dimanche 18 août 2013

LES APACHES

1h22 - Sortie le 14 août 2013

Un film de Thierry de Peretti avec François-Joseph Culioli, Aziz El Haddachi, Hamza Meziani
Pendant que des milliers de touristes envahissent les plages, les campings et les clubs, cinq adolescents de Porto-Vecchio trainent. Un soir, l'un d'eux conduit les quatre autres dans une luxueuse villa inoccupée... La bande y passe clandestinement la nuit. Avant de partir, ils volent quelques objets sans valeur et deux fusils de collection. Quand la propriétaire de la maison débarque de Paris, elle se plaint du cambriolage à un petit caïd local de sa connaissance…

Le Mot du Comte : 4/5
Loin des plages paradisiaques et des beaux panoramas, voici "Les Apaches", un premier film tendu qui a le mérite de montrer une Corse jamais vue et loin des clichés de la métropole, à travers les mésaventures de 4 jeunes apprentis voyous qui ne savent pas y faire.
Le film est doté d’une science des cadrages éblouissantes. De Perretti, avec son petit format carré (le film est tourné en 1:33), vise toujours juste et avec une précision folle. Sa mise en scène atteint sa pleine cohérence (avec le titre notamment) lors de cette scène d’intrusion nocturne, lorsque Jo se met à danser, imbibé de whisky, sur une musique aux sonorités indiennes. Le film sort du naturalisme (mais l’est-il vraiment ?) pour gagner en puissance. 
Cette puissance est également transmise par les acteurs, tous débutants mais impeccables (et les dialogues sont aussi amusants qu’horrifiants). Le récit met en exergue les tensions entre les communautés. On découvre alors plusieurs rapports de force : cet espèce de patriarche-mafieux-entrepreneur-raciste, qui protège les villas des riches et envoie ses mômes blindés tabasser des petits arabes, ou ce jeune corse aux propos nationalistes, qui voit son île envahit par les « gaulois ». Il y a des scènes tendues avec presque rien : lorsque le père d’Aziz vient s’excuser pour rembourser les dégâts causés par son fils, lorsque les jeunes riches viennent chez lui pour interroger son fils ou encore cette scène finale magistrale, qui résume à elle même l’essence du film, où ce natif corse parcourt une pool-party de jeunes métropolitains sans que personne ne le remarque. Le scénario, bien bâti dans sa première partie, aurait peut-être gagné à être resserré dans la seconde, mais l’ensemble tient le coup, et la dramaturgie est bel et bien bouclée.
Film de destins (ceux qui veulent rester, ceux qui veulent partir, ceux qui sont coincés), "Les Apaches" est âpre et sec, bardé d'humour noir et de vitalité. Un buddy-movie réussi.

samedi 17 août 2013

ELYSIUM

1h50 - Sortie le 14 août 2013

Un film de Neil Blomkamp avec Matt Damon, Jodie Foster, Sharlto Copley 
En 2154, il existe deux catégories de personnes : ceux très riches, qui vivent sur la parfaite station spatiale crée par les hommes appelée Elysium, et les autres, ceux qui vivent sur la Terre devenue surpeuplée et ruinée. La population de la Terre tente désespérément d’échapper aux crimes et à la pauvreté qui ne cessent de ne propager. Max, un homme ordinaire pour qui rejoindre Elysium est plus que vital, est la seule personne ayant une chance de rétablir l’égalité entre ces deux mondes. Alors que sa vie ne tient plus qu’à un fil, il hésite à prendre part à cette mission des plus dangereuses -  s’élever contre la Secrétaire Delacourt et ses forces armées – mais s’il réussit, il pourra sauver non seulement sa vie mais aussi celle de millions de personnes sur Terre.

