiste reconnu pour expliquer les tours de magie les plus sophistiqués. Alors que la pression s’intensifie, la course contre la montre commence.

La Moyenne des Ours : 3,4/5

Le point de vue de Pépite : 3,5/5
Insaisissables (Now you see me) est un film jouant de manière maline et ludique avec nos nerfs et nos méninges, ainsi qu'avec ceux du FBI dans le film. Quelqu'un a une longueur d'avance et ce n'est pas le FBI, pas Thaddeus, ni probablement même pas les "Quatre Cavaliers" eux-mêmes...
On avance avec le même intérêt que l'on aurait pour un jeu vidéo un peu tenace. Les tours, bien qu'on sente le pouvoir des FX, sont assez saisissants et impressionnants, les caractères bien trempés des 4 différents illusionnistes apportant un humour bénéfique à l'intrigue et aux tours de passe-passe. Le casting est d'ailleurs plutôt réussi, à un petit détail près : Mélanie Laurent. En fait, si on veut vraiment être tout à fait honnêtes, ce n'est absolument pas de sa faute si son personnage est assez inutile, dès l'écriture. Il ne sert qu'à souligner le côté terre-à-terre de Mark "FBI" Ruffalo... Mais une ribambelle de seconds rôles, à commencer par son partenaire du FBI interprété par Michael Kelly (que l'on a vu récemment dans Man of Steel), auraient pu jouer ce rôle catalyseur, sans rajouter une très mince amourette sans aucun sens...
Niveau mise en scène, c'est pas "dingue", mais c'est au moins efficace : celle-ci s'efface au service de l'intrigue et des retournements de situation.
C'est un bon divertissement, pas des plus originaux, mais l'histoire réussit à nous tenir en haleine alors qu'on essaye de comprendre les tenants, les aboutissants, et les tours de magie... Contrairement aux magiciens, le scénariste révèle finalement le secret de ses tours d'une manière assez satisfaisante, c'est déjà ça !

Le Mot du Comte : 2,5/5
Si "Insaisissables" est, en soi, un film assez inoffensif, sa qualité première est d’entretenir une quantité suffisante de mystère pour capter l’attention du spectateur, et ce, jusqu’à la fin.
En revanche, et c’est peut être le défaut de sa qualité, "Insaisissables" ne révèle au final pas grand chose, que ce soit autant sur les tours de magie (certains sont si impressionnants qu’ils font tomber le film dans le fantastique –les hologrammes, les illuminations finales, etc) que sur les vraies motivations de la petite bande de personnages que l’on suit pendant deux heures. Pis, le twist final vient jeter un énorme discrédit sur l’utilité du film en lui-même, rendant inopérantes (et vaines) presque toutes les péripéties auxquelles l’on vient d’assister. On finit clairement par se dire : tout ça pour… ça ? Si la structure du scénario s’articule comme un tour de magie (c’est d’ailleurs bien expliqué dans le film), quelque chose coince avec la fin. C’est trop gros pour être croyable et les ficelles se discernent vite.
Au niveau du casting, les prestigieux noms font le boulot (Michael fait du Caine, Morgan fait du Freeman, Jesse fait du Eisenberg). On déplorera l’inutilité latente du personnage de Mélanie Laurent (qui ne sert que de « distraction », comprendront ceux qui verront le film) et la fausseté du rapport américano-français qui se déploie tout au long du film (les références à la France, José Garcia, le plurilinguisme de Laurent, la scène finale sur le pont des Arts, etc), tout ça pour montrer qu’un petit frenchie est à la barre.
Par ailleurs, la mise en scène de Leterrier est, comme dans ses autres films, fade et très puérile (les travellings circulaires autour des personnages, ça suffit !), ce qui fait de "Insaisissables" un film dont l’ensemble est assez laid, pataud et grossier.
Il est regrettable que "Insaisissables" n’ait rien d’autres à offrir (ni à dissimuler) que son twist final, car une fois le film terminé, il n’en reste pas grand chose, si ce n’est la sensation de s’être fait mener en bateau pour rien.

