mercredi 26 juin 2013

LES BEAUX JOURS

1h34 - Sortie le 19 juin 2013

Un film de Marion Vernoux avec Fanny Ardant, Laurent Lafitte, Patrick Chesnais
Des beaux jours ? Caroline, fraîchement retraitée, n’a que ça devant elle : du temps libre et encore du temps libre. La belle vie ? Pas si simple… Comment alors tout réinventer ? Transgresser les règles, provoquer de nouvelles rencontres, ou bien simplement remplir son agenda ? A moins que tout soit déjà là ?

La Moyenne des Ours : 1/5

Le point de vue de Pépite : 1/5
Ennui, ennui, ennui. La sympathie naturelle que l'on peut porter à Chesnais et Lafitte ne parvient pas à sauver ce film qui ne dégage presque aucune émotion.
On suit avec détachement les "aventures" de Fanny "Je manque de souffle" Ardant qui n'ont rien pour nous captiver réellement : elle a des bugs Internet... elle fait de la poterie (merci la référence mielleuse à Ghost...)... Et je... Fiou je sais plus, j'ai du m'assoupir. 
Même les plus âgés présents dans la salle n'ont pas pu s'empêcher de dormir ou de s'ennuyer. Parfois on rit de l'absurdité des scènes ou des dialogues ou de Ardant. Tout est drôle, sans le vouloir en fait...
Même la seule réplique bien écrite du film (établissant un rapport cynique et malin entre les coiffeurs et le cancer, tout deux soucieux "d'égaliser") est expédiée dans un souffle de Fanny Ardant, incapable de dire ses répliques normalement...
Un moment que l'on souhaiterais récupérer...

Le Mot du Comte : 1/5
Indépendamment de son histoire fade, "Les Beaux Jours" soulève une question : comment Fanny Ardant a-t-elle fait pour bâtir une carrière de cette envergure ? Si on considère sa performance dans ce film, premier élément d’hostilité, la question a toute sa légitimité. Voilà donc dame Ardant, bourgeoise jeune retraitée avec une multitude de balais dans le cul, qui va s’acoquiner dans les bras d'un Laurent Lafitte aussi épais qu'une brindille. Le verdict est dur et sans appel : elle est insupportable. Constamment à bout de souffle, elle prend sans cesse la pose et n’est jamais crédible, même quand elle enfile son costume de dentiste (le dentiste étant déjà un moment effrayant, inutile d’y rajouter le facteur Ardant). 
Le film tient sur elle, et donc ne tient pas du tout. Ce mouvement de coquinisation-rajeunification d’une actrice iconique est en vogue dans le cinéma actuel et à venir. Catherine Deneuve subira le même sort dans le beaucoup plus réussi "Elle s’en va" en septembre prochain (on remarquera d’ailleurs quelques symétries dans les plans des deux films). Sauf que voilà, Fanny Ardant sur la plage, ce n’est pas Catherine Deneuve sur la plage. Et là où "Elle s’en va" réussit, "Les Beaux Jours" sonne faux.
Car le scénario, d’un ennui mortel (un adultère qui commence et qui s’achève, voilà le cinéma français reparti comme en 40), est paralysée par la volonté de séduire son public cible : les vieux. Ces derniers y trouveront sûrement un excellent moyen de s’endormir devant la télé. 
"Les Beaux Jours", contrairement à son héroïne, ne s’autorise jamais la moindre aventure (malgré un prologue au montage assez inattendu). Le film ne contient absolument aucune idée de cinéma, et la mise en scène de Marion Vernoux est, à fortiori, totalement transparente. Platitude.
Les conflits, pour peu qu’il y en ait de véritables, se résument à de simples et naïfs antagonismes de classes, entre les bourgeois (Ardant, Chesnais –dont on ne comprend aucune réplique correctement, et leurs partenaires de dîners) et les prolos (Lafitte, son bouc et ses conquêtes, les autres pensionnaires du club des vieux, etc). 
Tout ça pour accoucher, au final, d’un épilogue mou et conservateur (et cette séquence finale de plage est d'une démagogie incroyable), au lieu d’aller à fond et d’assumer pleinement son sujet (une histoire d’amour malgré la différence d’âge). "Les Beaux Jours" est un ratage, mais un ratage sous vaseline, qui fera roupiller dans les chaumières. Déconcertant.

mardi 25 juin 2013

A VERY ENGLISHMAN

1h41 - Sortie le 19 juin 2013

Un film de Michael Winterbottom avec Steve Coogan, Anna Friel, Imogen Poots
Londres, 1958, Paul Raymond ouvre le « Raymond Revue Bar », théâtre et club privé où apparaissent des femmes dénudées au grand dam de l’Angleterre conservatrice. Producteur de revues dansantes, il devient éditeur de « Men Only », magazine pour adulte qui connaît un succès instantané. Roi de Soho, il acquiert un à un les immeubles du quartier, jusqu’à devenir l’homme le plus riche du Royaume en 1992. S’il mène sa carrière avec brio, sa vie personnelle n’est pas en reste: Paul Raymond est partagé entre Jean, sa femme jalouse, Fiona, sa maîtresse et star de sa revue, et sa fille Debbie qui aimerait suivre les traces de son père.

La Moyenne des Ours : 2/5

Le Mot du Comte : 1,5/5
Un Steve Coogan vieilli, moumouté et moustachu, aux rides artificielles, s’avance dans la pénombre et s’assoit à son bureau. Soudain, un téléviseur apparaît devant lui. Ainsi, il va pouvoir regarder le film de sa vie. Au sens propre. Telle est l’introduction de "A Very Englishman", pénible et poussif biopic qui tente, pendant 1h41, d’intérésser le spectateur à la vie de Paul Raymond (qui est-il ? On n’en sait rien, et on s’en fout).
Seulement voilà, le film manque, dans son prologue, une étape cruciale : créer l’empathie des personnages avec le spectateur. Et comme cette empathie n’arrive jamais, le spectateur finit par rapidement s’ennuyer. Indifférence devant ce montage éprouvant quasi épileptique, sans pause ni temps morts (aucun plan ne dure plus de 5 secondes) et censé capturer l’esprit des années 70. Indifférence devant les peines de cœurs de ce pauvre Raymond, qui s’étonne de voir sa vie de couple s’effondrer alors qu’il couche en permanence avec trois nanas et qui pleure devant le corps overdosé de sa fille qu’il a lui même cokée. Indifférence et usure de subir ces effets kaléidoscopiques, pénibles illustrations du style des magazines du roi du glamour british (et ce, à chaque séance photo, et dieu qu’il y en a !)
Les acteurs de ce gigantesque clip (ou biographie illustrée par l’image et le son, on hésite) ne sont pourtant pas mauvais. Ils jouent leur rôle dans leur petits coins. 
Laissons-les donc à leur labeur et fuyons dans la pénombre...

Le point de vue de Pépite : 2,5/5

NÉ QUELQUE PART

1h27 - Sortie le 19 juin 2013

Un film de Mohammed Hamidi avec Jamel Debbouze, Tewfik Jallab, Malik Bentalha
Farid, jeune Français de 26 ans, doit aller en Algérie pour sauver la maison de son père. Découvrant ce pays où il n’a jamais mis les pieds, il tombe sous le charme d’une galerie de personnages étonnants dont l’humour et la simplicité vont profondément le toucher. Parmi eux, son cousin, un jeune homme vif et débrouillard qui nourrit le rêve de pouvoir rejoindre la France...

