1h33 - Sortie le 24 Avril 2013
Un film de Baltasar Kormákur avec Ólafur Darri Ólafsson, Jóhann G. Jóhannsson & Þorbjörg Helga Þorgilsdóttir
Tiré d’une histoire vraie. Hiver 1984, un chalutier sombre au large des cotes islandaises. Les membres de l’équipage périssent tous en quelques minutes. Tous sauf un. Dans l'eau glaciale, cette force de la nature parvient, au terme d'une nage héroïque de plus de 6 heures, à regagner la terre. Face à l’incrédulité générale devant son impensable exploit, la vie de cet homme d'apparence ordinaire est alors bouleversée…
La Moyenne des Ours : 4/5
Le point de vue de Pépite : 4/5
Formidable conte bicéphale, vertigineux et pertinent sur la survie, le courage et la mort, Survivre est un film islandais coup de poing qui vaut vraiment le coup d'oeil.
La première partie, dominée par la nuit, est tantôt d'un réalisme narratif très efficace et tantôt d'une poésie mystérieuse... Sans tenter d'expliquer quoi que ce soit, cette première partie nous fait vivre sensuellement, sensistivement et "cruellement" le combat pour la vie que mène notre protagoniste islandais, Gulli, dans les eaux glacées au large des côtes islandaises.
La deuxième partie, dominée par le jour, révèle l'autre dimension de l'histoire vraie et sensationnelle de Survivre, du côté du "sensationnel" justement : les scientifiques tentent de comprendre, entre l'Islande et l'Angleterre comment cet homme a pu survivre, les médias s'emparent de l'affaire en faisant de Gulli un héros, l'homme phoque. Cette narration réaliste est ponctuée de souvenirs filmés en 16mm tel un film de vacances nous faisant (re)vivre la 1ère catastrophe vécue par notre héros (l'éruption du volcan de son île quand il était petit) alors qu'il vit le nauvrage, puis sa survie, puis sa "célébrité".
Survivre est un film riche, qui ne se contente pas de capter un évènement, il parvient également à nous proposer une réflexion sur la mort, la vie, la célébrité, le courage, etc. Et, ce qui ne gâche rien, la forme rejoint le fond et se fait exemplaire. Une surprise, une belle.
Le Mot du Comte : 4/5
"Survivre" est un film désarçonnant qui cache bien son jeu sous les oripeaux d'une mise en scène simple et d'une narration ultra-classique.
Seulement voilà, le film est une bombe à retardement. Il faut en attendre la finalité pour capter toute l'émotion qui se cache sous le personnage un peu benêt de Gulli, et la puissance qui se trouve dans ce qu'il lui arrive. "Survivre" ne fait pas que dépeindre l'exploit d'un homme qui veut vivre, mais montre l'autour : l'avant et l'après (relativement absurde d'ailleurs). Les séquences les plus fortes sont celles qui renvoient l'homme à sa nature propre, à son état sauvage, affaibli par les barrières naturelles (la mer, la roche, le froid) et isolé de tout subterfuge sociétal et de toute idée de confort (ce moment où de simples chaussures deviennent un objet de luxe). C'est peut-être ça le plus beau dans "Survivre", cette monstration cruelle mais juste de l'homme face à rien d'autre que lui-même. Car le film s'égare un peu dans cet après où Gulli est analysé de haut en bas par les scientifiques, et ce, de manière très absurde (il n'y a qu'à voir la séquence du bassin où celui-ci pédale à côté de militaires endurcis). La peinture que fait Kormakur de cette petite ville insulaire, victime du blizzard et des volcans (qui voit les hélicoptères comme une menace), est envoûtante. L'ombre d'Aki Kaurismaki n'est pas loin.
Les derniers plans contiennent à eux seuls cette puissance distillée tout au long du film (ce plan magnifique d'un moteur de bateau rouillé et échoué face à la mer symbolise à lui seul le film) et achèvent de caractériser un personnage touchant qui n'a d'autre choix que d'aller retrouver ses seuls amis disparus, à travers la seule chose qu'il puisse encore faire : pêcher.
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