1h38 - Sortie le 12 juin 2013
Un film de Laurent Tuel avec Clovis Cornillac, Bouli Lanners, Ary Abittan
François est un passionné du Tour de France. Licencié par son patron et quitté par sa femme, il part faire la Grande Boucle avec un jour d’avance sur les pros. D’abord seul, il est vite rejoint par d’autres, inspirés par son défi. Les obstacles sont nombreux mais la rumeur de son exploit se répand. Les médias s’enflamment, les passants l’acclament, le Maillot Jaune du Tour enrage. François doit être stoppé !
Le Mot du Comte : 2/5
Formellement, si on le compare aux récentes comédies françaises, "La Grande Boucle" n’a pas à rougir. Car en dépit de son scénario manichéen, simpliste et dont la trajectoire a déjà été mille fois vue, pour une comédie grand spectacle, le film tient plutôt la route.
Les défauts, ils sont nombreux et sont relatifs à la standardisation et à la pauvreté scénaristique des comédies françaises : scénarios à raccourcis vertigineux, stéréotypes à outrance (ce rappeur et ces gitans, parmi d’autres), simplisme de cette France qui semble ne pas subir la crise (personne ne semble travailler d’ailleurs), thématique lourdingue à peine fouillée (ici, il s’agit de la paternité non assumée), glorieux pompage sur d’autres films (on a bien sûr "Forrest Gump" en tête), etc. En bref, le scénario évacue à coup de chasse d’eau les conflits de ses personnages. Certains appellent cela deux ex machina, d’autres songent plutôt à un manque de rigueur scénaristique.
Malgré ces lourds défauts, le film avance, sans réinventer le fil à couper le beurre, dans une sorte d’indifférence bienveillante et arrive à faire fonctionner quelques scènes, comme celle où Cornillac, seul au milieu de rien, voit passer au dessus de sa tête la patrouille de France, où encore cette scène de contre-la-montre en présence d’anciens champions du Tour. De brefs instants épiques et nostalgiques perdus au milieu d’un océan de logos publicitaires.
Car bien sûr, le majeur défaut du film est de révéler au grand jour, en ces temps de débat sur le financement du cinéma, les connivences insupportables entre TV et grand écran. "La Grande Boucle", dans son côté nauséabond, prend l'allure d'un spot d’une heure trente pour le Tour de France (au vu du sujet, on s'en doutait) mais aussi pour Orange, France TV, PMU, Lesieur ou encore Cochonou ! Le film, quand il sera diffusé en prime sur TF1 (qui finance le film, les coquinous), ne servira qu’à jouer les prolongations des coupures pub. Les ménagères de moins de 50 ans seront ravies d’y retrouver Nelson Monfort, André Manoukian ou encore Michel Drucker (oui oui) qui viennent satisfaire les financeurs-chaînes.
De plus, le côté réactionnaire du film est renforcé par la présence de cette confrontation perpétuelle entre jeunes et anciens (Monfort se dispute avec son jeune co-animateur), qui a lieu tout au long du film. Et au final, les vieux l’emportent sur les jeunes, dépeints comme arrogants. Classe.
Quant au casting, Cornillac fait du Cornillac (et ce, depuis "Poltergay") et Ary Arbittan incarne un coureur italien cliché sur pattes au revirement sorti de nulle part. Répugnant. Le reste réunit les gueules habituelles des comédies pourries (Bruno Lochet, André Marcon, etc).
Niveau mise en scène, entre deux images piquées aux caméras de France TV, c'est le calme plat.
Si "La Grande Boucle" est doté d’un scénario inhabituellement structuré pour des comédies de ce calibre (et d’une hostilité par trop flagrante), le film est saboté par son manque de substance et son allégeance cynique à ses financeurs. Au moins, le message a le mérite d’être clair : ce n’est clairement pas du cinéma. Bide en vue.
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