Le Mot du Comte : 2/5
S’il ne franchit jamais la ligne de l’hostilité primaire, "Né quelque part", film communautaire qui ne s’en cache pas (on devine aisément le public cible), est d’une mollesse sidérante.
Doté d’un scénario au bord de l’atrophie, ce film dont on peine à discerner le genre véritable (ce n’est pas une comédie car ce n’est jamais drôle, et ce n’est pas un drame car ce n’est jamais intense) ne s’autorise jamais la surprise et déroule tristement son petit programme. Le récit se divise rapidement et le principal argument (la maison familiale va être démolie) se transforme vite en pénible intrigue de vol de papier et de retour en France. Il y a deux films en un, et aucun n’est traité à fond. Au bout du compte, seule l’indifférence prévaut.
Bien sûr, il est probable que le film touche son public cible (à savoir les immigrés et enfants d’immigrés français), déclenchant un sentiment de nostalgie vis-à-vis du « bled ». Le reste du public se contentera des miettes et de cette timide critique du fonctionnement de l’État algérien. C’est d’ailleurs le problème majeur du film, tout n’est qu’effleuré du bout des doigts. Par exemple, la scène du transport clandestin ne semble être la que comme caution morale aux bons sentiments du réalisateur. Car au final, tout le monde est très gentil.
De plus, "Né quelque part" brasse bien trop de clichés. Et ils sont nombreux : les arabes en cité et à Barbès ou encore les classiques délits de faciès (il y a quand même une réplique qui dit « vous êtes français ? Ça ne se voit pas sur votre front »). Le film ne fait que ça. 
Sauf que voilà, pris dans cette tourmente du stéréotype, le film pourrait presque servir d’appui aux arguments haineux du FN, tant le monde arabe qu’il dépeint est proche de la caricature (par exemple, les femmes n’y servent à rien sinon à être mariées et à faire le thé). Au niveau du casting, si Tewfik Jallab fait le boulot, Debbouze cabotine à l’extrême. Heureusement qu’il n’apparaît pas plus de 15 minutes.
"Né quelque part", d’une platitude inoffensive et gentillette, n’ose jamais rien. Le spectateur attentif aurait pu s’en douter, au vu de la structure artificielle du scénario (en flashback, le film est le passé de l’histoire, comme le piteux "Mohammed Dubois"), qui n’est là que pour tenter de dynamiser un récit et une mise en scène qui resteront à jamais mous, car très pauvres.

dimanche 23 juin 2013

THE BAY

1h28 - Sortie le 19 juin 2013

Un film de Barry Levinson avec Kristen Connolly, Christopher Denham, Nansi Aluka
Dans la baie du Maryland, une bactérie non identifiée contamine le lac et ceux qui s’en approchent…

Le Mot du Comte : 2/5
"The Bay", énième film horrifique prenant la forme du found-footage, est un spectacle qui laisse assez indifférent, même si, il faut le reconnaître, le film est supérieur à bon nombre de ses congénères, de par sa manière d’approcher l’horreur et son côté économe.
Le film, qui conte, sous forme d’un documentaire narré par une journaliste qui semble n’en avoir pas grand chose à foutre (et actrice un peu bidon d’ailleurs), une épidémie qui décime une ville du Maryland, se révèle assez efficace sur certains aspects. Il y a là un côté gore économisé (on est loin d’une surenchère à la "Saw") mais efficace : des crânes rongés de l’intérieur, on avait jamais vu ça ! Qui plus est, comme c’est avec le plus simple qu’on fait le plus frappant, il y a cette image qui résume le film en entier : une américaine obèse et purulente déambule au milieu d’une foule en hurlant.
Car voilà, "The Bay" plonge le spectateur au cœur d’une communauté bien américaine, une communauté qui semble réunir tous les aspects qu’on déteste chez l’Amérique : la beauferie primaire (les concours de bouffe, les jeux où l’on tire pour faire tomber quelqu’un à l’eau), la paranoïa inhérente d’un peuple abreuvé par Fox News (les premiers témoins pensent à une attaque d’Al-Qaeda ou de la Corée du Nord !) ou encore une idiotie primaire : il suffit de voir cette scène où le vil Maire (bien cliché au passage) défend son bilan devant ses citoyens pour se rendre compte de l’étendu de la bêtise. Il y a là du réalisme, mais il y a aussi un problème. Car on ne parvient pas bien à déterminer si ce portrait très simpsonien est très ironique ou très premier degré. Certains personnages cyniques (au centre médical, les militaires) viennent alimenter l’ambiguïté.
En revanche, le motif qui caractérise l’épidémie (un peuple décimé de l’intérieur par sa propre bouffe et par des fientes de poulet) est assez amusant. Alors voilà, il y a bien une critique du capitalisme sauvage et un sous-texte écologique, mais qu’en faire ? Le film ne dit hélas pas grand chose d’autre que ce qu’il montre et se révèle au final assez long.
Au final, quand la catastrophe arrive après cette foire aux idiots, le spectateur n’arrive qu’à une seule conclusion : bien fait pour eux !

vendredi 21 juin 2013

MAN OF STEEL

2h20 - Sortie le 19 juin 2013

Un film de Zack Snyder avec Henry Cavill, Amy Adams, Michael Shannon, Russell Crowe
Un petit garçon découvre qu'il possède des pouvoirs surnaturels et qu'il n'est pas né sur Terre. Plus tard, il s'engage dans un périple afin de comprendre d'où il vient et pourquoi il a été envoyé sur notre planète. Mais il devra devenir un héros s'il veut sauver le monde de la destruction totale et incarner l'espoir pour toute l'humanité.

La Moyenne des Ours : 3,8/5

Le point de vue de Pépite : 4,5/5
Man of Steel est un super-film de super-héros, à mi-chemin du côté sombre de la force incarné par la trilogie Batman de Nolan et du spectaculaire incarné par les films de la firme Marvel.
Le dernier film de Zack Snyder a pour principale qualité d'installer avec efficacité le mythe du super-héros le plus connu de DC Comics (et probablement de tous les comics confondus) dans un film de qualité au scénario et à la photographie soignés. Du prologue passionnant dans Krypton à la découverte de Clark Kent de ses origines, on a plus affaire à l'histoire - soigneusement montée et mise en scène - de ce petit garçon découvrant ses pouvoirs (comme en parle le synopsis officiel de la Warner) et ce qu'ils impliquent. 
Le va-et-vient entre le présent de Clark et son passé sont intelligemment pensés et permettent d'en savoir plus sur ce Superman en devenir avec subtilité et émotion. Kevin Costner en père adoptif est notamment extrêmement convaincant, apportant à l'histoire beaucoup d'émotion (qui n'est pas sans rappeler celle qu'il fut le seul à nous transmettre à la dernière cérémonie des Césars) dans les différentes scènes où il enseigne à Clark les responsabilités induites par ses pouvoirs.
Le reste du casting est d'ailleurs une des forces du film, car de la surprenante Amy Adams (loin des clichés des bombes sexy potiches de certains films de super-héros) au comédien-génie Michael Shannon, on peut apercevoir d'excellents acteurs s'inscrivant avec crédibilité dans le film comme Russel Crowe, Laurence Fishburne ou même Christopher Meloni (New York, unité spéciale).
Mais malgré toutes ses qualités indiscutables (la photographie de Amir Mokri est juste à tomber par terre tant elle apporte au film un côté intemporel, granuleux et sublime !) Man of Steel est un film bipolaire.
Bipolaire car en face de la subtilité - de l'élégance presque parfois, de sa narration, le film tombe dans le spectaculaire d'une façon presque exagérée. De Man of Steel on passe en un instant (de rage où Superman cherche à écrabouiller le général Zod) au jeu vidéo "Injustice : Les Dieux sont parmi nous" : destructions et explosions dévastatrices. C'est ici qu'on touche au côté Marvel car la destruction "too much" de Smallville ou de Métropolis rappelle celle de New York dans Avengers.  C'est tellement gros qu'on est sortis de force d'un coup de la narration, on n'est plus bons qu'à observer la destruction qui s'opère sous nos yeux. Les Dieux sont parmi nous, et nous ne sommes plus rien à leurs yeux, ou presque : Snyder nous place vers la fin une famille d'humains inconnus  à sauver par Superman qui ramène le conflit destructeur gigantesque à notre échelle... Mais il est trop tard.
Cela n'empêche néanmoins pas Man of Steel de rejoindre The Dark Knight dans un panthéon de très bons films de super-héros, la direction plus sombre prise par Nolan pour la firme DC Comics étant tout de même encore efficace. Après ça, comment ne pas rêver d'une Ligue des Justiciers pilotée par Mr. Nolan dans les années à venir avec Flash, Wonderwoman et consorts... Certains ont déjà commencé à attiser cette rêverie : voyez l'affiche alléchante...

