dimanche 18 août 2013

LES APACHES

1h22 - Sortie le 14 août 2013

Un film de Thierry de Peretti avec François-Joseph Culioli, Aziz El Haddachi, Hamza Meziani
Pendant que des milliers de touristes envahissent les plages, les campings et les clubs, cinq adolescents de Porto-Vecchio trainent. Un soir, l'un d'eux conduit les quatre autres dans une luxueuse villa inoccupée... La bande y passe clandestinement la nuit. Avant de partir, ils volent quelques objets sans valeur et deux fusils de collection. Quand la propriétaire de la maison débarque de Paris, elle se plaint du cambriolage à un petit caïd local de sa connaissance…

Le Mot du Comte : 4/5
Loin des plages paradisiaques et des beaux panoramas, voici "Les Apaches", un premier film tendu qui a le mérite de montrer une Corse jamais vue et loin des clichés de la métropole, à travers les mésaventures de 4 jeunes apprentis voyous qui ne savent pas y faire.
Le film est doté d’une science des cadrages éblouissantes. De Perretti, avec son petit format carré (le film est tourné en 1:33), vise toujours juste et avec une précision folle. Sa mise en scène atteint sa pleine cohérence (avec le titre notamment) lors de cette scène d’intrusion nocturne, lorsque Jo se met à danser, imbibé de whisky, sur une musique aux sonorités indiennes. Le film sort du naturalisme (mais l’est-il vraiment ?) pour gagner en puissance. 
Cette puissance est également transmise par les acteurs, tous débutants mais impeccables (et les dialogues sont aussi amusants qu’horrifiants). Le récit met en exergue les tensions entre les communautés. On découvre alors plusieurs rapports de force : cet espèce de patriarche-mafieux-entrepreneur-raciste, qui protège les villas des riches et envoie ses mômes blindés tabasser des petits arabes, ou ce jeune corse aux propos nationalistes, qui voit son île envahit par les « gaulois ». Il y a des scènes tendues avec presque rien : lorsque le père d’Aziz vient s’excuser pour rembourser les dégâts causés par son fils, lorsque les jeunes riches viennent chez lui pour interroger son fils ou encore cette scène finale magistrale, qui résume à elle même l’essence du film, où ce natif corse parcourt une pool-party de jeunes métropolitains sans que personne ne le remarque. Le scénario, bien bâti dans sa première partie, aurait peut-être gagné à être resserré dans la seconde, mais l’ensemble tient le coup, et la dramaturgie est bel et bien bouclée.
Film de destins (ceux qui veulent rester, ceux qui veulent partir, ceux qui sont coincés), "Les Apaches" est âpre et sec, bardé d'humour noir et de vitalité. Un buddy-movie réussi.

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