La note de Tinette : 3,5/5
La note de Juani : 4/5

PACIFIC RIM

2h10 - Sortie le 17 Juillet 2013

Un film de Guillermo Del Toro avec Charlie Hunnam, Idris Elba & Rinko Kikuchi
Surgies des flots, des hordes de créatures monstrueuses venues d’ailleurs, les "Kaiju", ont déclenché une guerre qui a fait des millions de victimes. Pour les combattre, une arme d’un genre nouveau a été mise au point : de gigantesques robots, les "Jaegers", contrôlés simultanément par deux pilotes qui communiquent par télépathie grâce à une passerelle neuronale baptisée le "courant". Mais même les Jaegers comment par être impuissants face aux redoutables Kaiju, de plus en plus puissants...

La Moyenne des Ours : 2,5/5

Le point de vue de Pépite : 3,5/5
Grosse machine de qualité, "Pacific Rim" navigue dangereusement entre originalité et balisage standardisé, mais finit par convaincre.
Originalité, originalité, quel mot compliqué à employer de nos jours où tout, ou presque, a été vu ou entendu. Si je veux utiliser ce mot pour parler du dernier film de Guillermo Del Toro, c'est que ramener sur le devant de la scène un film de monstres mixé au film de géants mécaniques contrôlés par des humains, le tout sous la forme d'un film d'anticipation assez apocalyptique et ceci sans grosse star au casting c'est assez original.
La construction de "Pacific Rim" est plutôt mécanique et suit des schémas pré-existants facilement déchiffrables et prévisibles. Mais cette mécanique est bien huilée, et le fait que chaque personnage et chaque sous-intrigue serve le film dans sa globalité est très satisfaisant. Les personnages sont pour la plupart attachants (Idris Elba est décidément un grand), et bien que certains frôlent parfois la parodie (je pense au physicien allemand parfaitement insupportable) tout reste plutôt cohérent.
Cohérent, oui, car si le sujet de la destruction de la planète par d'immenses extraterrestres est assez sérieux, Del Toro reste fidèle à lui-même et ponctue son film de détails d'humour. Même dans le drame, même alors que l'humanité pourrait disparaître dans l'heure, l'homme ne pourra jamais être complètement sérieux - mécanisme d'autodéfense. Alors Del Toro suit le mouvement et se permet de zoomer jusqu'à l'infiniment petit (comparativement à l'échelle des monstres du film bien entendu) pour nous montrer des micro-détails cyniques ou humoristiques (je pense au pendule de Newton, un peu gros, mais drôle tout de même !) qui permettent de détramatiser un chouya l'histoire.
Visuellement parlant, il y a un très beau et gros travail sur les textures, notamment celles de l'océan, très réussies. La 3D est bien gérée, même si elle n'invente pas non plus grand chose. La musique venant inonder la totalité du film (elle est omniprésente et s'allonge comme un seul long morceau de 2 heures) est excellente, les riffs de guitare et certaines touches ethniques (musiques asiatiques et russes venant se mélanger au rock et à l'orchestral) servant avec efficacité le film pluri-ethnique de Guillermo Del Toro.
Pour résumer, Pacific Rim est un blockbuster de monstres qui n'a rien à envier aux Godzilla, Transformers et consorts.