Le Mot du Comte : 4/5
Le premier quart d’heure de "Man of Steel" se passe sur Krypton, la planète natale de l’homme d’acier. Cette ouverture, spectaculaire et frissonnante, parvient à accomplir ce que tous les autres films de la franchise ont échoué : émouvoir le spectateur et prendre le temps d’installer le drame kryptonien, territoire peu exploré jusqu’ici. Par ailleurs, ce prologue contient la plus puissante scène de bataille spatiale qu’on ait vu depuis 2005 (et le film s’appelait "La Revanche des Sith").
C’est un fait, tout au long du film, malgré le kitsch de certains costumes et de la coupe de cheveux de Russell Crowe, on sent clairement la volonté de Snyder de dépoussiérer le genre pour en renouveler les codes. Le travail de recherche est constant, que ce soit au niveau de la direction artistique, qui évite l’écueil de la technologie facile (vous ne trouverez pas un seul écran sur Krypton, les lasers n’en sont pas, la terraformation et cette compression par vagues d’écrasement est visuellement terrassante), qu’au niveau du symbolisme.  Car si on passe outre les allégories messianiques un peu lourdes et quasi-obligatoires (Superman se jette dans le vide en position christique), la recherche de motifs nouveaux est un des grands atouts du film : la légitimité de Superman (sa condition d’allié) est questionnée, le voilà menotté, interrogé (dans une des scènes les plus intéressantes du film) et mis à l’épreuve par son peuple adoptif. L’acceptation du sauveur n’est pas automatique, elle ne va pas de soi, et c’est une bonne chose. Montrer la trajectoire d’un homme qui a cherché à disparaître en permanence, jusqu’à ce qu’on le force à sortir du bois, voilà une approche neuve. Quel plaisir de voir enfin un blockbuster qui ne prend pas ses spectateurs pour des ados de 12 ans ! 
Blockbuster qui, paradoxalement, contient son essence dans les scènes pauvres en effets spéciaux (l’interrogatoire, le passé de Clark à la ferme, le message de Zod, etc). Si on reconnaît ici la patte de Nolan, celle du bourrin Snyder prend le dessus dans sa dernière heure. Car "Man of Steel" commet  l’erreur des "Avengers" et sombre alors dans l’apathie : la surenchère aveugle d’effets spéciaux, algorithmes froids qui viennent envahir l’écran et écraser le spectateur sous une abondance de destructions, et qui rend de fait assez inopérant le combat final qui suit. Au final, le film aurait pu être amputé de tant de gras, de son trop-plein de spectaculaire vain. Les milliers de morts s’empilent dans l’indifférence absolue.
Niveau casting, c'est un quasi sans-faute. Russell Crowe est beaucoup plus empathique en Jor-El qu’en Javert (bien qu’il soit toujours autant obsédé par les étoiles). Amy Adams est un choix intéressant, pour une fois qu’on nous impose pas une blonde sans âme. Mais le meilleur rôle est porté par le dément Michael Shannon, qui offre à Zod un côté extrémiste inattendu. Sa voix apporte une dimension ambiguë intéressante. Dommage que Kevin Costner soit si peu présent, car il réussit, le temps d’un plan où le vent souffle, à faire mouche. Le point faible est chez Henry Cavill, qui n’a pas plus d’une demie page de dialogues pour se défendre, et qui, le plus souvent, laisse à son costume la plus grande part du travail.
Le scénario est assez classique. On distingue très facilement la structure en trois actes, malgré la volonté de Snyder de brouiller les pistes par une construction temporelle emmêlée. Quelques incohérences et raccourcis que le spectateur tolérant laissera passer (le film est remplit de « belles » coïncidences, comme ces personnages qui se retrouvent au bon endroit au bon moment) viennent alourdir le film par endroits. Au niveau des références à l’univers externe du film (Smallville, Lexcorp, Wayne Enterprise), on les appréciera pour ce qu’elles valent, c’est à dire pas grand chose.
Quant à la musique, Hans Zimmer réussit l’exploit de s’autoplagier. Son thème principal, aérien, qu’il use jusqu’à la moelle, finit par agacer tant il est omniprésent. Mais les défauts de "Man of Steel" n’occultent pas le plaisir qu’on peut y prendre. Cette relecture est fascinante tant elle tente, dans sa première heure et demie, d’aller de l’avant. Dommage que le reste ne suive pas le mouvement.
"Man of Steel" n’est pas un grand film, certainement pas un chef-d’œuvre, mais un très bon blockbuster, produit extrêmement rare de nos jours. On regrette cependant que le film ne résolve toujours pas ce mystère : comment l’homme d'acier fait-il pour se raser ?

La note de Juani : 3/5

mercredi 19 juin 2013

LA GRANDE BOUCLE

1h38 - Sortie le 12 juin 2013

Un film de Laurent Tuel avec Clovis Cornillac, Bouli Lanners, Ary Abittan
François est un passionné du Tour de France. Licencié par son patron et quitté par sa femme, il part faire la Grande Boucle avec un jour d’avance sur les pros. D’abord seul, il est vite rejoint par d’autres, inspirés par son défi. Les obstacles sont nombreux mais la rumeur de son exploit se répand. Les médias s’enflamment, les passants l’acclament, le Maillot Jaune du Tour enrage. François doit être stoppé !

Le Mot du Comte : 2/5
Formellement, si on le compare aux récentes comédies françaises, "La Grande Boucle" n’a pas à rougir. Car en dépit de son scénario manichéen, simpliste et dont la trajectoire a déjà été mille fois vue, pour une comédie grand spectacle, le film tient plutôt la route.
Les défauts, ils sont nombreux et sont relatifs à la standardisation et à la pauvreté scénaristique des comédies françaises : scénarios à raccourcis vertigineux, stéréotypes à outrance (ce rappeur et ces gitans, parmi d’autres), simplisme de cette France qui semble ne pas subir la crise (personne ne semble travailler d’ailleurs), thématique lourdingue à peine fouillée (ici, il s’agit de la paternité non assumée), glorieux pompage sur d’autres films (on a bien sûr "Forrest Gump" en tête), etc. En bref, le scénario évacue à coup de chasse d’eau les conflits de ses personnages. Certains appellent cela deux ex machina, d’autres songent plutôt à un manque de rigueur scénaristique. 
Malgré ces lourds défauts, le film avance, sans réinventer le fil à couper le beurre, dans une sorte d’indifférence bienveillante et arrive à faire fonctionner quelques scènes, comme celle où Cornillac, seul au milieu de rien, voit passer au dessus de sa tête la patrouille de France, où encore cette scène de contre-la-montre en présence d’anciens champions du Tour. De brefs instants épiques et nostalgiques perdus au milieu d’un océan de logos publicitaires.
Car bien sûr, le majeur défaut du film est de révéler au grand jour, en ces temps de débat sur le financement du cinéma, les connivences insupportables entre TV et grand écran. "La Grande Boucle", dans son côté nauséabond, prend l'allure d'un spot d’une heure trente pour le Tour de France (au vu du sujet, on s'en doutait) mais aussi pour Orange, France TV, PMU, Lesieur ou encore Cochonou ! Le film, quand il sera diffusé en prime sur TF1 (qui finance le film, les coquinous), ne servira qu’à jouer les prolongations des coupures pub. Les ménagères de moins de 50 ans seront ravies d’y retrouver Nelson Monfort, André Manoukian ou encore Michel Drucker (oui oui) qui viennent satisfaire les financeurs-chaînes. 
De plus, le côté réactionnaire du film est renforcé par la présence de cette confrontation perpétuelle entre jeunes et anciens (Monfort se dispute avec son jeune co-animateur), qui a lieu tout au long du film. Et au final, les vieux l’emportent sur les jeunes, dépeints comme arrogants. Classe.
Quant au casting, Cornillac fait du Cornillac (et ce, depuis "Poltergay") et Ary Arbittan incarne un coureur italien cliché sur pattes au revirement sorti de nulle part. Répugnant. Le reste réunit les gueules habituelles des comédies pourries (Bruno Lochet, André Marcon, etc). 
Niveau mise en scène, entre deux images piquées aux caméras de France TV, c'est le calme plat.
Si "La Grande Boucle" est doté d’un scénario inhabituellement structuré pour des comédies de ce calibre (et d’une hostilité par trop flagrante), le film est saboté par son manque de substance et son allégeance cynique à ses financeurs. Au moins, le message a le mérite d’être clair : ce n’est clairement pas du cinéma. Bide en vue.