La Moyenne des Ours : 2,8/5

Le Mot du Comte : 2/5
"Elysium" est un film banal. Après le passionnant et fourmillant "District 9", Neil Blomkamp dépeint ici un univers qui frappe par son réalisme, mais pas –hélas ! par son originalité. En effet, rien de bien nouveau dans "Elysium", que ce soit au niveau des décors (si la station Elysium ressemble a un catalogue d’immobilier de luxe, la Terre garde a peu près le même design que les bidonvilles de "District 9") que de la technologie utilisée (des écrans sales, des vaisseaux sales presque sortis du dernier Terminator et sinon, des intérieurs blancs sur la station). Les personnages sont également très peu fouillés. Le seul trait caractéristique de Matt Damon apparaît quand il ne lui reste que quelques jours à vivre. Son passé dans l’orphelinat est d’une ringardise absolue (sans parler des piteux flashbacks surmontés par une voix off anesthésiée). On attendait davantage du personnage de Jodie Foster ou de celui de Sharlto Copley, qui singe tellement son accent sud-africain qu’il sombre dans le grand-guignol (et il faut le voir hurler dans les couloirs, c’est assez ridicule). Par contre, il est intéressant de voir ce petit microcosme parler plusieurs langues (espagnol, anglais, français), on retrouve là l'ouverture au monde et le multiculturalisme qui marquait "District 9".
Mais le film soulève un paradoxe : si l'univers n'a rien de bien original, on a tout de même envie d’en savoir plus. Dans la première demi-heure, on en vient à penser que "Elysium" est trop court, ou vas trop vite. Mais l’histoire ne prend pas une tournure intéressante et sombre vers un enchaînement de scènes d’actions ultra-classiques, bâclées et illisibles (certaines sont très mal montées). "Elysium" devient alors subitement beaucoup trop long.
Car les enjeux moraux du film se résument à de simples antagonismes de classes, entre riches et pauvres, entre malades et sains, et Neil Blomkamp ne parvient pas à éviter un manichéisme trop évident, où le dilemme est véritablement absent. Qui plus est, l’empathie envers les personnages ne fonctionne pas vraiment, car le film assène sans cesse des opinions générales, le genre d’opinions partagées par 95% des êtres humains. Bien sûr qu’un humain normalement constitué souhaiterait voir une gamine soignée, en revanche cela ne suffit pas pour maintenir son attention. Puis vient la fin du film, qui suit à la lettre ce qu’on pouvait attendre d’elle. "Elysium", film de SF déjà mille fois vue, n’est jamais surprenant. Pire, au bout d’une demi-heure, il devient comme son personnage principal : presque mécanique.

La note de Pépite : 3,5/5
La note de Juani : 3,5/5
La note de Tinette : 2/5

mercredi 14 août 2013

MICHAEL KOHLHAAS

2h02 - Sortie le 14 août 2013

Un film de Arnaud des Pallières avec Mads Mikkelsen, Mélusine Mayance, Delphine Chuillot 
Au XVIème siècle dans les Cévennes, le marchand de chevaux Michael Kohlhaas mène une vie familiale prospère et heureuse. Victime de l'injustice d'un seigneur, cet homme pieux et intègre lève une armée et met le pays à feu et à sang pour rétablir son droit.

La Moyenne des Ours : 3,5/5

Le Mot du Comte : 3/5
Avec "Michael Kohlhaas", Arnaud des Pallières parcourt un genre assez inhabituel : le film d’époque naturaliste. Son film est âpre, sec et servi par des paysages désertiques à couper le souffle. Cette fresque féodale a un atout majeur : un Mads Mikkelsen puissant et minéral. C’est lui qui porte le film et le récit. Il est accompagné par des seconds rôles solides, comme Denis Lavant en théologien cynique ou la très jeune Mélusine Mayance dans le rôle de la fille de Kohlhaas. Michael Kohlhaas, dans cet univers rugueux, est la seule humanité à laquelle on peut se raccrocher et le sort qu'il subit ne laisse jamais indifférent. Et il y a des salauds à haïr.
Le récit, assez dilué et parfois un peu trop étiré, dépeint la trajectoire d’un homme luttant contre une justice à sens unique. Seulement voilà, certains aspects du film le rendent assez hermétique. On ne comprend pas trop le sens du message, si ce n’est peut-être dans le tout dernier plan, et on regrette que le manque de moyens soit pris comme prétexte au hors champ permanent ou à l’ellipse. Toutefois, Des Pallières a la judicieuse idée de ne filmer que du solide, du concret, et non un décor en carton pâte, ce qui rend cette quête si crédible et lui donne toute sa désespérance. 
Si "Michael Kohlhaas" trouve de temps en temps sa force, le côté ultra-dépouillé du film n’aide pas toujours à en percevoir le sens profond.

