mercredi 28 mars 2018

TOMB RAIDER

Sortie le 14 Mars 2018 - 1h58

Un film de Roar Uthaug avec Alicia Vikander, Dominic West, Walton Goggins
Lara Croft, 21 ans, n'a ni projet, ni ambition : fille d'un explorateur excentrique porté disparu depuis sept ans, cette jeune femme rebelle et indépendante refuse de reprendre l'empire de son père. Convaincue qu'il n'est pas mort, elle met le cap sur la destination où son père a été vu pour la dernière fois : la tombe légendaire d'une île mythique au large du Japon. Mais le voyage se révèle des plus périlleux et il lui faudra affronter d'innombrables ennemis et repousser ses propres limites pour devenir "Tomb Raider"…

Le Mot du Comte: 2,5/5
Pour qui ayant joué au récent opus du jeu vidéo Tomb Raider de 2013, ce nouveau remake était attendu. Mais pour qui ayant déjà joué au récent opus du jeu vidéo Tomb Raider de 2013, on n’en connaît déjà hélas plusieurs aspects.
Le film reprend donc l’intrigue japonaise centrée autour de la reine maudite Himiko et suit, à peu de choses près, l’intrigue du jeu. Les gamers ne trouveront ici aucune surprise. Cependant, le film est rafraîchissant, notamment grâce à Alicia Vikander, qui incarne une Lara Croft plus naturelle, plus fragile et plus nuancée que celle interprétée par Angelina Jolie. On pourrait facilement tomber amoureux de cette Lara Croft là, loin du fantasme pour geek de la bimbo à grosse poitrine. Il est également plaisant de voir que les auteurs ont pris soin d’ancrer son personnage dans le monde d’aujourd’hui : Lara est coursier à vélo pour gagner sa vie, dans l’attente de l’héritage de son père. Dommage que le reste du casting ne suive pas. Aucun autre personnage ne parvient à réellement exister face à elle. Même Walton Goggins (qui incarne le méchant) semble plus fade que les soldats qui sont sous ses ordres.
Côté mise en scène, c’est la déception. Si les décors sont flamboyants et la direction artistique cohérente, le reste est générique et n’offre qu’une énième variante du film d’aventures moderne, sorte de sous-Indiana Jones. Le film vogue ainsi de moment d’action en moment d’action sans laisser plus de temps pour un développement plus profond de l’intrigue et de ses enjeux, qui sont justifiés de manière confuse dans le dernier quart d’heure.
Toutefois, les prémices narratives posées par ce premier opus (conçu de manière assez fermée en cas de bide commercial) donnent plutôt envie de patienter pour un second opus, qui on l’espère offrira un meilleur spectacle.

samedi 24 mars 2018

BOUNDARIES

Sortie inconnue - 1h44

Un film de Shana Feste avec Vera Farmiga, Christopher Plummer, Lewis MacDougall
Laura et son fils Henry sont contraints de conduire son père trafiquant d'herbe et insouciant à travers le pays, après avoir été expulsé de sa maison de retraite.

L'Avis de Pitu: 3,5/5
Un film "doux-amer" et touchant auquel il est facile de s'identifier.
Christopher Plummer interprête un génial trafiquant d'herbe qui n'a jamais vraiment été présent dans la vie de sa fille mais qui tente tout de même de s'approcher d'elle sans jamais en donner l'air. C'est avec son petit-fils finalement qu'il réussit à se rapprocher le plus pendant que Laura (Vera Farmiga) va de crise nerveuse en crise nerveuse pour de nombreuses raisons: le travail, l'argent, les animaux abandonnés (Laura recueille tout chat ou chien qu'elle trouve sur sa route, sa maison ressemblant à un refuge de la SPA), son ex-mari, les "bêtises" de son fils (dont la dernière lubie est de dessiner de très réalistes caricatures d'adultes nus), etc. Qui au final se rattachent toutes à son père et l'amour qu'elle n'a pas assez ressenti pendant sa vie. Le tout lors d'un voyage un peu fou, Shana Feste réussit à nous faire rire et pleurer (elle qui proclamait de pas être une réalisatrice de comédie: elle se trompe!) avec ses personnages hauts en couleurs mais si proches de nous. Touchant.

3 BILLBOARDS, LES PANNEAUX DE LA VENGEANCE

Sorti le 17 Janvier 2018 - 1h56

Un film de Martin McDonagh avec Frances McDormand, Woody Harrelson et Sam Rockwell
Après des mois sans que l'enquête sur la mort de sa fille ait avancé, Mildred Hayes prend les choses en main, affichant un message controversé visant le très respecté chef de la police sur trois grands panneaux à l'entrée de leur ville.

La Moyenne des Ours: 4/5

L'Avis de Pitu: 4,5/5
 "3 Billboards" est un formidable film réussissant à être extrêmement fantaisiste et réaliste à la fois. 
La réalité des personnages, le fait divers, le racisme indiscuté, la violence, la haine... Ces éléments campent l'histoire de Martin McDonagh dans un réalisme dur et intéressant. C'est le grain de folie du personnage de Frances McDormand, l'ironique maladie de celui de Woody Harrelson et la douce stupidité du personnage de Sam Rockwell qui font le film décoller dans une direction folle et inspirée. C'est dans la surenchère que l'on se dirige et cette explosion de personnalités blessées prêtes à se battre pour un idéal provoque la vraie émotion de ce film. C'est après la folie, la rage froide et la violence que des subtils moments d'extrême douceur viennent nous rappeler que l'on n'est pas loin de la réalité (voir cette touchante scène où Woody Harrelson crache du sang et Frances McDormand l'appelle "baby" avec une douceur très maternelle).
Drôle, rageant, triste, fou, "3 Billboards" réussit le pari de nous mettre tous d'accord et à la fois de nous diviser. On ne sait trop que penser de ces personnages et leur lien au "mal": le bien et le mal échangent leur place à chaque scène, selon la perspective.

