samedi 24 mars 2018

3 BILLBOARDS, LES PANNEAUX DE LA VENGEANCE

Sorti le 17 Janvier 2018 - 1h56

Un film de Martin McDonagh avec Frances McDormand, Woody Harrelson et Sam Rockwell
Après des mois sans que l'enquête sur la mort de sa fille ait avancé, Mildred Hayes prend les choses en main, affichant un message controversé visant le très respecté chef de la police sur trois grands panneaux à l'entrée de leur ville.

La Moyenne des Ours: 4/5

L'Avis de Pitu: 4,5/5
 "3 Billboards" est un formidable film réussissant à être extrêmement fantaisiste et réaliste à la fois. 
La réalité des personnages, le fait divers, le racisme indiscuté, la violence, la haine... Ces éléments campent l'histoire de Martin McDonagh dans un réalisme dur et intéressant. C'est le grain de folie du personnage de Frances McDormand, l'ironique maladie de celui de Woody Harrelson et la douce stupidité du personnage de Sam Rockwell qui font le film décoller dans une direction folle et inspirée. C'est dans la surenchère que l'on se dirige et cette explosion de personnalités blessées prêtes à se battre pour un idéal provoque la vraie émotion de ce film. C'est après la folie, la rage froide et la violence que des subtils moments d'extrême douceur viennent nous rappeler que l'on n'est pas loin de la réalité (voir cette touchante scène où Woody Harrelson crache du sang et Frances McDormand l'appelle "baby" avec une douceur très maternelle).
Drôle, rageant, triste, fou, "3 Billboards" réussit le pari de nous mettre tous d'accord et à la fois de nous diviser. On ne sait trop que penser de ces personnages et leur lien au "mal": le bien et le mal échangent leur place à chaque scène, selon la perspective.

Le Mot du Comte: 3,5/5
Three Billboards Outide Ebbing Misouri a été comparé à de nombreuses reprises à un film des frères Coen. Il est vrai que le film de Martin McDonagh en possède de nombreux points communs. Devant la caméra, d’abord, avec Frances McDormand, actrice récurrente des frères Coen, dans un rôle principal sidérant au cœur d’un décor au doux parfum d’americana. Puis derrière la caméra, avec la présence du compositeur Carter Burwell, qui a composé la musique des films des frères Coen. Seulement voilà, la comparaison s’arrête là, et si elle peut paraître pertinente, elle fait plutôt du mal au film de McDonagh. En effet, un œil pollué par ce postulat ne trouvera dans Three Billboards qu’une certaine déception : le film n’a pas la rigueur ni la force d’un film des frères Coen.
Cependant, il possède de nombreux atouts. Superbement interprété, par Frances McDormand (qui mérite l’Oscar) mais aussi par Sam Rockwell, dans le rôle d’un policier raciste, témoin à lui seul de cette Amérique délaissée, mal dans sa peau, cette Amérique blanche qu’on dit responsable de l’élection de Trump. Le film convainc également grâce à son humour, sa tendresse et la justesse du portrait d’une Amérique plurielle, où la plupart des sensibilités sont représentées, avec leurs défauts et leurs qualités. Chaque personnage existe et ne s’arrête pas à une représentation caricaturale. Et cela fait du bien.
Mais le film peut être déconcertant par ses choix narratifs qui, s’ils sont novateurs et originaux, sont aussi légèrement déceptifs. Surfant sur plusieurs registres (l’enquête policière, le revenge movie), le film n’en remplit jamais vraiment un et laisse la plupart de ses promesses (dont la question originelle des fameux panneaux) en suspens.
Il faut donc considérer cet aspect, et aborder le film comme le portrait d’un instant, fruit d’une Amérique divisée mais qui peut s’unir si on lui laisse le temps de s’exprimer.

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