La note de Pépite : 4/5

mardi 13 août 2013

LONE RANGER

2h29 - Sortie le 7 août 2013

Un film de Gore Verbinski avec Armie Hammer, Johnny Depp, Helena Bonham Carter
Tonto, le guerrier indien, raconte comment John Reid, un ancien défenseur de la loi, est devenu un justicier légendaire. Ces deux héros à part vont devoir apprendre à faire équipe pour affronter le pire de la cupidité et de la corruption. Le tandem fait des étincelles et entraîne le public dans un tourbillon de surprises et d’humour.

La Moyenne des Ours : 3/5

Le Mot du Comte : 3,5/5
Parmi la petite dizaine de blockbuster miséreux qui pululent sur les écrans depuis juin, ce "Lone Ranger" fait figure d’outsider. Il serait injuste de réduire ce film à un simple "Pirates des Caraïbes au Texas" car si le film partage la même équipe créative que la trilogie caribéenne, "Lone Ranger" y est plutôt supérieur.
Bien sûr, le scénario est pataud et dévoile très vite ses contours. On devine, dès les premières minutes, qui sera le méchant et les lignes principales du complot qui va se tisser devant nos yeux. Ce blockbuster contient bien sûr son lot d’incohérences et d’invraisemblances, ce genre de moments ou l’on sent que la patte du scénariste arrange bien les choses pour tirer son protagoniste d’un moment indélicat et ainsi lisser la mécanique scénaristique. 
Si ce "Lone Ranger" n’avait été que ça, il aurait été, comme les autres, plutôt médiocre. Mais ce qui élève le film est son rapport au genre, à savoir celui du Western. S’il est jouissif d’y retrouver une dizaine de références à des grands classiques du genre (les premières minutes évoquent "Il était une fois dans l’Ouest" et l’on retrouve évidemment "Dead Man"), il est remarquable de voir à quel point la morale du film est, pour une fois, fiable. Que nous dit le film ? Il admet sans équivoque, et c’est peut-être la première fois dans un film de si grande envergure, que la nation américaine s’est construite sur la spoliation et dans le sang des peuples indiens (et asiatiques). Il délivre également une image symbolique des forces gourmandes du Capital et d’une religion aveugle (les croyants et prédicateurs sont ici soit fous soit extrémistes). C’est d’ailleurs assez paradoxal pour un blockbuster si riche de livrer un tel combat contre l’argent et les forces qui le défendent (après tout, le héros renonce au droit pour sa propre justice) et c'est peut-être pour ça que le film ne marche pas sur sa terre natale.
Ce tel engagement donne sa puissance émotionnelle à des scènes comme le massacre sans merci des indiens dont on aurait souhaité, au final, qu’ils puissent prendre leur revanche. L’autre versant de l’émotion apparaît via le sort que réserve le film au western et à sa mythologie, ici remisée dans une foire, où un vieil indien conte un récit à un enfant (on entrevoyait déjà cet aspect dans l'épilogue du « True Grit » des Frères Coen). L’aspect symbolique de ce versant du film, qui se projette autant vers l’avant (qu’adviendra-t'il du western demain?) que vers l’arrière (l’héritage que le western a laissé), est cristallisé dans ce plan post-générique, où un Tonto vieillissant s’enfonce vers l’horizon désertique. Pour les amoureux du genre, tout est là.
Quel plaisir également de retrouver cette poussière, ce sable, ces décors crades et ces grands espaces. "Lone Ranger" exploite à fond les décors naturels de l’Amérique et cela se voit. Et il livre un très bon spectacle, qui multiplie les scènes fulgurantes (ce gunfight à travers les vitres d’un wagon est dément), sans trop faire de surenchère énervante.
On regrette bien sûr que Armie Hammer ne soit pas toujours à la hauteur, que Johnny Depp nous resserve encore et toujours le même genre de mimiques où que le personnage d’Helena Bonham Carter (qui recycle sa perruque des "Misérables") ne serve pas à grand chose. Dommage également que les autres personnages manquent de nuances : les méchants par exemple, sont très mal servis.
Surprise par contre au niveau de la musique qui, malgré le fait qu’elle abuse de figures connues (l’ouverture de Guillaume Tell est servie à toutes les sauces) ou repompe clairement des mélodies connues (Zimmer plagie Ennio Morricone), laisse place nette à quelques minutes de symphonies originales et typiquement westerniennes.
"Lone Ranger" n’est pas un chef-d’oeuvre, mais il a le mérite d’être un bon blockbuster, beaucoup plus intelligent, ancré dans la réalité de l'histoire américaine et surtout plus nuancé que la plupart de ses concurrents estivaux. 