Le Mot du Comte: 3,5/5
Three Billboards Outide Ebbing Misouri a été comparé à de nombreuses reprises à un film des frères Coen. Il est vrai que le film de Martin McDonagh en possède de nombreux points communs. Devant la caméra, d’abord, avec Frances McDormand, actrice récurrente des frères Coen, dans un rôle principal sidérant au cœur d’un décor au doux parfum d’americana. Puis derrière la caméra, avec la présence du compositeur Carter Burwell, qui a composé la musique des films des frères Coen. Seulement voilà, la comparaison s’arrête là, et si elle peut paraître pertinente, elle fait plutôt du mal au film de McDonagh. En effet, un œil pollué par ce postulat ne trouvera dans Three Billboards qu’une certaine déception : le film n’a pas la rigueur ni la force d’un film des frères Coen.
Cependant, il possède de nombreux atouts. Superbement interprété, par Frances McDormand (qui mérite l’Oscar) mais aussi par Sam Rockwell, dans le rôle d’un policier raciste, témoin à lui seul de cette Amérique délaissée, mal dans sa peau, cette Amérique blanche qu’on dit responsable de l’élection de Trump. Le film convainc également grâce à son humour, sa tendresse et la justesse du portrait d’une Amérique plurielle, où la plupart des sensibilités sont représentées, avec leurs défauts et leurs qualités. Chaque personnage existe et ne s’arrête pas à une représentation caricaturale. Et cela fait du bien.
Mais le film peut être déconcertant par ses choix narratifs qui, s’ils sont novateurs et originaux, sont aussi légèrement déceptifs. Surfant sur plusieurs registres (l’enquête policière, le revenge movie), le film n’en remplit jamais vraiment un et laisse la plupart de ses promesses (dont la question originelle des fameux panneaux) en suspens.
Il faut donc considérer cet aspect, et aborder le film comme le portrait d’un instant, fruit d’une Amérique divisée mais qui peut s’unir si on lui laisse le temps de s’exprimer.

LA FORME DE L'EAU - THE SHAPE OF WATER

Sortie le 21 Février 2018 - 2h03

Un film de Guillermo del Toro avec Sally Hawkins, Michael Shannon, Richard Jenkins
Modeste employée d’un laboratoire gouvernemental ultrasecret, Elisa mène une existence solitaire, d’autant plus isolée qu’elle est muette. Sa vie bascule à jamais lorsqu’elle et sa collègue Zelda découvrent une expérience encore plus secrète que les autres…

La Moyenne des Ours: 3,5/5

L'avis de Pitu: 4/5
"La Forme de l'Eau" est un harmonieux conte de fée dans un monde d'adulte touchant d'importants sujets: Amour, Race, Sexualité, Genre et Amitié.
Le dernier film sorti de l'imaginaire de Guillermo del Toro a le don de nous faire voyager dans un monde fantastique et fantaisiste néanmoins bien ancré dans la réalité par ses préoccupations très actuelles. Nous suivons ce personnage mélancholique de la femme timide et muette (la touchante Sally Hawkins) dans un monde "violent" - l'histoire et la direction artistique nous projettent dans une Amérique en pleine Guerre Froide dans des décors tous droits sortis de Jules Vernes. Les personnages eux aussi incarnent cette période avec force et grâce: tous sentent qu'il y a quelque chose de pourri dans le Royaume d'Amérique mais la plupart continuent de suivre l'état des lieux indiscuté (voir l'excellent Michael Shannon) ou discuté uniquement par les petites voix d'en bas (incarnées par les excellents Richard Jenkins et Octavia Spencer).
"La Forme de l'Eau" est un bijou d'innocence qui ne se considère pas supérieur à sa nature: un film fantastique simple et touchant. Rafraichissant.

Le Mot du Comte: 3/5
La Forme de l’Eau est un film bicéphale, bicéphale et paradoxal. Le premier aspect du film est une histoire d’amour hors du commun, entre « monstres ». La première, Elisa (Sally Hawkins), une muette, qui vit dans les recoins sombres d’un cinéma, avec pour voisin un autre inadapté, Giles (Richard Jenkins), un homosexuel vieillissant. Des « monstres » donc dans l’Amérique des années 50, celle de la guerre froide et de la paranoïa. Inadaptée au monde, rejetée et moquée, Elisa va trouver l’amour avec une créature aquatique, qui la comprend pour ce qu’elle est, et ne la jugera pas. C’est là que repose le formidable aspect transgressif de la Forme de l’Eau. L’amour, entre une humaine et un non-humain, de l’amour interracial pourrait-on dire, au sens propre du terme. Cependant, dans son autre versant, le film se fige dans un calibrage glaçant, et abandonne son côté transgressif pour sombrer dans le classicisme absolu. Tout semble en pilotage automatique, que ce soit au niveau de l’intrigue, qui se déploie sans surprise quelconque (et donc avec une impression de lenteur) que de la mise en scène, qui ne laisse aucune place à l’aspérité. Guillermo Del Toro a recrée un petit univers parfait, où les seules aspérités sont celles de ces personnages. Dans cette petite cocotte minutes chromée, colorée et fermée, ils semblent prisonniers, prisonniers d’un destin que le spectateur devine très vite. Une fois les grandes lignes du récit intégrées, il ne reste au spectateur plus qu’à se laisser porter sur ces rails, pour un joli petit train fantôme bardé de références. Les acteurs font le travail, il serait malhonnête de prétendre le contraire, mais on les a vu en meilleur forme ailleurs. Dommage que Del Toro n’accorde que trop peu de temps à Michael Shannon pour déployer les nuances de son personnage. La musique d’Alexandre Desplat, omniprésente et soulignant tout, n’aide pas à sortir le spectateur de sa légère léthargie. Le voyage n’est certes pas déplaisant, mais il peut paraître long. Il n’est en tout cas pas inoubliable. Quel dommage.

