mardi 7 février 2012

ANOTHER HAPPY DAY

1h55 - Sortie le 1er Février 2012 

Un film de Sam Levinson avec Ellen Barkin, Ezra Miller et Demi Moore
Lynn débarque chez ses parents pour le mariage de son fils aîné, Dylan, accompagnée de ses deux plus jeunes fils, Ben et Elliot. La propension de ce dernier à mélanger alcool, drogues et médicaments ne le prive pas d'une certaine lucidité sur la joie des réunions de famille. Et la réunion, de fait, est joyeuse : grands-parents réac, tantes médisantes, cousins irrémédiablement beauf. Sans compter le premier mari de Lynn qui arrive flanqué de sa femme tyrannique.

Moyenne des Ours : 3,33/5


La pensée de Juani :  3,5/5
Un bon film sur les relations familiales : pas tout rose mais pas tout noir. Une "morale" triste mais malheureusement vraie et admirablement démontrée. Je n'ai pas les répliques exactes du personnage paumé et déprimant d'Ezra Miller mais en gros ça dit la chose suivante : ce n'est pas pour les occasions heureuses comme un mariage que les liens familiaux se resserrent. Par contre pour les deuils, c'est autre chose,... l’imminence de la Mort! Enfin bref, encore un rôle d'adolescent en pleine tourmente pour Ezra Miller, très bien interprété. Les aléas, les petits secrets et les incompréhensions au sein de cette famille reconstituée rendent parfois le rythme un peu calme. Mais on a envie de savoir comment ils vont démêler tout ça. Ils sont un peu extrêmes dans leurs actions et réactions pour vraiment refléter notre propre famille mais ça n'empêche pas l'identification aux personnages (à travers leurs mal-être qui sont à la base de leurs différents).


Le mot du Comte : 3,5/5
Les films dits "de famille" ne sont généralement pas trop ma tasse de thé de par -bien souvent, la maigreur de leur intrigue, inhérente au genre, qui tend souvent vers le catalogue de personnages aux traits bien tirés. "Another Happy Day" ne déroge pas à cette règle. Cependant, la structure du film (qui se passe sur deux jours, avec pour enjeu un mariage) dégage un intérêt narratif évident qui empêche de faire sombrer le spectateur dans l'ennui le plus total (même si parfois, on flirte avec lui).
Ainsi, la plupart (pas tous, j'y viens) des membres de cette famille sont d'insupportables cons qu'on aurait envie de baffer (de la grand-mère réac à la choucroute bétonnée aux tantes langues-de-vipères). Le spectateur dispose cependant de points d'ancrages. Le premier est Erza Miller (parfait ici), qui joue un adolescent attachant, qui a perdu ses repères (mais pas son sens de l'humour) et qui file vers l'autodestruction. Son petit frère (Daniel Yelsky, avec sa paranoïa autistique) est également attachant. Le dernier repère est la mère, Lynn, incarnée par Ellen Barkin, dont le visage terriblement meurtri semble catalyser les tares de cette famille et être, à lui seul, un symbole à part entière..
Par métaphore évidente, cette famille est le portrait fidèle d'une Amérique en perdition, où le conservatisme absurde (incarné par les grands-parents et leur dévotion pour Fox News) est condamné à disparaître, où l'enfermement dans l'inaction ne mène qu'au ridicule et à la beauferie pure (les tantes-bigoudis et leurs maris crétins) et où la jeunesse (les enfants donc) semble bien malmenée. Les éléments féminins extérieurs à cette famille (à savoir la belle-famille) sont des pestes, menées par une Demi Moore infernale qu'on aimerait écraser à coups de tondeuse à gazon. Le personnage de Lee (Jeffrey DeMunn, très drôle), le nouveau mari de Lynn, porte sur cette famille un regard critique mais au fond plein de tendresse et d'empathie. Et la tendresse est très présente dans ce film. Et c'est ce qui sauve le film, car dépeindre une famille si antipathique était un pari très risqué pour le fils de Barry Levinson. Les points d'ancrages (de normalité dirait-on) qu'il sème dans son récit l'aère et apportent un recul nécessaire qui peut finir, par moments, par nous faire aimer et comprendre ces médiocres êtres humains. Car en y regardant de plus près, on en connaît tous au moins un qui leur ressemble...

Le point de vue de Pépite : 3/5
C'est typiquement pour ce genre de film qu'il serait intéressant de faire un graphique suivant les évolutions de l'appréciation d'un spectateur pendant le film. En effet, mon opinion a beaucoup varié ! Elle a commencé bien bas pour remonter doucement, redescendre faiblement, remonter à pic, et redescendre pour finir sur 3/5. Commençons par parler de l'explication aux "pics" sur ce graphique : la principale étant tout bonnement Ezra Miller, excellent dans ce rôle qui sur le papier est déjà très bon. Certaines répliques sonnaient très "Robert Sheehan" (que vous connaissez peut-être sous les traits de Nathan dans Misfits, ou le jeune frère de Killing Bono), scandaleusement innovantes et cinglantes de cynisme. Il n'y a pas à chipoter, cet acteur est un "grand" : après ses prestations dans We need to talk about Kevin et Another Happy Day, il n'y a plus à en douter. Kate Bosworth quant à elle est extrêmement touchante en fille aînée adepte de scarifications et autres mutilations. Le reste du casting est plutôt bon dans le sens où ils remplissent parfaitement leur rôle : des cons insupportables formant une famille qui présente tous les défauts qu'une famille peut avoir. C'est probablement ce qui m'a moins plu dans le film, cette famille, je la déteste. Mais l'histoire est faite ainsi, et l'histoire a reçu un prix à Sundance... Mais bon ! Ça pleure beaucoup, parle beaucoup, et je me range du côté de la grand-mère lorsqu'elle demande à sa fille Lynn pourquoi elle ne peut pas tout simplement se taire ? C'est bien le problème du personnage et son rôle dans le scénario du film de Sam Levinson. Elle ne sait que remuer le passé, soulever les problèmes, aller au conflit pour aller mieux, pour que tout aille mieux. Son pendant obscur étant ses fils Eliott et Ben (très brillamment interprété par le jeune Daniel Yelsky) ayant tous deux différents problèmes qui les font parler en toute franchise à cette famille hautement hypocrite (Eliott est une sorte de sociopathe cynique et Ben a le syndrome d'Asperger). Pour finir, Another Happy Day est un film intéressant, foncez si vous êtes un adepte de films sur des familles barjos ! Niveau famille barjo, je retournerais personnellement vers mes classiques, Little Miss Sunshine, Juno, Le Premier jour du reste de ta vie, Bienvenue ches les Rozes, La Famille Tenenbaum, etc. Mais Another Happy Day vaut le coup d'oeil, tout de même !

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