La note de Juani : 2,5/5

dimanche 11 août 2013

LES SALAUDS

1h40 - Sortie le 7 août 2013

Un film de Claire Denis avec Vincent Lindon, Chiara Mastroianni, Julie Bataille
Commandant, à bord d’un supertanker, Marco Silvestri doit rentrer d’urgence à Paris, abandonner le navire. Sa sœur Sandra est aux abois… son mari suicidé, une entreprise en faillite et sa fille unique à la dérive. Sandra désigne le coupable : l’homme d’affaires Edouard Laporte. Marco loue un appartement dans l’immeuble où Laporte a installé sa maitresse et leur fils. Mais Marco n’avait pas prévu les secrets de Sandra, qui brouillent la donne…

Le Mot du Comte : 0,5/5
La première chose qui frappe chez "Les Salauds", c’est peut-être le fait que Claire Denis n’a rien à dire et rien à montrer. Bâti sur un scénario à trous, mal écrit, où la notion de dramaturgie est complètement absente, et sur un montage bardé de flashback/flashforward (pour mieux noyer le poisson), "Les Salauds" n’a presque aucun atout. Filmé n’importe comment, à l’arrache (cadres crades et saccage de la caméra épaule), les scènes inutiles s’empilent les unes à la suite des autres, sans cohérence ni logique, de postulat en postulat, sans jamais creuser quoique ce soit, prenant comme seul argent comptant le mystère, qui ici revêt plutôt les oripeaux de la fainéantise. "Les Salauds" est donc un film fainéant, qui semble remplir le cahier des charges du parfait film d’auteur de clan : racolage avec des sujets tabous effleurés (ici, viol et inceste), écriture tarabiscotée (et surtout incompréhensible) et nu gratuit. Le film se croit plein de charme, mais il n’en a aucun, il se croit malin quand il est juste vide. 
La mise en scène de Denis se résume à des vues agitées depuis des voitures et à des gros plans qui ne veulent rien dire parce qu'ils ne montrent rien d’autre que les visages inexpressifs de comédiens en mal de personnage. Car quand on n’a rien à jouer, dur de tirer son épingle du jeu. Certains répliques de Vincent Lindon sont incompréhensibles (il mâche ses mots), Chiara Mastroianni pose, errant dans un appartement sous-éclairé, Julie Bataille sonne faux et Grégoire Colin est d’une fadeur extrême. Quand au seul personnage valable (car esquissé), c’est une vulgaire caricature interprétée par Michel Subor. Alors voilà, au milieu d’un ennui ferme nagent deux ou trois plans qui valent le détour, pour l’atmosphère qu’ils dégagent (l’accident de voiture, même s’il est prévisible, fait son petit effet). Le reste n’est que pauvreté inouïe, tant au niveau du contenu que de son filmage, le manque de moyens sautant aux yeux dès le troisième plan (le suicide) et cela fait plutôt peine à voir (le fameux supertanker du pitch n’apparaîtra qu’aux oreilles et certaines scènes ne sont mêmes pas éclairées). Claire Denis pose des bases et n’en fait rien. Avec un titre plus évocateur que son contenu (on attendait peut-être un vrai cri plutôt qu'un soupir mortifère), elle signe avec "Les Salauds" un énième film de caste, bon à glaner l'Avance du CNC, marqué du sempiternel sceau petit-bourgeois, et destiné à n’exciter qu’une fine brochette de journalistes. Le reste passera son chemin.

jeudi 1 août 2013

AMERICAN NIGHTMARE

1h26 - Sortie le 7 Août 2013

Un film de James DeMonaco avec Ethan Hawke, Lena Headey, Adelaide Kane & Max Burkholder
Dans une Amérique rongée par une criminalité débridée et des prisons surpeuplées, le gouvernement a donné son accord pour qu’une fois par an, pendant 12 heures, toutes activités criminelles, meurtres inclus, soient légalisées. La police ne peut intervenir. Les hôpitaux suspendent leurs services. Une nuit durant, les citoyens sont à même de définir leurs propres règles et de faire leur propre loi, sans avoir à craindre de sanctions. Au cours d’une telle nuit hantée par la violence et le crime, une famille va devoir faire un choix – bourreau ou victime ? – face à un inconnu venu frapper à sa porte.