mardi 7 mars 2017

MANCHESTER BY THE SEA

Sortie le 14 décembre 2016 - 2h 18min

Un film de Kenneth Lonergan avec Casey Affleck, Michelle Williams, Kyle Chandler
Le film nous raconte l’histoire des Chandler, une famille de classe ouvrière, du Massachusetts. Après le décès soudain de son frère Joe (Kyle Chandler), Lee (Casey Affleck) est désigné comme le tuteur de son neveu Patrick (Lucas Hedges). Il se retrouve confronté à un passé tragique qui l’a séparé de sa femme Randi (Michelle Williams) et de la communauté où il est né et a grandi.

Le Point de vue de Pépite: 3,5/5
Manchester by the Sea est un drame tragique, délicatement interprété, parfois trop "triste".
Qu'est-ce que trop triste, et de quel droit aurions-nous de juger un film trop ou pas assez triste? Dans le cas présent, la dure réalité du passé de Lee (Casey Affleck) - dont nous taierons les specificités - est d'une telle ampleur, que l'on a parfois l'impression de tomber dans le "mélodrame". En un instant, on se détache un peu du héros, celui-ci devenant plutôt un pantin du destin, désarticulé par les mains d'un sadique marionettiste. 
Heureusement, le jeu des acteurs tend à limiter la portée de cet effet "mélo". Du jeu très réaliste de Kyle Chandler à celui très émotionnel de Michelle Williams, la gamme de jeu fixe notre attention sur les personnages. Autre raison du succès du jeu de Casey Affleck aux Oscars: son sous-jeu, à la limite de la neutralité utilisée pendant l'étude de l'Effet Koulechov, nous laisse projeter nos propres peurs et angoisses au personnage. Et d'un coup, quand finalement son personnage craque (et pas de demie-mesure ici), le contraste entre le sous-jeu presque constant et le soudain accès d'émotion, nous investi à 100%
Porté par ses comédiens plus que par son histoire un peu mélodramatique, Manchester by the Sea est un film intéressant, parfois touchant, parfois too-much.

mercredi 1 mars 2017

OSCARS 2017

26 Février 2017

La cérémonie des Oscars c'était Dimanche dernier, retour sur le Palmarès, commenté.

Le Point de vue de Pépite:

BEST PICTURE
Arrival
Fences
Hacksaw Ridge
Hell or High Water
Hidden Figures
La La Land
Lion
Manchester by the Sea
Moonlight - WINNER!

"Moonlight" est plus que méritant, notamment face à l'annoncé vainqueur "LaLa Land", bien que d'autres films très réussis, comme "Arrival" ou "Lion", auraient pu aussi rafler la mise. 

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ACTOR IN A LEADING ROLE
Casey Affleck, Manchester by the Sea - WINNER!
Andrew Garfield, Hacksaw Ridge
Ryan Gosling, La La Land
Viggo Mortensen, Captain Fantastic
Denzel Washington, Fences

Casey Affleck, dans le sous-jeu, bénéficie du pouvoir (négatif et déprimant, mais fort) de l'histoire. Sa neutralité, ponctuée de brefs moments d'émotion, émeut car peu évidente dans les épreuves traversées par le personnage. Andrew Garfield pour "Hacksaw Ridge" ou Viggo Mortensen pour "Captain Fantastic" avaient de rôles très forts quant à eux et auraient pu vaincre face à Affleck (notamment si le public avait voté un peu plus "politique", au vu des accusations de viol auxquelles Affleck fait fae).

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ACTRESS IN A LEADING ROLE
Isabelle Huppert, Elle
Ruth Negga, Loving
Natalie Portman, Jackie
Emma Stone, La La Land - WINNER!
Meryl Streep, Florence Foster Jenkins

Chouchoute d'Hollywood, Emma Stone remporte la statuette, bien que toutes les autres interprétations étaient 100 fois plus fortes que la sienne: la Meryl Streep chantant faux et d'une justesse maginifique et terrible dans "Florence Foster Jenkins", l'émouvante Ruth Negga dans le drame fort "Loving", la performance très juste de Natalie Portman dans "Jackie" et pour finir l'excellent travail d'Isabelle Huppert - celle qui méritait le plus la statuette peut-être ? - dans "Elle" de Paul Verhoeven.

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ACTOR IN A SUPPORTING ROLE
Mahershala Ali, Moonlight - WINNER!
Jeff Bridges, Hell or High Water
Lucas Hedges, Manchester by the Sea
Dev Patel, Lion
Michael Shannon, Nocturnal Animals

Mahershala Ali mérite amplement son prix, son rôle dans "Moonlight" étant si fort et important, bien que plutôt peu présent à l'écran, sa présence hante le film jusqu'à la fin. Michael Shannon et Jeff Bridges étaient très bons égalements, dans des rôles similaires, tous deux dans le sillon de Tommy Lee Jones dans "No Country for Old Men" par leur bonhomie. 

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ACTRESS IN A SUPPORTING ROLE
Viola Davis, Fences - WINNER!
Naomie Harris, Moonlight
Nicole Kidman, Lion
Octavia Spencer, Hidden Figures
Michelle Williams, Manchester by the Sea

Naomie Harris, Octavia Spencer, Michelle Williams et Nicole Kidman: autant d'intéressants jeux et performances. Mais apparemment rien de comparable à la talentueuse Viola Davis dans "Fences".

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ANIMATED FEATURE FILM
Kubo and the Two Strings
Moana
My Life as a Zucchini
The Red Turtle
Zootopia - WINNER!