Le Mot du Comte : 1,5/5
Disons-le clairement : Pacific Rim ne sert à rien. Spectacle sans âme, le méga blockbuster de Guillermo Del Toro ne ressemble à rien d’autre qu’à une ratatouille indigeste soit disant originale, qui convoque milles et une références : de "Transformers" à "Godzilla", en par "La Guerre des Mondes" ou bien les "Power Rangers" (on en vient même à soupçonner que le film en est un remake inavoué, tant les Mégazords évoquent les Jaegers). Ainsi, péniblement bâti autour de ces références se trouve un scénario désespérant, hypocritement construit (on n’aurait pu s’en passer et faire durer le film 30 minutes), qui aligne sans impudeur des scènes déjà milles fois vues (le discours patriotico-cucul du marshall, c’est du Michael Bay bien filmé) distillées par un second degré permanent qui vide le film du peu d’enjeu qu’il possède. Conséquence, on ne croit pas une seconde au film, un comble ! Del Toro pense faire son malin en insérant des plans d’une mouette qui s’envole ou d’un pendule de Newton, mais il ne fait que casser la bulle fictionnelle, casser la bulle du rêve que devrait porter en lui chaque film de cette ampleur.
Chaque carcasse (il n’y a pas de personnages dans ce film) fait un bon mot, sa jolie formule, et les figures de second plans, quand elles ne sont pas tout simplement bâclées (le fils de militaire arrogant mais brave), sont pompées ailleurs : les deux geeks insupportables (appel du pied au public ciblé ?) sortent tout droit de "Big Bang Theory". Alors oui, les acteurs ne sont pas des stars, c’est plutôt rafraîchissant, mais quel intérêt de prendre des inconnus si c’est pour qu’ils ressemble à des stars ? Le fade Charlie Hunman n’est rien d’autre qu’un mélange informe entre Channing Tatum et Garrett Hedlund. Le scénariste (le même que "Le Choc des Titans", tiens donc) a d’ailleurs oublié de lui fournir une motivation crédible. Idris Elba, mal dirigé, sous joue. Quant à Rinko Kikuchi, si son trauma est exploré pendant un pénible flash-back, sa faiblesse inhérente (elle dérive trop) est évacuée comme par magie dès que le scénario n’en a plus besoin.
La trame scénaristique est prévisible de bout en bout : du bruit, du bruit, du bruit et au final, une indifférence absolue. Alors bien sûr, si certains combats sont cools et quelques moments jouissifs (le film aurait du se limiter à ça et rien d’autre), on déplore ce côté naïf débilisant, cet appétit pour la destruction sans limite qui ne flatte que des bas instincts crétins. Au niveau visuel, c’est très laid, on se croirait dans un jeu vidéo (on y voit plus clair dans "Halo"). Omniprésence du fond vert. De plus, Del Toro n’arrivant pas à choisir (ou à décider), il fout toutes les couleurs à chaque plan (du vert, du bleu, du rouge, du jaune, tout le temps). Épuisement des rétines.
L’univers SF du film est d’ailleurs très faiblard : les monstres sont outrageusement laids et semblent n’obéir à aucune logique physionomique (et les aliens qui les contrôlent sortent de "Independance Day"). Enfin, la musique est très peu inspirée. Des chinois à l’écran, et Djawadi balance des instruments chinois, des russes, et il fout des tambours. Chapeau bas.
Sous couvert de film d’auteur original, "Pacific Rim"n’est au final qu’une véritable arnaque.

LE QUATUOR

1h45 - Sortie le 10 Juillet 2013

Un film de Yaron Zilberman avec Catherine Keener, Christopher Walken, Philip Seymour Hoffman, Mark Ivanir & Imogen Poots
Lorsque le violoncelliste d’un quatuor à cordes de renommée mondiale apprend qu’il est atteint de la maladie de Parkinson, l’avenir du groupe ne tient plus qu’à un fil. Entre les émotions refoulées, les egos et les passions incontrôlables qui se déchaînent alors, la longue amitié qui unit les quatre virtuoses menace de voler en éclats. À la veille du concert qui célèbrera leur 25e et sans doute ultime anniversaire, seuls leurs liens étroits et le pouvoir de la musique peuvent encore préserver ce qu’ils ont construit.

Le point de vue de Pépite : 2,5/5
"Le Quatuor" est un film tantôt touchant, tantôt trop sombre pour émouvoir.
Les quatre comédiens principaux sont bons et justes, l'histoire d'un violoncelliste découvrant sa maladie et réfléchissant aux incidences qu'elle aura sur la survie du quatuor est touchante, mais l'émotion disparaît souvent au détour d'un dialogue qui cherche sans arrêt la petite bête. On se sent exactement comme les personnages qui au lieu de s'émouvoir ou de se rapprocher du personnage malade de Chritopher Walken en profitent pour laver leur linge sale en famille. Tout le monde en prend pour son grade et si le principe est intéressant et crédible (l'approche de la mort engendre souvent un sentiment de réglage de compte "avant qu'il soit trop tard"), le rendu est plutôt sombre et glacial : peu d'émotion émerge.
Certains moments de grâce sont atteints lorsque les musiciens se taisent et jouent ensemble, les personnages parlant alors par regards, respirations et mouvements. C'est ici que l'émotion arrive, alors que l'on prend silencieusement conscience de tout : les rapports conflictuels entre les personnages, les non-dits qui blessent, le fait que la maladie de Parkinson commence à se manifester dans les mains-instruments principaux d'un violoncelliste avant le violoncelle-même...
Peut-être que si on avait pu rester plus longtemps dans le quotidien de Walken, prenant doucement conscience de sa maladie, on aurait pu se détacher plus facilement de la sombre amertume qui ronge tous les autres personnages, prenant ici trop de place. Triste et touchant, "Le Quatuor" émerveille plus lorsqu'il parle de musique que de relations humaines, un peu bavardes et grinçantes. 

dimanche 7 juillet 2013

WORLD WAR Z

1h56 - Sortie le 3 juillet 2013

Un film de Marc Forster avec Brad Pitt, Mireille Enos, Elyes Gabel
Un jour comme les autres, Gerry Lane et sa famille se retrouvent coincés dans un embouteillage monstre sur leur trajet quotidien. Ancien enquêteur des Nations Unies, Lane comprend immédiatement que la situation est inhabituelle. Tandis que les hélicoptères de la police sillonnent le ciel et que les motards quadrillent les rues, la ville bascule dans le chaos... 

