2h10 - Sortie le 17 Juillet 2013
Un film de Guillermo Del Toro avec Charlie Hunnam, Idris Elba & Rinko Kikuchi
Surgies des flots, des hordes de créatures monstrueuses venues d’ailleurs, les "Kaiju", ont déclenché une guerre qui a fait des millions de victimes. Pour les combattre, une arme d’un genre nouveau a été mise au point : de gigantesques robots, les "Jaegers", contrôlés simultanément par deux pilotes qui communiquent par télépathie grâce à une passerelle neuronale baptisée le "courant". Mais même les Jaegers comment par être impuissants face aux redoutables Kaiju, de plus en plus puissants...
La Moyenne des Ours : 2,5/5
Le point de vue de Pépite : 3,5/5
Grosse machine de qualité, "Pacific Rim" navigue dangereusement entre originalité et balisage standardisé, mais finit par convaincre.
Originalité, originalité, quel mot compliqué à employer de nos jours où tout, ou presque, a été vu ou entendu. Si je veux utiliser ce mot pour parler du dernier film de Guillermo Del Toro, c'est que ramener sur le devant de la scène un film de monstres mixé au film de géants mécaniques contrôlés par des humains, le tout sous la forme d'un film d'anticipation assez apocalyptique et ceci sans grosse star au casting c'est assez original.
La construction de "Pacific Rim" est plutôt mécanique et suit des schémas pré-existants facilement déchiffrables et prévisibles. Mais cette mécanique est bien huilée, et le fait que chaque personnage et chaque sous-intrigue serve le film dans sa globalité est très satisfaisant. Les personnages sont pour la plupart attachants (Idris Elba est décidément un grand), et bien que certains frôlent parfois la parodie (je pense au physicien allemand parfaitement insupportable) tout reste plutôt cohérent.
Cohérent, oui, car si le sujet de la destruction de la planète par d'immenses extraterrestres est assez sérieux, Del Toro reste fidèle à lui-même et ponctue son film de détails d'humour. Même dans le drame, même alors que l'humanité pourrait disparaître dans l'heure, l'homme ne pourra jamais être complètement sérieux - mécanisme d'autodéfense. Alors Del Toro suit le mouvement et se permet de zoomer jusqu'à l'infiniment petit (comparativement à l'échelle des monstres du film bien entendu) pour nous montrer des micro-détails cyniques ou humoristiques (je pense au pendule de Newton, un peu gros, mais drôle tout de même !) qui permettent de détramatiser un chouya l'histoire.
Visuellement parlant, il y a un très beau et gros travail sur les textures, notamment celles de l'océan, très réussies. La 3D est bien gérée, même si elle n'invente pas non plus grand chose. La musique venant inonder la totalité du film (elle est omniprésente et s'allonge comme un seul long morceau de 2 heures) est excellente, les riffs de guitare et certaines touches ethniques (musiques asiatiques et russes venant se mélanger au rock et à l'orchestral) servant avec efficacité le film pluri-ethnique de Guillermo Del Toro.
Pour résumer, Pacific Rim est un blockbuster de monstres qui n'a rien à envier aux Godzilla, Transformers et consorts.
Le Mot du Comte : 1,5/5
Disons-le clairement : Pacific Rim ne sert à rien. Spectacle sans âme, le méga blockbuster de Guillermo Del Toro ne ressemble à rien d’autre qu’à une ratatouille indigeste soit disant originale, qui convoque milles et une références : de "Transformers" à "Godzilla", en par "La Guerre des Mondes" ou bien les "Power Rangers" (on en vient même à soupçonner que le film en est un remake inavoué, tant les Mégazords évoquent les Jaegers). Ainsi, péniblement bâti autour de ces références se trouve un scénario désespérant, hypocritement construit (on n’aurait pu s’en passer et faire durer le film 30 minutes), qui aligne sans impudeur des scènes déjà milles fois vues (le discours patriotico-cucul du marshall, c’est du Michael Bay bien filmé) distillées par un second degré permanent qui vide le film du peu d’enjeu qu’il possède. Conséquence, on ne croit pas une seconde au film, un comble ! Del Toro pense faire son malin en insérant des plans d’une mouette qui s’envole ou d’un pendule de Newton, mais il ne fait que casser la bulle fictionnelle, casser la bulle du rêve que devrait porter en lui chaque film de cette ampleur.
Chaque carcasse (il n’y a pas de personnages dans ce film) fait un bon mot, sa jolie formule, et les figures de second plans, quand elles ne sont pas tout simplement bâclées (le fils de militaire arrogant mais brave), sont pompées ailleurs : les deux geeks insupportables (appel du pied au public ciblé ?) sortent tout droit de "Big Bang Theory". Alors oui, les acteurs ne sont pas des stars, c’est plutôt rafraîchissant, mais quel intérêt de prendre des inconnus si c’est pour qu’ils ressemble à des stars ? Le fade Charlie Hunman n’est rien d’autre qu’un mélange informe entre Channing Tatum et Garrett Hedlund. Le scénariste (le même que "Le Choc des Titans", tiens donc) a d’ailleurs oublié de lui fournir une motivation crédible. Idris Elba, mal dirigé, sous joue. Quant à Rinko Kikuchi, si son trauma est exploré pendant un pénible flash-back, sa faiblesse inhérente (elle dérive trop) est évacuée comme par magie dès que le scénario n’en a plus besoin.
La trame scénaristique est prévisible de bout en bout : du bruit, du bruit, du bruit et au final, une indifférence absolue. Alors bien sûr, si certains combats sont cools et quelques moments jouissifs (le film aurait du se limiter à ça et rien d’autre), on déplore ce côté naïf débilisant, cet appétit pour la destruction sans limite qui ne flatte que des bas instincts crétins. Au niveau visuel, c’est très laid, on se croirait dans un jeu vidéo (on y voit plus clair dans "Halo"). Omniprésence du fond vert. De plus, Del Toro n’arrivant pas à choisir (ou à décider), il fout toutes les couleurs à chaque plan (du vert, du bleu, du rouge, du jaune, tout le temps). Épuisement des rétines.
L’univers SF du film est d’ailleurs très faiblard : les monstres sont outrageusement laids et semblent n’obéir à aucune logique physionomique (et les aliens qui les contrôlent sortent de "Independance Day"). Enfin, la musique est très peu inspirée. Des chinois à l’écran, et Djawadi balance des instruments chinois, des russes, et il fout des tambours. Chapeau bas.
Sous couvert de film d’auteur original, "Pacific Rim"n’est au final qu’une véritable arnaque.