L'Académie a décidé primer "Zootopia", d'une certaine façon le plus classique film d'animation en compétition (à l'exception peut-être du "musical" "Moana"). En effet "Kubo", "Ma vie de courgette"  ou "La Tortue Rouge" sont trois films extrêmement intéressants par leur esthétique et la magie derrière leurs fabrications respectives. Mais le scénario très inspiré de "Zootopia" en faisait peut-être le meilleur de tous? 

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CINEMATOGRAPHY
Arrival
La La Land - WINNER!
Lion
Moonlight
Silence

Probablement le plus grand scandale de ces prix. Non pas que la photographie de "La La Land" ne soit pas de qualité (les effets d'extinction et d'allumage en live pendant les prises sont ludiques, l'utilisation des ciels de Los Angeles dans la composition et les plans de piscine - aussi bien dedans qu'autour - etc.) mais les concurrents étaient d'une qualité si grande, qu'il paraît étrange d'avoir primé celui-ci... "Arrival", "Moonlight" et "Silence" tous méritaient amplement le prix, pour diverses raisons.

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COSTUME DESIGN
Allied
Fantastic Beasts and Where to Find Them - WINNER!
Florence Foster Jenkins
Jackie
La La Land

Premier Oscar pour la franchise "Harry Potter", et amplement mérité! Le contraste entre les costumes du New York des années 20 et le style déjà "gauche" et "déplacés" des magiciens dans le monde des "Moldus".

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DIRECTING
Arrival
Hacksaw Ridge
La La Land - WINNER!
Manchester by the Sea
Moonlight

Damien Chazelle mérite amplement un Oscar du Meilleur Réalisateur... pour "Whiplash". "La La Land" quant à lui étant inférieur à "Arrival" ou "Hacksaw Ridge", on penserait que Dennis Villeneuse ou Mel Gibson (politiquement, l'Académie ne voterait pas pour lui, mais bon...) le méritaient un peu plus.

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DOCUMENTARY (FEATURE)
Fire at Sea
I Am Not Your
 Negro
Life, Animated
O.J.: Made in America - WINNER!
13th

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DOCUMENTARY (SHORT SUBJECT)
Extremis
4.1 Miles
Joe’s Violin
Watani: My Homeland
The White Helmets - WINNER!

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FILM EDITING
Arrival
Hacksaw Ridge - WINNER!
Hell or High Water
La La Land
Moonlight

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FOREIGN LANGUAGE FILM
Land of Mine
A Man Called Ove
The Salesman - WINNER!
Tanna
Toni Erdmann

Prix politique, après la décision de Farhadi de ne pas assister à la cérémonie des Oscars à cause du "Muslim Ban" décidé par Trump en Janvier, mais également prix mérité. Le film primé à Cannes est en effet un petit bijou du drame dont l'ampleur est toujours - chez Farhadi - supérieure à la "simple" histoire, raconte toujours plus que son premier degré.

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MAKEUP AND HAIRSTYLING
A Man Called Ove
Star Trek Beyond
Suicide Squad - WINNER!

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MUSIC (ORIGINAL SCORE)
Jackie
La La Land - WINNER!
Lion
Moonlight
Passengers

Film musical, classiquement primé, bien que les musiques originales de Lion et Passengers (l'excellent Thomas Newmann!) sont bien plus réussies.

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MUSIC (ORIGINAL SONG)
"Audition (The Fools Who Dream)" from La La Land
Music by Justin Hurwitz; Lyric by Benj Pasek and Justin Paul
"Can’t Stop The Feeling" from Trolls
Music and Lyric by Justin Timberlake, Max Martin and Karl Johan Schuster
"City Of Stars" from La La Land
Music by Justin Hurwitz; Lyric by Benj Pasek and Justin Paul - WINNER!
"The Empty Chair" from Jim: The James Foley Story
Music and Lyric by J. Ralph and Sting
"How Far I’ll Go" from Moana
Music and Lyric by Lin-Manuel Miranda

La chanson tout du moins remporte le prix de la chanson qui reste en tête le plus longtemps...

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PRODUCTION DESIGN
Arrival
Fantastic Beasts and Where to Find Them
Hail, Caesar!
La La Land - WINNER!
Passengers

Étant situé dans le Los Angeles très connu des gens du cinéma, c'est triste que l'Académie n'ait pas primé l'originalité de films comme "Arrival" ou "Passengers", ou même la joyeuse nostalgie du "Hail, Caesar!" des Frères Coen ou la version magique du New York des années 20 dans "Créatures Fantastiques"...

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SHORT FILM (ANIMATED)
Blind Vaysha
Borrowed Time
Pear Cider and Cigarettes
Pearl
Piper - WINNER!

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SHORT FILM (LIVE ACTION)
Ennemis Intérieurs
La Femme et le TGV
Silent Nights
Sing - WINNER!
Timecode

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SOUND EDITING
Arrival - WINNER!
Deepwater Horizon
Hacksaw Ridge
La La Land
Sully

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SOUND MIXING
Arrival
Hacksaw Ridge - WINNER!
La La Land
Rogue One: A Star Wars Story
13 Hours: The Secret Soldiers of Benghazi

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VISUAL EFFECTS
Deepwater Horizon
Doctor Strange
The Jungle Book - WINNER!
Kubo and the Two Strings
Rogue One: A Star Wars Story

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WRITING (ADAPTED SCREENPLAY)
Arrival
Fences
Hidden Figures
Lion
Moonlight - WINNER!

Le scénario de Moonlight est très réussi, il est vrai. Mais celui d"Arrival"... DÉMENT.