Le point de vue de Pépite : 3/5
Maladroit mais efficace, "American Nightmare" bénéficie d'un concept-coup de poing de qualité et d'un excellent sound-designer.
Angoissant "film d'anticipation", "American Nigthmare" - ou "The Purge" en version originale, part d'une idée simple mais géniale : pendant 12h le crime est légal. Cette "purge" est sensée avoir ramené "la paix" le reste de l'année dans une Amérique au taux de chômage proche de 1%.
Niveau mise en scène et storytelling, le début du film nous plonge dès les premières secondes dans le concept qui nous est dévoilé sobrement à l'écrit en guise de prologue puis au travers d'interviews radio/TV d'experts de tous genres. Les membres de la famille d'Ethan Hawke réagissent tous différemment à l'approche de la nuit fatidique, alors que celui-ci est heureux d'annoncer ses chiffres de vente de systèmes de sécurité, spécialement conçus pour la purge...
Jusqu'à ce que la maison de cette famille américaine typique soit scellée, c'est irréprochable : on sent l'étau se resserrer, l'angoisse se fait réelle, tous les éléments sont en place... 
Et puis c'est là que le bât blesse : la suite des évènements est assez maladroite. Il suffit d'avoir un minimum d'expérience de spectateur pour comprendre que les différents éléments qui nous sont présentés (le petit copain plus âgé, la poupée-caméra télécommandée, la cachette du fils, etc.) seront utilisés dans les moments les plus forts de l'intrigue. Ils le sont, les scénaristes n'étant pas des débutants, mais d'une façon assez désordonnée qui va de paire avec les réactions des membres de la famille. Certes, la situation est stressante (leur forteresse n'est finalement pas si imprenable  que ça et de jeunes riches-sauvageons menacent de les tuer), mais le fait qu'ils réagissent tous de manière irrationnelle paraît étrange. Je suis en général contre les types qui parlent directement à l'écran pour conseiller les personnages ("Non, pas cette porte !" - "Ramasse toutes ces armes !" - "Délivre-le, il pourrait t'aider !", etc.) - comme tout autre type de nuisance sonore dans une salle de cinéma d'ailleurs, soit dit en passant - mais ici comment résister ?! On est frappés par leur obstination à tout faire de travers... Les scénaristes ont peut-être voulu trop insister sur un certain discours moralisateur qui leur dictait une série de moments "obligatoires" que les personnages devaient alors suivre, même si la logique n'était pas de mise... Qui sait ? 
Toujours est-il qu'arrivés à la fin du film, même si le pitch nous a séduits, ainsi que la mise en scène soulignant l'angoisse avec brio (le sound-design est également très efficace, sursauts assurés !), il reste comme un sentiment de travail bâclé... C'est dommage, car "American Nigthmare" avait un potentiel énorme, en petite partie révélé à l'écran.

INSAISISSABLES

1h56 - Sortie le 31 Juillet 2013

Un film de Louis Leterrier avec Jesse Eisenberg, Mark Ruffalo, Woody Harrelson, Isla Fisher, Dave Franco, Morgan Freeman, Michael Caine & Mélanie Laurent
« Les Quatre Cavaliers », un groupe de brillants magiciens et illusionnistes, viennent de donner un spectacle de magie époustouflant en braquant une banque sur un autre continent. Deux agents spéciaux du FBI et d’Interpol sont déterminés à les arrêter avant qu’ils ne mettent à exécution leur promesse de réaliser des braquages encore plus audacieux. Ils font appel à Thaddeus, spécialiste reconnu pour expliquer les tours de magie les plus sophistiqués. Alors que la pression s’intensifie, la course contre la montre commence.