L'INCONNU DU LAC

1h37 - Sortie le 12 juin 2013

Un film de Alain Guiraudie avec Pierre Deladonchamps, Christophe Paou, Patrick d'Assumçao
L'été. Un lieu de drague pour hommes, caché au bord d'un lac. Franck tombe amoureux de Michel. Un homme beau, puissant et mortellement dangereux. Franck le sait, mais il veut vivre cette passion.

Le Mot du Comte : 3/5
Contrairement à ce que l’on pourrait penser, "L’inconnu du lac" est un savant mélange de deux genres : la comédie sentimentale et le film policier (et un dérivé, le survival). Car le premier mérite du film d’Alain Guiraudie est de ne pas faire de l’homosexualité un prétexte. Après tout, le film pourrait se passer près d’un lieu de drague hétéro que cela ne changerait presque rien.
Guiraudie parvient à instaurer une vraie incertitude dans cette utopie sexuelle, ce petit coin de paradis que le spectateur ne quittera jamais. Suspense et ambiguïté, telle sont les deux idées phares de "L’inconnu du lac".
Un aspect fort du film, c’est son naturalisme solaire, rugueux, complet et par conséquent, presque modèle. Les centimètres de pénis que le film déroule est en parfaite cohérence avec ce que requiert le lieu du film, ce lac nudiste et ses berges, personnage à part entière de l’intrigue. Si on intègre cette parade de verges (qui devient, au fil du temps, une norme visuelle), on aurait largement pu se passer de ces plans pornos purs : cette fellation et éjaculation en gros plans ne sont d’aucune utilité, puisque le spectateur est déjà happé par la science naturaliste de Guiraudie. On y croit pas parce que c’est réel, mais parce que c’est réaliste.
Comédie sentimentale donc, avec ce Franck en recherche d’amour qui, malgré le danger qui le guette, creuse un peu plus loin le sillon de la séduction. A côté de lui, il y a le disgracieux Henri, observateur judicieux et précieux dont la fonction pure (éclairer Franck, dont on le soupçonne amoureux) s’accomplit à merveille : le personnage le plus touchant du film, c’est bien lui. La force des dialogues repose paradoxalement dans les silences que Guiraudie laisse traîner entre deux répliques de ce couple informel Franck-Henri. Puissance du non-dit, influence du hors-champs, voilà pourquoi les plans pornos ne servent à rien. Abdellatif Kechiche devrait comprendre cela.
Guiraudie ne manque également pas d’humour, avec cette galerie de personnages et situations absurdes (le petit pervers qui se touche devant les couples en plein coït, ou cette crise de jalousie disproportionnée), toujours rattachés au réel et à la pratique du sexe, avec ces mésaventures afférentes. On notera aussi au passage l’élégance du découpage (ce plan-parking qui revient sans cesse), qui fait sens avec la structure du récit et le formidable travail sur l’image et le son (ces plans de baignades sont d’une beauté simple et poétique).
En revanche, la dernière partie de l’intrigue vire dans le grand-guignol le plus total (la relative élégance du premier meurtre n’a rien à voir avec la ridicule boucherie de la fin). Et cette fin facile et racoleuse (« je coupe avant la fin car je n'en ai pas ») n’est clairement pas à la hauteur du reste du film et ressemble plus à de l’arrogance scénaristique (ou pis, de la flemme) qu’autre chose. Enfin, le personnage de l’inspecteur n’est pas du tout crédible et semble sortie d’une mauvaise bande dessinée.
Malgré le fait que l’histoire n’aille pas au bout d’elle-même (ce qui amène à cette interrogation cruelle : que nous dit le film ?), "L’inconnu du lac" montre qu’avec peu, on peut faire beaucoup, sans pour autant laisser le spectateur sur le bord.

jeudi 13 juin 2013

STAR TREK INTO DARKNESS

2h10 - Sortie le 12 juin 2013

Un film de J.J. Abrams avec Chris Pine, Zachary Quinto, Benedict Cumberbatch
Dans un monde en guerre, le Capitaine Kirk, animé par la vengeance, se lance dans une véritable chasse à l’homme pour neutraliser celui qui représente à lui seul une arme de destruction massive : le mystérieux John Harrison. Nos héros entrent dans un jeu d’échecs mortel. L’amour sera menacé, des amitiés seront brisées et des sacrifices devront être faits dans la seule famille qu’il reste à Kirk : son équipe.

La Moyenne des Ours : 3,5/5

Le Mot du Comte : 3/5
Il est rare de voir dans des trilogies un second épisode de qualité égale voire inférieur au premier volet. C’est le cas de "Star Trek Into Darkness", qui, lorgné en permanence vers le passé –et jamais vers l’avenir, tourne en rond et ne décolle jamais. Ce second épisode intergalactique a le défaut de ne faire que le strict minimum pour être efficace, Abrams n’innove jamais et reste aussi superficiel que lors du premier volet. C’est dommage, car un second volet permet de développer les personnages, leurs liens et des thèmes comme le rapport à la famille (l’équipage), la loyauté ou la fraternité, qui ne sont ici que vaguement effleurés. Le formatage est bel et bien là. "Star Trek Into Darkness" semble sur le fil du rasoir et manque en permanence de sombrer vers la crétinerie qui avait entraîné "Iron Man 3" dans les abysses du blockbuster médiocre.
L’intrigue, foutraque dans sa forme, est très prévisible. On en attendait plus du méchant, incarné par Benedict Cumberbatch (dont l’accent britannique appuyé –original pour un méchant, n’est là que pour flatter l’éternel complexe des américains vis à vis du Vieux Continent), s’il ne surjouait pas tant dans les scènes d’actions (en 2013, quand un méchant n’est pas content, il hurle « noooooo » tout seul, oui oui).
La force du film repose avant tout dans les scènes de dialogues entre lui et Kirk (Chris Pine, toujours aussi blême), scènes minimalistes mais qui sont les seules à être dotées d’enjeux véritables (et Abrams n’est-il pas meilleur quand il filme des personnages qui ont beaucoup à se dire ?).
Un film majoritairement sans enjeu donc, si ce n’est celui de la référence et du gadget. Car le film voyage constamment dans le passé de la saga, multipliant les références, à son univers propre bien sûr, mais aussi aux autres films : preuve en est de cette séquence où Leonard Nimoy apparaît (comme dans le premier volet), de l’identité véritable du méchant où encore cette scène ou Kirk et Spock posent leurs mains chacun d’un côté d’une porte vitrée et discutent (référence directe à la fin de "La Colère de Khan"). Les connaisseurs des premiers films trouveront là de quoi se satisfaire, car après tout, qu’est donc ce film si ce n’est le simple remake d'un ancien film de la saga version 2013, tant il n’apporte rien sur le plan narratif et formel ? Car, au contraire du titre et du pitch, rien ne va « into darkness ».
De fait, le plaisir n’est pas souvent là. Bien sûr, il y a quelques séquences spectaculaires mais leur suspense est parasité par la faible ambition du scénario et par la permanente légèreté qui règne sur le film. La faute à un humour permanent (on se croirait chez Disney), où chaque personnage vient faire sa blague, chacun son tour. Du coup, le film perd toute sa crédibilité dramatique, en plus de devenir rapidement agaçant : car entre deux bons mots, des gens sont aspirés dans l’espace. L’univers visuel a pourtant tout pour être crédible : effets spéciaux soignés, 3D plutôt bien travaillée, malgré ces satanés halos (ou lense flares), pour la plupart rajoutés en post-prod qui jaillissent et aveuglent le spectateur (et il y a en vraiment partout, même dans les plans sombres).
C’est a peut près le seul élément de mise en scène reconnaissable, tant celle-ci est insipide. Aucun mécanisme émotionnel ne fonctionne à 100% (Abrams trouve aussi le moyen de recycler le fameux « avion qui se prend la montagne, mais qui l’évite au dernier moment », quand l’Enterprise sombre dans les nuages), car l’émotion est sabotée par une musique larmoyante, passe-partout, et qui emprunte autant à John Williams qu’au thème musical des anciens films. Manque d’originalité. La seule scène spectaculaire marquante l’est parce qu’elle porte en elle l’imagerie du 11 septembre, elle intervient vers la fin du film.
Efficace mais vite oublié, "Star Trek Into Darkness" manque de force et d'identité propre. Quant au génie supposé de JJ Abrams, acclamé par la clique geek et la presse moutonnière, on attend toujours d’en avoir la preuve formelle…

