1h42 - Sortie le 20 février 2013
Un film de Atiq Rahimi avec Golshifteh Farahani, Hamidreza Javdan & Hassina Burgan
Au pied des montagnes de Kaboul, un héros de guerre gît dans le coma ; sa jeune femme à son chevet prie pour le ramener à la vie. La guerre fratricide déchire la ville; les combattants sont à leur porte. La femme doit fuir avec ses deux enfants, abandonner son mari et se réfugier à l'autre bout de la ville dans une maison close tenue par sa tante. De retour auprès de son époux, elle est forcée à l'amour par un jeune combattant. Contre toute attente, elle se révèle, prend conscience de son corps, libère sa parole pour confier à son mari ses souvenirs, ses désirs les plus intimes... Jusqu'à ses secrets inavouables. L'homme gisant devient alors, malgré lui, sa "syngué sabour", sa pierre de patience - cette pierre magique que l'on pose devant soi pour lui souffler tous ses secrets, ses malheurs, ses souffrances... Jusqu'à ce qu'elle éclate !
Le Mot du Comte : 4/5
Une des choses remarquables du dernier film d'Atiq Rahimi est la puissance formelle qu'il dégage. De par son sujet premièrement, de par son histoire -qui utilise habilement la fable de la pierre de patience, et de par sa mise en scène, qui colle au plus près du destin de cette jeune femme afghane qui survit au milieu du conflit qui déchire son pays.
Golshifteh Farahani, femme tiraillée entre son désir et sa foi, est formidable et dégage immédiatement une vive empathie. Le portrait que fait Atiq Rahimi de cette femme est assez inédit : l'autre côté de la guerre, le civil de tous les jours qui vit le conflit, loin des extrémismes et des armes.
Si le film est bien sûr à charge contre une inquisition religieuse quasi-moyenâgeuse, esclave des superstitions, le film ne tient pas que sur ce postulat. "Syngué Sabour" est avant tout l'histoire de cette femme qui tient son monstrueux mari en vie du mieux qu'elle peut au milieu d'une maison qui jour après jour, tombe en ruine. C'est l'histoire d'un combat pour la liberté et la délivrance.
Le dispositif du film est efficace lui aussi : l'histoire se déroule en quasi huis clos, on ne quitte pas souvent cette petite maison brute et peu meublée aux murs usés par le temps. La photographie de Thierry Arbogast, variée et solaire, est en parfaite cohérence avec l'évolution de cette femme, qui petit à petit, quitte l'obscurité pour la lumière.
Il faut le dire, le film possède quelques longueurs, dus à des moments de creux scénaristiques. Mais certaines scènes, notamment la dernière, celle où la pierre de patience finit par exploser, sont très riches en tensions et en suspense. "Syngué Sabour" est un film écrasant car il est riche et puissant, un de ces films dont on ressort habité et plein d'espoir.
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