2h22 - Sortie le 15 Mai 2013
Un film de Baz Luhrmann avec Leonardo DiCaprio, Carey Mulligan, Tobey Maguire & Joel Edgerton
Printemps 1922. L'époque est propice au relâchement des mœurs, à l'essor du jazz et à l'enrichissement des contrebandiers d'alcool… Apprenti écrivain, Nick Carraway quitte la région du Middle-West pour s'installer à New York. Voulant sa part du rêve américain, il vit désormais entouré d'un mystérieux millionnaire, Jay Gatsby, qui s'étourdit en fêtes mondaines, et de sa cousine Daisy et de son mari volage, Tom Buchanan, issu de sang noble. C'est ainsi que Nick se retrouve au cœur du monde fascinant des milliardaires, de leurs illusions, de leurs amours et de leurs mensonges. Témoin privilégié de son temps, il se met à écrire une histoire où se mêlent des amours impossibles, des rêves d'absolu et des tragédies ravageuses et, chemin faisant, nous tend un miroir où se reflètent notre époque moderne et ses combats.
La Moyenne des Ours : 2,2/5
Le point de vue de Pépite : 3/5
Gatsby le magnifique est un film-torrent qui émerveille et fascine, mais fatigue à vouloir trop en faire.
La 3D est l'élément le plus caractéristique de ce trop-plein distillé par Baz Luhrmann dans son dernier film. De surimpression en surimpression, d'éblouissement en éblouissement, on est un peu perdu dans le méli-mélo d'images présenté par Luhrmann bien qu'émerveillés au départ. En effet, ce trop-plein d'images est très cohérent et pertinent au début du film, le réalisateur dépeignant avec brio l'univers conté originellement par Francis Scott Fitzgerald, cette tumulte new yorkaise des années 20, les fêtes, la bourse, et encore plus de fête, etc. Même l'anachronisme musical dont s'est rendu maître Luhrmann sert à merveille son film, cette ambiance festive et l'agitation contemporaine.
La photographie, la mise en scène, la direction artistique (les décors et surtout les costumes sont vraiment réussis !), le casting (Edgerton et Clarke, deux australiens, mes préférés) tout concourt à créer un Gatsby le magnifique réussi.
Seulement Gatsby, ce n'est pas uniquement ces fêtes et ces gens joyeux. C'est lorsque le drame fait son apparition dans le film que "ça se gâte". C'est parce que le drame apporte son lot de longueurs et de lourdeurs (la musique se fait très empathique et souligne tout) que l'ennui pointe légèrement le bout de son nez. Il en faut peu, mais voilà, l'émerveillement du début se mue en attente, attente de scènes ou de moments plus forts.
Mais ce n'est pas ça qui va tout gâcher, et Gatsby reste une adaptation plutôt réussie du roman de F.S. Fitzgerald.
Le Mot du Comte : 1,5/5
Dans la catégorie des films poids lourds, "Gatsby le Magnifique" est un film obèse, qui suinte de graisse dégoulinante à chaque plan, dans un contexte de trop-plein visuel permanent. La superficialité des décors (naturels ou informatiques), l’obsession pour la chorégraphie (ces majordomes qui ouvrent trois portes en même temps) et la réalisation en carton de Baz Luhrmann n’ont qu’une utilité : nous faire sortir du récit pour admirer la pseudo-flamboyance du film, infligé à coups de reluisants travellings numériques (d’une baie à l’autre) et de compositing dégueulasses en fonds verts. Effervescence fatiguante.
Car ce qui s’affiche à l’écran n’est que niaiserie absolue, mise en scène ringarde et cucul (flashbacks surannés et violons tirés à souhait). Baz Luhrmann, cinéaste de la subtilité et de la retenue, suit le parcours d’un financier-écrivain qui écrit (le film est un flashback) et donc à l’écran s’affiche ses mots, eux-mêmes énoncés par une voix-off omniprésente et usante. Et le montage calamiteux de la première partie n’arrange pas les choses.
Au niveau de la bande-son, l’anachronisme musical est intéressant, mais il n’est qu’argument et non motif, parasité sans cesse par la désastreuse partition de Craig Armstrong, tout en violons et en clichés.
Le point fort du film, c’est avant tout la mythologie autour du personnage de Gatsby et comment elle est préparée, et cette plongée dans le monde des ultrariches de Long Island. Le problème est que Luhrmann rend ce monde très antipathique, très faux (même s'il l'est, on devrait ressentir de l'empathie pour Gatsby). Ainsi, dans cet univers où les téléphones sont posés sur des colonnes de marbres, l’on s’intéresse à des caprices de milliardaires et leurs angoisses bidons (Gatbsy veut absolument faire prononcer une phrase à Daisy –sous peine de caca nerveux, et cela dure tout le film). Car si le mystère autour de Gatbsy est bien monté, les révélations du film sont expédiés pour une romance inachevée et ne valent tout simplement pas le détour. Triste à dire, mais "Gatsby le Magnifique" se vide de toute substance après sa première heure. Ne reste que le reflu et les éléments inexploités du décor (comme ce grand panneau bardé de lunettes, allégorie raffinée de Dieu).
Quand au thème du film, Luhrmann enfonce, les unes après les autres, des portes grandes ouvertes : l’argent ne fait pas le bonheur, les riches n’ont que des amis superficiels, etc. Pas grand chose donc, de ce coté-ci.
Niveau casting, ça coince un peu. Di Caprio semble recycler ses expressions de "Django Unchained" (ce fameux plissage de sourcil) et cabotine pas mal. Point positif, Tobey Maguire est moins prune confite que d’habitude. Quant à Joel Edgerton, il hérite du rôle bâclé, ce qui le rend si caricatural et grossier qu’on n’y croit pas une seconde.
Mais ce qui est le plus ambigu dans le film (et le plus maladroit), c’est sûrement cette reconstitution fantasmatique du New York des années folles, à deux doigts du réactionnaire naïf (et donc dangereux), où les noirs ne sont bons qu’à ouvrir des portes ou jouer de la trompette sur des balcons. Si on ajoute à cela le fait que Edgerton campe un raciste, cela donne un drôle de fantasme de riches blancs.
"Gatbsy le Magnifique", reluisant pour rien et trop long, est un film qui n’a de travaillé que son emballage. Quand au fond et à l’émotion, hormis deux ou trois vifs instants, on cherche encore.
La note de Juani : 2/5
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