vendredi 5 avril 2013

BERBERIAN SOUND STUDIO

1h32 - Sortie le 3 avril 2013

Un film de Peter Strickland avec Toby Jones, Cosimo Fusco, Eugenia Caruso
1976 : Berberian Sound Studio est l'un des studios de postproduction les plus miteux d'Italie. Seuls les films d'horreur les plus sordides y font appel pour le montage et le mixage de leur bande sonore. Gilderoy, un ingénieur du son naïf et introverti tout droit débarqué d'Angleterre, est chargé d'orchestrer le mixage du dernier film de Santini, le maestro de l'horreur. Laissant derrière lui l'atmosphère bon enfant du documentaire britannique, Gilderoy se retrouve plongé dans l'univers inconnu des films d'exploitation, pris dans un milieu hostile, entre actrices grinçantes, techniciens capricieux et bureaucrates récalcitrants. À mesure que les actrices se succèdent pour enregistrer une litanie de hurlements stridents, et que d'innocents légumes périssent sous les coups répétés de couteaux et de machettes destinés aux bruitages, Gilderoy doit affronter ses propres démons afin de ne pas sombrer…

La Moyenne des Ours : 1,5/5

Le point de vue de Pépite : 2/5
Berberian Sound Studio est un film formellement très soigné mais narrativement parlant très creux, et c'est dommage.
Un ingénieur du son britannique vient en Italie pour travailler pour la première fois sur un film d'horreur aux étapes du mixage, bruitage et doublage. Et... le producteur et le réalisateur sont plutôt mystérieux, antipathiques et parfois flippants... Et... Et bien l'ingénieur du son ne s'attendait vraiment pas à ce qu'il allait vivre...
C'est difficile d'établir un synopsis tant le fil narratif est fin. Formellement pourtant c'est très intelligemment monté, les raccords sont savants et ingénieux, la photographie est superbe, le travail du son remarquable... mais au fur et à mesure on ne trouve plus de sens à ces débordements formels, qui ne reposent sur rien de solide.
C'est vraiment dommage car le film de Peter Strickland est au final peu accessible, ennuyeux et un peu prétentieux alors qu'il avait un potentiel infini...

Le Mot du Comte : 1/5
"Berberian Sound Studio" est un beau film, aux décors soignés et à la photographie léchée. Peter Strickland s'amuse beaucoup à filmer ses comédiens dans ses trois décors, en jouant beaucoup sur les raccords et en prenant de véritables partis pris, comme le choix de ne montrer aucune image du film dont Toby Jones fait le mixage (si ce n'est son générique), tout comme Giovanni, le projectionniste dont on ne verra que la main gantée. Le travail du son, on l'aurait deviné, est également très soigné.
Seulement voilà, Strickland semble avoir oublié un élément crucial au passage : un scénario. Quelle pauvreté. C'est bien simple, au delà du pitch mensonger qui vend le film, il n'y a presque aucun contenu narratif : pas d'histoire, pas d'intrigue. Ce niveau de dramaturgie aurait toute sa place dans un court métrage de 15 minutes. Ici, on s'ennuie ferme pendant une bonne heure. Les partis pris et les beaux plans ne suffisent pas pour retenir une attention qui penche vite vers l'agacement et l'hostilité (surtout quand Strickland, conscient de l'assoupissement de son spectateur, le réveille à coup de sons stridents et désagréables).
Car passé le côté ludique et didactique du film (c'est plutôt intéressant de se replonger dans les méthodes de bruitage des années 70), il n'y a absolument plus rien, sinon des effets criards sensés refléter les psychoses (en réalité quasiment absentes) de Toby Jones.
À ce propos, Toby Jones est un grand, mais ici, il n'a rien à jouer, quel gâchis ! Une ribambelle de caricatures lui tourne autour (une secrétaire pas aimable, un producteur vénal, un réalisateur libidineux et des actrices psychotiques), mais curieusement, il n'est jamais mis en valeur. Il attends, pense, regarde à gauche et à droite, marche, sous-joue.
"Berberian Sound Studio" est bien prétentieux pour ce qu'il est : un film de presque rien, fait pour presque personne.

1 commentaire:

  1. Monsieur le Comte,
    Ceci est, de loin, la plus mauvaise des critiques de ce film que j'ai eu la malchance de lire. Une bien triste et grossière perception des choses...
    Le travail du son n'est pas juste "soigné", il est central.
    Cela dit, tant pis pour vous.

    RépondreSupprimer