2h17 - Sortie le 9 janvier 2013
Un film de Paul Thomas Anderson avec Joaquin Phoenix, Philip Seymour Hoffman, Amy Adams, etc.
Freddie, un vétéran, revient en Californie après s’être battu dans le Pacifique. Alcoolique, il distille sa propre gnôle et contient difficilement la violence qu’il a en lui… Quand Freddie rencontre Lancaster Dodd – « le Maître », charismatique meneur d’un mouvement nommé la Cause, il tombe rapidement sous sa coupe...
La Moyenne des Ours : 3/5
Le point de vue de Pépite : 3,5/5
Paul Thomas Anderson est un grand réalisateur, Joaquin Phoenix et Philip Seymour Hoffman d'excellents comédiens, Jonny Greenwood un compositeur inspiré, Peter McNulty un très bon chef monteur et Mihai Malaimare Jr. un directeur de la photographie de talent, qui manie notamment le 70mm avec brio...
The Master a tout du chef d'oeuvre, et pourtant il n'accède pas à cet "état de grâce". Tout dans le film nous impressionne : de la mise en scène précise et virtuose de P.T. Anderson au jeu complètement fou de Phoenix (un grand malade !) en passant par l'ambiance qui résulte dans l'équilibre précis et délicat établi entre le montage, la photographie et la musique (atypique et parfaitement en phase avec le scénario et la mise en scène). Mais on en sort non complètement conquis. Quelque chose est resté bloqué en nous. La longueur du film tout d'abord, a pu entraîner de l'ennui. Il y a aussi le fait qu'on ne comprenne pas tout à fait les personnages qui nous sont donnés à voir. Et finalement, la fin reste un peu en travers de la gorge (à part deux répliques excellentes entrant en résonance avec le côté mystique du film). La forme aurait gagné à être un peu plus accompagnée d'émotion.
C'est sujet à débat mais je pense que ce film est pour les hommes. Plastiquement, il est très réussi : les surcadrages, les flous, la composition de l'image, les couleurs, c'est génial, on sent que tout est pensé - et croyez moi j'ai eu le temps de m’intéresser à tout ça, puisque j'étais à l'agonie : ce film est tellement lent. Heureusement j'ai été sauvée par un soucis technique, donc entracte ! - Bref, je dis "heureusement", oui, parce que tout ce que j'ai perçu du scénario c'est un alcoolique en manque de sexe qui s'acoquine à un prédicateur buté pour essayer de trouver ou retrouver un sens à sa vie.
Encore un film dont je sors en me disant que j'y ai rien ressenti. Ça a été pour moi un exercice d'analyse, ça n'a pas le moins du monde touché "ma corde sensible" pourtant je vous assure je ne suis pas sans-coeur, l'histoire d'un homme dévasté par son expérience de la guerre, devenu alcoolique... c'est potentiellement poignant !
Au final, j'y ai pris aucun plaisir mais mon "analyse" me permet de vous dire, à vous amateurs de P.T. Anderson, allez voir ce film, vous serez vernis : longs plans savamment arrangés, situations embarrassantes, personnages plus que "borderline", une bande son omniprésente et évidemment des histoires "de cul", composent The Master.
Le Mot du Comte : 3,5/5
La première chose qui frappe avec "The Master", c'est sa puissance formelle. Puissance des images et sécheresse de la mise en scène (très peu découpée, parfois réduite à de simples champs/contrechamps). Puissance du jeu de Philip Seymour Hoffman, totalement en opposition avec celui de Joaquin Phenix, qui frôle parfois la singerie.
Le face à face de ces deux personnages est passionnant. La plongée dans "La Cause", allégorie de l'église de Scientologie, attise vraiment la curiosité et certaines séquences (le plus souvent, leurs confrontations) sont très intenses. La scène du désert à moto est d'ailleurs très riche en symboles et, encore une fois, en puissance.
Hélas, on se demande parfois : a quoi bon? Pourquoi Anderson raconte-il cette histoire? Si "There will be blood" possédait un regard cruel et ironique sur son personnage (qui suivait d'ailleurs une trajectoire bien définie), il manque ici cruellement. La sécheresse de la mise en scène, au bout d'une heure et demie de film, la fait devenir rugueuse et certains la trouveront pompeuse. C'est dommage. Dommage également que "The Master" soit si long, faisant du dernier quart d'heure un moment pénible, écrasant et pas forcément utile au niveau de la narration. On ressort de "The Master" usé, avec l'impression (bonne ou mauvaise, cela dépendra) d'avoir été écrasé par une grosse botte de cuir. Mais dans quel but? On ne sait pas trop...
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