La note de Pépite : 4/5

mardi 11 juin 2013

THE BLING RING

1h30 - Sortie le 12 juin 2013

Un film de Sofia Coppola avec Emma Watson, Israel Broussard, Taissa Farmiga
À Los Angeles, un groupe d’adolescents fascinés par le people et l’univers des marques traque via Internet l’agenda des célébrités pour cambrioler leurs résidences. Ils subtiliseront pour plus de 3 millions de dollars d’objets de luxe : bijoux, vêtements, chaussures, etc. Parmi leurs victimes, on trouve Paris Hilton, Orlando Bloom et Rachel Bilson. Les médias ont surnommé ce gang, le "Bling Ring".

La Moyenne des Ours : 1,8/5

Le Mot du Comte : 0/5
"The Bling Ring" n’est cinéma que le temps d’un plan. Rebb trouve le parfum de Lindsay Lohan, chez elle, lors d’un braquage. Elle se parfume avec et se fige. Cut. 
Ainsi fut l’unique idée de cinéma de Sofia Coppola pour "The Bling Ring" (c'est bien peu sur 1h30), pénible chronique soit disant adolescente où l’envie de baffer tout le monde prend vite le dessus sur autre chose. Les personnages sont des coquilles vides exaspérantes qui se résument à ces stéréotypes : un ado gay mal dans sa peau devient ami avec trois pétasses gâtées pourries et qui sont mais vraiment bien idiotes, caricature pure et dure oblige. Le scénario est tout aussi vide, puisqu’il ne s’attache qu’à l’article de Vanity Fair qui a inspiré cette idiotie. Et il est construit de manière tout aussi savante : braquage, braquage, braquage, braquage, braquage, braquage, arrestation, fin. 
Un développement des personnages ? Que nenni! Une progression dramatique inattendue ? Que nenni! L’histoire qui gît devant nos yeux telle une larve mort-née est aussi consistante qu’une miette de pain azyme.
En plus de nous faire subir le vide pendant 1h30, Coppola ne manque pas de nous infliger les excroissances de sa mise en scène branchée, ce qui inclut bien évidemment un fétichisme crétin pour les chaussures, de la musique pop assourdissante ou bien des flashes dans tout les sens, jusqu’au décollage rétinien. Pour un point de vue et des idées de cinéma, on repassera, car "The Bling Ring", c’est le degré zéro du cinéma. Si "Somewhere" avait un tant soit peu de contenu et de vision sur un monde, on se demande bien à quoi peut servir le dernier opus de Sofia Coppola. Car non, voir des filles écervelées glousser et étaler des inepties (les dialogues se résument à aligner des « Oh my God » à tout bout de champ), ce n’est pas jubilatoire. Pas parce que cela ne fait pas rire, mais parce que la démarche est profondément cynique de la part de Coppola l’arrogante, qui se moque sans ambages de ces victimes de la mode et de la société de consommation américaine, sans s’attaquer à la cause de leurs dérives. 
Coppola n’a rien à dire et ne fait preuve d’aucun renouvellement. Elle ne fait que flatter son public féminin bobo-branché, acquis depuis les Converses de "Marie-Antoinette". D’images à allure publicitaire (cette photo fade qu’on croirait faite pour nous vendre un fameux café lait/glaçons) à l’utilisation de vidéos de TMZ (parfaite passerelle entre la pauvreté intellectuelle du site et le trou sidéral du film), "The Bling Ring" a des allures de flemme cinématographique, ou pis, des allures d’un cinéma de caste où Sofia Coppola n’illusionnerait qu’elle-même. "The Bling Ring", film-caprice, est une saloperie inconsistante, rien de plus.

La note de Pépite : 3,5/5

L'AUTRE VIE DE RICHARD KEMP

1h42 - Sortie le 5 juin 2013


Un film de Germinal Alvarez avec Jean-Hugues Anglade, Mélanie Thierry, Philippe Berodot
Alors que le Commandant Richard Kemp enquête sur un meurtre, d'étranges similitudes lui rappellent le Perce-Oreille, un tueur en série qu'il a traqué en vain au début de sa carrière. Son seul témoin est Hélène Batistelli. Mais un événement mystérieux renvoie Kemp vingt ans en arrière, en mai 1989, à la veille du premier meurtre commis par le Perce-Oreille. Kemp tente à nouveau d’empêcher les meurtres d'avoir lieu, mais un jeune flic lui complique la tâche : cet inspecteur ambitieux n'est autre que lui-même, vingt ans plus tôt...

Le Mot du Comte : 3,5/5
Doté d’un scénario ambitieux (mais non exempt de faiblesses), "L’autre vie de Richard Kemp" exploite assez sobrement et efficacement le voyage dans le temps. Le personnage de Kemp profite pas mal de son pouvoir (connaître le futur) et l’utilise (au contraire de Noémie Lvovsky dans "Camille Redouble", qui se contentait de faire du vélo en doudoune rouge), pour le bon plaisir du spectateur, qui aurait fait la même chose si cela lui arrivait. L’intrigue policière est assez classique et l’intêret du film repose donc dans ce voyage temporel. Dommage que le déroulement du film contiennent quelques points qui portent à confusion (comme le manque d’explications sur les conséquences dans l’autre vie de Kemp ou encore cet épilogue brumeux). Ces points obscurs renforcent la frustration du spectateur, qui sent que le film ne va pas au bout des choses.
Il faut également déplorer la relative timidité du film (qui est un premier film) et sa volonté excessive de ne jamais en faire trop (excès d’humilité peut-être?) Cette timidité se traduit dans la mise en scène, sobre et efficace, mais qui manque un peu de verve, ou bien dans la direction d’acteur. Si Jean-Hugues Anglade et Mélanie Thierry font le boulot, un peu plus de punch dans leur jeu aurait été bienvenue, car bien souvent, on est à deux doigts du sous-jeu (assez inapproprié dans une situation comme celle-ci).
Quelques scènes d’émotions ponctuent ce film : la scène ou Anglade rend visite à sa mère, ou encore l’épilogue. La découverte majeure du film a cependant un nom : Philippe Berodot, une nouvelle gueule à découvrir, qui fait de l’ombre aux rôles principaux et apporte la seule dose d'humour du film.
"L’autre vie de Richard Kemp" aurait pu être un excellent film, s’il ne s’était pas contenté de ne remplir que son cahier des charges (et rien d’autre), et ce, à presque tout les niveaux. Pour un premier film, l’essai semble toutefois réussi.

dimanche 9 juin 2013

POP REDEMPTION

1h34 - Sortie le 5 juin 2013

Un film de Martin Le Gall avec Julien Doré, Grégory Gadebois, Jonathan Cohen
Chaque été, depuis leur adolescence, les Dead MaKabés se paient ce qu’ils appellent prétentieusement une "tournée d’été" - quelques concerts dans des festivals du fin fond de l’Europe. Mais, pour ces quatre copains, la crise de la trentaine couve et cette semaine de récréation risque bien d’être la dernière. Difficile de rester fidèle à ses idéaux quand on est membre d’un groupe de black metal…

