lundi 28 mai 2012

AMOUR

2h07 - Sortie le 24 octobre 2012

COMPÉTITION OFFICIELLE : FESTIVAL DE CANNES 2012
PALME D'OR


Un film de Michael Haneke avec Jean-Louis Trintignant & Emmanuelle Riva
Georges et Anne sont octogénaires, ce sont des gens cultivés, professeurs de musique à la retraite. Leur fille, également musicienne, vit à l’étranger avec sa famille. Un jour, Anne est victime d’une petite attaque cérébrale. Lorsqu’elle sort de l’hôpital et revient chez elle, elle est paralysée d’un côté. L’amour qui unit ce vieux couple va être mis à rude épreuve.

Moyenne des Ours: 2.3/5

Le point de vue de Pépite : 2/5
J'ai lu un petit peu partout que l'édition 2012 du Festival de Cannes avait plus ou moins déçu la grande partie des Festivaliers ainsi que les critiques, mais qu'heureusement la Palme d'Or avait mis tout le monde d'accord ! Comme quoi, l'adage se vérifie, il faut une exception qui confirme la règle. Amour est un morceau fade de cinéma, porté certes par au moins un comédien hors du commun mais qui ne peut pas tout faire ! Outre des dialogues pauvres peu ou pas mis en scène, quel ennui… Je ne suis pas un connaisseur du cinéma de Haneke, mais je suis certain que ce n'est pas son meilleur film. Je suis curieux du coup… Le thème de son film est plutôt beau, Jean-Louis Trintignant est d'une justesse à couper le souffle, l'apparition d'Isabelle Hupert est appréciée mais… Mais voilà, je n'ai pas été touché. Libre à vous d'aller découvrir la nouvelle Palme d'Or, je ne vous dissuade pas, mais je vous le conseille pas non plus.

Le mot du Comte : 1/5
"Amour" est un film simple, élégamment mis en scène, mais très pesant, voire écrasant.
De par son sujet premièrement -les derniers moments d'un vieux couple dont la femme est atteinte par la maladie, et par son découpage étouffant (plans séquences bonjour) et ses dialogues qui sonnent parfois faux (Emmanuelle Riva, dans la première moitié du film, semble ne pas avoir évoluée depuis "Hiroshima mon amour", alors qu'elle gagne en intensité dans la seconde moitié -quand elle se tait) et qui sont relativement pauvres (on y apprends que "la salière est vide", que "le robinet coule", bref, de formidables moments déployant des intrigues denses et résolues).
Jean-Louis Trintignant est quand à lui très touchant.
Malheureusement, le film, par son étalage froid des souffrances du couple (cela fait parfois très vitrine, parfois très cynique), est plutôt répugnant et empêche d'adhérer aux moments de tendresse de ce couple. La froideur clinique de Haneke est ici en totale contradiction avec son sujet. Qui plus est, la structure choisie par Haneke (le prologue du film est en fait l'épilogue de l'histoire) n'est d'aucune utilité: à quoi bon? Plat et froid, "Amour" est très ennuyeux et vide de toute émotion.

L'Opinion de Tinette : 4/5
Je ne connaissais le cinéma d’Haneke que de loin. Et bien ce film m’a donné envie de le connaître par cœur. Alors oui c’est un peu long. Il faut être patient, et adhérer à l’esthétique du film entier, sinon il est très facilement possible de détester ce film. Je ne dis pas que j’ai pas senti quelques moments d’ennui. Je suis sortie en étant partagée sur ce film, mais quelques heures plus tard, quelques jours après rien que l’idée de ce film m’émouvait. C’est tout simplement fort, et beau.
Je ne suis pas fan des « plans vides », la mise en scène n’est pas dans mes habitudes cinématographiques mais une fois qu’on la comprend et qu’on s’y habitue… tout va bien. Les plans sont beaux. J’ai trouvé le jeu des acteurs faux au début du film, puis vers la fin ils m’ont bouleversé. On connaît la fin du film dés le début (puisque la scène d’ouverture est la fin du film), mais ça n’empêche rien. On est passionnés par le destin de ces deux personnages. Une des dernières scènes m’a énormément touchée. Les scènes sont simples, épurées au possible, mais tellement réelles.
C’est difficile de dire ce que le film m’a procuré, mais c’est une bombe. Une bombe lente, et a apprécier.

2 commentaires:

  1. Une chose est sûre : si je peux comprendre que l’on n’adhère pas à ce film, qu’il ne touche ou n’émeut pas, que son esthétique trop épurée, le jeu « trop théâtral » des acteurs, dérangent ou ennuient ; il ne faut cependant pas être clairvoyant pour reconnaître qu’Amour est une œuvre entière, mûrie par un cinéaste qui après une escalade extraordinaire en terme de chefs d’œuvres, a su mettre la barre encore –et toujours- plus haut, en accumulant coup sur coup deux palmes d’or. Un film, donc, que l’on peut aisément penser comme un point culminant d’une carrière sans erreurs.
    Il est certain que tout est question de sensibilité, et que ce film peut toucher certains moins que d’autres. Pourtant, je suis convaincue que si l’on veut bien se laisse porter par la beauté, l’incroyable justesse, des mots, des images, de cette lente agonie (qui est aussi implacable que la cruauté glaciale d’un certain Funny Games), chacun saura reconnaître le chef d’œuvre que constitue ce film.
    J’ai été voir ce film avec quelques aprioris. Notamment le sujet que je trouvais trop noir, les acteurs que je savais excellents mais peut-être plus à la scène qu’à l’écran, la longueur du film, etc. Ainsi, au début, le jeu des acteurs m’agaçait un peu, la lenteur des scènes, la fixité des plans aussi. Pourtant, rien à faire : au bout d’une dizaine de minutes, j’ai dû rendre les armes. La machine Haneke était en marche. J’ai adhéré à ce film sur absolument tous les plans (sans mauvais jeu de mots). Un jeu qui s’est donc révélé être d’une justesse infinie ; un sujet qui force l’identification tant cette douleur qui nous est montrée à l’état brut nous fait préméditer, bien malgré nous, celle qui pourrait un jour nous frapper de manière semblable (être témoin de l’agonie d’un être cher n’est-elle pas l’une de nos angoisses les plus fortes ?) ; et, bien sûr, l’implacabilité d’une mise en scène qui a fait le succès de ce grand maître, ces longs plans séquences immobiles et froids, fixes et larges, nous mettant (comme toujours) dans la position du témoin pris en otage, incapable de détourner les yeux, voyeur involontaire et pourtant fasciné.
    C’est cette sobriété, cette maturité sans appel, qui me touche comme aucun autre cinéma n’a su le faire avant, et me fait dire, comme l’a souligné Jean-Louis Trintignant lors de la cérémonie de clôture à Cannes, que Michael Haneke est aujourd’hui le plus grand cinéaste vivant.

    Sur ce, bisous les loulous.

    Alice B.

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    Réponses
    1. Merci Alice pour cette réponse claire et argumentée à nos critiques! Je suis entièrement d'accord: tout est question de sensibilité.
      Là ou je diverge en revanche, c'est que je pense qu'il faut considérer le film en tant qu'objet indépendant. Tout ce qui est autour du film (sa palme d'or, le lien éventuel avec d'autres éléments de la filmographie d'Haneke) ne doit à mon avis pas rentrer en compte dans l'élaboration d'une opinion sur un film, celui là ou un autre (je conçois que cela est dur étant donné que nous sommes influencés sans cesse et par conséquent, nos pensées sont orientées).
      Le Comte.

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