La Moyenne des Ours : 3,4/5

Le point de vue de Pépite : 3,5/5
Insaisissables (Now you see me) est un film jouant de manière maline et ludique avec nos nerfs et nos méninges, ainsi qu'avec ceux du FBI dans le film. Quelqu'un a une longueur d'avance et ce n'est pas le FBI, pas Thaddeus, ni probablement même pas les "Quatre Cavaliers" eux-mêmes...
On avance avec le même intérêt que l'on aurait pour un jeu vidéo un peu tenace. Les tours, bien qu'on sente le pouvoir des FX, sont assez saisissants et impressionnants, les caractères bien trempés des 4 différents illusionnistes apportant un humour bénéfique à l'intrigue et aux tours de passe-passe. Le casting est d'ailleurs plutôt réussi, à un petit détail près : Mélanie Laurent. En fait, si on veut vraiment être tout à fait honnêtes, ce n'est absolument pas de sa faute si son personnage est assez inutile, dès l'écriture. Il ne sert qu'à souligner le côté terre-à-terre de Mark "FBI" Ruffalo... Mais une ribambelle de seconds rôles, à commencer par son partenaire du FBI interprété par Michael Kelly (que l'on a vu récemment dans Man of Steel), auraient pu jouer ce rôle catalyseur, sans rajouter une très mince amourette sans aucun sens...
Niveau mise en scène, c'est pas "dingue", mais c'est au moins efficace : celle-ci s'efface au service de l'intrigue et des retournements de situation.
C'est un bon divertissement, pas des plus originaux, mais l'histoire réussit à nous tenir en haleine alors qu'on essaye de comprendre les tenants, les aboutissants, et les tours de magie... Contrairement aux magiciens, le scénariste révèle finalement le secret de ses tours d'une manière assez satisfaisante, c'est déjà ça !

Le Mot du Comte : 2,5/5
Si "Insaisissables" est, en soi, un film assez inoffensif, sa qualité première est d’entretenir une quantité suffisante de mystère pour capter l’attention du spectateur, et ce, jusqu’à la fin.
En revanche, et c’est peut être le défaut de sa qualité, "Insaisissables" ne révèle au final pas grand chose, que ce soit autant sur les tours de magie (certains sont si impressionnants qu’ils font tomber le film dans le fantastique –les hologrammes, les illuminations finales, etc) que sur les vraies motivations de la petite bande de personnages que l’on suit pendant deux heures. Pis, le twist final vient jeter un énorme discrédit sur l’utilité du film en lui-même, rendant inopérantes (et vaines) presque toutes les péripéties auxquelles l’on vient d’assister. On finit clairement par se dire : tout ça pour… ça ? Si la structure du scénario s’articule comme un tour de magie (c’est d’ailleurs bien expliqué dans le film), quelque chose coince avec la fin. C’est trop gros pour être croyable et les ficelles se discernent vite.
Au niveau du casting, les prestigieux noms font le boulot (Michael fait du Caine, Morgan fait du Freeman, Jesse fait du Eisenberg). On déplorera l’inutilité latente du personnage de Mélanie Laurent (qui ne sert que de « distraction », comprendront ceux qui verront le film) et la fausseté du rapport américano-français qui se déploie tout au long du film (les références à la France, José Garcia, le plurilinguisme de Laurent, la scène finale sur le pont des Arts, etc), tout ça pour montrer qu’un petit frenchie est à la barre.
Par ailleurs, la mise en scène de Leterrier est, comme dans ses autres films, fade et très puérile (les travellings circulaires autour des personnages, ça suffit !), ce qui fait de "Insaisissables" un film dont l’ensemble est assez laid, pataud et grossier.
Il est regrettable que "Insaisissables" n’ait rien d’autres à offrir (ni à dissimuler) que son twist final, car une fois le film terminé, il n’en reste pas grand chose, si ce n’est la sensation de s’être fait mener en bateau pour rien.

La note de Tinette : 3,5/5
La note de Juani : 4/5

PACIFIC RIM

2h10 - Sortie le 17 Juillet 2013

Un film de Guillermo Del Toro avec Charlie Hunnam, Idris Elba & Rinko Kikuchi
Surgies des flots, des hordes de créatures monstrueuses venues d’ailleurs, les "Kaiju", ont déclenché une guerre qui a fait des millions de victimes. Pour les combattre, une arme d’un genre nouveau a été mise au point : de gigantesques robots, les "Jaegers", contrôlés simultanément par deux pilotes qui communiquent par télépathie grâce à une passerelle neuronale baptisée le "courant". Mais même les Jaegers comment par être impuissants face aux redoutables Kaiju, de plus en plus puissants...