Le Mot du Comte : 1,5/5
Par où commencer ? Si "Pop Redemption" avait été marqué du sceau de la mauvaise volonté, le film aurait des allures de catastrophe industrielle. On en est pas loin, et c’est bien triste pour un premier film qui se présente sous la forme d’une comédie sur l’univers des métalleux, mais qui n’est drôle que le temps d’un gag (profitez en, c’est rapide). Mais quel peut donc être le problème de "Pop Redemption" ? La crédibilité. C’est bien simple, aussi bien au niveau de l’image que de ce qui s’y passe, on n’y croit jamais.
Le scénario bizarre que voilà. Bizarre, car on le sent rafistolé. Preuve en est du rôle d’Alexandre Astier (en auto caricature et inutile au fond de l’histoire), qui semble ajouté à posteriori pour densifier artificiellement cette intrigue de cavale sur fond de buddy movie. Preuve en est aussi de cette scène d’accident où le groupe s’échappe sans raison apparente (bien qu’on tente de maquiller le manque de raison des personnages de manière assez grossière), alors qu’ils ne craignent absolument rien de la police (ceux qui ont vu le film comprendront). Si le spectateur ne croit pas à l’incident déclencheur du film, comment peut-il croire au reste du film sans qu’il s’écroule ? Premier ratage.
Au niveau visuel, on dirait de l’amateurisme pur et dur. Certaines scènes sont si mal éclairées (la scène d’anniversaire du môme) et le découpage si bâclé qu’on se croirait devant une sitcom française des années 90 (c’est dire !). Qui plus est, la pauvreté relative des cadres et le mauvais choix des décors (le film donne l’impression d’avoir été tourné à l’arrache, sans que qui que ce soit n'ait pris la moindre décision) n’arrangent pas les choses. Second ratage.
A présent, le casting. Le casting. Il serait peut être temps que quelqu’un dise à Julien Doré d’arrêter le cinéma. Peut-être a-t-il été recruté pour ses talents de chanteur, bien qu’ici, il ne fasse que gerber dans un micro ? Le mystère reste entier. Les seuls comédiens à avoir une certaine présence à l’écran (Grégory Gadebois et Jonathan Cohen) sont hagards, et se demandent ce qu’ils font là, à réciter les dialogues en lambeaux de personnages-arguments en carton (l’un a des enfants, l’autre un resto, blablabla). Troisième ratage. 
Quelques points positifs sauvent tout de même "Pop Redemption", qui décolle le temps de deux scènes (les concerts), et qui possède un générique de fin original (mais qui perds du coup sa fonction première, on lit difficilement les noms). Quelques trouvailles également au niveau musical, qui contient quelques motifs amusants. Le spectateur comprendra bien que Le Gall est obsédé par les Beatles. La comparaison visuelle marche bien une fois (l'affiche le montre bien), mais au bout de la douzième fois, on sature un peu quand même. Et au cas où on ne comprendrait pas assez, des cartons armés de citations apparaissent tout au long du film. Yeah!
Maladroit, assez ridicule et cruellement pas drôle, "Pop Redemption" a tout du nanar sympathique qu’on regarde avec condescendance, avant de l’oublier définitivement.

THE ICEMAN

1h45 - Sortie le 5 juin 2013

Un film de Ariel Vroman avec Michael Shannon, Winona Ryder, James Franco
Tiré de faits réels, voici l’histoire de Richard Kuklinski, surnommé « The Iceman », un tueur à gages qui fut condamné pour une centaine de meurtres commandités par différentes organisations criminelles new-yorkaises. Menant une double vie pendant plus de vingt ans, ce pur modèle du rêve américain vivait auprès de sa superbe femme, Deborah Pellicotti, et de leurs enfants, tout en étant secrètement un redoutable tueur professionnel. Lorsqu’il fut finalement arrêté par les fédéraux en 1986, ni sa femme, ni ses filles, ni ses proches ne s’étaient douté un seul instant qu’il était un assassin. Pourquoi l’est-il devenu, et comment a-t-il réussi à continuer pendant si longtemps ?

La Moyenne des Ours : 3/5

Le Mot du Comte : 2/5
"The Iceman" eut pu être un bon film, s’il avait cherché à tenir sur autre chose que sur la performance de Michael Shannon, qui incarne ici un tueur à gage multirécidiviste, tout en étant père et mari dévoué.
La mise en scène, ultra plate, se résume à de l’enregistrement pur et simple. Elle n’a absolument aucune ambition si ce n’est celle de s’effacer, rendant ainsi le film très froid (les images sont désaturées à outrance), très impersonnel et assez balourd dans son déroulement.
Car le scénario est un peu bancal. Très linéaire (la vie de Joseph Kuklinski résumée en 1h45) et sans vraie surprise, on finit par trouver le film assez long, quand il ne patine pas proprement dans la semoule: ce micmac impliquant le personnage de David Schwimmer est la pénible preuve que le film tente de se renouveler sans y arriver.
Adapté d’un livre, le spectateur sent en permanence l’obsession du fait. Il y a des films qui nécessitent une construction dramaturgique propre, quitte à s’éloigner du livre-source. "The Iceman" en fait partie.
Bien sûr, l’un des atouts du film (peut-être même le seul) repose dans son casting. "The Iceman" offre l’opportunité à Michael Shannon d’offrir une belle démonstration de ce qu’il sait faire : se taire, grogner, gueuler, tuer et casser des gueules. Winona Ryder est ici une alliée solide. Chris Evans, s’il est méconnaissable, n’offre par contre par grand chose de nouveau. Et Ray Liotta incarne, pour la trente-sixième fois de sa carrière, un truand des années 70.
Faiblesse de l’exercice de style et faiblesse d’un scénario qui ne répond même pas à la question posée par son pitch, "The Iceman" offre quelques scènes fortes mais a du mal à tenir sur la durée. Si Michael Shannon est impeccable, il ne peut porter à lui seul ce film, qui finit par s’enliser et par légèrement user son spectateur.

La note de Pépite : 4/5

mercredi 5 juin 2013

LA FILLE DU 14 JUILLET

1h28 - Sortie le 5 juin 2013

Un film de Antonin Peretjatko avec Vimala Pons, Grégoire Tachnakian et Vincent Macaigne
Hector qui a rencontré Truquette au Louvre le 14 juillet, n’a qu’une préoccupation : séduire cette fille qui l’obsède. Le meilleur moyen c’est encore de foncer l’emmener voir la mer et Pator ne saurait lui donner tort, surtout si elle est accompagnée de sa copine Charlotte… Flanqués de l’inévitable Bertier, ils empruntent les petites routes de France dont les caisses sont vides. Car c’est la crise ! Il faut remettre la France au boulot et, en plein été, le gouvernement décide d’avancer la rentrée d’un mois. Un chamboule-tout et quelques liasses de billets plus tard, le groupe se disloque à l’image d’une France coupée en deux, entre juillettistes et aoûtiens jaloux. Mais rouler en sens inverse du travail n’effraie pas le trio restant, bien décidé à retrouver La Fille du 14 juillet et à vivre un été débraillé.

SÉLECTION DE LA QUINZAINE DES REALISATEURS 2013

La Moyenne des Ours : 2.8/5

Le point de vue de Pépite : 3/5
La Fille du 14 Juillet est à l'égal du court métrage French Kiss d'Antonin Peretjatko : joyeusement kitsch, libre et anachronique. Bien qu'il peine sur la longueur, il reste délicieusement drôle et vintage.
Antonin Peretjatko teste ici sur le format long des trouvailles tordantes dans une mise en scène rappelant beaucoup les films de la Nouvelle Vague française, tout comme l'histoire. Les personnages sont décomplexés, rêveur, tantôt gentiment cyniques tantôt naïfs... Du scénario à la direction des comédiens (probablement tous un peu fous dans leur tête !) en passant par le traitement des voix (plutôt haut perchées, comme enregistrées par un Nagra III au moment de sa sortie) ou même les effets spéciaux "lourdingues" (le doigt coupé, etc.), tout concourt à donner une teinte vintage à ce film sympathique.
Ce qui est dommage, c'est qu'à partir du moment où les personnages se séparent dans le film (à mi-chemin disons), l'humour spontané et pêchu commence doucement à se dissoudre, à devenir moins piquant. C'est dommage parce que ça commençait vraiment très bien ! 
Néanmoins, cette deuxième partie un peu plus molle ne manque pas non plus de charme et de bonnes idées (le livre de conseils de drague constitue l'une de ces bonnes idées), et on reste sur une note positive. On attend beaucoup de cette supposée nouvelle Nouvelle Vague, comme certains critiques l'annoncent... A surveiller !

