1h37 - Sortie le 1er Février 2012
Un film de Tony Kaye avec Adrien Brody, Sami Gayle, James Caan et Lucy Liu
Henry Barthes est un professeur remplaçant. Il est assigné pendant trois semaines dans un lycée difficile de la banlieue new-yorkaise. Lui qui s’efforce de toujours prendre ses distances va voir sa vie bouleversée par son passage dans cet établissement...
Moyenne des Ours : 4/5
La pensée de Juani : 3,5/5
Le mot du Comte : 4,5/5
Très bon travail du chef opérateur. Tony Kaye (qui auteur du film et de la photo) est responsable de cette "bonne image". Pas simplement belle. Juste, "aventureuse", il n'a pas peur de faire de très appuyées contre plongées de Brody qui monte dans le bus vers sa "nouvelle mission", de gros plans (voire très gros plans), enchaînés avec de plans plus larges... Une image qui sert son sujet. Ajouté à cela, l'entremêlement bien pensé des (au moins) 3 temporalités du film qui fonctionnent très bien et qui, paradoxalement, sont indépendantes. Des profs touchants (Brody, Liu, Caan) tout comme les gamin(e)s. Des questions universelles : qu'est c'que je laisse derrière moi, comment s'épanouir ... mais rien de déjà vu. Par contre, le fait qu'il soit prof de littérature ne devrait pas justifier (aussi belle qu'elle soit) une séquence au ralenti d'un lycée dévasté sur la lecture, en voix off, d'un livre connu (je ne me souviens plus lequel!!). Selon moi, c'est dommage, il va peut être trop loin dans la mise en scène tout en ne donnant pas les réponses qu'il soulève, concernant ses personnages. Un bon film tout de même.
Le mot du Comte : 4,5/5
Voilà un film-somme essentiel qu'il serait bon de diffuser dans les lycées. Tony Kaye (qui signait le très facile "American History X") aborde ici tout et rien à la fois. Passés les quelques tics agaçants de sa mise en scène (montage hyper rapide, cuts douteux, zooms horribles), le film se révèle être un véritable portrait d'un système américain éducatif à la dérive, où la politique du chiffre et les solutions à court-terme prévalent. Un portrait à la fois cruel, parfois drôle, désabusé et humain. Cette humanité est incarnée par un Adrien Brody (formidable Adrien Brody!) au passé douloureux (qui ne nous est révélé que par fragments), qui intègre ce lycée en élément extérieur, pour tenter -du mieux qu'il peut, d'en apaiser certaines tensions, avant d'en repartir.
Le film démontre qu'il n'y pas d'unicité aux problèmes rencontrés par ces profs et ces élèves, que tout est lié, organique, complexe comme l'être humain. Kaye ne cède pas à la facilité de juger untel ou untel (comme le faisait Cantet avec "Entre les murs", où l'absence d'intégration était pointée du doigt), mais se révèle très observateur du tissu social et des enjeux d'une société qui continue à sombrer dans insignifiance. Kaye érige Brody en rempart à cette médiocratie. Et cela fait plaisir. Et cela fait du bien. Et cela donne lieu à de formidables moments de grâce. Un film essentiel donc, à voir et à revoir, pour se laver -un peu, le cerveau...
Les metteurs en scène me mettent à l'épreuve en ce moment. Après le Melancholia de Lars Von Trier, voici encore un film qui use de zooms. Ah ces zooms, figures "So-Cinéma Moderne" que je ne "supporte" plus. Entre guillemets, parce qu'on s'y habitue dans ces deux exemples. Je suis un passionné des grues, travellings et autres mouvements fluides de caméra. Mais Tony Kaye a décidé de faire son film de cette manière, et après quelques minutes, une fois bien dedans, j'accepte. L'esthétique du film ainsi que la construction narrative est très spéciale, mais sert extrêmement bien le propos du film. Adrien Brody campe parfaitement le personnage de Henry Barthes et ne laisse aucun doute quant au sens du titre du film. Il est à distance, détaché de tout depuis un drame d'enfance. Détaché de tout ou presque, car en effet le film raconte l'histoire du comment ce détachement a pu être ébranlé. L'ensemble du casting est extrêmement bon, tous les personnages secondaires étant parfaitement caractérisés et interprétés par de brillants comédiens, pas toujours attendus dans ces rôles comme James Caan ou Lucy Liu. Pour finir, on comprend encore une fois que le système américain (qui peut être étiré tout de même au monde) est "pourri", que les parents sont de moins en moins responsabilisés quant à l'éducation de leurs enfants qui du coup sont de plus en plus... CONS ! Ou plutôt, "font les cons", parce que le film nous montre bien qu'ils manquent de structure et de modèles... Je vous recommande ce film, qui ne vous laissera pas indifférent.
L'opinion de Tinette : 4/5
Je suis d'accord avec Pépite on a du mal a s'habituer aux zooms et figures "so Cinéma Moderne" comme il dit. Mais on s'habitue rapidement. Et ces formes servent bien le film. La construction en général du film m'a perturbé. On ne trouve pas de rythme, de logique, mais le film tient très bien tout de même. On ne s'ennuie, pas on a pas le temps. Car si il y a quelques moment "plats" (ce n'est pas le bon mot, mais vous voyez ce que je veux dire), on est occupés à se poser 10 000 questions à la seconde sur notre société, nos profs, notre famille, le pouvoir des médias et nos relations aux autres en général. Car pour moi toute la force de ce film réside dans ceci. Oui le film est joli, les acteurs sont bons, et l'histoire, bien que simple, est belle. Mais surtout, on réfléchit, on est émus. J'ai même été jusqu'aux larmes (tellement la vérité des propos m'a bouleversé) lorsque le personnage d'Adrien Brody explique qu'il faut lire, se poser des questions, se questionner sur tout, et surtout pas se contenter de ce que nous donne les médias, les films, la société d'aujourd'hui. Car si on ne prend plus le temps, et la force d'imaginer et de croire, qui sommes nous ? Juste des pions.
Le film traite énormément de sujet de façon volatile. A vous de voir si vous voulez y réfléchir, les considérer. Et on ne peut que se demander si nos profs aussi ont vécu des moments aussi difficiles, si ils voulaient nous aider, eux aussi. J'ai un tout petit regret. J'aurai aimé plus voir la relation entre le professeur et ses élèves. Voila ce qui manque selon moi. Mais sinon... Un très beau film. Que je ne suis pas prête d'oublier.
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