mercredi 13 novembre 2013

CARTEL

1h51 - Sortie le 13 novembre 2013

Un film de Ridley Scott avec Michael Fassbender, Penélope Cruz, Cameron Diaz
La descente aux enfers d’un avocat pénal, attiré par l’excitation, le danger et l’argent facile du trafic de drogues à la frontière américano-mexicaine. Il découvre qu’une décision trop vite prise peut le faire plonger dans une spirale infernale, aux conséquences fatales.

La Moyenne des Ours : 1,1/5

Le point de vue de Pépite : 1/5
Cormac McCarthy s'est consacré à 100% à de l'écriture de dialogues dans le bavard "Cartel" de Ridley Scott, omettant complètement d'écrire une histoire...
Au début de cette mise-en-image de dialogues par Ridley Scott - qui ne brille pas vraiment par sa mise en scène ici, on est plutôt en confiance. Les excellents comédiens qui incarnent les personnages de "Cartel" donnent vie aux grands mots de McCarthy, et l'introduction du film bénéficie de ce plaisir durant cette courte "période de grâce" où le spectateur peut "pardonner" au réalisateur de ne pas avoir tout de suite embrayé sur l'histoire... Mais hélas, cette histoire n'arrive jamais à dépasser le "demi-mot". On comprend bien les enjeux dramatiques, mais ceux-ci sont dilués par des dialogues de plus en plus imposants, et de moins en moins originaux, pertinents et jouissifs. Rapidement, nous observons le ping-pong de grands mots, comme si Bardem et Fassbender se disaient "un tien vaut mieux que deux tu l'auras", "Ah ouais ? Mais, pierre qui mousse n'amasse pas mouse !"... etc. Si on ne sort pas de la salle, c'est qu'au fond on est bien au chaud dans son fauteuil, et qu'on est curieux de voir si quelque chose va finir par arriver. Ce qui n'arrive jamais. Film décevant et bavard qui prouve que de bons dialogues ne sont rien sans histoire et mise en scène. Que Cormac McCarthy et Ridley Scott jettent un coup d'oeil à "Pulp Fiction", qui réussit là où "Cartel" échoue.

Le Mot du Comte : 1/5
Il y a un problème. Il y a un problème avec "Cartel", dernier film de Ridley Scott écrit par Cormac McCarthy, auteur, entre autres, de "No Country for Old Men" (adapté par les frères Coen). Si McCarthy sait écrire des romans, il ne sait certainement pas écrire de scénario. Car celui de "Cartel" est, en terme de dramaturgie, un mystère complet, un exemple parfait d’opacité. On ne comprend pas grand chose aux objectifs des personnages ni à leur machinations : que veulent-ils? que font-ils? Il y a bien là une affaire de drogue, mais elle est rendue si complexe par l’absence d’informations distillées tout au long du film que l’on n’y comprend rien (par exemple, quand les trafiquants récupèrent enfin leur drogue, pourquoi continuent-ils à poursuivre Fassbender et Bardem?).
Par contre, McCarthy a un certain talent pour écrire ses dialogues, ceux-ci sont pleins de belles formules et de bons mots. Sauf qu’au delà de leur caractère anecdotique (l’histoire du poisson-chat), ils ne servent parfois aucunement le récit, par ailleurs déjà mille fois vu. En effet, si la première partie du film se contente de montrer (de suggérer) un deal de drogue, la seconde tourne à la chasse à l’homme la plus basique. Et comme c’est McCarthy, l’on sait très bien comment cela va finir, et ce, dès le début (l’on en connaît même les détails les plus précis dès les 15 premières minutes, les plantings étant relativement grossiers). L’important, me direz-vous, n’est pas la destination, mais le trajet.
Or le trajet est signé Ridley Scott, et Ridley Scott ne sait pas filmer le désert. Sa mise en scène publicitaire est étriquée par un montage désastreux, où les plans ne dépassent jamais 5 secondes (et ces séquences de chargement de la drogue dans un camion ressemblent à Pimp My Ride in Tijuana). Qui plus est, l’ensemble est alourdit par une musique des plus médiocres. Résultat : on s’ennuie ferme devant cette histoire banale qui ne démarre qu’au bout de 45 minutes (!!!), qui finit dans l’indifférence la plus totale sans presque jamais dépasser le 1er degré.
Le casting est très bien fourni, mais hélas peu crédible. Fassbender joue un improbable avocat naïf sans le sou (malgré ses costumes Armani et son appartement à 5 millions) et qui demande conseil à ses clients malfrats (un comble pour un « counselor »). Il se met dans la merde sans que l’on ait jamais aucune empathie pour son idiotie. La direction artistique (calamiteuse, aussi bien au niveau des décors que des costumes) tente de refaire le succès du rôle qui avait valu à Bardem un Oscar en l’affublant d’une chemise bariolée et d’une coupe ridicule. Faute de personnage intéressant, c’est un ratage. Quant à Cameron Diaz (dont Bardem est amoureux), avec sa dent en or, ses tatouages et ses fringues de mauvais goût, on peine à croire que quelqu’un puisse un jour tomber en amour pour elle tant elle répugne. Et bien sûr, Scott ne manque pas de faire apparaître au casting quelques guests issus des séries TV (Game of Thrones & Breaking Bad) pour réveiller son public endormi.
Quelques moments viennent sauver l’ensemble du naufrage total : cette scène de demande en mariage entre Cruz et Fassbender, ou une autre où ce même Fassbender discute au téléphone, vers la toute fin du film.
Voilà ce qu’est "Cartel", un film plus cynique que nihiliste à la violence racoleuse et inutile. Malgré sa longueur, "Cartel" ne raconte rien, "Cartel" ne montre rien : un véritable somnifère filmé.

La note de Juani : 1,5/5
La note de Tinette : 1/5

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