1h22 - Sortie le 19 décembre 2012
Un film de Abel Ferrara avec Willem Dafoe & Shanyn Leigh
New York. Cisco et Skye s'apprêtent à passer leur dernier après-midi ensemble. C'est l'heure des adieux, l'occasion d'une ultime étreinte. Comme la majorité des hommes et des femmes, ils ont accepté leur destin. Demain, à 4h44, le monde disparaîtra.
Le Mot du Comte : 0,5/5
Pendant une heure et vingt minutes, la seule émotion qui découle de la vision de ce film est l'indifférence. L'indifférence complète pour ces deux personnages (Dafoe et Leigh), franchement antipathiques, qui, entre deux coups de peinture (en mode Pollock) et deux crises d'hystérie à vous arracher les tympans, bouffent, baisent (la caméra allant jusqu'à plonger dans la toison pubienne de Dafoe) et chattent via Skype dans leur appartement de New York. Face à ce spectacle affligeant, on s'ennuie ferme. La mise en scène pauvre (plan séquences fixes, mouvements de caméra balanciers) ne met absolument rien en valeur.
Une des scènes les plus ridicules du film est celle où Dafoe, flânant sur sa terrasse, se met à parler tout seul (grossier porte-voix de Ferrara) et vocifère sa haine pour le consumérisme et l'oligarchie du monde qui en a précipité la fin, comme si lui, en tant que simple être (dont le parc technologique est entièrement constitué de produits Apple, grand symbole de surconsommation), n'en était pas aussi responsable.
Sinon, pendant quatre vingt minutes, Ferrara filme les téléviseurs de l'appartement, qui diffuse des messages du Dalaï-Lama, d'Al Gore et autres personnalités qui parlent à sa place. Les dialogues sont faits de phrases toutes faites ("c'est le bon soir pour s'éclater") et s'articulent autour d'une philosophie de comptoir ("dois je partir stone?" "dois je me défoncer avant la fin du monde?"). Si le message avait été nihiliste, on aurait au moins eu quelque chose à se mettre sous la dent. Ici, il n'y a tout simplement pas de sens, hormis celui du vide, et une pseudo-référence chamanique (on se farcit d'ailleurs quelques moments de trips, inélégants mélanges de vidéos extraites de YouTube et de sons saturés et dégueulasses -comme le faisait en mieux Godard dans "Film Socialisme").
L'ampleur du désastre est à la hauteur de la réussite d'un film comme "Mélancholia", qui dégageait une vraie morale. Cependant, une des curiosités du film (hélas balayées par l'ennui) est de montrer des adieux entre des gens qui ne se reverront plus jamais : que peut-on dire avant que tout ne s'arrête?
Pour être tout à fait honnête, la dernière scène du film dégage une puissance formelle, mais qui s'apparente peut-être au soulagement de voir le film enfin terminé. Lorsque ce dernier s'arrête, on a l'impression désagréable de s'être fait donner une leçon par Ferrara (et non d'avoir assisté au déploiement d'un point de vue), une leçon qui démontrerait la futilité de l'existence et de la vie. Soit, puisqu'il en est ainsi, allons gaspiller notre temps de vie ailleurs et passons outre la futilité de ce film.
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