La Moyenne des Ours : 3,2/5

Le point de vue de Pépite : 4/5
Après Man of Steel, on continue la saison des blockbusters avec le très réussi World War Z, qui allie intelligemment le film de zombie au film-catastrophe mondial.
Le dernier film de Marc Forster est une grosse machine qui commence dans la sphère intime, celle de la famille de Gerry "Brad Pitt" Lane un matin "comme les autres". Ce qui est réussi dans le film c'est justement que l'on commence dans cette première situation, une attaque de zombie vécue par une famille dans le chaos d'une ville, et on navigue ensuite vers d'autres situations, toutes différentes, composant un savant patchwork des façons d'appréhender le phénomène "zombie".
Bien que certaines scènes font pencher le film du côté "Un seul homme, américain, peut tous nous sauver" (le simple fait que Brad Pitt interprète ce personnage joue un rôle dans cette manière de penser), on ne voit pas que la menace zombie vécue par les USA, apprenant seulement que "l'Europe est tombée" ou que "les Japonais ne s'en sortent pas non plus"... On a le droit au point de vue de soldats livrés à eux-mêmes en Corée, puis à l'utopie Israélienne à Jérusalem, etc. C'est intelligent, rythmé et passionnant. 
Dommage que les zombies ne soient pas plus "réalistes" et le film plus sanglant, on comprend en un seul plan comment le film a réussi à ne pas avoir d'interdiction aux enfants : Brad Pitt plante une tige de métal dans le crâne d'un zombie qui agonise, mais la caméra reste fixée en gros plan sur Brad Pitt. De nombreuses scènes sont assez effrayantes, mais Forster ne va pas assez loin ce qui fait que l'on rit parfois involontairement.
Le casting international du film est intéressant (Grégory Fitoussi et Pierfrancesco Favino font notamment des apparitions), même qu'il soit un peu éclipsé par l'omniprésence, sympathique, de Brad Pitt.
World War Z est un film-catastrophe de zombie intelligent et rythmé, qui aurait mérité une mise en scène plus osée, moins timide.

Le Mot du Comte : 2,5/5
Après un départ sur les chapeaux de roues et dans un sérieux de plomb, "World War Z" se voit vite saboté par un second degré involontaire et par son côté trop consensuel. Voici donc le premier film de zombie qui ne contient presque aucune goutte de sang (les censeurs de la MPAA ne sont pas loin), et devient donc par conséquent le premier film familial de zombie. Il n’est pas certain que cela serve le genre. Le second degré involontaire (aucun élément ne vient prouver le contraire) non plus, il ne fait que provoquer de l’ambiguïté dans la posture du spectateur, qui ne sait du coup comment prendre la chose. C’est trop plat pour être du grand spectacle (malgré quelques prouesses zombiesques intéressantes, comme ces montagnes de corps qu’on peut voir dès l’affiche) et c’est bien trop peu sérieux pour déclencher une autre émotion que du rire et de la moquerie. 
Car "World War Z" ressemble beaucoup à une parodie non assumée, avec ses zombies assez propres qui font des claquer leurs dents. La mise en scène de Marc Forster rappelle le douloureux souvenir laissé par "Quantum of Solace" : les scènes d’actions y sont dégueulasses et aussi incompréhensibles.
Côté casting, l’attention est en permanence focalisée sur un Brad Pitt insubmersible (le film est à sa gloire, étant donné qu'il le produit) en sauveur providentiel, sorte de messie parcourant les quatre coins du monde (les USA, la Corée, Israël, l’Écosse) à la recherche de réponses, écumant de lourdes symboliques, comme ce paradis juif qui s’effondre, confirmant du coup la piste biblique. Il faut également souligner le côté complètement incohérent du film : Brad Pitt survit à un terrible accident d’avion, à de multiples accidents de voiture ou à une tige de métal qui lui transperce le ventre, le tout sans que son brushing ne souffre. Et ces soldats américains semblent tout contents d’aller mourir (la preuve, ils font des petites blagounettes avant de se faire manger). On regrettera également le côté catalogue du scénario, qui accumule les situations saugrenues les unes après les autres, sans vraiment se préoccuper ni d'une progression dramatique ascendante, ni d'enjeux supplémentaires (voire d'enjeu tout court).
Contrairement à l’esbroufe grotesque, le réalisme n’est clairement pas la volonté première de "World War Z", qui, dans sa totalité, tient assez bien sur ses pattes, même s’il ne joue jamais avec nos nerfs.

