mardi 5 février 2013

CRAWL

1h35 - Sortie le 30 janvier 2013

Un film de Hervé Lasgouttes avec Swann Arlaud, Anne Marivin, Nina Meurisse, Gilles Cohen, etc.
En Cornouaille, dans une Bretagne bordée par l'océan, Martin enchaîne les petits boulots et les maigres larcins. Il sort depuis peu avec Gwen, une fille solitaire qui va nager chaque jour en haute mer, par tous les temps. Quand Gwen annonce à Martin qu'elle est enceinte de lui et qu’elle veut garder l’enfant, il prend peur et disparaît. Corinne, la sœur de Martin, a du mal elle à faire accepter l’arrivée d’un troisième enfant à Jean, son mari, déjà en prise avec des problèmes professionnels. Alors que Martin puis Jean partent à la dérive, Gwen et Corinne se débattent seules et essayent de redresser la barre. Jusqu'au jour où Martin est accusé de meurtre.

La Moyenne des Ours : 2,8/5

Le Mot du Comte : 2,5/5
"Crawl" est un premier film maladroit, tout en retenue. Maladroit dans son scénario et sa dramaturgie, qui aligne plusieurs petites intrigues à la suite qui changent radicalement au cours du récit (dont quelques unes ne sont pas vraiment accomplies - quid du départ au Mexique), ce qui peut provoquer quelques vagues creuses. Le titre du film est d'ailleurs un choix curieux puisqu'au final, l'histoire ne s'en sert pas vraiment (il s'agit du hobby de Gwen, et si l'idée de compétition est vaguement évoquée, on en reste là).
Hervé Lasgouttes émet des propositions intéressantes, de vraies bonnes pistes, mais qui restent le plus souvent, et c'est dommage, à l'état de pistes. Le filmage est rugueux, flottant (caméra épaule) et parfois riche en interactions entre le montré et l'entendu (du son électro sur de la mer par exemple est un postulat inédit, mais qui n'aboutit pas vraiment). Dommage que le naturalisme absolu l'emporte à chaque fois dans les premiers films français, et pourquoi diable faut-il toujours montrer les acteurs à poil ? Est-ce la garantie d'une réussite ? Je pense aux premiers films "Louise Wimmer", "Augustine", auxquels vient s'ajouter "Crawl".
Niveau casting donc, les comédiens incarnent avec justesse et pudeur (peut-être trop d'ailleurs) ces personnages de tout les jours. Swann Arlaud revêt une inquiétante étrangeté, on aurait aimé le voir partir plus à la dérive. Il est le seul, avec Gilles Cohen, à évoluer (mais encore une fois, de manière discrète).
S'il n'est pas désagréable et dégage une certaine force intérieure, le premier film d'Hervé Lasgouttes est bien trop calme, discret (tout le contraire de la mer ici filmée), comme s'il contenait volontairement son potentiel. Le second sera peut-être plus agité. A suivre.

Le point de vue de Pépite : 3/5
Crawl est un premier film humble et honnête, parfois un peu maladroit.
L'histoire de Crawl, ancrée dans le "réel" et le social, suit intelligemment les parcours de Martin (petit filou pas mauvais bougre) et de Gwen (solitaire passionnée de natation en haute mer) qui se répondent subtilement. L'un ne sait pas nager, l'autre s'entraîne en haute-mer. Martin a perdu sa mère (noyée) et a un père alcoolique, Gwen a ses deux parents mais déteste son père militaire... Il faut aussi compter sur le parcours de Corinne et Jean (soeur et beau-frère de Martin), qui agit également sur ceux de Martin et de Gwen. Tout est lié, sans avoir besoin de chercher très loin.
Et les comédiens font tous globalement honneur à leurs personnages, à commencer par Swann Arlaud et Nina Meurisse, très justes dans leurs interprétations (qui restent simples). Le premier, au regard reptilien et intelligent, intrigue toujours et la seconde, les pieds sur terre, surprend par sa grâce simple et tranquille. Gilles Cohen campe également son personnage avec force, bien qui semble au départ cabotiner un peu il sert finalement son personnage efficacement (son personnage cabotine, "joue à côté", et refuse de voir ce qu'il se passe vraiment devant lui).
On pourrait regretter enfin de ne pas toujours comprendre où l'on va. C'est pourtant louable, les scénaristes ne voulant pas disposer des ficelles grossières en prenant les spectateurs par la main, et on finit toujours par retomber sur ses pattes au détour d'une réplique ou d'un plan. Néanmoins parfois le temps peut sembler long dans l'intervalle.
Long, mais le plus souvent agréable, car la traversée de Crawl est plaisante et assez belle.

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