1h25 - Sortie le 19 décembre 2012
Un film de Valérie Donzelli avec Valérie Lemercier, Jérémie Elkaïm, Valérie Donzelli, etc.
Quand Hélène Marchal et Joachim Fox se rencontrent, ils ont chacun des vies bien différentes. Hélène dirige la prestigieuse école de danse de l’Opéra Garnier, Joachim, lui, est employé d’un miroitier de province. Mais une force étrange les unit. Au point que, sans qu’ils puissent comprendre ni comment, ni pourquoi, ils ne peuvent plus se séparer.
La Moyenne des Ours : 2/5
La pensée de Juani : 2/5
Une évidence qui m'a sautée aux yeux, je n'accroche pas vraiment avec le style de Donzelli. Je n'ai pas vu les précédents, mais ce qui est sûr c'est que son dernier ne me donne pas envie de m'y intéresser. Pourquoi ces changements de formats d'images, pourquoi le super 8, ces jeux de couleurs ? Ca ne me parait pas justifié. Le sentiment que j'en ai, c'est qu'elle s'égare... Et plus que le couple Lemercier/Elkaïm, je trouve celui que l'acteur constitue avec Donzelli plus touchant. Etant donné le dernier film de Donzelli, il n'est pas anodin qu'elle forme cette fois un étrange "duo frère/soeur"... Même si de toute évidence, je ne suis pas tellement sensible à son univers !
Main dans la main est un film-désordre, plein d'énergie et de bonnes idées, mais un peu bancal.
Après une brève introduction, le film ne s'encombre pas d'une remise en question de son histoire. Bien qu'ils aillent assez vite "consulter" des spécialistes au sujet de cette "synchronie" qui leur pourrit la vie, tous les personnages admettent assez vite le phénomène. Cela semble même les arranger finalement. Cette dimension qui m'a au départ frustré (j'aurais peut-être voulu plus les voir se battre contre ça au moment de la découverte) est en fait complètement en accord avec l'univers de Valérie Donzelli. Un univers où les choses arrivent, on ne sait pas trop pourquoi, mais on sent qu'il y a une raison. C'est un univers naïf, où même les cyniques (comme l'insupportable Béatrice de Staël) ne font que se protéger. Naïf, rêveur, désordonné, etc., mais également emprunt d'une certaine poésie douce-amère très touchante.
Main dans la main, plus qu'un film, est une jolie fable. Une jolie fable qui aurait gagné à dépasser son simple dispositif.
"Main dans la main", voilà un film qui laisse de marbre (ou de glace, à choisir). Valérie Donzelli signe un troisième film autocentré et autocentral, qui reprends à peu près le même style de filmage que "La Guerre est déclarée". Il en reprends également les défauts.
Ainsi, on retrouve la même fausseté de jeu et la même fausseté des dialogues. Ça devient vraiment gênant.
Du coup, la plupart des acteurs se montrent en tant qu'acteurs, et non en tant que personnage. Dans ce monde où tout est souligné à coup de musique fluo (il y a facile 10 minutes de "clip" dans le film), seuls quelques-uns s'en sortent: Philippe Laudenbach en ministre mélancolique, et Lyn Thibault en assistante à voix de crécelle. Lemercier est sous exploitée. Elkaïm ne joue pas, il récite. Mais la palme revient à Valérie Donzelli elle-même, véritable tête à claque, qui crache littéralement ses répliques au visage du spectateur. Accumulant les références à son propre cinéma (l'apparition de son fils et de Pierre, Paul, Jacques), Donzelli tente de quitter le ghetto bobo dans lequel sombrait "La Guerre est déclarée". Pour ce faire, elle situe son personnage à la campagne (et non à Paris) et filme des tracteurs en Super 8. Échec.
"Main dans la main" semble également porter l'histoire du couple Elkaim/Donzelli (encore!) : la petite histoire du trouple n'en est il pas une référence directe? Et la phrase "Il y a des couples qui n'arrivent pas à se quitter" non plus? Après tout, pourquoi pas. Hélas, le concept ne suit pas.
Le concept le voilà : deux personnes attirées magnétiquement ne peuvent pas se séparer et reproduisent les mêmes gestes. Si quelques situations comiques en découlent, Donzelli utilise ce concept comme cela lui chante, prenant la liberté de le casser ou de l'arranger comme elle le souhaite, sans vraiment le justifier (le magnétisme étant relatif, le paradigme devient bidon). Bon. Le ton adopté, entre réalisme et fantaisie, n'arrange pas les choses, on ne sait pas trop où on va et ce que Donzelli veut dire : des couples se séparent, et alors?
L'allégorie du miroir est par ailleurs bien lourde, Elkaim est miroitier et trouve son double mécanique, son miroir (Lemercier), les miroirs de l'Opéra, etc.
Qui plus est, la mise en scène est plombée par un montage catastrophique (on a l'impression que tout les plans tournés ont été montés, histoire de rentabiliser) qui met en exergue de trop nombreuses erreurs de raccord. Sous couvert de poésie, Donzelli insère dans son film des éléments visuels emprunté au cinéma expérimental (Elkaim torse nu dans la nuit, et donc?) sans les assumer pleinement. Les voix off, beaucoup trop nombreuses, viennent souligner ce que l'image montre déjà. Inutile. Passé 40 minutes de film, les plus tolérants constateront que tout se traîne, tout est pénible, par manque de chair et d'incarnation.
Plus qu'un scénario-concept vite épuisé, il manque à "Main dans la main" une véritable dramaturgie, un souffle et une universalité. Ici, beaucoup de choses gratuites s'amoncellent sans faire sens. Tant pis.
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