La note de Pépite : 4/5
La note de Juani : 2,5/5
La note de Tinette : 3,5/5

vendredi 5 juillet 2013

LA MARQUE DES ANGES - MISERERE

1h46 - Sortie le 26 juin 2013

Un film de Sylvain White avec Gérard Depardieu, JoeyStarr, Héléna Noguerra
A Paris, Lionel Kasdan, commissaire de la BRI à la retraite, enquête sur un meurtre étrange : un chef de chœur a été retrouvé mort dans sa paroisse, les tympans détruits, sans qu'aucun témoin n'ait apparemment assisté à la scène. De son côté, Frank Salek, un agent d'Interpol menacé d'être mis à pied par ses supérieurs à cause de son comportement excessif, traque la piste d'une organisation secrète, spécialisée dans le kidnapping d'enfants. Lorsque Salek apprend la mort du chef de chœur, il pense avoir établi un lien avec sa propre enquête et accepte de faire équipe avec Kasdan. Mais plus l'enquête avance, plus Salek semble perdre pied, comme rattrapé par un secret jusque-là enfoui. Dès lors, les deux hommes vont plonger dans une affaire qui trouve sa source dans les heures les plus sombres de la Seconde Guerre mondiale...

Le Mot du Comte : 2,5/5
Énième adaptation d’un polar français aux relents nazis, ce blockbuster à la française (ce qui compte évidemment le volet délocalisation en Belgique) se repose au final beaucoup trop sur son scénario. Scénario qui, en réalité, ne vaut pas grand-chose, au vu de l’absence claire de motif du personnage de Gérard Depardieu. Car si des éléments de l’intrigues principale sont assez prévisibles (le complot nazi, les éléments disséminés dans le premier quart d’heure dont on comprend très vite qu’ils seront TOUS utilisés : Blackstream, l’ambassadrice de l’ONU, etc), "La Marque des Anges" contient de beaux moments de pur ridicule. Ainsi, on rit quand Joeystarr se réveille en hurlant après un cauchemar et on pouffe quand ces enfants tuent les gens en chantant le Miserere d'Allegri. Défaut de croyance.
Qui plus est, le film est très formaté. C’est bien simple, on se croirait devant une mauvaise production EuropaCorp, avec tout ce qui compte de scènes de violences au montage racoleur (Joeystarr tabasse un type sous un évier, Joeystarr tabasse un nazi, etc). De plus, la mise en scène de Sylvain White est bien trop américanisée (White n’est pas franco-américain pour rien) pour un film français. Tout comme la structure du scénario (le trauma de Joeystarr est grossier et mal amené) et tout comme ces séquences faussement spectaculaires (l’ouverture) ou cette photographie bas de gamme. Du coup, le résultat sonne partiellement faux. Il manque quelque chose en plus à ce "Miserere" pour qu’on y adhère pleinement. On ressent clairement la volonté de faire un film français (voire européen) « à l’américaine » et cette négation d’identité nuit plus au film qu’elle ne le sert. Et c’est bien dommage, car la galerie de talents que le film déploie dans ses petits rôles était un atout. Et si "La Marque des Anges", c’était avant tout l’indifférence ?

BROKEN CITY

1h49 - Sortie le 26 juin 2013

Un film de Allen Hughes avec Mark Wahlberg, Russell Crowe, Catherine Zeta-Jones
Billy Taggart, un ancien flic reconverti en détective privé tente tant bien que mal de faire tourner son affaire. Le jour où l’homme le plus puissant de New York, le Maire, lui confie la mission d’enquêter sur la supposée infidélité de sa femme, il est loin d’imaginer qu’il va se retrouver au coeur d’une vaste machination sur fond de campagne municipale.