La Moyenne des Ours : 2,5/5

Le point de vue de Pépite : 3,5/5
Grosse machine de qualité, "Pacific Rim" navigue dangereusement entre originalité et balisage standardisé, mais finit par convaincre.
Originalité, originalité, quel mot compliqué à employer de nos jours où tout, ou presque, a été vu ou entendu. Si je veux utiliser ce mot pour parler du dernier film de Guillermo Del Toro, c'est que ramener sur le devant de la scène un film de monstres mixé au film de géants mécaniques contrôlés par des humains, le tout sous la forme d'un film d'anticipation assez apocalyptique et ceci sans grosse star au casting c'est assez original.
La construction de "Pacific Rim" est plutôt mécanique et suit des schémas pré-existants facilement déchiffrables et prévisibles. Mais cette mécanique est bien huilée, et le fait que chaque personnage et chaque sous-intrigue serve le film dans sa globalité est très satisfaisant. Les personnages sont pour la plupart attachants (Idris Elba est décidément un grand), et bien que certains frôlent parfois la parodie (je pense au physicien allemand parfaitement insupportable) tout reste plutôt cohérent.
Cohérent, oui, car si le sujet de la destruction de la planète par d'immenses extraterrestres est assez sérieux, Del Toro reste fidèle à lui-même et ponctue son film de détails d'humour. Même dans le drame, même alors que l'humanité pourrait disparaître dans l'heure, l'homme ne pourra jamais être complètement sérieux - mécanisme d'autodéfense. Alors Del Toro suit le mouvement et se permet de zoomer jusqu'à l'infiniment petit (comparativement à l'échelle des monstres du film bien entendu) pour nous montrer des micro-détails cyniques ou humoristiques (je pense au pendule de Newton, un peu gros, mais drôle tout de même !) qui permettent de détramatiser un chouya l'histoire.
Visuellement parlant, il y a un très beau et gros travail sur les textures, notamment celles de l'océan, très réussies. La 3D est bien gérée, même si elle n'invente pas non plus grand chose. La musique venant inonder la totalité du film (elle est omniprésente et s'allonge comme un seul long morceau de 2 heures) est excellente, les riffs de guitare et certaines touches ethniques (musiques asiatiques et russes venant se mélanger au rock et à l'orchestral) servant avec efficacité le film pluri-ethnique de Guillermo Del Toro.
Pour résumer, Pacific Rim est un blockbuster de monstres qui n'a rien à envier aux Godzilla, Transformers et consorts.