Le Mot du Comte : 2,5/5
Ceux qui ont vu le court-métrage "French Kiss" sauront très bien de quoi est fait "La Fille du 14 Juillet" : une inventivité de l'instant et une pétillance permanente forment cet univers loufoque et décalé.
Si le film a une beauté première, c’est bien celle de déformer en permanence le réel et de le transformer en fantaisie comique, tout en conservant une vraie justesse quant aux angoisses et aux issues des trentenaires de notre temps (on retiendra au passage l’obsession de Peretjaktko pour la Révolution Française et son esprit républicain). Portrait pétaradant de la France de 2013, avec ses aspirations et ses démons.
Bien sur, on devine les contours de sa fabrication faite de bric et de broc, mais cela ne gêne pas, car cela tient et, au contraire de nombreuses comédies françaises, c’est drôle et ce n’est pas indigeste. Les allusions politiques ou artistiques sont si nombreuses que beaucoup finiront par s'y retrouver, à un moment ou à un autre.
Frappé par une crise de godardite aiguë et des sympathiques symptômes du cinéma des années 70 (voix déformées et post-synchronisées, images accélérées), on regrette toutefois la pauvreté de l’enjeu et la monotonie de l'intrigue. Car si le film est formidable jusqu’à sa moitié, il ne tient pas du tout la route dans son intégralité (la cassure intervient au moment où le groupe se divise). La légèreté de la forme ne justifie pas celle du fond. De séquences longues en scènes interminables (cette scène de repas chez un sosie de Lionel Jospin), "La Fille du 14 Juillet" s’enlise peu à peu, se traînant, à bout de souffle, vers son épilogue. L’ennui et l’indifférence finissent alors par prendre le pas sur l’enthousiasme de départ, et c'est bien dommage.


AFTER EARTH

1h40 - Sortie le 5 Juin 2013

Un film de M. Night Shyamalan avec Will Smith et Jaden Smith
Après un atterrissage forcé, Kitai Raige et son père, Cypher, se retrouvent sur Terre, mille ans après que l’humanité a été obligée d’évacuer la planète, chassée par des événements cataclysmiques. Cypher est grièvement blessé, et Kitai s’engage dans un périple à haut risque pour signaler leur présence et demander de l’aide. Il va explorer des lieux inconnus, affronter les espèces animales qui ont évolué et dominent à présent la planète, et combattre une créature extraterrestre redoutable qui s’est échappée au moment du crash. Pour avoir une chance de rentrer chez eux, père et fils vont devoir apprendre à œuvrer ensemble et à se faire confiance…

La Moyenne des Ours : 2,8/5

Le Mot du Comte : 3/5
S’il est loin d’être malhonnête et hostile, "After Earth" est une compote brassée de figures attendues, tant au niveau de son univers que son intrigue. L’intégralité du film peut se deviner dès les 15 premières minutes et cette pénible introduction qui explique le monde du film. Si quelques scènes sont efficaces et si l’émotion afflue par moment (on s’attardera plus sur les animaux –l’aigle et ses oisillons !, que sur cet adolescent en manque de charisme), l’intrigue suit une route bien tracée et qui ne sera jamais perturbée, malgré les puissantes contraintes instaurées dès le départ (le manque d’oxygène, le gel, etc.) au final très peu exploitées. On se réconfortera quand même de la relative humilité du film, son côté modeste (non-spectaculaire) et bienveillant, ainsi que sa structure équilibrée, qui suit le schéma d’une fable sur l'acception de la peur. Malgré le déjà-vu (et l’avance permanente du spectateur sur les faits et les dialogues), on ne s’ennuie jamais et on se laisse paisiblement porter.
La direction artistique du film laisse toutefois un peu à désirer ; rien de bien splendide de ce côté là, si ce n’est une omniprésence des os et des muqueuses (la structure du vaisseau, les parois). Par contre (et c’est suffisamment rare pour être souligné), les effets spéciaux ne sont franchement pas dégueulasses, du bon boulot de ce côté là.
Au final, "After Earth" est un spectacle plus agréable qu'il n'en a l'air, et moins catastrophique que ne le laissait présager le dernier opus de M. Night Shyamalan, "Le Dernier Maître de l’Air".

Le point de vue de Pépite : 2,5/5
Oui... Mais non... After Earth, ouvrant en quelque sorte la saison des blockbusters cuvée 2013, n'est pas le film le plus original qui soit. Certes, son univers est fouillé et intéressant, mais on y reconnaît un nombre incalculable de films de science fiction (de Starship Troopers à Mad Max) servant vraiment de modèles plus que de références. 
Le petit résumé du contexte de science fiction, ultra court, au début du film n'est pas sans rappeler celui du récent Argo (dans un autre contexte, bien entendu), et laisse craindre le pire : une histoire simpliste pour laquelle les scénaristes décident de nous tendre la main à chaque détour pour pas qu'on se perde... Heureusement, si les "retournements de situation" n'en sont jamais (il est aisé de deviner tout ce qu'il va se passer), le film a le mérite d'être "honnête" dans son genre, et le contenu des scènes peut parfois surprendre agréablement. On sait pertinemment qu'à tel moment du film correspond telle étape scénaristique obligatoire, mais les moyens utilisés par les scénaristes pour accéder à ces étapes ne sont pas toujours si attendus, fort heureusement. 
On est alors bien pris dans l'action et on suit, parfois fébriles (les créatures attirées par la peur, loin d'être originales, ont le mérite d'être tout de même effrayantes !) les aventures du jeune Kitai, qui a beaucoup de choses à se prouver à lui-même, et à son père Cypher. Les relations père-fils sont très crédibles - au-delà du fait que les deux comédiens soient vraiment père et fils, détail qui apporte plutôt beaucoup d'humour au film. En effet, After Earth est parfois très drôle, notamment lorsque le personnage de Jaden Smith s'autorise à parler comme un adolescent à son père, et non pas en soldat. Le décalage apporté par ces moments contribue au plaisir que l'on a en voyant le film.
Pour résumer, After Earth est un film de science-fiction (et un peu de survival) honnête et intéressant - notamment lorsqu'il traite vraiment des relations père-fils ou de la notion de peur, dans lequel on s'immerge sans trop de difficulté, malgré le manque d'originalité de son scénario.

lundi 3 juin 2013

EPIC

1h42 - Sortie le 22 mai 2013

Un film de Chris Wedge avec Amanda Seyfried, Josh Hutcherson, Christoph Waltz
L'histoire d'une guerre insoupçonnable qui fait rage autour de nous. Lorsqu'une adolescente se retrouve plongée par magie dans cet univers caché, elle doit s'allier à un groupe improbable de personnages singuliers et pleins d'humour afin de sauver leur monde... et le nôtre.