La Moyenne des Ours : 3,3/5

Le point de vue de Pépite : 3,5/5
Broken City est un film bien mené qui aurait pu se planter sur toute la ligne, embrassant cliché sur cliché, mais qui justement parvient à s'en sortir, habilement.
On ne peut en débattre trop longuement, car on en viendrait à vraiment se demander ce qui a pu nous plaire dans ce film... Il réussit à nous intéresser, il est convaincant dans le genre film de détective, thriller politique, tout comme Wahlberg, Crowe et Zeta-Jones. Alona Tal, comédienne israélienne campant l'assistante de Billy 'Wahlberg' Taggart est particulièrement remarquable, instaurant une peur vraiment crédible, rendant le danger pesant sur leurs personnages vraiment fort.
Mais il n'est pas un film indispensable, loin de là. Il remplit son rôle efficacement mais simplement, sans sortir du lot.

Le Mot du Comte : 3/5
Malgré la platitude de sa mise en scène et son scénario déjà vu (mais dont la structure est relativement efficace), on finit par se laisser prendre au jeu naïf de "Broken City", série B de détective qui emprunte au cinéma new-yorkais des années 80 et 90 sans trop tomber dans la ringardise absolue. Bien sûr, les comédiens remplissent leur part d’actor studio avec tout ce qui convient de cabotinage (Russell Crowe surbronzé et surméché) ou d’introspection pauvrissime (Mark Wahlberg monolithique). Car le problème de "Broken City" est peut-être qu’il se prenne trop au sérieux, au risque de survendre son intrigue et son épaisseur. Au final, le spectateur subit un twist décevant et un final ultra balisé par une morale policière un peu neuneu. S’il remplit partiellement son contrat, "Broken City" fait parti de ces films qui se perdront dans la mémoire collective, ne laissant nulle autre trace que ce titre très premier degré, qui en dit long sur le manque du perspective du film.

La note de Pépite : 3,5/5

JOSÉPHINE

1h28 - Sortie le 19 juin 2013

Un film de Agnès Obadia avec Marilou Berry, Mehdi Nebbou, Alice Pol
Joséphine, 29 ans trois-quart, obnubilée par la taille de ses fesses, source de tous ses problèmes, n’a toujours pas trouvé l’homme de ses rêves non-fumeur-bon-cuisinier-qui-aime-les-chats-et-qui-veut-plein-d’enfants. Sa seule consolation, c’est qu’elle vit avec Brad Pitt… consolation de courte durée puisque c’est son chat. Quand sa soeur lui annonce son mariage, c’est la goutte d’eau qui fait déborder la tasse à café. Elle s’invente alors une histoire d’amour avec un riche chirurgien brésilien qui lui a demandé sa main et l’emmène vivre au bout du monde. Facile à dire… Ce (petit) mensonge va l’entraîner dans un tourbillon d’aventures.

La Moyenne des Ours : 2,2/5

Le Mot du Comte : 1,5/5
Dans un contexte assez morose pour les comédies françaises, l’arrivée de "Joséphine" pourrait se comparer à un cheveu sur une soupe mal digérée. En effet, ce n’est pas que "Joséphine" soit outrageusement mauvais ou forcément hostile, non, le problème du film est de n’être qu’une comédie française de plus noyée dans le flot de la médiocrité. Ainsi, les tares du film sont connues : prévisible, superficiel, pas drôle et ultra formatée.
Alors oui, les quelques blagues du film pourront éventuellement faire rire le mince public ciblé (les citadins bobos branchés qui font de la com’), le reste s’emmerdera ferme devant les péripéties en carton de cette Joséphine, incarnée par une Marilou Berry qui fait (comme presque tout les autres acteurs), un extrême minimum syndical. Les seconds rôles d’ailleurs sont à peine esquissés et ne le sont que par leur caractérisation sociale (le meilleur ami gay) ou vestimentaire (un vieux pull moche et le tour est joué… ou pas). Dans ce marasme au décorum parisien fantasmé qui ne contient aucune autre problématique que la taille d’un postérieur, un seul élément retient l’attention : le chat, seul élément de vie attachant dans cette bulle qui aurait du se contenter de ne pas dépasser le cadre originel de la bande dessinée ou du billet humoristique. Car ce qui fait peut-être le plus de mal, c’est de se dire que "Joséphine" est un film qui ne sert strictement à rien.