Le Mot du Comte : 1,5/5
Disons-le clairement : Pacific Rim ne sert à rien. Spectacle sans âme, le méga blockbuster de Guillermo Del Toro ne ressemble à rien d’autre qu’à une ratatouille indigeste soit disant originale, qui convoque milles et une références : de "Transformers" à "Godzilla", en par "La Guerre des Mondes" ou bien les "Power Rangers" (on en vient même à soupçonner que le film en est un remake inavoué, tant les Mégazords évoquent les Jaegers). Ainsi, péniblement bâti autour de ces références se trouve un scénario désespérant, hypocritement construit (on n’aurait pu s’en passer et faire durer le film 30 minutes), qui aligne sans impudeur des scènes déjà milles fois vues (le discours patriotico-cucul du marshall, c’est du Michael Bay bien filmé) distillées par un second degré permanent qui vide le film du peu d’enjeu qu’il possède. Conséquence, on ne croit pas une seconde au film, un comble ! Del Toro pense faire son malin en insérant des plans d’une mouette qui s’envole ou d’un pendule de Newton, mais il ne fait que casser la bulle fictionnelle, casser la bulle du rêve que devrait porter en lui chaque film de cette ampleur.
Chaque carcasse (il n’y a pas de personnages dans ce film) fait un bon mot, sa jolie formule, et les figures de second plans, quand elles ne sont pas tout simplement bâclées (le fils de militaire arrogant mais brave), sont pompées ailleurs : les deux geeks insupportables (appel du pied au public ciblé ?) sortent tout droit de "Big Bang Theory". Alors oui, les acteurs ne sont pas des stars, c’est plutôt rafraîchissant, mais quel intérêt de prendre des inconnus si c’est pour qu’ils ressemble à des stars ? Le fade Charlie Hunman n’est rien d’autre qu’un mélange informe entre Channing Tatum et Garrett Hedlund. Le scénariste (le même que "Le Choc des Titans", tiens donc) a d’ailleurs oublié de lui fournir une motivation crédible. Idris Elba, mal dirigé, sous joue. Quant à Rinko Kikuchi, si son trauma est exploré pendant un pénible flash-back, sa faiblesse inhérente (elle dérive trop) est évacuée comme par magie dès que le scénario n’en a plus besoin.
La trame scénaristique est prévisible de bout en bout : du bruit, du bruit, du bruit et au final, une indifférence absolue. Alors bien sûr, si certains combats sont cools et quelques moments jouissifs (le film aurait du se limiter à ça et rien d’autre), on déplore ce côté naïf débilisant, cet appétit pour la destruction sans limite qui ne flatte que des bas instincts crétins. Au niveau visuel, c’est très laid, on se croirait dans un jeu vidéo (on y voit plus clair dans "Halo"). Omniprésence du fond vert. De plus, Del Toro n’arrivant pas à choisir (ou à décider), il fout toutes les couleurs à chaque plan (du vert, du bleu, du rouge, du jaune, tout le temps). Épuisement des rétines.
L’univers SF du film est d’ailleurs très faiblard : les monstres sont outrageusement laids et semblent n’obéir à aucune logique physionomique (et les aliens qui les contrôlent sortent de "Independance Day"). Enfin, la musique est très peu inspirée. Des chinois à l’écran, et Djawadi balance des instruments chinois, des russes, et il fout des tambours. Chapeau bas.
Sous couvert de film d’auteur original, "Pacific Rim"n’est au final qu’une véritable arnaque.

LE QUATUOR

1h45 - Sortie le 10 Juillet 2013

Un film de Yaron Zilberman avec Catherine Keener, Christopher Walken, Philip Seymour Hoffman, Mark Ivanir & Imogen Poots
Lorsque le violoncelliste d’un quatuor à cordes de renommée mondiale apprend qu’il est atteint de la maladie de Parkinson, l’avenir du groupe ne tient plus qu’à un fil. Entre les émotions refoulées, les egos et les passions incontrôlables qui se déchaînent alors, la longue amitié qui unit les quatre virtuoses menace de voler en éclats. À la veille du concert qui célèbrera leur 25e et sans doute ultime anniversaire, seuls leurs liens étroits et le pouvoir de la musique peuvent encore préserver ce qu’ils ont construit.

Le point de vue de Pépite : 2,5/5
"Le Quatuor" est un film tantôt touchant, tantôt trop sombre pour émouvoir.
Les quatre comédiens principaux sont bons et justes, l'histoire d'un violoncelliste découvrant sa maladie et réfléchissant aux incidences qu'elle aura sur la survie du quatuor est touchante, mais l'émotion disparaît souvent au détour d'un dialogue qui cherche sans arrêt la petite bête. On se sent exactement comme les personnages qui au lieu de s'émouvoir ou de se rapprocher du personnage malade de Chritopher Walken en profitent pour laver leur linge sale en famille. Tout le monde en prend pour son grade et si le principe est intéressant et crédible (l'approche de la mort engendre souvent un sentiment de réglage de compte "avant qu'il soit trop tard"), le rendu est plutôt sombre et glacial : peu d'émotion émerge.
Certains moments de grâce sont atteints lorsque les musiciens se taisent et jouent ensemble, les personnages parlant alors par regards, respirations et mouvements. C'est ici que l'émotion arrive, alors que l'on prend silencieusement conscience de tout : les rapports conflictuels entre les personnages, les non-dits qui blessent, le fait que la maladie de Parkinson commence à se manifester dans les mains-instruments principaux d'un violoncelliste avant le violoncelle-même...
Peut-être que si on avait pu rester plus longtemps dans le quotidien de Walken, prenant doucement conscience de sa maladie, on aurait pu se détacher plus facilement de la sombre amertume qui ronge tous les autres personnages, prenant ici trop de place. Triste et touchant, "Le Quatuor" émerveille plus lorsqu'il parle de musique que de relations humaines, un peu bavardes et grinçantes.