La Moyenne des Ours : 2,3/5

Le Mot du Comte : 1,5/5
Les films d’animations les plus géniaux sont ceux qui parviennent à toucher tous les publics, autant les enfants de 5 ans que leurs grands frères et leurs parents, souvent en déployant divers niveaux de lecture et plusieurs grilles d’interprétations.
Rien de tout ça dans "Epic", minuscule film d’animation de bonne facture mais à qui il manque tout simplement une épaisseur pour viser autre chose que l’approbation aveugle des enfants de 5 ans, seuls à mêmes d’apprécier pleinement un tel manichéisme.
Loin d’être passionnant, à deux doigts d’être bien cucul, "Epic" est un film assez kitsch, un peu perdu entre "1001 Pattes", "Arthur et les Minimoys" et "Barbie cueille des pâquerettes". Son histoire est même assez ringarde : sauvons la forêt des vilains pas beaux, youpi. Si encore cette histoire était agrémentée d’un sous-texte écologique, que nenni ! Le scénario est sans ambition, sans surprise, sans souffle et utilise à tort et à travers les deux ex machina, à peine dissimulés sous les termes « magie de la forêt » (le méchant –pauvre Christoph Waltz, expédié dans un tronc d’arbre par un jet de lumière dont on n’a jamais entendu parler auparavant). 
Ce scénario dénué de magie se vide au bout de 5 minutes et accouche d’un douloureux discours sur les pères absorbés par leur travail (et encore, il faut creuser pour le voir). L’humour est convenu et se borne à ceci : une limace parlante qui joue avec ses yeux globuleux et un chien borgne et à qui il manque une patte (étrange difformité au milieu de tant de convenance). Vous l’aurez compris, le film ne remplira son rôle (et encore) qu’auprès des enfants en bas âge, ceux qui n’ont pas encore l’âge d’aller au cinéma mais qui verront le film en DVD. Après tout, il ne fallait peut-être pas s’attendre à autre chose que ce premier degré poussif, car à la fin, les gentils gagnent, le méchant meurt, les coquelicots repoussent, et c’est tout. N’égalant même pas le plus mauvais des Pixar, absolument rien n’est épique dans "Epic".

La note de Juani : 3/5

VERY BAD TRIP 3

1h40 - Sortie le 29 mai 2013

Un film de Todd Philips avec Bradley Cooper, Ed Helms & Zach Galifianakis 
Phil, Stu et Doug mènent des existences tranquilles et heureuses. Ils ont fait disparaître leurs tatouages et se sont rachetés une conduite. Leslie Chow, qui attirait les catastrophes, a échoué dans une prison en Thaïlande. Le seul de la Meute à ne pas avoir trouvé son équilibre est Alan. Se cherchant toujours, la brebis galeuse du groupe donne libre cours à ses impulsions. Jusqu'à ce qu'il traverse une crise douloureuse et qu'il se mette en quête du soutien dont il a besoin. Et qui mieux que ses trois meilleurs copains pourraient l'aider à s'engager dans la bonne voie ? Cette fois, qu'est-ce-qui pourrait donc bien dégénérer ?

La Moyenne des Ours : 2/5

Le Mot du Comte : 1/5
S’il fallait sacrifier un épisode de la trilogie, on hésiterait entre le calamiteux second volet et celui-ci, tant la qualité escomptée n’est pas au rendez-vous. "Very Bad Trip 3" a le goût de réchauffé, avec une incessante sensation de surdosage permanent.
Todd Philips ne semble plus savoir où il va et commet de nouveau l’erreur du second épisode, à savoir oublier que l’intérêt premier de "Very Bad Trip" était de confronter des personnages ordinaires (Stu, Phil & Doug) à des situations démentielles et que le fil d’intrigue du concept reposait dans la réponse à la question: que s’est-il passé ces 24 dernières heures ? Une enquête-reconstitution et l’interprétation de faits vu par des prismes différents.
Ici nous est servi un scénario boursouflé, très bancal, bardé de facilités (un personnage disparaît ? on le retrouve grâce à une application iPhone, c’est plus facile que de se creuser la tête) et qui, s’il possède avant tout la qualité de boucler sa misérable intrigue, oublie au passage d’être drôle. Une girafe décapitée? Pas drôle. Des coqs cannibales? Non plus. L'enterrement du père d'Alan où celui-ci fait le clown? Gênant.
Car Todd Philips semble obsédé par l’idée de faire rire son public à chaque instant, usant jusqu’à la moelle son personnage d’Alan Garner (Zach Galifianakis, bouffon fatiguant, désormais personnage principal) et son trublion asiatique Leslie Chow. S’il était tordant dans le premier volet, c’était parce qu’on le voyait peu. Ici, il est juste épuisant et absolument pas crédible en tant que personnage (et en plus, il ne fait que ressasser ses expressions cultes du premier volet). Tout comme Alan. "Very Bad Trip 3" n’a pas de personnages. Juste des ombres. 
On aurait pu apprécier le rôle de John Goodman, si ses répliques n’étaient pas un vulgaire copier-coller de son personnage de Walter Sobchak dans "The Big Lebowski" (même vocabulaire, même phrasé, mêmes intonations). Les mêmes ingrédients, réchauffés, resservis, avec un sérieux problème de dosage.
Si l’essence du premier film est perdue depuis des lustres, il y a bien une certaine nostalgie à retourner à Las Vegas. Mais sans mystère ni souffle, que faire d’autre à part s’ennuyer ?
"Very Bad Trip 3" frôle l’indigestion, la faute à un sérieux problème de rythme, de crédibilité et à un humour soi-disant trash mais au final très convenu. Un peu comme l’industriel "Date Limite" où l’on retrouvait Zach Galifianakis en muse barbue, mais toujours dépourvu de personnage. Tout s'achève (du moins, on l’espère) dans cet épilogue dispensable qui ne fait certainement pas honneur au premier volet.

La note de Pépite : 3/5

samedi 1 juin 2013

LE POUVOIR

1h40 - Sortie le 15 mai 2013

Un film de Patrick Rotman avec François Hollande
Patrick Rotman, en exclusivité et pour la première fois, filme le métier de Président au quotidien. Avec une mise en scène dépouillée, le film pénètre et dévoile le cœur de l'Élysée.

Le Mot du Comte : 1,5/5
Le problème du "Pouvoir", c’est qu’il est beaucoup trop à l’image du monde qu’il prétend intégrer et filmer : protocolaire et englué sous les fioritures. Pendant 1h40, le spectateur-citoyen a la désagréable impression de gêner, de ne pas être convié dans ces hautes sphères d’un État qui s’étalent devant ses yeux. Ce qui est dommage avec ce documentaire aux allures de reportage, c’est qu’on y soupçonne en permanence le verrouillage et la censure des communicants de François Hollande. La preuve par ces nombreux moments où les portes d’une pièce se ferment dès qu’on rentre dans le vif d’un sujet (après l’ouverture d’un conseil des ministres ou bien d’un déjeuner avec Ayrault par exemple), qui font du "Pouvoir" un film peu intéressant et très frustrant.
Car le film tombe bien vite dans le catalogue : Hollande en avion, Hollande en voiture, Hollande en déjeuner. Bien sûr, s’il est inhabituel de voir le Président de la République dans de telles postures, la plupart des séquences sont en réalité très anecdotiques et ne fouillent jamais ce qu’est le pouvoir dans sa nature profonde, dans son élaboration, dans ce qu'il en résulte. Certaines séquences se contentent tout juste de fournir un autre angle de caméra que celui des chaînes d’infos (était-ce vital de montrer les conférences de presse du Président ?). L'unique aspect du pouvoir qui semble ici transparaître est son aspect bureaucratique, avec ces interminables séquences de réunion où François Hollande et ses ministres/communicant, surveillant l’objectif d’un coin de l’œil, répètent peu ou prou les mêmes choses. Et comme le film n’est pas porté par une vraie dramaturgie et manque de liant dans sa durée, on finit par rapidement s’ennuyer. Il reste bien sûr quelques moments ironiques, mais qui doivent plus à l’actualité qu’à la volonté de Patrick Rotman (Jérôme Cahuzac se baladant l'oeil suspicieux, c’est très drôle). 
"Le Pouvoir" est un film qui manque cruellement de mise en scène et de point de vue (et qui s'en excuse presque dans son pitch). Rotman semble obsédé par l’idée d'en montrer un maximum (avec la fierté d'avoir pu suivre le Président un peu partout), mais ne fouille du coup pas grand chose. Heureusement qu’il ne tombe pas dans le film militant. La voix-off de Hollande, qui explique sa vision du poste, ne nous en dit pas plus que lors de ses discours. On se limite au politiquement correct, à la démagogie et à l'inoffensif et on finit par croire que "Le Pouvoir" aurait été plus captivant s’il s’était intéressé aux rôles tertiaires de l’Élysée (cuisiniers, huissiers, gardes, femmes de ménages) plutôt qu'au rôle principal, proprement désincarné, et qui ne semble exister à l'écran que par et pour sa fonction de Président. Sauf que derrière le costume, il y a un homme, et cet homme est ici absent.