La note de Pépite : 2,5/5
La note de Juani : 2,5/5
La note de Tinette : 2/5

mercredi 3 juillet 2013

LE CONGRÈS

2h00 - Sortie le 3 Juillet 2013

Un film de Ari Folman avec Robin Wright, Harvey Keitel & Danny Huston
Robin Wright (que joue Robin Wright), se voit proposer par la Miramount d’être scannée. Son alias pourra ainsi être librement exploité dans tous les films que la major compagnie hollywoodienne décidera de tourner, même les plus commerciaux, ceux qu’elle avait jusque-là refusés. Pendant 20 ans, elle doit disparaître et reviendra comme invitée d’honneur du Congrès Miramount-Nagasaki dans un monde transformé et aux apparences fantastiques…

La Moyenne des Ours : 3,3/5

Le point de vue de Pépite : 3,5/5
The Congress est un film navigant avec brio entre le film d'anticipation angoissant et le film d'animation "What the fuck". Sans que l'on comprenne tout, il laisse en tout cas une forte impression  ! 
Le côté "réel" d'anticipation est vraiment très pertinent et intéressant. Les personnages campés par Harvey Keitel (qui joue l'agent de Robin Wright) et par Danny Huston (excellent en patron cynique de la Miramount) sont hilarants et justes, transformant cette situation d'anticipation absurde (les comédiens, c'est bientôt fini, maintenant il suffit de les scanner et de faire jouer à leurs "avatars" n'importe quoi, ou presque) en un portant saisissant et pertinent de l'industrie cinématographique contemporaine. Le tout est magnifiquement rendu dans une première partie où la photographie épouse déjà la partie animation qui suivra : en effet, c'est une mise en scène et une qualité photographique qui font beaucoup penser à la bande-dessinée.
La deuxième partie, qui elle est carrément en animation-dessin-animé très cartoonesque est beaucoup plus absurde que la première partie, ce qui peut parfois fatiguer : on ne comprend en effet plus grand chose, ou alors ponctuellement, alors que l'on navigue entre délire sous LSD et animation plus classique, puis plus bizarre (à la Felix le chat le film, quand Félix doit sauver le monde de Oriana qui présente pas mal de similarités avec le monde étrange présenté par Ari Folman).
The Congress est un film à deux vitesses qui parle de cinéma mais aussi de la société et de la place occupée par les images... C'est parfois dommage que l'on se sente un peu délaissés sur le bord de la route, complètement sobres, alors que Folman, son intrigue et ses personnages semblent avoir pris une drogue aux propriétés décapantes. Un objet étrange mais de qualité !

Le Mot du Comte : 3/5
"Le Congrès" est un film protéiforme, scindé en deux parties. La première concerne l’actrice Robin Wright, dont la carrière s’effrite parce qu’elle est trop vieille. Un patron de studio lui propose alors de la scanner pour que le studio puisse utiliser à jamais son image, pour tous les rôles possibles. La seconde partie du film est une partie animée, suite logique de la transformation de la réalité opérée par les puissances de l’image. Ici, un lâcher prise du spectateur est nécessaire pour pénétrer pleinement dans ce délire pessimiste lourd en symboles. Le propos d’Ari Folman, complexe, plein de malice et au final difficilement perceptible tant il distrait notre attention par de multiples appels visuels à la culture populaire (les personnages animés qui défilent, on en connaît tous un), reflète plutôt bien notre société du jetable, ou la télé-réalité et le présent perpétuel sont rois. Le monde de ce "Congrès" est un monde où le plaisir immédiat prend le pas sur tout et tous, une dictature du piètre et de la jouissance permanente.
Seulement voilà, si le contenu est dense et louable, la forme du film finit par peser. Si le spectateur accepte bien le délire, celui-ci finit tellement par retourner le cerveau qu’on souhaite que cela s’arrête. Car Ari Folman va loin et peut-être trop loin. Et plus il avance, plus il perd une partie de notre concentration. Devant ce flux d’images colorées, la confusion pointe vite le bout de son nez, la logique se perd et les sens se brouillent. "Le Congrès", film interactif tant il finit par fusionner son propos et sa forme (une telle cohérence est extrêmement rare), finit par atteindre ses limites et par tourner presque tout seul, sans n’avoir plus besoin de ses spectateurs. Au final, une seule question prévaut sur les autres: what the fuck ?