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WRITING (ORIGINAL SCREENPLAY)
Hell or High Water
La La Land
The Lobster
Manchester by the Sea- WINNER!
20th Century Women

Le scénario tragique de "Manchester by the Sea" est la raison que le sous-jeu de Casey Affleck fut récompensé. Mais l'originalité du scénario de "The Lobster" aurait du lui permettre de remporter le prix.

lundi 20 février 2017

TU NE TUERAS POINT

2h20 - Sortie le 9 Novembre 2016

Un film de Mel Gibson avec Andrew Garfield, Vince Vaughn, Teresa Palmer
Quand la Seconde Guerre mondiale a éclaté, Desmond, un jeune américain, s’est retrouvé confronté à un dilemme : comme n’importe lequel de ses compatriotes, il voulait servir son pays, mais la violence était incompatible avec ses croyances et ses principes moraux. Il s’opposait ne serait-ce qu’à tenir une arme et refusait d’autant plus de tuer.

Le point de vue de Pépite: 4/5
Le dernier film de Mel Gibson parvient à éviter l'écueil du "too-much" émotionnel et nous dépeint une belle histoire d'humanité.
La simplicité de jeu d'Andrew Garfield, l'horreur de la guerre dépeinte avec brio et réalisme, la photographie inspirée sont autant d'éléments qui mettent "Tu ne tueras point" au niveau supérieur des Films de Guerre. Pas tire-larme, pas "trop réaliste" et gore, le film nous montre simplement la difficile histoire de Desmond Doss, que son unité ne voulait pas à ses côté sous pretexte que non-armé il ne leur serait d'aucune aide, jusqu'à la réalisation, qu'en à peine deux jours il avait fait plus que la plupart des soldats.
Intéressante histoire bien réalisé, "Tu ne tueras point" vaut amplement le coup.

vendredi 8 avril 2016

WHISKEY TANGO FOXTROT

1h51 - Sortie inconnue

Un film de John Requa, Glenn Ficarra avec Tina Fey, Margot Robbie & Martin Freeman
Adaptation du livre homonyme de Kim Barker, journaliste de guerre qui a voyagé entre l'Afghanistan et le Pakistan pour les besoins de son métier.

Le Point de Vue de Pépite : 3,5/5
La distribution de ce film sur le reportage de guerre en Afghanistan a fait une erreur : présenter dans les bandes annonces et extraits uniquement les moments de comédie, donnant l’impression d’assister à une nouvelle Comédie-Fiasco portée par l’humoriste Tina Fey, sur un sujet grave et qui parle au public Américain et mondial. 
Quelle surprise de découvrir un film intelligent, bien écrit, très fort, au sujet grave et oui, parfois à l’humour bien pensé, bien rythmé et bien monté. Mais l’humour n’est qu’un détail d’un plus vaste ouvrage, nous faisant découvrir les réalités du reportage de guerre comme on ne l’a jamais vu : rivalités, recherche du scoop, course à l’adrénaline, monde macho et violent, cynique, etc. 
Casting 5 étoiles : Tina Fey, Margot Robbie, Martin Freeman, Alfred Molina, Billy Bob Thornton and Christopher Abbot. Tous sont extrêmement efficaces, leurs personnages étant extrêmement bien écrits, leurs contradictions les rendant palpables, humains.
Un film qui vaut vraiment le coup d’œil.

MIDNIGHT SPECIAL

1h51 - Sortie le 16 Mars 2016

Un film de Jeff Nichols avec Michael Shannon, Joel Edgerton, Kirsten Dunst, Adam Driver & Jaeden Lieberher
Fuyant d'abord des fanatiques religieux et des forces de police, Roy, père de famille et son fils Alton, se retrouvent bientôt les proies d'une chasse à l'homme à travers tout le pays, mobilisant même les plus hautes instances du gouvernement fédéral. En fin de compte, le père risque tout pour sauver son fils et lui permettre d'accomplir son destin. Un destin qui pourrait bien changer le monde pour toujours.

Le Point de Vue de Pépite : 4/5
Le pitch et la bande-annonce du dernier film de Jeff Nichols laissaient rêveurs. Le réalisateur qui nous a offert le magnifique Take Shelter et l’excellent Mud, revenant cette fois-ci avec un drame de science-fiction dans lequel un père s’échappe avec son fils biologique après avoir découvert que celui-ci a des pouvoirs spéciaux… Spécial, intriguant et excitant. 
Jeff Nichols ne déçoit pas. L’intérêt pour l’histoire de ce jeune garçon découvrant ses habilités au cours d’un voyage initiatique mené par son père (le poignant Michael Shannon) et un ami policier (le convainquant Joel Edgerton) ne diminue jamais tout au long du film. Le rythme plutôt lent caractéristique du travail de Jeff Nichols n’ennuie jamais mais au contraire porte la tension à son maximum : l’idée dès le début sera de dérouler cette fable moderne jusqu’au bout, sans qu’on nous prémâche des explications aux phénomènes dont nous serons les témoins. Jeff Nichols nous considère en égal, distillant doucement et avec efficacité petit détail après détail, jamais assez pour comprendre, suffisamment pour garder notre curiosité au maximum, et cela sans frustration.  
Le discours légèrement critique de la tendance au regroupement en communauté, en sectes, lorsque des choses nous dépassent est lui-même sensiblement éclipsé au fur et à mesure que nous découvrons la vérité. Ce n’est qu’une façon d’appréhender l’inconnu. Jeff Nichols ne juge personne : ni ses personnages, ni ses spectateurs. 
Beau film, subtile et intelligent, décidément Jeff Nichols va toujours et encore plus loin dans le paysage cinématographique actuel. 

