mardi 13 août 2013

LONE RANGER

2h29 - Sortie le 7 août 2013

Un film de Gore Verbinski avec Armie Hammer, Johnny Depp, Helena Bonham Carter
Tonto, le guerrier indien, raconte comment John Reid, un ancien défenseur de la loi, est devenu un justicier légendaire. Ces deux héros à part vont devoir apprendre à faire équipe pour affronter le pire de la cupidité et de la corruption. Le tandem fait des étincelles et entraîne le public dans un tourbillon de surprises et d’humour.

La Moyenne des Ours : 3/5

Le Mot du Comte : 3,5/5
Parmi la petite dizaine de blockbuster miséreux qui pululent sur les écrans depuis juin, ce "Lone Ranger" fait figure d’outsider. Il serait injuste de réduire ce film à un simple "Pirates des Caraïbes au Texas" car si le film partage la même équipe créative que la trilogie caribéenne, "Lone Ranger" y est plutôt supérieur.
Bien sûr, le scénario est pataud et dévoile très vite ses contours. On devine, dès les premières minutes, qui sera le méchant et les lignes principales du complot qui va se tisser devant nos yeux. Ce blockbuster contient bien sûr son lot d’incohérences et d’invraisemblances, ce genre de moments ou l’on sent que la patte du scénariste arrange bien les choses pour tirer son protagoniste d’un moment indélicat et ainsi lisser la mécanique scénaristique. 
Si ce "Lone Ranger" n’avait été que ça, il aurait été, comme les autres, plutôt médiocre. Mais ce qui élève le film est son rapport au genre, à savoir celui du Western. S’il est jouissif d’y retrouver une dizaine de références à des grands classiques du genre (les premières minutes évoquent "Il était une fois dans l’Ouest" et l’on retrouve évidemment "Dead Man"), il est remarquable de voir à quel point la morale du film est, pour une fois, fiable. Que nous dit le film ? Il admet sans équivoque, et c’est peut-être la première fois dans un film de si grande envergure, que la nation américaine s’est construite sur la spoliation et dans le sang des peuples indiens (et asiatiques). Il délivre également une image symbolique des forces gourmandes du Capital et d’une religion aveugle (les croyants et prédicateurs sont ici soit fous soit extrémistes). C’est d’ailleurs assez paradoxal pour un blockbuster si riche de livrer un tel combat contre l’argent et les forces qui le défendent (après tout, le héros renonce au droit pour sa propre justice) et c'est peut-être pour ça que le film ne marche pas sur sa terre natale.
Ce tel engagement donne sa puissance émotionnelle à des scènes comme le massacre sans merci des indiens dont on aurait souhaité, au final, qu’ils puissent prendre leur revanche. L’autre versant de l’émotion apparaît via le sort que réserve le film au western et à sa mythologie, ici remisée dans une foire, où un vieil indien conte un récit à un enfant (on entrevoyait déjà cet aspect dans l'épilogue du « True Grit » des Frères Coen). L’aspect symbolique de ce versant du film, qui se projette autant vers l’avant (qu’adviendra-t'il du western demain?) que vers l’arrière (l’héritage que le western a laissé), est cristallisé dans ce plan post-générique, où un Tonto vieillissant s’enfonce vers l’horizon désertique. Pour les amoureux du genre, tout est là.
Quel plaisir également de retrouver cette poussière, ce sable, ces décors crades et ces grands espaces. "Lone Ranger" exploite à fond les décors naturels de l’Amérique et cela se voit. Et il livre un très bon spectacle, qui multiplie les scènes fulgurantes (ce gunfight à travers les vitres d’un wagon est dément), sans trop faire de surenchère énervante.
On regrette bien sûr que Armie Hammer ne soit pas toujours à la hauteur, que Johnny Depp nous resserve encore et toujours le même genre de mimiques où que le personnage d’Helena Bonham Carter (qui recycle sa perruque des "Misérables") ne serve pas à grand chose. Dommage également que les autres personnages manquent de nuances : les méchants par exemple, sont très mal servis.
Surprise par contre au niveau de la musique qui, malgré le fait qu’elle abuse de figures connues (l’ouverture de Guillaume Tell est servie à toutes les sauces) ou repompe clairement des mélodies connues (Zimmer plagie Ennio Morricone), laisse place nette à quelques minutes de symphonies originales et typiquement westerniennes.
"Lone Ranger" n’est pas un chef-d’oeuvre, mais il a le mérite d’être un bon blockbuster, beaucoup plus intelligent, ancré dans la réalité de l'histoire américaine et surtout plus nuancé que la plupart de ses concurrents estivaux. 

La note de Juani : 2,5/5

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