jeudi 9 mai 2013

TRANCE


1h35 - Sortie le 8 mai 2013

Un film de Danny Boyle avec James McAvoy, Vincent Cassel et Rosario Dawson
Commissaire-priseur expert dans les œuvres d’art, Simon se fait le complice du gang de Franck pour voler un tableau d’une valeur de plusieurs millions de dollars. Dans le feu de l’action, Simon reçoit un violent coup sur la tête. À son réveil, il n’a plus aucun souvenir de l’endroit où il a caché le tableau. Ni les menaces ni la torture ne lui feront retrouver la mémoire. Franck engage alors une spécialiste de l’hypnose pour tenter de découvrir la réponse dans les méandres de l’esprit de Simon…

La Moyenne des Ours : 3,5/5

La pensée de Juani : 4,5/5
Je me flatte souvent en pensant repérer assez vite les ressorts scénaristiques des films. Cette fois, peu importe votre talent, je vous défie de me raconter la fin avant qu’elle n’arrive. Et le must c’est que Boyle y arrive sans nous prendre pour des c**s. Comme on dit, le diable se cache dans les détails et son « twist » final ne sort pas de nulle part. C’est rare, je sors de la salle en me sentant bernée, mais contente, ça sera une bonne note pour Boyle.
Mise à part ça, je suis assez révoltée du sort des personnages principaux masculins mais bon, ça ne regarde que moi – et je soupçonne Boyle d’en avoir joué – je n’en dirais pas plus et vous encourage seulement à aller le voir si vous n’êtes pas parti en weekend !

Le point de vue de Pépite : 4/5
J'ai découvert Trance dans la même salle dans laquelle j'avais à l'époque vu Inception pour la première fois, et la coïncidence est troublante. En effet, à l'instar du film de Nolan, celui de Danny Boyle joue avec notre esprit, nous torture et nous fascine.
D'un "inside job" dans une vente aux enchères d'art on passe rapidement à une sorte de huis clos très "ouvert" en apparence, car on reste en fait cantonnés aux mémoires et aux esprit de nos protagonistes, troublés par les techniques d'hypnose du personnage d'Eva Mendes (qui signe ici probablement un de ses meilleurs rôles). Le scénario de Joe Ahearne et John Hodge tisse des ramifications narratives complexes et intéressantes, qui n'ont pas pour effet de nous laisser sur le bas-côté ignares et perdus mais qui nous entraîne dans son tourbillon de tension. Ce qui est vraiment fort, c'est qu'on est tour à tour emphatique envers chacun des personnages : bien que McAvoy (très bon ici, tout en accent écossais et rouflaquettes rousses) nous semble être le personnage principal à suivre, on se surprend néanmoins à adhérer à d'autres points de vue que le sien... Sans en dire plus sur les ficelles du récit, celui-ci réussit à nous piéger, à nous délivrer, à nous faire un tour dans la psyché de manière passionnante.
Vincent Cassel convainc plutôt, son anglais étant très bon tout en utilisant à ses fins son côté "bien français", composant un personnage tantôt violent, tantôt plus mystérieux et complexe.
Côté mise en scène, Danny Boyle livre une réalisation très cohérente quant au matériau complexe du scénario, que du très bon.
Trance laisse une forte première impression bien qu'il fait probablement moins gamberger que le film auquel je le comparais en introduction, Inception. Danny Boyle nous emmène avec lui dans sa très réussie Trance, et nous mène en bateau de bout en bout : génialement révoltant.

Le Mot du Comte : 2/5
Le problème de "Trance" ne provient pas de la mise en scène de Danny Boyle qui, fidèle à lui-même, signe une réalisation nerveuse et survitaminée. Le problème de "Trance" le voilà : le scénario a le défaut de ses qualités.
Ainsi, le scénario, en apparence malicieux, mais en réalité totalement invraisemblable, nous balade de coup de théâtre en coup de théâtre, chaque demie heure ouvrant son lot de nouveaux tiroirs. En partant d’une intrigue simple (un quidam doit se souvenir), la pelote s’emmêle et au final, si le spectateur apprenait que le film entier n’est en fait que le rêve d’une mangouste sous amphétamines, cela lui serait égal. Cette mécanique trop bien huilée (pour sa complexité, le film ne dure « que » 1h30) ne laisse le temps à rien et ne permets pas d’installer une vraie empathie pour les personnages, dont on finit par se contrefoutre totalement. Si on ajoute à cela des éléments narratifs totalement délirants justifiés sur le tard, une fois que le ridicule a fait son œuvre (l’histoire du pubis épilé par exemple, ou ce final enflammé qui s'achève de manière guignolesque), l’ensemble ne dégage qu’une extrême froideur.
Les scénaristes Hodge et Ahearne semblent prendre un malin plaisir à rajouter artificiellement des couches à leur mille feuilles déjà bien garni. Le trop peu narratif de la ligne principale semble justifier le trop plein de celle liée au thème du film. Il faut être sacrément gonflé pour bâtir un scénario si complexe sur une pratique (l'hypnose) dont le niveau de croyance varie selon les individus. Et si le spectateur y croit peu, tant pis pour lui.
Au niveau du casting, c’est bidon. James McAvoy est outrageusement creux (quand il n’est pas ridicule –il s’adresse à la caméra dans les 10 premières minutes), et Vincent Cassel absolument pas crédible en truand français (surtout quand il balance le mot « fraise » à Rosario Dawson). Et cette musique lourdingue, artificiellement grandiloquente (on se croirait dans une pub pour une voiture) n’aide en rien le film.
"Trance", film froid et épuisant, ne vend presque que son scénario tape à l’œil bardé de twists à répétitions. Une belle coquille, savamment mise en scène certes, mais une coquille plutôt vide, surtout au niveau de l'émotion.

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