BATMAN V SUPERMAN : L'AUBE DE LA JUSTICE

2h33 - Sortie le 23 Mars 2016

Un film de Zack Snyder avec Henry Cavill, Ben Affleck & Jesse Eisenberg
Craignant que Superman n'abuse de sa toute-puissance, le Chevalier noir décide de l'affronter : le monde a-t-il davantage besoin d'un super-héros aux pouvoirs sans limite ou d'un justicier à la force redoutable mais d'origine humaine ? Pendant ce temps-là, une terrible menace se profile à l'horizon…

Le Point de Vue de la Pépite : 2/5
La bataille DC Comics / Marvel accède à un nouveau palier : le dernier opus réalisé par Zack Snyder étant le premier « cross-over » de l’écurie DC, premier d’une longue série… 
Mais il présente une principale différence et faiblesse face à son rival de bande-dessinée : la faiblesse de son écriture. 
En effet, tout fan sera content de retrouver ses héros préférés, passant de l’excellent Henry Cavill en Superman, le très convainquant Ben Affleck en vieillissant Dark Knight, l’intéressante Gal Gadot en Wonder-Woman, jusqu’aux courts mais savoureux « sneak peak » de Flash (Ezra Miller !), Aquaman et Cyborg qui feront leur apparition dans le prochain Justice League. Mais une fois l’excitation de retrouver ces personnages… Rien. Le néant. Nous suivons une intrigue dissoute dans les problèmes existentiels de nos deux principaux héros, trop occupés à régler petit soucis sur petit soucis, détournant les yeux du plan machiavélique du chevelu Lex Luthor (l’étrange Jesse Eisenberg)… Pratique. Trop pratique. Le scénario enchaîne les moments faciles, les points pivots tirés par les cheveux et les raccourcis scénaristiques. Même le fan peu cinéphile ne s’y est pas trompé, ce ne sont pas uniquement les critiques qui auront souligné les faiblesses de ce film de « super » héros. Trop occupés à préparer la confrontation promise par le titre du film, les scénaristes en ont oublié de construire l’intrigue efficacement pour ne pas nous perdre. 
Nous croisons Wonder Woman dans des soirées dans lesquelles nous ne savons pourquoi nos personnages y sont invités. Nos deux gladiateurs sous stéroïdes arrêtent de se battre pour une histoire de Maman. Batman fait des cauchemars éveillés (dont un très intriguant, mais toujours plutôt inutile à l’intrigue…). 
Et bien sûr, nous avons droit aux combats finaux, riches en destruction massives de Centres Villes (Metropolis et Gotham), qui nous laissent sur le côté de la route, impassibles devant des demi-dieux s’affrontant. Même Batman est un peu dépassé et préfère rester dans l’ombre la plupart du temps.
Vous l’aurez compris, Batman VS Superman ne s’inscrit pas dans la veine des films sombres et poignants de Christopher Nolan et si peu dans celle du Man of Steel du même Zack Snyder dans lequel le réalisateur avait pourtant réussi à redorer le blason du super-héros de Krypton. 
Le succès au Box-Office assure à Justice League son existence, plus qu’à espérer qu’un soin plus spécial sera apporté au scénario sensé réunir ces super-héros attendus au tournant…

dimanche 28 septembre 2014

I ORIGINS

1h46 - Sortie le 24 Septembre 2014

Un film de Mike Cahill avec Michael Pitt, Brit Marling, Astrid Bergès-Frisbey et Steven Yeun
Un jeune scientifique étudiant dans le secteur de la biologie moléculaire, précisément sur l'évolution de l'œil, et qui depuis des années, photographie les yeux des humains, rencontre une jeune femme : tous deux ont le coup de foudre malgré leurs différences : il est cartésien, elle est plutôt mystique. Leurs certitudes et croyances vont se retrouver ébranlées.

Le point de vue de Pépite : 3,5/5
I Origins est un beau drame subtilement SF sur les croyances, les certitudes, l'amour, la science et qui célèbre la coexistence du monde scientifique et du monde de l'esprit.
Mike Cahill nous revient dans un registre assez proche de celui qu'il abordait dans son très réussi premier film, Another Earth, à savoir celui de la science-fiction dramatique. Cette fois-ci, pas de deuxième planète Terre abritant potentiellement les doubles de tous les êtres humains, mais la quête d'Ian Grey, un scientifique passionné et obsédé par les yeux : l'évolution de l'organe et de son sens. Indissociable de l'intrigue scientifique, l'intrigue amoureuse entre ce scientifique et l'intrigante Karen constitue une histoire assez jolie et poétique pour devenir vraiment dramatique lors d'une scène assez choquante : c'est le souffle coupé et la gorge prise qu'on suivra ensuite les séquelles de cet événement dans la vie des personnages et ses imbrications infinies dans l'intrigue scientifique.
Karen, jouée par la franco-espagnole Astrid Bergès-Frisbey, est l'exact contraire d'Ian : artiste, elle est très ouverte au mysticisme et aux mystères de la vie qu'elle rattache à l'existence d'un monde spirituel. Ian au contraire ne croit que ce qu'il peut prouver scientifiquement. Leurs discussion sur cette dichotomie science/spiritualité rythmeront leur histoire d'amour, des concessions attendries aux disputes passionnées. 
Et tout l'intérêt du film réside ici : à chaque fois que la science semble l'emporter, un fait vient bouleverser nos certitudes et celles des personnages, on évolue toujours en même temps. Mais au final, aucune certitude scientifique ou même spirituelle ; Mike Cahill nous laisse faire notre propre idée de tout et nous participons donc pleinement au film et à ses rebondissements.
Et même lorsque tout s'achève, toujours aucune certitude.
Je vous recommande pleinement ce joli film indé, malheureusement très mal distribué en France (une seule salle à Paris !).

REFROIDIS

1h56 - Sortie le 24 Septembre 2014

Un film de Hans Petter Moland avec Stellan Skarsgård, Bruno Ganz et Pål Sverre Valheim Hagen
La Norvège, l’hiver. Nils, conducteur de chasse-neige, tout juste gratifié du titre de citoyen de l’année, apprend le décès de son fils par overdose. Réfutant cette version officielle, il se lance à la recherche des meurtriers, et va se forger une réputation de justicier anonyme dans le milieu de la pègre. Si la vengeance est un plat qui se mange froid, la sienne sera glacée !

