mercredi 6 mars 2013

20 ANS D'ÉCART

1h32 - Sortie le 6 mars 2013

Un film de David Moreau avec Virginie Efira, Pierre Niney & Gilles Cohen
Alice Lantins a 38 ans. Elle est belle, ambitieuse et fait preuve d’une impeccable conscience professionnelle au point d’en oublier sa vie privée. Bref, elle a tout pour devenir la prochaine rédactrice en chef du magazine « Rebelle », tout sauf son image de femme coincée. Mais lorsque le jeune et charmant Balthazar, à peine 20 ans, va croiser le chemin d’Alice, le regard de ses collègues va inexplicablement changer. Réalisant qu'elle détient la clef de sa promotion, Alice va feindre la comédie d’une improbable idylle.

La Moyenne des Ours : 3,5/5

La note de Pépite : 4/5
Europacorp s'était complètement planté au début de l'année avec le désastreux et nauséabond "Un Prince (presque) charmant", sacrifiant ses comédiens sur l'autel d'un scénario inexistant et au service d'un objectif commercial à peine maquillé (Renault).
Cette fois-ci, "20 ans d'écart" - toujours produit par la firme de Besson - est une vraie réussite et constitue la bonne surprise du mois !
Cet outsider atypique est en effet très bien écrit et très bien interprété. Pierre Niney - nouveau "héros" de comédie qui crève l'écran - est à la tête d'un casting en grande partie réussi, notamment grâce à l'écriture de (presque) TOUS les personnages du film. Amro Hamzawi et David Moreau ont en effet tissé une toile de personnages creusés et tous traités d'une manière humoristique : que ce soient des personnages secondaires, tertiaires ou mêmes les silhouettes et figurants, tous peuvent être source d'un humour très vif. De Gilles Cohen en patron gay arty à Charles Berling en père obsédé en passant par Blanche Gardin en photographe vulgaire ou même un étudiant grande gueule dans un amphi de fac, presque tous les personnages croisés par le couple principal sont drôles, et réagissent positivement aux situations et aux répliques. L'histoire racontée a une vraie incidence sur son environnement.
Virginie Effira ne convainc pas tout à fait au début, et puis au fur et à mesure, aidée par une synergie positive avec Pierre Niney, elle finit par appartenir vraiment à l'univers humoristique du film. 
Le tout est une bouffée d'air frais dans la comédie française contemporaine. Certes, la construction du scénario suit un motif assez classique et quasi-toutes les étapes "obligatoires" sont respectées, mais l'écriture précise et drôle du vaste réseau de personnages secondaires, ainsi que la très bonne écriture des dialogues (qui sonnent plus que justes dans la bouche de Niney) nous font oublier ce léger manque... Même en y repensant j'en ris : il y a un nombre incalculable de vannes et de bons mots qui sont vraiment tordants... Même le chauffeur de taxi y va de sa petite réplique (crise de fou rire garantie)...
Vraiment, "20 ans d'écart" est la comédie française surprise du mois ! 

Le Mot du Comte : 3/5
"20 ans d'écart" est une bonne comédie, très rythmée et très bien écrite. Trop bien écrite. C'est peut être son principal défaut. En effet, si le scénario du film suit la structure type d'une comédie romantique, celui-ci est bien trop calibré, un produit sans aspérité, sans humanité : pas de temps morts, pas de respiration, et c'est assez épuisant sur la longueur.
Qui plus est, si les bons mots et les gags sont drôles et parfois bien trouvés, on sent la volonté des auteurs d'en mettre absolument partout, à chaque seconde, ce qui acroit la sensation d'étouffement. Si on ajoute à ça la vitesse extrême du film (via son rythme), la surdose n'est pas loin.
La satyre du milieu de la mode est intéréssante, mais parfois trop attendue et caricaturale (la patronne du journal est un sosie d'Anna Wintour, c'est un peu facile). Qui plus est, il y a parfois un problème de posture quant au thème du film (être sincère, privilégier la voie du coeur) et la forme parfois très artificielle du film (photographie léchée, esthétique de magazine de mode, quasi-parfaite et sans aspérité, donc à contre-courant de la morale du film). Le jeu de miroir enfants matures et parents ados (Charles Berling et Louis-Do de Lencquesaing, qui se tapent des ados et refusent de grandir) est assez évocateur quant à ce problème de posture, un point de vue est à réaffirmer ici.
Ceci étant dit, il faut saluer le vrai travail effectué sur le réseau de personnages, aucun n'étant inutile et chacun étant bien travaillé (mention spéciale pour la photographe de mode, dont chaque ligne de dialogue est une perle). Les dialogues, c'est aussi une des forces du film, car ils vont parfois très loin, et cette fraîcheur fait vraiment du bien. Les interactions entre le premier et le second plan, les premiers rôles et les figurants sont vraiment très intéressantes et démontrent le vrai talent d'écriture des scénaristes.
Niveau casting, Virginie Efira est correcte et impliquée. Pierre Niney est très bon, mais tends parfois à s'enfermer dans sa propre caricature (c'est assez lassant de le voir dans le même rôle à chaque film).
Produit efficace et devant lequel on passe un bon moment, "20 ans d'écart" possède toutefois les défauts de ses qualités et manque d'âme. La comédie parfaite n'existe pas.

La note de Tinette : 3,5/5
La note de Juani : 3,5/5

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