Le point de vue de Pépite : 3/5
Tordant, cynique, savoureux et glacial, Refroidis est un polar original et efficace quoique parfois un peu long. La grande trouvaille de ce film - qui en anglais s'appelle In Order of Disappearance, est l'utilisation de cartons indiquant le surnom et le nom (assortis d'une croix) de la personne qui vient d'être tuée. Nous irons donc de meurtre en meurtre avec ces panneaux dont la régularité et la répétition apportent la touche principale de l'humour très cynique de Refroidis. Ceux-ci seront d'ailleurs modifiés ci et là selon les personnes tuées (utilisation hilarante de croix orthodoxes pour les victimes serbes par exemple).
Les codes du genre sont parfaitement maîtrisés bien qu'ils soient parfois un peu trop appuyés, certains comédiens notamment en font trop, mais cela fonctionne de pair avec l'ironie et le cynisme du film. Ces quelques caricatures de voyous pourront ponctuellement nous surprendre en questionnant dans de longs et pertinents dialogues la société "parfaite" de la Norvège. Constamment, des détails de ce genre viennent désamorcer les codes du polar et provoquent des décalages très souvent hilarants (une crise de fou rire du tueur et de la future-victime au milieu d'un combat par exemple).
Refroidis est un polar particulier mais très savoureux, à conseiller aux amoureux du genre et aux aficionados du cinéma nordique, efficace, froid et inventif.

TOUT EST FAUX

1h21 - Sortie le 19 Septembre 2014

Un film de Jean-Marie Villeneuve avec Frédéric Bayer Azem, Mathieu Lagarrigue, Marie Demasi et Hugo Malpeyre
Fred, un homme seul dans Paris, exécute chaque jour une tache monotone à son travail, il déambule ensuite dans la capitale s’imprégnant des éléments qui l’entourent. Il contemple la dynamique de l’environnement urbain, des meetings politiques des présidentielles 2012, des passants et de son amie Marie. Déboussolé face à un monde de plus en plus faux, Fred va se créer sa propre réalité...

Le point de vue de Pépite : 2,5/5
Un film inventif et intéressant, aux contours parfois "flous", qui explore des problématiques de l'homme moderne, impuissant et rendu muet par la société.
Tout n'est pas entièrement clair et évident au départ dans Tout est faux. Dans ce micro-petit-film-indépendant (équipe bénévole et budget minimum destiné à la régie directe), on suit Fred dans les rues de Paris, entre son boulot, ses rendez-vous fréquents avec son amie Marie, confronté à un dealer un peu fou, etc., et la narration ne fait pas sens tout de suite. Nous sommes un peu perdus dans la temporalité (marquée tout de même par l'évolution de la campagne politique de 2012), dans la géographie, dans le lien entre les différents personnages, etc. Mais au fur et à mesure, on réunit les pièces de ce puzzle narratif et on reconstitue tout ce qui fait de Fred un personnage-synthèse de l'homme moderne.
Le comédien Frédéric Bayer Azem nous donne un Fred souvent neutre, qui subit, ayant tout en dedans et aux limites de l'underplaying ; ce qui permet une identification intéressante avec cet homme. Il fait un travail abrutissant (répondre au téléphone par des "Oui" et des "D'accord" puis dessiner sur des post-it) - lors de scènes à l'esthétique certes pauvre mais permettant d'augmenter encore plus l'absurdité des actions, notamment au travers du son anti-naturaliste au possible. Il est "subtilement" placé dans la friend zone par son amie Marie qui ne s'intéressera à lui que le jour où il s'intéressera à une autre femme. Il ne connaît ou ne comprend pas l'amour. Il est perdu dans les débats politiques. Il n'arrive pas à prendre la parole et subit. 
C'est peut-être l'élément le plus important de Tout est faux. Autour de Fred tout le monde parle mais pas lui. Marie (Demasi) déverse un flot quasi-ininterrompu de paroles, le plus souvent au téléphone à d'autres personnes ; les hommes qui draguent Marie (dont le flippant Sébastien Novac) lui coupent l'herbe sous le pied et le considèrent à peine ; le délirant dealer qui alpague Fred régulièrement (le détonnant Hugo Malpeyre) se la joue à la Brad Pitt dans L'Armée des 12 Singes et nous perd dans un monologue philosophico-déglingo ; l'homme du pont (Mathieu Lagarrigue) également hurle un monologue engagé au-dessus d'un chemin de fer ; les hommes politiques débattent et débattent et débattent... 
Fred subit, écoute et ne comprend pas toujours. Mais là où la narration sort du brouillard, c'est quand on perçoit l'évolution de Fred ou plutôt son envie d'évolution, son envie de prendre parole. L'achat d'un mégaphone prend alors tout son sens. Il n'ose d'abord pas s'en approcher, puis si, mais n'ose pas l'essayer devant le vendeur, une fois chez lui il ne comprend pas comment l'utiliser, etc. Il finit même par l'offrir à l'homme du pont qui pourra alors se faire entendre d'encore plus loin durant ses litanies. Mais Fred a fait le premier pas, il a évolué et sa relation avec la femme de la laverie en est la preuve ; il partage et il parle. Et c'est peut-être ça qui choque le plus Marie quand finalement Fred parle de sa nouvelle rencontre. Il lui donne du répondant et ce dialogue en devient savoureux.
Vous l'aurez peut-être compris, Tout est faux est un film très intéressant mais parfois peu accessible à un public qui ne voudrait pas faire quelques efforts pour adhérer à une narration un peu détendue, floue et parfois absurde. Mais le contexte de production de ce petit film en font une curiosité à voir, ne serait-ce que pour se faire un avis sur ce qui peut se faire au cinéma, sans un kopeck. 

vendredi 16 mai 2014

GRACE DE MONACO

1h42 - Sortie le 14 Mai 2014


Un film d'Olivier Dahan avec Nicole Kidman, Tim Roth et Frank Langella
Lorsqu'elle épouse le Prince Rainier en 1956, Grace Kelly est alors une immense star de cinéma, promise à une carrière extraordinaire. Six ans plus tard, alors que son couple rencontre de sérieuses difficultés, Alfred Hitchcock lui propose de revenir à Hollywood, pour incarner Marnie dans son prochain film. Mais c'est aussi le moment ou la France menace d'annexer Monaco, ce petit pays dont elle est maintenant la Princesse. Grace est déchirée. Il lui faudra choisir entre la flamme artistique qui la consume encore ou devenir définitivement : Son Altesse Sérénissime, la Princesse Grace de Monaco. 

La Moyenne des Ours : 2,3/5

Le point de vue de Pépite : 2,5/5
On a l'impression qu'Olivier Dahan ne sait pas sur quel pied danser avec son biopic sur Grace Kelly/Grace de Monaco : drame romantique ? Thriller politique ? Film historique ?
C'est délicat, car un vrai choix de sa part aurait probablement augmenté considérablement sa qualité. Le drame romantique qui suit les problèmes du couple princier est assez insipide : c'est larmoyant, légèrement "guimauve", et la musique vient souligner la niaiserie des dialogues parlant de contes de fées et d'amour idéalisé. Le côte plus politique du film, quant à lui, suivant le conflit politique et financier entre la France et la Principauté de Monaco pendant la Guerre d'Algérie, est tout de suite plus passionnant. Même Grace Kelly s'y transforme le temps de quelques séquences en espionne au service de la Principauté, la musique devient Hitchcockienne et les enjeux plus précis.
Frank Langella habite le film de sa voix grave, se transformant en conteur, en garant de la morale, tirant les ficelles dans l'ombre. Tim Roth convainc en prince Rénier et Nicole Kidman est assez satisfaisante, tant qu'elle ne fait pas sa niaise.

La note du Comte : 2/5

lundi 28 avril 2014

FESTIVAL DE CANNES 2014 - JURY ET AUTRES SELECTIONS


Suivant l'annonce de la sélection officielle du 67ème Festival de Cannes il y a une dizaine de jours, aujourd'hui c'est le Jury qui se dévoile. Cette année, les personnalités du cinéma qui accompagneront Jane CAMPION dans les délibérations seront l'actrice française Carole BOUQUET, la réalisatrice américaine Sofia COPPOLA, l'actrice iranienne Leila HATAMI, l'actrice coréenne JEON Do-yeon, l'acteur américain Willem DAFOE, l'acteur-réalisateur mexicain Gael GARCIA BERNAL, le réalisateur chinois JIA Zhangke et le réalisateur danois Nicolas Winding REFN.

Le Festival ce n'est pas uniquement la Sélection Officielle. Des Sections Parallèles existent depuis de nombreuses années, et elles ont également annoncé leurs sélections la semaine dernière. Celles-ci n'ont d'ailleurs rien à envier à la Sélection Officielle et présentent leur lot de bonnes surprises.



La Quinzaine des Réalisateurs existe depuis 1969 et a permis de révéler des réalisateurs tels que Spike LEE, George LUCAS, les frères DARDENNE, Michael HANEKE ou même Ken LOACH (dont certains sont depuis passés par la case Sélection Officielle, notamment encore cette année). La sélection annoncée par le délégué général de la Quinzaine, Edouard WAINTROP, comprend des films venant de France (dont le très attendu "Bandes de filles" de Céline SCIAMMA), de Belgique, du Canada, de Corée du Sud, du Japon, d'Israël ou encore des Etats-Unis, notamment trois premiers films et cinq seconds films, répondant une nouvelle fois à sa vocation de révéler des réalisateurs encore méconnus. Mais des grands noms du cinéma font également partie de cette sélection : Tobe HOOPER qui vient présenter une version restaurée de son "Texas Chain Saw Massacre" ou même le japonais Isao TAKAHATA sélectionné pour son dernier film d'animation "Le Conte de la princesse". Cette année, la Quinzaine des Réalisateurs remettra également le Carrosse d'Or à titre posthume à Alain RESNAIS, disparu en mars dernier. Dans un communiqué, la Quinzaine a rappelé que ce prix, qui avait été décidé à l'unanimité avant la mort du réalisateur, est décerné à un cinéaste choisi "pour les qualités novatrices de ses films, son audace et son intransigeance dans la mise en scène et la production".



La Semaine de la Critique qui existe depuis 1962, propose comme chaque année une sélection d'un petit nombre de films afin de leur offrir une plus grande visibilité et un meilleur soutien pendant le Festival. Encore plus que pour la Quinzaine, la Semaine offre la part belle aux petits films, aux premiers et aux seconds films. Dans la sélection en compétition annoncée par le délégué général Charles TESSON on retrouve "Gente de bien" premier film du colombien Franco LOLLI sur une relation père-fils difficile à Bogotá, "When Animals Dream" le premier film du danois Jonas ARNBY présenté par Charles Tesson comme un "film de loup-garou féminin et - disons-le tout net - féministe", mais aussi un film ukrainien étonnant car entièrement en langue des signes, "The Tribe" de Myroslav SLABOSHPYTSKIY. On retrouvera également l'attendu deuxième film de Djinn CARRENARD après son très remarqué "Donoma", "FLA (« Faire L’Amour »)" en ouverture de la Semaine de la Critique, mais aussi le deuxième film de l'actrice-réalisatrice Mélanie LAURENT, "Respire".